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Sources de divergences des pratiques des entreprises multinationales en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE) : cas des déchets d'emballages plastiques chez Total Côte d'Ivoire

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par Jean-Baptiste T. Foutchantse
Ecole des Sciences Morales et Politiques d'Afrique de l'Ouest/Cerap-Inades, Côte d'Ivoire - Dess en Ethique Economique et Développement durable 2008
  

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Section III : Cadre conceptuel sociologique de la RSE : la firme encastrée dans la société

Cette approche repose sur une représentation de l'organisation qui est totalement insérée dans la société, ses lois, ses valeurs et sa culture. Les théories sociologiques néo-institutionnelles assurent que les conditions de l'environnement ne peuvent être séparées des représentations qu'en ont les acteurs ; elles intègrent les valeurs dominantes du contexte sociétal dans lequel s'exercent les activités de l'entreprise. Elles soulignent l'importance de la dimension symbolique et cognitive et intègrent les attentes conflictuelles des différentes parties prenantes. Les dirigeants mettent en oeuvre des stratégies d'image et de conformité symbolique ou affective avec ces valeurs afin d'assurer la légitimité de l'entreprise. La RSE peut également être analysée à la lumière de la théorie des conventions.

Légitimité : valeur clé de la RSE

La question de légitimité est consubstantielle de l'ordre social. La conception weberienne (Capron, 2007) constitue la base théorique de tous les travaux sur ce thème. Elle repose sur l'adhésion des personnes au caractère rationnel, légal, traditionnel ou charismatique du pouvoir. La légitimité rationnelle et légale repose sur la croyance en la force de la loi et des règlements. L'approche néo-institutionnelle s'inscrit dans cette lignée. Elle affirme l'importance des institutions, systèmes stables et légitimés des règles, de normes et de valeurs, pour expliquer les faits sociaux et économiques. Elle analyse le processus d'institutionnalisation et le processus de la construction sociale de la légitimité.

La légitimité des entreprises naît au sein d'un environnement institutionnalisé, c'est-à-dire un environnement qui impose des exigences sociales et culturelles, qui les pousse à jouer un rôle déterminé et à maintenir certaines apparences extérieures. L'entreprise doit apprendre à paraître selon les critères convenus, ressembler à une organisation rationnelle. Suchman (1995, cité dans Capron, 2007) présente une synthèse de travaux des sociologues néo-institutionnalistes et définit la légitimité comme « l'impression partagée que les actions de l'organisation sont désirables, convenables ou appropriées par rapport au système socialement construit de normes, de valeurs et de croyances sociales ».

L'institutionnalisation n'exerce pas une pression visible ; c'est un processus d'actions répétées et d'habitudes qui traduisent des conceptions partagées et qui semblent naturelles. Ces actions sont considérées comme « allant de soi ». Dans ce contexte, un comportement socialement responsable et une éthique minimale ne peuvent se réduire à une stratégie rationnelle pour un résultat financier : ils existent parce qu'il serait impensable de faire autrement. La légitimité est symbolique : dans un environnement institutionnalisé, les organisations légitimes obtiennent un soutien indépendamment de leur valeur intrinsèque, sans évaluation précise. Lorsqu'une organisation a appris à paraître selon les critères convenus, ses activités ne peuvent être différentes des apparences, surtout s'il est difficile de mesurer les résultats (Meyer et Rowan, 1977, cité dans Capron, 2007). La fréquence des termes « transparence », « réputation », « développement durable », « entreprise citoyenne », dans les discours managériaux peut être interprétée comme la volonté de présenter une image de conformité aux valeurs dominantes.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard