Dimensions de la Responsabilité Sociale de
l'Entreprise
Tout débat sur la responsabilité sociale
nécessite de se poser les questions : responsable à
l'égard de qui ? Par rapport à quoi ? Jusqu'où
et comment ?
La question « à l'égard de
qui ? » connaît des réponses très
diversifiées qui dépendent de la représentation que l'on
se fait de l'entreprise et de sa place dans la société. Pour
Milton Friedman (1971, dans Capron, 2007), il est clair que l'entreprise n'est
responsable que devant les actionnaires, puisque son rôle est de
maximiser son profit dans l'intérêt de ces derniers.
Un deuxième type de réponse, comme celle de
l'Union Européenne, s'appuie sur la notion des parties prenantes pour
justifier l'intérêt que l'entreprise doit porter aux individus et
aux groupes que peuvent affecter ses activités ou qui à l'inverse
peuvent être affectés par ses activités. Dans ce cas,
l'entreprise se voit assigner, sous condition de pouvoir les identifier, un
rôle de satisfaction de ses parties prenantes (salariés,
fournisseurs, clients, riverains, défenseurs de l'environnement, etc.)
et devient un lieu où s'arbitrent les différents
intérêts portés par ces parties prenantes.
Le troisième type de réponse consiste à
considérer que l'entreprise a une responsabilité à
l'égard de l'intérêt général ou du bien
commun. Mais si l'on retient l'intérêt général
d'Adam Smith dans son livre Recherches sur la nature et les causes des
richesses des nations (1776, cité dans Capron, 2007), selon lequel
l'intérêt général découle de la somme
d'intérêts particuliers grâce à la bienveillante
« main invisible » du marché, on est ramené
à définir ce que peut être l'intérêt propre
d'une entreprise, celui-ci pouvant être appréhendé comme
étant la communauté d'intérêts entre le capital et
le marché (Robe, 1999, cité dans Capron,
2007).
En revanche, en suivant la notion de
« volonté générale » de Jean-Jacques
Rousseau dans son livre Le Contrat social (1762, cité dans
Beaufort, 2008), on est conduit à développer une
représentation de l'entreprise encastrée dans la
société et soumise aux exigences de la collectivité,
représentée par l'Etat, incarnant l'intérêt
général.
La question « par rapport à
quoi ? » renvoie aux critères et outils de
normalisation que la société ou des ONG se donnent pour
évaluer une entreprise socialement responsable.
Jusqu'où va la responsabilité des
entreprises ? L'étendue des limites peut être
placée de presque rien à l'infini. L'étendue des
responsabilités peut varier selon les époques, selon les attentes
et les forces de pression à l'oeuvre dans les sociétés
civiles. Les réponses sont finalement dépendantes de la culture,
de l'histoire et des institutions de chaque pays.
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