INTRODUCTION
Les problèmes d'adaptation scolaire ont toujours
préoccupé les acteurs du milieu éducatif (les parents
d'élèves, les enseignants, les autorités politiques).
C'est pour pallier ces problèmes que plusieurs travaux ont
été entrepris afin d'identifier les facteurs de la
réussite scolaire. Ces études ont incriminé les facteurs
liés à l'élève et les facteurs environnementaux.
C'est dans le cadre de l'influence des facteurs personnels sur les
résultats scolaires que s'inscrit la présente étude.
L'objectif de celle-ci est de mettre en relation l'estime de soi et les
performances scolaires des élèves de quatrième
(4ème ).
Pour y parvenir, l'étude sera organisée en trois
grandes parties. La première, dénommée
considérations théoriques, exposera en premier lieu, le
problème à l'étude, son intérêt et l'objectif
poursuivi ; en second lieu, le cadre théorique qui permettra de donner
une explication psychologique aux résultats ; en dernier lieu, les
travaux réalisés dans le domaine de l'adaptation scolaire afin de
justifier la formulation des hypothèses. La vérification de ces
hypothèses va nous conduire à la deuxième partie du
travail intitulée considérations méthodologiques.
Dans cette partie, nous présenterons les variables, la
population d'étude et l'échantillon, le matériel
utilisé pour le recueil des données et la procédure de
passation, les difficultés rencontrées et la technique
statistique utilisée pour le traitement des données. Ce
traitement statistique abouti à la troisième partie du travail
appelée résultats.
Dans la dernière partie du travail, nous allons,
d'abord présenter et analyser les résultats, ensuite
interpréter ces résultats et enfin les discuter. Cette partie
s'achève par une conclusion suivie de perspectives.
PREMIERE PARTIE :
CONSIDERATIONS THEORIQUES
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE
Tout groupe social se crée une image de ce que ses
membres doivent être sur le plan physique, intellectuel et moral. La
formation, chez ces derniers, de toutes les qualités que réclame
d'eux leur groupe d'appartenance, est désignée sous le vocable
d'éducation. Dans les pays constitués de plusieurs
microsociétés, tels que la plupart des pays africains, pour que
tous les habitants reçoivent la même éducation, l'Etat se
dote d'un instrument dont la mission est de transmettre à tous, les
mêmes savoirs sans distinction de race, de sexe, d'origine sociale et
culturelle, d'opinion religieuse, philosophique, politique. Cet instrument est
l'école.
L'école prend en charge les individus depuis leur
enfance. La période cruciale, où l'Homme doit être
éduqué, est celle qui part de l'enfance à l'adolescence
(Hubert, 1961 ; Prost et Chartier, 2004 ; Troger, 2001). Cela fait que
l'école primaire reçoit les enfants généralement
à partir de six ans. Elle est chargée de l'intégration
sociale de ces apprenants en leur procurant les savoirs indispensables à
leur vie sociale (Hubert, op. cit.; Willemez, 1998).
A la suite de cette dernière, l'enseignement secondaire
continue l'éducation des individus. Par le fait qu'il suit
immédiatement le cycle d'étude primaire, l'enseignement
secondaire semble compléter et achever la préparation des
élèves à leur intégration harmonieuse dans la
société. Pour ce faire, il s'appuie sur les capacités
intellectuelles de ces élèves qui, dans leur majorité,
sont adolescents. A cette période de la vie, la pensée se
détache du concret pour s'appliquer à des hypothèses. Les
apprenants deviennent ainsi capables de résoudre des problèmes
qui portent sur des objets abstraits. Ce progrès, sur le plan
intellectuel, est selon Piaget et Inhelder (1998), la conséquence de la
différenciation que l'individu arrive à faire entre la forme et
le contenu.
Les programmes de l'enseignement secondaire favoriseraient ce
développement intellectuel. C'est pourquoi, Hubert (1961) et Mialaret
(1991) affirment qu'il permet l'adaptation au milieu social abstrait qui assure
à l'individu des conditions normales d'existence. Cela semble contribuer
à rendre l'école obligatoire jusqu'à l'enseignement
secondaire dans plusieurs pays. Dans ces pays, la scolarité obligatoire
coïncide avec la fin du premier cycle de l'enseignement secondaire ou
collège.
Le collège est organisé en trois cycles : le
cycle d'adaptation constitué par la classe de sixième
(6ème), le cycle central par les classes de cinquième
(5ème) et de quatrième (4ème) et le
cycle d'orientation composé par la classe de troisième
(3ème). Le cycle d'adaptation a pour objectif, d'une part de
faciliter la transition entre l'école primaire et le collège en
confortant les compétences acquises à l'issue de l'école
élémentaire, et d'autre part d'initier les élèves
aux disciplines et méthodes de travail propre à l'enseignement
secondaire. En ce qui concerne le cycle central, il permet aux
élèves d'approfondir et d'élargir leurs savoirs et
savoir-faire. Quant au cycle d'orientation, il propose une liaison
cohérente avec les classes de seconde et les autres formes de poursuites
d'études ou de formation (Damas, 1998 ; Gbaklia, 2006). De ce qui
précède, nous constatons que seul le cycle central du
collège paraît être libéré des
déterminations extérieures. Il permettrait donc de
réaliser la mission du collège qui est, selon les auteurs
précités, de faire acquérir aux élèves les
savoirs et les savoir-faire fondamentaux constitutifs d'une culture commune.
L'acquisition de ces connaissances commence en classe de
cinquième (5ème) pour s'achever en classe de
quatrième (4ème). En d'autres termes, des notions
enseignées en 5ème sont enrichies et
complétées en 4ème et, inversement, des
contenus du programme de 4ème peuvent faire l'objet d'une
initiation en 5ème pour mieux préparer les élèves.
La classe de 4ème permet donc d'approfondir et
d'élargir les savoirs et savoir-faire. La
maîtrise de ces connaissances se vérifie à travers des
évaluations. Les productions des élèves à ces
évaluations constituent leurs performances.
La performance est, de façon générale,
les productions réalisées par un individu au cours d'une ou
plusieurs tâches. Ce résultat, obtenu par un individu, est le plus
souvent donné sous forme quantifiée (Bloch et al., 1996). Dans ce
sens, Koné (1997) et Djè Bi (2002 ; 2007) conçoivent la
performance scolaire comme étant les scores obtenus par les
élèves à une épreuve. Elle correspond donc aux
notes obtenues par chaque élève à l'issue des
évaluations dans les différentes matières
enseignées.
Les performances scolaires, dans le cadre des recherches sur
la réussite scolaire, ont fait l'objet de plusieurs études.
Celles-ci ont identifié deux catégories de facteurs : les
facteurs intrinsèques à l'élève et ceux
inhérents aux milieux dans lesquels il évolue (Caglar, 1989).
Mais, quelle que soit la nature de ces facteurs, l'on remarque que le
succès de tout élève semble dépendre en grande
partie de sa volonté de réussir ses études,
c'est-à-dire de lui-même (Koné, op.cit.).
Ce constat amène certains chercheurs à ne
s'intéresser, dans leurs travaux, qu'aux composantes personnelles de la
réussite scolaire. Ainsi, a été étudiée
l'influence sur la réussite scolaire de facteurs tels que le quotient
intellectuel (Caglar, op. cit.), le sexe (Felouzis, 1993 ; Rosenwald, 2008), le
sentiment de compétence (Cosnefroy, 2007), l'intérêt pour
les matières scolaires, l'aspiration scolaire et la motivation scolaire
(Calixte, 2008), l'estime de soi (Alles-Jardel, Metral et Scopellitti, 2000 ;
Bawa, 2007 ; Caille et O'prey, 2005 ; Sindou, 1992). Ces travaux
révèlent que les caractéristiques intellectuelles,
physiques et affectives influent sur les résultats scolaires. Si nous
considérons le fait que les facteurs intellectuels et physiques ne
peuvent être manipulés, il va s'en dire que
les résultats scolaires dépendraient, en grande
partie, de l'affectivité. Autrement dit, avec un quotient intellectuel
moyen (QI = 90) et quel que soit le sexe, la relation que l'apprenant
établit avec les études va déterminer la qualité de
ses résultats scolaires. Ses sentiments ou émotions vont
révéler l'image qu'il a de lui-même. Cette manière
de se juger semble correspondre à l'estime de soi.
L'estime de soi est un concept polysémique. Cependant,
la plupart des auteurs s'accordent à la définir comme un
sentiment de valeur personnelle (André et Lelord, 1999 ; Danvers, 2009;
L'Ecuyer, 1978 ; Martinot, 2001 ; Monbourquette, Ladouceur et d'Aspremont, 2003
; Ramu, 2004).
Ce regard-jugement que l'on porte sur soi-même a
été mis en relation avec les performances scolaires des
élèves de classe de sixième (Alles-Jardel, Metral et
Scopellitti, 2000) et ceux de second (Bourcet, 1998). Ces deux classes, parce
qu'assurant la transition entre l'école primaire et le collège
(sixième) et entre le collège et le lycée (second),
imposent de nouvelles exigences académiques auxquelles les
élèves doivent s'adapter en mobilisant l'estime de soi, l'une de
leurs ressources adaptatives. Elles semblent ne pas être les seules
classes qui exigent la mobilisation de cette ressource adaptative. Il y a,
selon Damas (1998), la classe de quatrième chargée de faire
acquérir à tous les élèves les disciplines et
méthodes de travail propres à l'enseignement secondaire.
Cependant, à notre connaissance, l'influence de l'estime de soi, en tant
que ressource adaptative, sur les performances scolaires chez des
élèves en classe de quatrième n'est pas encore
étudiée.
C'est ce que la présente étude se propose
d'examiner afin d'apporter un certain complément d'informations aux
travaux qui recherchent les composantes de l'adaptation scolaire. Notre travail
voudrait aussi amener les parents d'élèves à comprendre
que l'amour de soi (qui découle de l'amour reçu de ses
géniteurs) amène tout individu (ici l'élève)
à résister au désespoir (parce que comptant sur
le soutien de ses parents) et à être
persévérant dans son travail (scolaire) lorsqu'il rencontre des
difficultés. Aussi, notre étude voudrait-elle amener les
élèves à prendre conscience qu'ils sont tous porteurs de
potentialités, de qualités, qui, bien exploitées, les
feront réussir leurs études. En outre, elle voudrait attirer
l'attention des enseignants sur le fait que leur soutien à
l'élève (langage valorisant, encouragement de l'effort)
développerait chez ce dernier la confiance en soi qui est aussi
importante que les dispositions intellectuelles.
Le présent travail a pour objectif de comparer les
performances scolaires des élèves de quatrième à
Abidjan en fonction de leur estime de soi.
Pour mieux comprendre le lien entre ces deux variables, nous
allons inscrire notre travail dans un domaine de recherche déjà
éprouvé par des auteurs. Ce domaine de connaissances qui va nous
servir de cadre de référence théorique est exposé
au chapitre suivant.
|