B- Estime de soi et performances scolaires
L'estime de soi a fait l'objet de plusieurs travaux en
relation avec les performances scolaires. Ainsi, Sindou (1992) met en exergue
l'influence de l'image de soi sur l'adaptation scolaire chez les enfants de
parents divorcés. Pour y parvenir, il compare les résultats
scolaires de ces enfants et les soumet à l'épreuve projective
thématique Dynamique Personnelle et Images (D.P.I.) de Perron. Les
résultats montrent que les enfants de parents divorcés, qui ont
une estime de soi élevée, réussissent en classe,
contrairement aux enfants de faible
estime de soi. Cela s'explique par le fait que les enfants qui
échouent en classe ont des difficultés à conduire et
à réussir leurs entreprises, tandis que ceux qui
réussissent n'ont pas ces difficultés.
Ce travail, qui s'est intéressé à la
relation entre l'estime de soi et les performances scolaires, n'a pas
donné nous semble-t-il suffisamment d'information sur la forme d'estime
de soi (globale ou spécifique) qui garanti le succès. C'est ce
à quoi tente de répondre Bourcet (1998).
En effet, Bourcet (op.cit.), dans une étude, tente de
montrer que l'estime de soi dans son ensemble est une ressource adaptative
contre les difficultés scolaires. Pour atteindre cet objectif, l'auteur
soumet deux cent huit (208) bons élèves, lorsqu'ils
étaient en fin de collège, à des questionnaires d'estime
de soi globale et d'évaluation de soi dans des domaines liés
à la scolarité (travail scolaire, travail avec les pairs, en
famille). L'auteur recueille, à l'aide de questionnaire et d'entretien,
leurs modalités de coping (émotions, stratégies mentales,
stratégies actives) lorsqu'ils sont confrontés au lycée
à une première difficulté. Il découvre que c'est
l'estime de soi globale qui contribue significativement à la
prédiction du succès ou non. Autrement dit, plus l'estime de soi
globale est élevée, plus l'élève a tendance
à maîtriser les situations difficiles, notamment les
difficultés scolaires. Ce résultat s'explique par le fait que les
bons élèves développent et utilisent les stratégies
adéquates.
Ce travail accorde une place importante à l'estime de
soi globale. Or, elle n'est pas égale à la somme de l'estime de
soi dans les divers domaines de la vie (Harter citée par Bariaud, 2006).
C'est pourquoi, il nous semble important d'examiner les travaux qui
étudient l'influence de l'estime de soi spécifique, notamment
l'estime de soi scolaire sur les performances à l'école. C'est
dans ce cadre que s'inscrivent les travaux de Alles-Jardel, Metral et
Scopellitti (2000), Bawa (2007) et de Caille et O'prey (2005). En effet,
Alles-Jardel, Metral et
Scopellitti (2000) étudient la relation entre les
pratiques éducatives parentales, l'estime de soi et la réussite
scolaire chez des élèves de sixième. Pour cela, les
auteurs sélectionnent quatre vingt seize (96) enfants de deux
collèges différents et leurs parents. L'estime de soi est
évaluée grace à l'inventaire d'estime de soi de
Coopersmith (S.E.I.). Quant aux pratiques éducatives parentales, elles
sont appréhendées au moyen d'un questionnaire inspiré des
travaux de Lautrey. Les résultats révèlent que le niveau
d'estime de soi scolaire influence les performances scolaires. Bawa (2007), en
utilisant le S.E.I. sur des élèves de sixième, aboutit
à des conclusions similaires. En effet, il constate que les
élèves qui ont une estime de soi positive ont un taux de
réussite supérieur à celui de leurs pairs qui ont une
estime de soi négative. Ce résultat s'explique par le fait que
les élèves, ayant une estime de soi positive, désirent
paraître bons aux yeux des autres. Ils répondent à
l'attente des enseignants, des parents et de leurs pairs.
Le travail de cet auteur porte sur l'estime de soi chez des
élèves qui font leur initiation aux disciplines et
méthodes de travail de l'enseignement secondaire. Toutefois, ce travail
ne nous renseigne pas sur les variations ou non de l'image de soi des
élèves quelques années après la classe de
sixième. C'est ce à quoi se consacrent Caille et O'prey
(2005).
Caille et O'prey (Op.cit.) se proposent d'étudier le
lien entre l'estime de soi et la réussite scolaire sept ans après
l'entrée en sixième. Pour ce faire, ils constituent un
échantillon de quatre mille sept cent trente et un (4731)
élèves de terminale générale. Pour évaluer
leur estime de soi, ces auteurs ont construit un questionnaire
multidimensionnel d'évaluation de soi couvrant l'apparence physique, les
relations avec les pairs et la confiance en soi. Ils constatent que, bien que
l'image de soi de l'élève est peu influencée par son
passé scolaire, sa réussite scolaire semble dépendre de
son niveau d'estime de soi. Les élèves qui ont une forte estime
de soi obtiennent de meilleurs résultats au Baccalauréat
général que leurs pairs de faible estime de soi.
Cela s'explique par le fait que ceux qui réussissent ont une plus forte
confiance en eux. Cette confiance en soi favorise également un taux de
réussite au baccalauréat plus élevé chez les
apprenants de sexe masculin que chez ceux de sexe féminin.
Les travaux ci-dessus révèlent la relation que
l'estime de soi entretient avec les performances scolaires. En effet, ces
études montrent que le niveau d'estime de soi élevé
entretient une relation positive avec la réussite scolaire. A
l'intérieur de ce niveau d'estime de soi, il y a une différence
dans les performances scolaires selon le sexe.
Au terme de la revue de la littérature, nous pouvons
retenir que les performances scolaires sont sous l'influence de facteurs
personnels, entre autres, le sexe, le quotient intellectuel, l'aspiration
scolaire, la motivation scolaire, l'estime de soi. En ce qui concerne l'estime
de soi, il ressort des travaux, qu'une haute estime de soi pousse à
avoir des performances scolaires élevées, tandis qu'une basse
estime de soi entraîne de faibles performances scolaires. En d'autres
termes, les performances scolaires entretiennent une relation avec le niveau
d'estime de soi : plus le niveau est élevé, plus les
résultats scolaires sont meilleurs et moins il est élevé,
plus les performances scolaires sont mauvaises. La qualité des
performances scolaires semble dépendre également, à niveau
identique d'estime de soi, du sexe. Ce constat nous permet d'élaborer
les hypothèses ci-après.
HYPOTHESES
Elles regroupent une hypothèse générale et
trois hypothèses opérationnelles.
Hypothèse
Générale
Il y a une relation entre l'estime de soi et les performances
scolaires des élèves de quatrième à Abidjan.
Hypothèses opérationnelles
(H.O.)
H.O. 1 : Les élèves de quatrième qui
présentent un niveau d'estime de soi élevé ont des
performances scolaires supérieures à celles de leurs pairs qui
ont un niveau d'estime de soi faible.
H.O. 2 : Les élèves de quatrième de sexe
féminin qui ont un niveau d'estime de soi faible ont des performances
scolaires supérieures à celles de leurs pairs de sexe masculin
ayant le même niveau d'estime de soi.
H.O.3 : Les élèves de quatrième de sexe
masculin qui ont un niveau d'estime de soi élevé ont des
performances scolaires supérieures à celles de leurs pairs de
sexe féminin ayant le même niveau d'estime de soi.
La vérification des hypothèses ci-dessus
nécessite la mise en place d'une démarche méthodologique
qui est exposée au chapitre suivant.
DEUXIEME PARTIE :
CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES
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