La Coopération Multilatérale et la Question de l'Eau au Bassin du Nil( Télécharger le fichier original )par Christine A. ISKANDAR BOCTOR Institut d'Etudes Politiques de Paris (IEP) - DEA (Master) en Relations internationales 2002 |
b) Une gestion efficace et équitable avec un appel au partenariat194(*)Selon une gouvernance de l'eau au service du développement, les pays nilotiques se sont convaincus à Dar' Es-Salam, en 1999, que la coopération, selon un cadre institutionnel, réalisera les objectifs visés d'une gestion équitable au service du développement du Bassin du Nil. Donc, cette deuxième stratégie reflète l'aspect régional d'une gestion efficace et équitable selon un partenariat. Elle présente ces propositions qui convergent vers des nouvelles approches : - Le concept de gestion efficace de la ressource en eau par bassin hydrique ; - Le principe de l'accès équitable de tous à une eau saine ; - La solidarité et la coopération en ce qui concerne le bassin hydrique ; - Et un cadre institutionnel permettant l'information et la participation. La gestion des eaux partagées et des bassins versants doit être renforcée par des coopérations régionales et par un cadre légal approprié, efficace et équitable. Gérer efficacement et équitablement est, en matière de gouvernance, au coeur de la question, c'est que rien ne remplace l'eau. Equité et efficacité vont de pair. Contrairement à d'autres ressources déjà rares ou qui s'amenuisent, l'eau ne peut être remplacée par une invention ou la découverte d'un autre produit. Nous avons besoin d'eau ; et elle n'a pas de substitut. Il y a des questions plus profondes auxquelles il faut s'arrêter : qui décide ? par quelles procédures ? quelle forme de gouvernance est la plus susceptible de donner lieu à des décisions justes et efficaces?195(*). Ce n'est, inévitablement, que par la gouvernance que les questions de gestion efficace et équitable pourront se résoudre. En fin de compte, gérer des ressources en eau de plus en plus limitées exige la création d'institutions ouvertes, informées, participatives et responsables. L'accès à l'eau doit nécessairement faire appel au partenariat. La rareté des ressources, par définition, oblige aux compromis. D'abord, l'eau est en mouvement. Et le mouvement de l'eau fait naître d'autres rivalités qu'il faut résoudre. Lorsque les gens qui vivent en amont détournent ou polluent un cours d'eau, ceux qui se trouvent en aval en souffrent. Il est acquis ( et fondé ) de dire que, généralement, la question de la pénurie d'eau déborde les frontières communautaires et politiques ; c'est un problème qui touche tous les pays de tous les continents. De fait, pour plusieurs pays, le plan d'eau est la frontière. Environ 40% de la population mondiale vit dans des bassins hydrographiques communs à plus d'un pays. Un grand nombre de pays ( que nous pensons à Israël et à la Palestine ) sont tributaires des mêmes aquifères surexploités. Voilà pourquoi la pénurie d'eau, lorsqu'elle est mal gérée, est si souvent cause de conflit. Voilà aussi pourquoi, plus souvent encore, les gens trouvent moyen de gérer cette eau partagée davantage par la coopération et le partenariat que par la guerre. Bref, la gestion de l'eau n'exige pas seulement que les instances nationales, régionales et internationales passent à l'action coopérative : elle les incite à le faire. La gouvernance est ouverte, participative, responsable. Et il lui faut de bonnes informations, du genre de celles qu'une recherche consciencieuse peut fournir. La gouvernance exige des capacités institutionnelles : la capacité, notamment, de recueillir et d'évaluer l'information pertinente, de délibérer, de mettre en application des politiques et de rendre compte de façon responsable aux membres de la collectivité. C'est la reconnaissance que la gestion efficace de l'eau comporte des tâches d'ordre administratif et financier aussi bien que technique, que l'entretien régulier entre les pays riverains est aussi important que la construction initiale sans accord et que, de temps en temps, la mise en application de règlements puisse être nécessaire. Le renforcement des capacités institutionnelles est un des principaux thèmes des organisations internationales qui encouragent le changement, dont la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Partenariat mondial de l'eau. Pour renforcer la capacité, il faut prendre les mesures196(*) suivantes : · Evaluer les besoins nationaux de renforcement de la capacité. Il est essentiel, à titre de première étape dans le sens d'une amélioration, que les gouvernements sachent quelles sont les capacités de leurs organismes du secteur eau. · Créer des structures administratives et juridiques compétentes. Il faut renforcer, avant de pouvoir faire des progrès en matière de gestion de l'eau, la compétence technique et administrative des organismes nationaux, régionaux et locaux qui sont responsables de la gestion de l'eau. · Rendre les institutions mieux sensibilisées et plus efficaces. Les organismes de gestion de l'eau, aussi bien publics que privés, doivent aussi être en mesure de réagir à l'évolution des situations (politiques et sociales, et aussi en matière d'environnement) Il faut réaménager les organisations statiques et modifier les méthodes dépassées, notamment quand les pays passent dans les catégories de pays à difficultés ou à manque d'eau. · Former les cadres supérieurs chargés de la gestion de l'eau. Peu d'hydrauliciens ont reçu une formation qui leur enseigne comment envisager les ressources en eau dans un large contexte. Donc, c'est la nécessité du besoin de se placer dans une optique orientée vers la demande, et de pratiquer en ingénierie une gestion de l'eau qui tienne compte des besoins et de la façon de les satisfaire. · Etablir des liens étroits avec les universités et les établissements de recherche. Comme les problèmes de l'eau font intervenir aussi bien des questions de société que des valeurs culturelles, les organismes de gestion doivent rechercher la collaboration de services qui se situent en dehors des circuits ordinaires de l'Etat et faire appel à une large gamme d'opinions et de conseils techniques pour évaluer les problèmes de l'eau et y trouver des solutions. * 194
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