Chapitre I: Les réalisations des migrants de la
commune de Diéoura
1- Les réalisations collectives :
Les migrants de la commune de Diéoura, étaient
déjà organisés avant la création de la commune.
L'ensemble des villages qui composent actuellement la commune avait une grande
caisse solidarité exceptés les village de Tassara et de
Foulangoudou. Cette caisse avait un succès particulier au début
des années 1990. Tous les migrants à l'époque avaient une
seule ambition : développer les villages d'origine à tout prix.
Monsieur Camara Sadio nous a affirmé qu'en ce moment tous les migrants
répondaient sans exception à son appel.
Toutes les décisions qu'il prenait en direction du village
de Diéoura étaient
systématiquement appliquées. Les cotisations
étaient régulières. Tous les projets proposés par
les chefs de village aux migrants étaient appliqués au niveau de
la France.
Mais avec la grande caisse de solidarité le
problème principal est que tous les migrants payaient les cotisations
mais les projets étaient dirigés vers le village de
Diéoura seulement. Au niveau de chaque il y a une caisse de
solidarité pour la réalisations des projets l'échelle
villageoise. Toutes les réalisations qui seront évoqués
ici sont celles réalisées par les caisses de solidarité.
L'Association pour le Développement de la Commune de Diéoura n'a
fait pour le moment aucune action de développement car elle a
été créée seulement en 2003.
La première grande réalisation des migrants de
la commune de Diéoura a été la construction de la grande
mosquée de Diéoura en 1990. La construction de la grande
mosquée a été financée par les migrants de la
commune en France et au Gabon. Les migrants de tous les autres villages ont
participé à au financement de cette mosquée. Monsieur
Camara nous a fait savoir que tous les migrants en France en cette
époque avaient payé les cotisations. Il faut préciser
qu'en ce moment ils étaient très peu nombreux en France. Mais
quelques années plus tard, les migrants se sont désengagés
petit à petit des cotisations. Surtout les jeunes qui venaient d'arriver
dans un environnement difficile à intégrer. Les jeunes
évoquent comme raison principale le chômage. Si en 1960 on avait
facilement accès à un emploi dans les usines, il en est
différemment aujourd'hui.
a- La lutte des migrants pour l'accès à
l'eau dans la commune de Diéoura.
Le problème primordial à résoudre dans le
Sahel est sans doute celui de l'eau. C'est la raison principale pour laquelle,
depuis plus de dix ans les migrants se sont engagés pour un meilleur
accès à l'eau dans les villages d'origine. Mais il faut
reconnaître que tous les villages de la commune de Diéoura ne
présentent les mêmes besoins en la matière.
- Dans le village de Diéoura, le problème d'eau
potable se pose moins que dans les autres villages de la commune. Six pompes
à eau ont été installées en 1992 par le projet de
lutte contre le vers de guinée décidé à
l'époque par l'actuel chef de l'État malien Amadou Toumani
Touré. Plusieurs forages existent également dans ce même
village. La quantité d'eau disponible est suffisante pour les
populations et les animaux.
Mais dans les autres villages de la commune, l'eau est le
souci prioritaire des migrants. Les priorités établies par les
migrants du village de Diéoura concernent aujourd'hui :
l'amélioration des conditions de travail dans le Centre de Santé,
la construction d'une pharmacie, la construction de plusieurs salles de classes
au sein de l'école.
- Le village de Founto est celui qui connaît le plus
grand problème d'eau. Souvent le manque d'eau oblige à
déplacer le bétail vers d'autres villages (15 à 20 Km).
Les ressortissants du village se sont engagés au début des
années 1980 et ont financé l'installation de deux pompes à
eau en 1984, d'un premier puits à grand diamètre en 1999, d'un
autre en 2000 et d'un dernier en 2002. Tout récemment, en mai 2005 les
migrants de ce village ont financé l'installation de deux pompes
à eau. Toutes ces infrastructures ont été financées
à 100% par les migrants du village de Founto. Toutefois, la question de
l'eau reste fondamentale pour les migrants du village de Founto. La caisse de
solidarité du village de Founto est bien alimentée aujourd'hui et
les ressortissants sont toujours à la recherche d'une entreprise pour la
mise en place d'un château d'eau. Compte tenu du problème d'eau de
ce village, on s'organise même au niveau des familles pour creuser des
puits. Le représentant du chef de village de Founto en France nous a
affirmé que la question de l'eau reste toujours sa préoccupation
majeure.
Dans les autres villages de la commune le problème d'eau
se pose moins qu'à Founto. Le manque d'eau relève essentiellement
du fait que nous sommes dans une zone sahélienne.
La pluviométrie annuelle oscille entre 500mm et 1000 mm
par an. Le régime des pluies est très irrégulier.


b- Les initiatives récentes:
La question alimentaire est fondamentale pour les migrants, de
ce fait ils ont ouvert des coopératives céréalières
dans chaque village. Les coopératives céréalières
permettent de dépanner les villageois au moment des soudures ou pendant
les années de sécheresse. Dans chaque village existe au moins une
coopérative céréalière. La première
coopérative a été créée en 1987. Ces
coopératives connaissent des problèmes de
gestion qui compromettent leur bon fonctionnement à long terme.
Généralement les fonds sont gérés par des personnes
qui rendent rarement compte aux associés. De plus, pour ces
coopératives on ne prévoit pas une réorientation des fonds
pour d'autres projets. A cause de la mauvaise gestion la première
coopérative a même fermé ses portes.
Dans le domaine de la santé, les migrants de la commune
de Diéoura n'ont jusqu'à là construit que deux centres de
santé : il s'agit du centre de santé de Diéoura et celui
de Tassara. C'est leur deuxième grande réalisation. Le Centre de
Santé de Diéoura a été construit en 1995,
celui de Tassara est en cours de construction.
La construction de ces deux centres a été
financée à 100% par les migrants de la commune. Les
difficultés rencontrées dans ces deux centres de santé
concernent entre autre le manque de personnel sanitaire qualifié, et
celui des matériels nécessaires.
Les locaux de la mairie de Diéoura ont été
construits en 2001 et actuellement de la construction de trois salles de
classes à Diéoura.
L'équipement le plus répandu dans la commune de
Diéoura aujourd'hui est l'installation des téléphones
satellites. Le premier téléphone a été
installé en fin 2001 par un groupe de jeunes migrants de la commune en
France. Ainsi, en l'espace de quatre ans on a assisté à la mise
en place des téléphones dans tous villages de la commune et
même dans les hameaux.
Dans ces villages on reçoit des appels de France et
d'ailleurs, alors qu'on ne dispose ni d'eau ni d'électricité, ni
de centre de santé dignes de ce nom.
En effet, dans tous les villages Soninkés, le
téléphone est un équipement à la mode aujourd'hui.
L'installation des téléphones et des coopératives
céréalières crée quelques emplois pour les non
migrants.
c- L'inégale répartition des
infrastructures constitue une entrave à la mobilisation des migrants sur
l'espace communal.
Il existe une distribution très inégale des
infrastructures dans la commune. Toutes les infrastructures de grande valeur
sont localisées principalement dans le village de Diéoura,
chef-lieu de la commune, qui pourtant ont toutes été
financées par l'ensemble des migrants de la commune. Cette
inégalité conduit souvent les migrants des autres villages
à refuser les financements des projets pour le village de
Diéoura.
Dans chaque village, il existe une caisse de solidarité
pour la réalisation des projets
villageois : des pompes à eau, puits à grand
diamètre, coopératives céréalières. Mais ce
sont des projets réalisés uniquement par les ressortissants de
ces villages, sans la moindre participation des migrants originaires du village
de Diéoura. De ce fait, on remarque que, de plus en plus, les migrants
s'intéressent davantage à leur propre village qu'à
l'ensemble de la commune ce conduit à entraver le bon fonctionnement de
l'Association pour le Développement de la Commune de Diéoura.
Actuellement les axes prioritaires de développement pour
l'Association pour le
Développement de la Commune de Diéoura
privilégient : l'autosuffisance alimentaire, la santé,
l'accès à l'eau potable dans tous les villages de la commune, et
l'éducation. Nous remarquons que la mobilisation est plus forte dans les
autres villages qu'au chef lieu même. Ce qui conduit à un
désengagement des migrants pour la réalisation d'infrastructures
à l'échelle communal.
Il est indispensable, aujourd'hui, d'étudier les
problèmes village par village et de proposer des solutions d'ensemble,
pour que tous les migrants se sentent concernés sans exception. Les
migrants, au cours des enquêtes, nous ont affirmé que les villages
ne connaissent pas tous les mêmes problèmes.
Toutes les réalisations évoquées dans ce
passage, exceptés les locaux de la mairie de Diéoura et les 3
salles de classes dont la construction est en cours ont été
réalisés bien avec la création de la commune et de
l'Association pour le Développement de la commune de Diéoura .
Précisions également que L'association pour le
développement de la commune de Diéoura (ADCD) n'a aucun lien avec
les caisses villageoises.
En effet, aujourd'hui comme hier, le développement des
communes et plus particulièrement des communes Soninkés ne peut
être une réalité sans une forte implication des migrants
des différents villages. Les migrants de la commune de Diéoura
sont plus que jamais convaincus que le développement de la commune passe
avant tout par eux.
Globalement dans la commune de Diéoura, le village de
Tassara paraît comme le plus « avancé » sous l'action
des migrants. Toutes les réalisations dans ce village sont des actions
d'envergure et réalisés à 100% par les ressortissants du
village Tassara.
Ensuite vient le village de Founto pour la lutte menée
par ses migrants pour l'accès à l'eau potable.
Cette première phase de la décentralisation ne
peut en aucune manière nous permettre de constater qu'elle est
génératrice de développement. Le développement ne
peut se faire sans l'action conjuguée de tous.

Tableau 5: Réalisations des migrants dans
quelques villages de la commune de Diéoura Tableau 5a:
village de Diéoura
Type de réalisation
|
Nombre
|
Montant
|
Année
|
Mosquée
|
1
|
300.000FF
|
1990
|
Centre de Santé
|
1
|
500.000FF
|
1995
|
École, Medersas
|
2
|
60.000FF
|
1994, 2004
|
Coopératives
|
5
|
250.000FF
|
1988, 2002
|
Pompes à eau
|
6
|
|
1993
|
Puits à grand Diamètre
|
5
|
|
1990
|
Téléphones
|
10
|
100.000FF
|
2001,2003
|
Les colonnes vides correspondent aux réalisations de
l'État malien.
Tableau 5b: village de Tassara
Type de réalisation
|
Nombre
|
Montant
|
Année
|
Mosquée
|
1
|
40.000FF
|
1986
|
Centre de Santé
|
1
|
400.000FF
|
2004
|
École, Medersa
|
2
|
50.000FF
|
2002
|
Pompe à eau
|
2
|
6000FF
|
1995
|
Coopératives Céréalières
|
2
|
150.000FF
|
1992
|
Puits à grand Diamètre
|
3
|
30.000FF
|
1996
|
Téléphone
|
2
|
40.000FF
|
2002
|
Tableau 5c: Village de Founto
Type de réalisation
|
Nombre
|
Montant
|
Année
|
Pompe à eau
|
2
|
35000FF
|
1983
|
Puits à grand diamètre
|
3
|
40000FF
|
1993, 1999, 2003
|
Coopérative céréalière
|
1
|
30000FF
|
2003
|
Source : élaboration personnelle issue
des enquêtes (mai, 2004)
2- les actions individuelles menées par les
migrants
a - Les transferts de fonds :
Ils constituent la principale source de revenus de la commune
de Diéoura. Les retombées financières de la migration sont
l'un des moyens pour pallier à la crise alimentaire en milieu
soninké. Ces transfèrent deviennent ainsi l'élément
essentiel de réduction de la pauvreté.
Mais reconnaissons qu'il est difficile d'évaluer dans
un temps donné le montant des transferts financiers des migrants vers la
commune de Diéoura. Les conditions de transfert sont informelles donc
l'évaluation apparaît impossible. Par exemple les transferts
familiaux sont essentiellement opérés de la main à main
et, là encore, l'organisation en village bis en France facilite la
circulation monétaire entre le village et le foyer. Il n'est donc pas
rare, pour qui fréquente le foyer de migrants, d'assister à la
réunion du village au cours de laquelle chacun remet au partant son
épargne pour la famille. Les revenus provenant des migrants sont en
effet à mettre en rapport avec la taille de la famille, le nombre de
personnes à charge comme le nombre de personnes travaillant en
France.
Plusieurs travaux sur les migrants maliens en France montrent
que chaque migrant envoie en moyenne 150 €uros par mois à la
famille restée au village. Cependant nos propres enquêtes et
observations nous ont fourni un autre constat : les migrants qui envoient 150
€uros tous les mois sont généralement ceux dont les familles
sont installées à Bamako ou dans d'autres grandes villes du Mali.
Ce montant peut-être même doublé, selon les besoins de la
famille. Cela, du fait que les dépenses plus élevées dans
les grandes villes qu'au village. Il s'agit notamment des frais
de santé, d'éducation des enfants, des
dépenses en eau et en électricité et surtout de la
nourriture en ville qui exige des conditions alimentaires
améliorées relativement au village. Les dépenses sont
multiples, surtout si la famille doit payer un loyer.
En revanche, ceux dont les familles sont restées au
village nous ont affirmé que s'ils envoient 150 €uros, c'est
à des occasions précises. Par exemple pour l'achat de la
nourriture, les impôts, les fêtes, le baptême, le
décès et plus de 150 €uros s'il s'agit de financer le
mariage d'un frère. L'envoie d'argent en direction du village n'est pas
régulier.
Dans le milieu urbain, l'activité des hommes est
surtout consacrée au commerce souvent informel dont les revenus ne sont
pas en général pris en compte pour les besoins de la famille sauf
par nécessité. En ce sens qu'il n'y a personne à
l'étranger pour envoyer de l'argent.
Les femmes soninkés ne travaillent presque pas en
milieu urbain. Certaines font le petit commerce à la porte des
concessions mais très rarement dans les marché comme font les
femmes bambara ou bozos (ethnie des pêcheurs). L'activité agricole
n'est pas pratiquée par les soninkés quand ils résident
dans les villes.
En résumé, la dépendance des familles
vis-à-vis des sommes envoyées est grande mais beaucoup plus
accentuée si la famille réside en zone urbaine.
b- Les flux des marchandises en direction de la commune
:
Les flux de marchandises en direction de la commune, de France
vers les villages sont importants. Certains migrants apportent des objets pour
faire du commerce. Par exemple des pièces détachées, des
pneus, des portes etc. Rapporter des matériels venus de la France, est
une manière de démontrer que l'acte migratoire a
été réussi. Il s'agit des matériels qu'il est
impossible d'acquérir en travaillant aux pays d'origine.
Dans les années 1980 et 1990 les migrants achetaient
surtout des motos en France et les envoyaient. La moto a eu beaucoup de
succès surtout avec les jeunes. C'est encore un moyen d'affirmer sa
réussite. Les migrants achètent aussi des équipements pour
le foyer tels que les réfrigérateurs d'occasion. Certains
envoient ces objets pour mettre en place de petites entreprises qui seront
gérées soit par les parents soit par des amis restés au
village ou à Bamako. Les migrants à leur retour au village
apportent des habits provenant surtout des entreprises dans lesquelles ils
travaillent (Képi, Blouson, chaussures ...).
En 2001, les migrants de la commune de Diéoura ont
commencé à acheter de véhicules
transport. C'est un secteur qui n'intéresse pas beaucoup
de gens, car l'achat d'un véhicule demande beaucoup de fonds en France
et au Mali.
c - Du village vers la France :
Il faut dire que ce transfert est peu développé.
Il donne lieu à un commerce qui se développe essentiellement dans
les foyers d'immigrés en France. Les migrants estiment qu'en revenant du
pays, ils ne disposent pas d'assez d'argent pour apporter des marchandises en
quantités importantes. Les migrants peuvent apporter des habits qui
coûtent moins cher au Mali qu'en France: des habits à vocation
culturelle comme le « Bogolan », des grands boubous, quelques kilos
d'arachide, du couscous... Ces derniers produits peuvent être
envoyés par les parents des migrants ou apportés par les migrants
eux-mêmes pour faire des cadeaux aux autres migrants.
d - Les échanges culturels :
Chaque déplacement de personne, chaque communication
occasionne des flux d'informations qui jouent un rôle important dans
l'organisation des réseaux migratoires. La communication avec ceux qui
résident à l'étranger s'est fortement
développée au cours de ces dernières années,
notamment avec l'installation des téléphones satellites dans tous
les villages de la commune. La communication entre les migrants et leur
communauté d'origine, qu'elle soit individuelle ou collective, il y a
lieu de souligner une dimension importante de ces échanges. Dans le
contexte d'un courant migratoire entre deux sociétés
différentes, l'échange d'informations ne peut pas venir seul.
Puisque l'expérience à l'étranger est loin d'être
comparable à celle du village. Les migrants viennent d'une
société purement rurale qui tentent d'intégrer un autre
monde.
Il est facile de reconnaître un migrant qui vient de
France ou d'un autre pays au village. Les migrants qui viennent de France se
font remarquer par leur mode habillement et le français qu'ils parlent.
Il faut dire qu'il n'y a pas de véritable transition entre le village et
Paris, dans la mesure où on a deux sociétés totalement
différentes. En plus de transferts de fonds, ces différents
transferts matériels, immatériels, culturels sont d'une grande
importance pour comprendre la relation entre les migrants et leur lieu
d'origine.10 Il ne peut y avoir de sens à l'étude des
migrations internationales sans prendre en compte l'ensemble de ces
paramètres.
10 - Faret L., 2003, les territoires de la mobilité,
migration et communauté transnationales entre le Mexique et les
États -Unis, Paris, CNRS, 231p.
Un autre aspect plus important de ces échanges culturels
est la diversification de
l'alimentation locale à base de mil. Si dans les
années 1980- 1990 on consommait le riz une fois par semaine,
généralement les vendredis (jour saint pour les musulmans) ou les
lundis (jour de repos des paysans), aujourd'hui le riz au poisson venu du
fleuve est consommé quatre jours sur sept dans « les familles
aisées ». Il en est de même pour la consommation de la
viande.
Tous ces éléments font de l'émigration un
véritable fait de société en milieu soninké.
Chapitre II - Evolution de l'espace villageois sous
l'action des migrants : l'exemple du village de Diéoura
|
1-Les transformations du paysage villageois :
Elles concernent l'étendue du village, son organisation
interne et les modifications de l'habitat. Le village de Diéoura a
retenu notre attention du fait qu'il est le chef-lieu de la commune .Il
connaît une extension importante depuis le début des années
1990.
Nous avons pris cette année comme
référence pour apprécier ces évolutions parce que
c'est à partir de cette date que le nombre d'émigrés du
village de Diéoura à destination de la France s'accroît.
Ces dernières quinze années ont été
décisives dans la transformation de l'espace.
Le village de Diéoura s'étend aujourd'hui sur un
peu plus de deux kilomètres alors qu'en 1990, cette distance ne
dépassait un kilomètre. Nous avons cherché à
comprendre le pourquoi d'une extension aussi rapide. On ne constate pas
d'arrivées importantes dans ce village qui pourraient l'expliquer.
L'ancien maire nous a tout simplement dit que son extension est essentiellement
due à l'action des migrants. Cette information a été
confirmée par nos propres enquêtes de terrain.
a- L'action collective des migrants favorise l'extension
:
Le village est organisé en deux quartiers principaux
(cf. figure1), celui des imams et celui des notables. Le nombre d'habitants
serait de l'ordre de cinq mille deux cents personnes, appartenant toutes
à l'ethnie soninké.
Son extension s'explique d'abord par l'action collective qui
s'est manifestée par la
construction de l'école primaire, le centre
santé et les locaux de la mairie de la commune. Ces infrastructures
collectives sont localisées tout au nord ouest, en bordure du village.
Elles confèrent à ces lieux la physionomie d'un véritable
quartier administratif. En 1989, il était situé à 1
kilomètre des dernières concessions du village et n'était
entouré que par les habitations des enseignants et des agents de
santé. Aujourd'hui, il se trouve à l'intérieur du village,
entouré par de nombreuses concessions des familles qui ont quitté
le centre. En outre, depuis la mise en place de la mairie en 1999, on
s'intéresse de plus en plus à la propreté de ces lieux
publics (place
publique, mairie, école, routes principales), et d'une
manière générale à l'ensemble du village.
Ces investissements sont onéreux et n'étaient pas
à la portée des habitants restés au village sans l'action
des émigrés du village.
b- L'extension de l'espace due aux investissements
immobiliers privés des migrants :
Si, dans les débuts de la migration, les migrants
achetaient des troupeaux de boeufs, aujourd'hui ils sont surtout attirés
par la construction dans le village de Diéoura. Certaines familles qui
en ont les moyens, quittent le centre pour s'installer dans la
périphérie, modifiant l'organisation interne du village. Dans la
majorité des cas, ce sont les migrants qui sont à la base de
cette évolution. On a tendance à avoir une organisation sur
modèle de Chicago. Dans la périphérie, on trouve des
populations << riches » par rapport au centre. Le centre reste
occupé par les familles qui n'ont pas généralement assez
de migrants en France. A Diéoura on a l'impression d'avoir une
organisation plus urbaine que villageoise.
A la question posée : << pourquoi n'avez vous pas
aménagé les anciennes concessions ? », un chef de famille
nous a répondu ceci : << si, aujourd'hui, moi j'ai
décidé de sortir du centre du village, c'est pour la simple
raison que la famille s'agrandit. Plusieurs de nos enfants vont bientôt
se marier et l'ancienne concession est vraiment petite pour nous tous. C'est
également un moyen pour moi de montrer la réussite de nos enfants
qui sont en France et d'encourager d'autres jeunes à faire comme eux.
C'est aussi un souci pour nous, vieux et chefs de familles, de montrer le
prestige de notre village par rapport à d'autres villages environnants
et de démontrer que le développement d'un lieu passe d'abord par
la volonté affichée des ses propres fils. Personne ne peut
contribuer seul au développement d'une localité sans l'action
conjuguée de tout le monde ». Ces propos nous ont beaucoup
impressionné dans la recherche. Dans un milieu complètement
abandonné par l'État, les migrants assument leur rôle dans
les localités d'origine.
L'extension du village n'a pas occasionné de
déplacement du centre politique du village de Diéoura, c'est
à dire du lieu où se tient généralement le conseil
du village, sous la conduite du chef du village. Il ne fait aucun doute
aujourd'hui que le village s'est considérablement étendu de tous
les côtés surtout le Nord - Est vers la route de Noumokolo ( voir
figure1) .
On remarque aussi que la configuration des quartiers
n'obéit plus aux relations sociales traditionnelles entre les
différentes classes (nobles, castes) composant le village. Avant 1990,
on pouvait remarquer deux quartiers principaux et un quarter secondaire qui est
celui des hommes de castes. Ce quartier était situé au centre du
village entre les quartiers des notables et celui des imams.


c- Les modifications de l'habitat :
La première forme de l'habitat en milieu soninké
est la case ronde avec une toiture en paille. Elle n'exige pas de moyens
financiers. Mais elle est de plus en plus aujourd'hui abandonnée pour
deux raisons principales ; les grandes herbes pour le chaume, sont devenues
rares à cause de la sécheresse et la deuxième raison est
le fait de l'émigration. Ces genres de travaux sont confiés aux
jeunes. Ce sont surtout ces derniers en effet qui vont assurer l'entretien des
maisons en cas de nécessité, car ils sont disponibles pour ces
travaux qui se passent généralement en saison sèche. Ils
préfèrent actuellement construire avec des matériaux
industriels dont l'entretien nécessite moins de travail mais plus chers
à l'achat. Nous touchons là à l'oppression classique des
cadets par les aînés qui s'est accentuée avec les
sécheresses mais qui s'est surtout modifiée dans sa forme depuis
la migration. Compte tenu de toutes ces transformations, on assiste à la
disparition de la case ronde. Si l'on y trouve encore la case ronde à
Diéoura, c'est soit pour la cuisine soit comme lieu de repos du chef de
famille, soit un lieu où se tient le conseil de famille. Elle n'est plus
destinée à la chambre à coucher. La case ronde aujourd'hui
est abandonnée par les migrants.

On s'est orienté vers la construction en terre battue
avec de la paille et une toiture en tôles de forme rectangulaire. C'est
un mode de construction très cher et seuls les migrants peuvent se
permettre. Mais il faut préciser que les premiers exemples de cette
construction ont été mis en place par les migrants qui venaient
de l'Afrique centrale particulièrement ceux de venus de Brazzaville et
de Kinshasa.
Les murs en banco supportent parfois une toiture en
tôle. Certains n'ont cependant pas choisi ou n'ont pas eu les moyens
d'investir en dur. Si ces méthodes de construction ont été
adoptées depuis le début des années 1970, c'est
grâce au supplément de pouvoir d'achat de la migration.

Aujourd'hui, les migrants construisent en ciment comme dans
les grandes villes de Kayes ou de Bamako, avec de bonnes conditions
d'habitation. On trouve aujourd'hui à Diéoura, des
bâtiments de deux étages. Un visiteur, qui arrive à
Diéoura pour la première fois est frappé par les
constructions en ciment, des maisons en tôle, et surtout par la
flamboyante mosquée visible à plusieurs kilomètres. C'est
la modification totale dans l'architecture de l'habitat. Tous ces changements
survenus sont le fait des migrants et peuvent être constatés dans
tous les villages soninkés.
En effet, il semble que ces transformations dans le mode de la
construction obéissent à des raisons sociales : d'une part le
prestige de l'émigré est en jeu, et l'enquête auprès
des anciens migrants indique fréquemment que la maison en dur a
été l'une des premières réalisations de
l'épargne accumulée en France. D'autre part, l'argument
invoqué en faveur des constructions en dur est celui de
l'économie de travail : l'entretien en banco et surtout des toits en
chaume est très prenant.


2-Comparaison du village de Diéoura avec d'autres
chefs lieux de communes.
Le village de Diéoura est plus «
développé » que le village de Lakamané qui est
pourtant le chef-lieu de l'arrondissement et de Séfeto. La
différence fondamentale entre le village de Diéoura et ces deux
autres villages s'explique par un nombre de migrants supérieur à
Diéoura que dans ces deux villages dont les populations n'ont pas, de ce
fait, de revenus suffisants pour changer l'image de leur village. Le village de
Diéoura est composé essentiellement de Soninkés, une
ethnie dont la caractéristique essentielle est l'émigration. Dans
les cas des autres villages on a des Bambaras (Sefeto), et des Kansonkés
(Lakamané).
Si l'on compare le village de Diéoura à celui de
Lambidou, un autre constat s'impose: Lambidou est un village composé
uniquement par l'ethnie soninké, d'une taille presque comparable
à celle de Diéoura. On y retrouve les mêmes
caractéristiques ethniques et culturelle. (voir tableau n°1). Les
deux villages connaissent une émigration importante vers la France.
Pourtant la physionomie du paysage villageois est bien
différente à Lambidou de celle du village de Diéoura. La
différence entre les migrants du village de Lambidou et de
Diéoura vient du fait que les migrants de Lambidou privilégient
leur village plutôt que Bamako ou une autre ville du Mali. La
majorité des migrants de Lambidou construit d'abord une maison au
village natal ensuite dans la capitale à Bamako ou à Kita. Dans
le village de Diéoura, on assiste au phénomène inverse.
Le mode de construction le plus fréquent depuis longtemps
à Lambidou est la construction en ciment alors qu'est apparue à
Diéoura il y a quelques années seulement ( à partir de
1995). Globalement, on peut retenir que la physionomie du village de
Diéoura a évolué de façon considérable, mais
que ces transformations restent modestes comparativement à certains
villages soninkés. En fait, le village de Diéoura n'est plus le
lieu privilégié des investissements de nombreux migrants.
Chapitre III: Pourtant les villages des ne
bénéficient plus totalement des apports des migrants
Le choix des migrants de l'investissement immobilier dans les
grandes villes est lié à des enjeux divers. Parmi ces derniers on
peut citer le rôle symbolique d'être propriétaire d'une
maison, de se loger avec sa famille, la possibilité d'une
rentabilisation locative et la facilité de gestion des investissements
immobiliers en sens que le montant du loyer et fixe et connu d'avance.
Les investissements immobiliers des migrants de la commune de
Diéoura ont des effets à la fois sur les villages d'origine et
sur les grandes villes.
1-L'argent des migrants favorise l'exode rural et
l'installation des familles en ville:
Dans l'étude de ces migrations, l'un des
phénomènes remarquables tient au fait qu'elles donnent lieu
à d'autres migrations. Dans le cas de la commune de Diéoura,
beaucoup de migrants ont acheté de des terrains dans les grandes villes
principalement à Bamako, Kati et Kita. L'achat de ces terrains s'est
soldé par le déplacement de nombreuses familles vers ces
différentes grandes villes. Il s'agit en effet de femmes, enfants et
parents des émigrés en France ou ailleurs.
Depuis le début des années 1990, de nombreux
émigrés en France construisent des maisons dans les grandes
villes. Ce sont les migrants installés en Afrique qui ont initié
le mouvement. Si, dans un premiers temps, la plupart des maisons construites
étaient destinées à la location, elles accueillent
aujourd'hui les membres de la famille restés au village.
Lorsqu'un migrant installe sa famille à Bamako, il
devient le soutien privilégié de nombreuses personnes. Dans
certains cas, la première maison construite par un migrant du village
dans la capitale reçoit tous les originaires de son village qui ont
besoin de s'y rendre. Il s'agit généralement, de malades qui
viennent se soigner, de candidats à l'émigration qui attendent
l'obtention de leur visa, d'élèves et d'étudiants, de
personnes qui viennent pour prendre contact avec les autres membres de la
famille à l'extérieur du pays, afin d'envoyer de l'argent pour la
résolution d'un problème familial urgent (mariage, impôt,
achat de nourriture, ...), enfin des
personnes qui viennent rendre visite à la famille
installée dans la ville.
C'est pendant la saison sèche que le nombre de
villageois présents dans les grandes villes est le plus grand. Ainsi il
n'est pas rare de voir des familles de 40 à 50 personnes ou plus dans
une maison urbaine.
L'installation dans les grandes villes se traduit par un
accroissement des charges pesant sur les émigrés. Dans ce cas,
l'émigré dont la famille réside à Bamako, ne compte
plus destiner son argent à son village d'origine ; tous ses efforts sont
désormais orientés vers la grande ville. Il en est de même
pour les émigrés vivant en France avec leur famille et qui vont
d'ailleurs privilégier cette dernière sur place.
À la question posée : << pourquoi un
abandon total du village ? », un migrant a répondu : << La
ville est le lieu où l'on peut se soigner facilement, où nos
enfants peuvent aller normalement à l'école et où les
rivalités locales sont rares. Dans la grande ville, on échappe
à la forte pression sociale du village, on a d'avantage de chances
d'intégrer le monde des affaires qu'à la campagne. Il y a
beaucoup d'autres éléments qui entrent en ligne de compte ».
C'est un discours que tiennent de nombreux migrants, surtout des jeunes.
Nous avons remarqué, pendant nos enquêtes,
qu'à chaque retour de migrants vers le Mali, les sommes envoyées
à Bamako par les migrants de France sont supérieures de 3 ou 4 ou
voire même de 5 fois à celles envoyées dans les
différents villages de la commune. Par exemple, lors de notre voyage au
Mali en avril 2004, nous avions emporté 16000 € : 13000 €
étaient destinés aux familles résidant maintenant à
Bamako et à Kati, et 3000€ pour l'ensemble des villages de la
commune. Ce n'est pas le seul exemple ; à chaque départ on
assiste à la même situation. La plupart des jeunes migrants
comptent aujourd'hui construire une maison à Bamako ou à Kati
où ils comptent s'installer plus tard avec leur famille.
En conséquence, les parents restés au village
ont souvent le sentiment d'être rejetés par les migrants. Si on
envoie au moins 150 € par mois à sa famille dans la grande ville,
le chef de famille au village ne reçoit plus de l'argent que deux fois
par an. Il s'agit de contributions à l'achat de la nourriture de base et
au paiement de l'impôt. Certains chefs de famille nous ont même dit
que les migrants dont les familles sont installées dans les grandes
villes contribuent au sous-développement du village d'origine.
Les migrants de la commune de Diéoura sont aujourd'hui
plus engagés dans la construction de maison à Bamako qu'au
village. On a trouvé des maisons bien construites par des migrants
à
Bamako alors que dans leur village, qu'ils n'avaient rien fait
comme investissement majeur en matière de construction.
Dans la commune de Diéoura il existe une importante
variété de situations entre les villages. Dans le village de
Tassara (1015 habitants) de nombreuses familles de migrants se sont
établies en ville, surtout à Kati. Le chef du village de Tassara
nous a affirmé qu'au moins 40 à 50 familles ont quitté son
village pour Kati ces vingt dernières années.
Le petit village de Founto est aussi très marqué
par le déplacement des familles des migrants vers les grandes villes, en
particulier vers Bamako et vers Kita.
Dans le village de Diéoura, c'est un
phénomène récent par rapport aux deux autres. On peut
expliquer cette situation particulière du village de Diéoura par
le fait qu'on a les infrastructures nécessaires. Il s'agit du centre de
santé et de l'école. Les migrants du village de Diéoura
ont longtemps davantage investi dans l'élevage que dans la construction
immobilière dans les grandes villes. Mais l'investissement en ville
prend de plus en plus d'importance également dans ces dernières
années.
Le village de Noumokolo n'est pas trop concerné par ces
déplacements.
L'exception apparaît dans le cas du petit village de
Bambara Madina. Ce village est habité uniquement par l'ethnie Bambara
Madina. Les Bambara ici ont été influencés par les
Soninkés et ils ont émigré. Mais la majorité des
migrants, même ceux qui ont construit à Bamako et à Kati,
sont restés au village pour le moment. Quelques familles seulement sont
installées à Bamako ou à Kati (deux ou trois
familles.).
Dans les villages, les populations sont occupées par
les petits travaux qui leur permettent d'avoir un peu d'argent pour
régler certaines questions. Même si les revenus agricoles sont
insuffisants, ils permettent aux populations villageoises de subvenir à
un certain nombre de besoins sans compter sur la contribution des
émigrés. De plus on remarque que les années où les
récoltes sont bonnes, la demande des villageois devient moins
importante. Dans ce cas les migrants envoient moins d'argent au village.
Par contre dans la grande ville, les gens sont rarement
occupés et comptent sur l'argent qu'envoient les migrants. Leur
dépendance vis-à-vis des revenus des migrants ne fait que
croître. Dans les villes, qu'il pleuve ou pas, il faut à chaque
fin de mois, envoyer de l'argent pour les besoins alimentaires, de
santé, les frais de scolarité pour les enfants.
Ces migrations détournent l'action des migrants à
destinations des villages d'origine et
compromettent dangereusement l'avenir de ces derniers.
2- L'argent des migrants contribue à l'extension
d'agglomérations urbaines à Bamako et Kati
A Bamako, les migrants de la commune de Diéoura
s'installent dans les quartiers de Djikoroni Para, de Sebenikoro, de Kalancoro
et de Kalanbancoura. Les quartiers de Djikoroni Para et de Sebenikoro sont les
plus concernés. Plus de 40 maisons ont été construites par
les ressortissants de la commune de Diéoura dans le quartier de
Sebenikoro et plus de 15 maisons dans le quartier de Djikoroni Para. Les
premiers migrants ont construit à Djikoroni Para, ce qui conduit
d'autres à acheter des terrains à Djikoroni et à
Sebenikoro. Précisons que ces deux quartiers sont contiguës. Les
parcelles de 25 m X 15 m sont moins chères dans ces quartiers que dans
les quartiers centraux de Bamako.
Selon un responsable de la mairie de Sebenikoro, les
ressortissants de la commune de Diéoura sont parmi les populations qui
achètent le plus de terrains dans leur commune depuis 1990.
D'après lui, les maisons construites dans son quartier appartiennent en
général à des Soninkés et plus
particulièrement à ceux qui sont en France. Le quartier de
Sebenikoro connaît une extension très rapide aujourd'hui par
rapport aux autres quartiers limitrophes comme Djikoroni Para à l'est et
Kalambabougou à l'ouest, situé un peu plus loin par rapport au
centreville de Bamako.
Dans la ville de Kati, le même phénomène
d'extension rapide est observé. Mais précisons là qu'il
concerne surtout les ressortissants du village de Tassara.

a- Une augmentation considérable du prix du
terrain:
L'achat de terrains dans les villes de Kati et de Bamako par
les Soninkés en général et en particulier par les
émigrés, s'est soldé par une augmentation spectaculaire du
prix du foncier .En plus de l'action des soninkés, précisons que
le secteur immobilier constitue aujourd'hui le premier secteur d'investissement
des personnes « aisées » au Mali.
Si en 1989, on achetait un terrain de 25m X 15m à moins
de 1400 € à Sebenikoro, il faut dire aujourd'hui que le prix moyen
est de 6100 € soit 3.000 000 F CFA. Les vendeurs de terrains savent faire
la différence entre un migrant qu'on suppose avoir beaucoup d'argent, et
une
personne installée à Bamako depuis un certain
temps. Dès que l'on remarque que l'acheteur est Soninké et vient
de France, on lui vend plus cher qu'à celui qui connaît les lois
du marché.
En résumé, retenons qu'il n'y a pas de prix fixe
pour les terrains. Le prix dépendra surtout de la capacité de
marchander de chacun et, en général, les migrants ne sont pas en
l'aise dans ces types de négociations.
b- Difficultés d'aménagement pour les
pouvoirs publics:
Ces nouveaux quartiers périphériques doivent
être aménagés. Les pouvoirs publics n'ont pas souvent les
moyens de satisfaire la demande de la population dans ce domaine. Il s'agit par
exemple d'installer ici une borne- fontaine dans les lieux où les
maisons n'ont pas accès à l'eau potable ; il en est de même
pour l'électrification de ces lieux, la construction des centres de
santé et d'écoles, le creusement des canaux d'évacuation
d'eau.
En effet, on peut dire sans risque de nous tromper qu'à
la longue, beaucoup des migrants abandonneront les lieux d'origine pour les
grandes villes. Ce phénomène d'abandon n'est pas une
spécificité à la commue de Diéoura mais à
toutes les localités à fort taux d'émigration.

Tableau 6 : taux d'émigration
estimé dans la commune de Diéoura
Villages
|
Taux d'émigration
|
Diéoura
|
30%
|
Tassara
|
40%
|
Niankan
|
25%
|
Founto
|
50%
|
Noumokolo
|
10%
|
Madina- Bambara
|
6%
|
Foulanguédou
|
7%
|
B. Keita
|