Chapitre II - Présentation de la commune rurale
de Diéoura.
1- Présentation d'ensemble :
La commune rurale de Diéoura est située dans la
partie Nord de la première région administrative du Mali : Kayes,
dans le cercle de Diéma entre le 9°20 et le 9°30' de longitude
Ouest et le 14°47' de latitude Nord et couvre une superficie de 390
Km2. Elle est limitée par la commune rurale de
Lakamané au Nord-Ouest, par la commune rurale de Sansakidi à
l'Ouest, par la commune de Sefeto dans le cercle de Kita, au Sud - Ouest par la
commune de Diallan, à l'Est par la commune de Lambidou et au Sud-est par
la commune de Diagouté Camara.
On est là dans le domaine sahélien, en climat
tropical sec à deux saisons. Les précipitations annuelles
connaissent un régime très irrégulier, oscillant d'une
année sur l'autre de 500 à
1000 mm, tombant entre juin et octobre. Les récoltes
sont donc incertaines et les revenus de l'agriculture précaires. L'eau
manque. La commune ne possède que de petits oueds temporaires dans les
parties nord et sud.
Le relief est peu accidenté est constitué de
collines au Nord et d'une succession de glacis sur le reste du territoire
communal
La commune a été créée en 1999
à la suite de réforme décentralisation engagée par
les autorités politiques maliennes. Elle est composée de cinq
villages principaux et de six hameaux dont trois habitant toutes
l'année. Ces villages sont Niankan, Tassara, Foulanguédou, Madina
- Bambara et Diéoura, le chef lieu de la commune. Les hameaux sont
Diakali, Bobougou, Karagné Noumokolo, Founto et Bakama. Tous les hameaux
sont administrativement rattachés au village de Diéoura. Par
leurs affinités, ces différents villages et hameaux se sont
réunis pour créer la commune de Diéoura (voir tableau
2).
Les premiers habitants de Diéoura seraient venus de
Kaïnera, Fatao et Lambidou. Le village de Diéoura aurait connu une
seule guerre meurtrière à fin XVIIe siècle. Il s'agit de
la guerre qui
a opposé les habitants de Diéoura à ceux de
Lambidou.
Tous les autres villages, au départ, étaient des
hameaux de cultures où les paysans partaient cultiver pendant la saison
pluvieuse. Après les récoltes ils revenaient passer la saison
sèche à Diéoura. Mais peu à peu les paysans qui
partaient pour les cultures ont décidé de rester après les
récoltes du fait de la richesse des pâturages pour les animaux et
de la richesse des terres. Il faut reconnaître que les grandes
sécheresses ont contribué à un retour des populations des
hameaux de cultures vers Diéoura.
Quelle que soit la dispersion des habitants dans l'espace, le
village de Diéoura demeure le plus gros village et abrite tous les
équipements d'intérêt commun.
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Tableau 1: les Communes du cercle de
Diéma.
Nom de la commune
|
Nombre de villages
|
Populations de plus de 10000 hbts
|
Populations de 5000 à
10000
|
Populations de moins de 5000htbs
|
Diéma (Diéma)
|
15
|
15609
|
|
|
Dianguirdé
|
15
|
|
8834
|
|
Madiga Sacko
|
25
|
|
8302
|
|
Béma
|
4
|
20156
|
|
|
Groumera
|
8
|
|
6217
|
|
Géudibiné
|
9
|
|
6974
|
|
Lambidou
|
5
|
|
8004
|
|
Fatao
|
1
|
|
|
3072
|
Dgt Camara
|
13
|
14250
|
|
|
Dioumara
|
17
|
|
9816
|
|
Gomitradoug ou
|
8
|
|
|
3661
|
Lakamané
|
16
|
10169
|
|
|
Diéoura
|
5
|
|
8993
|
|
Sansankidé
|
6
|
|
|
3294
|
Source: Stéphanie Lima, 1999, D.E.A
de géographie, Recomposition territoriale et
décentralisation au Mali, le cas de la région de Kayes,
p.3.
.
Tableau 2 : Les distances entre le village de
Diéoura et les autres villages de la commune
Villages
|
Distance au chef lieu de la commune
|
Diéoura
|
Chef lieu de commune
|
Tassara
|
30 Km
|
Niankan
|
8 Km
|
Foulanguédou
|
20 Km
|
Madiria- Bambara
|
15 Km
|
Keita, 2004.
2- Les caractéristiques socio-économiques
de la commune
La commune rurale de Diéoura compte environ 9000
habitants selon les recensements de 1999. La population est majoritairement
jeune comme partout en Afrique. Plus de 50% de la population sont
occupés par l'agriculture. Le taux d'émigration serait plus de
30% pour l'ensemble de la commune. Mais précisions que la migration
concerne essentiellement la population masculine. Les migrations
saisonnières, bien affaiblies, sont encore pratiquées par les
jeunes hommes vers les villes comme Kayes, Kita, Bamako, Nioro,
Yelimané, etc. Une partie de la population active migre en direction de
la Côte d'Ivoire, du Gabon, Congo Brazzaville, de la République
Démocratique du Congo, la Libye.
En Europe, la destination privilégiée est la
France, mais de plus en plus l'Espagne qui attire, elle aussi, depuis peu, les
migrants de la commune de Diéoura.
Tableau 3: population des différents
villages de la commune.
villages
|
population
|
Nombre de migrants
|
Nombre de migrant en France
|
Ethnie majoritaire
|
Diéoura
|
5230
|
800
|
315
|
Soninké
|
Tassara
|
1015
|
462
|
95
|
Soninké
|
Niankan
|
1050
|
520
|
91
|
Peuhl
|
Madina
|
473
|
69
|
35
|
Bambara
|
Noumokolo
|
420
|
89
|
29
|
Soninké
|
Founto
|
375
|
106
|
37
|
Soninké
|
Source : Mairie de la commune de
Diéoura.
Ce tableau ne prend pas en compte les migrants qui ne
participent pas aux cotisations de la commune. Il s'agit des enfants nés
en France et les émigrés de la commune installés
définitivement dans les grandes villes au ou ailleurs, ainsi que les
femmes.
Plus de 80% des migrants sont en situation
irrégulière et habitent dans le département de la Seine
Saint - Denis.
Il faut cependant prendre ces chiffres avec beaucoup de
prudence dans la mesure où ils sont pas en jour et les recensements ne
prennent pas souvent en compte toutes les caractéristiques des
populations. Ces derniers sont majoritairement occupés par
l'agriculture. Mais on trouve à la fois des personnes qui pratiquent
l'agriculture, l'élevage et le commerce.
Quoi qu'il en soit, l'agriculture est l'activité
dominante dans la commune de Diéoura et repose principalement sur la
culture de mil, de sorgho, de l'arachide, et du maïs. On cultive aussi le
riz aux abords des cours d'eau de façon très marginale à
cause de la rareté des cours d'eau et de pluies.
L'élevage est mieux approprié aux conditions
physiques locales, mais souffre du manque de pâturages, de l'insuffisance
des points d'eau et de la faible couverture sanitaire.
Tableau4: la taille du cheptel
Villages
|
Bovins
|
Ovins- Caprins
|
Équins
|
Diéoura
|
3000
|
2500
|
180
|
Tassara
|
2000
|
1630
|
88
|
Niankan
|
800
|
720
|
20
|
Foulanguédou
|
350
|
280
|
16
|
Madina- Bambara
|
270
|
150
|
11
|
Source : données de la mairie de
Diéoura 2004
Ces chiffres sont très loin de la réalité,
dans la mesure où les gens ne déclarent pas le nombre total de
leurs animaux afin d'échapper à l'imposition.
La commune de Diéoura constitue un couloir important pour
les Peuhls transhumants. Il existe depuis 1997 un important conflit entre les
éleveurs et agriculteurs dans cette zone et qui a conduit à
l'abandon de la zone par les éleveurs peuhls.
L'artisanat est peu développé dans la commune de
Diéoura et est pratiqué par les hommes de castes (forgerons,
potiers, cordonniers).
L'exploitation forestière se résume à la
coupe bois de cuisine et de bois d'oeuvre pour la construction des
habitations.
La faiblesse des ressources naturelles, les conditions
climatiques difficiles, l'analphabétisme et le manque d'infrastructures
adéquates entravent dangereusement le développement de la commune
de Diéoura. Le seul atout de la commune est le rôle
déterminant que jouent les émigrés. L'émigration
est en effet la source principale des revenus de la commune. Les populations
vivent au rythme de l'émigration.
DEUXIEME PARTIE :
APPORTS ET EFFETS DES MIGRATIONS DES HABITANTS DE LA
COMMUNE DE DIEOURA
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