Mortalité maternelle: cause et facteurs favorisants déterminés par l'autopsie verbale dans le département de Bakel.( Télécharger le fichier original )par Boubacar BARRY Université cheikh Anta Diop de Daklar - Master de recherche 2008 |
3.4 CAUSES DES DECES MATERNELSLes causes ont été déterminées à partir des dossiers médicaux des femmes et de l'analyse du questionnaire de l'autopsie verbale. Tableau N°12: Tableau des causes maternelles
Dans l'étude, les causes directes retrouvées sont l'hémorragie 35% (7 cas), l'infection 15% (3 cas), l'éclampsie 15% (3 cas), la dystocie 10% et l'avortement provoqué avec 1 cas. Les causes indirectes sont dominées par le paludisme avec10% (2 cas) et l'anémie. Ces résultats différent un peu de ceux de l'enquête sur les SOU au Sénégal en 2000 où les causes obstétricales directes représentent 66 % des décès maternels (29 % dus à l'hémorragie, 16 % à l'éclampsie, 7% aux infections, 6% à la dystocie, 5 % à la rupture utérine, et 3 à l'ACP) [39]. La grande différence constatée au niveau du taux des infections peut s'expliquer dans notre étude par l'ignorance et la mauvaise prise en charge au niveau communautaire et hospitalier. La cause directe de deux (2) cas n'a pas pu être déterminée du fait de l'insuffisance de données et de renseignements fiables. L'étude des causes de décès à Niakhar, avait donné à peu près les mêmes résultats avec l'hémorragie première cause soit 27.8%, l'éclampsie avec 15.5 % est la deuxième cause de décès, suivi de la dystocie (9.30%) et les infections arrivaient en quatrième position avec 8.2 % des décès maternels constituées la seule différence [15]. Selon une étude réalisée en Gambie par la même méthode, sur les 19 décès recensés, l'hémorragie était la cause la plus souvent impliquée, responsable de 10 décès (52 %). Cinq de ces décès par hémorragie sont survenus en post-partum. Les autres causes directes étaient une septicémie (5 cas), un travail prolongé (3 cas) et la rupture utérine (1 cas) [28]. Causes de mortalité maternelle à Bakel Figure 6 : Causes de mortalité maternelle L'hémorragie est la première cause de décès dans notre série, avec 35 % des cas, soit plus du double des cas de Septicémie et d'Eclampsie et le triple de ceux de la Dystocie. Elle reste la première cause de décès dans tous les pays en développement, mais aussi dans les pays développés [5]. La différence est que les proportions de décès par hémorragie sont beaucoup plus importantes dans les pays en développement et les étiologies des hémorragies sont dominées dans les pays industrialisés par les coagulopathies [28]. Selon certaines études communautaires, l'hémorragie représente 31 % des décès maternels aux Fidji [2], 54 % à Menoufia (Egypte) [26], de 67 % à Bali [3]. Ces pourcentages élevés, sont liés à plusieurs facteurs : l'absence de banque de sang donc de transfusion, manque de personnel qualifié, mauvaise prise en charge des patientes, les retards dans le recours aux soins, et les causes indirectes aggravantes telles que l'anémie, le paludisme... On estime qu'en cas d'hémorragie antépartum, la patiente ne peut pas, sans traitement, survivre plus d'une douzaine d'heures et, en cas d'hémorragie post-partum, deux heures seulement [57]. Il n'est donc pas surprenant que l'hémorragie soit citée comme la principale cause de décès maternel dans le monde. L'hémorragie post-partum est la plus fréquente avec 5 cas sur 7 dans notre série soit le quart de tous les décès (25%). La septicémie qui était en seconde position survenait le plus souvent après un accouchement à domicile et les avortements non prises en charge médicalement ou en retard. Ces décès s'expliquent dans la plupart des cas par un retard dans le recours aux soins qui varie de 1 heure à une semaine ou plus dans cette étude. Il y a donc une nécessité d'améliorer les conditions de prise en charge au cours du post-partum et de mettre en place un traitement adéquat mais surtout de promouvoir la consultation post-partum. Pour les cas de l'éclampsie, il s'agit plutôt d'un manque de connaissance ou d'une interprétation erronée des signes alarmants dans les cas examinés dans notre série. En effet, des explications mystiques ont été privilégiées et un traitement traditionnel prescrit, retardant le recours aux soins par ignorance de ces signes en rapport avec une pathologie de la grossesse. Ce qui prouve que l'ignorance constitue un facteur aggravant de la mortalité maternelle. Dans certains pays en développement, l'éclampsie est la première cause de décès, comme en Jamaïque [64], où elle est incriminée dans 26 % des décès. A Cali, en Colombie, elle est la deuxième cause, après l'avortement [3], et elle représente environ 34 % des décès obstétricaux. Elle est aussi à l'origine de 15 à 21 % de tels décès au Bangladesh [32]. La dystocie ou accouchement difficile est à l'origine de deux cas de décès maternels dans notre série. Il s'agissait essentiellement des primipares. Les filles très jeunes dont le bassin est immature mais aussi les femmes de petite taille sont les plus à risque. Elle également impliquée dans certains cas d'hémorragie et des cas indéterminés. L'avortement provoqué représente 1 cas sur les 20 décès de notre étude. Ce qui signifie que cette pratique est assez rare ou cachée par peur de sa pénalisation qui frapperait les coupables. Il influence les infections du post-partum. Pour les causes indirectes, le paludisme grave est à l'origine de 2 cas (10%) et impliqué dans un autre, suivi l'anémie qui est souvent associée à la plupart des causes médicales directes de la mortalité maternelle. Après les causes directes et indirectes, il est tout aussi important de connaître les facteurs qui favorisent l'augmentation des taux élevés constaté dans cette zone. |
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