La question Banyarwanda du local au national: une problématique nouvelle en RDC( Télécharger le fichier original )par Espérant MATUMAINI SAUSY Université de Kisangani - Licence en Sciences Politiques et Administrative 2004 |
3.2.3. L'immixtion politique.Qu'il s'agisse de sa facette locale ou nationale, la question Banyarwanda a toujours été l'objet de manipulations politiciennes afin de produire des effets néfastes dont elle est tributaire. Ce sont principalement les discours des politiciens de deux bords, en mobilisant leurs bastions sur une base identitaire et en cultivant des inquiétudes et des ressentiments réciproques de paysans au bord de l'étouffement économique et foncier, qui les incitent à se combattre. L'électorat ethnique devenant plus que jamais un facteur déterminant dans la compétition politique au Congo, les Banyarwanda et d'autres groupes se considèrent comme mutuellement menacés dans leur survie politique. C'est cette opportunité qu'avait exploitée le Président L.D Kabila afin de se légitimer. En déclarant les militaires rwandais intolérables sur le sol congolais, il est indubitable qu'il déclarait l'aversion à l'égard de ceux qui parlent le Kinyarwanda.
Tous les massacres de paisibles citoyens à Kinshasa et à travers tout le pays depuis Août 1998, témoignent à suffisance que le flou était savamment planifié à ce sujet. Et cette tentative réussie, avait ouvert la voie à d'autres jusqu'à présenter la guerre du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) comme une guerre de Banyarwanda. Kinshasa avait souscrit à la rumeur des Grands - Lacs selon laquelle, il existerait un plan hamitique d'occupation du coeur de l'Afrique, ce qui lui avait valu le soutien de l'Angola et du Zimbabwe. De l'autre coté, l'opinion présente les Banyarwanda comme bénéficiant de l'appui américain. P.DUPONT (1(*)) rapporte que Washington privilégiait l'analyse selon laquelle la crise congolaise était le fruit de l'inflexibilité du politique congolais au sujet de la nationalité des Banyarwanda. Dans cette position, les Etats-Unis s'opposent à toute intervention de l'ONU en République Démocratique du Congo. L'auteur ajoute cependant que Washington ne se lie pas à toute idée à toute idée d'éclatement du Congo. Fier de l'appui du super puissant, l'élite politique d'expression Kinyarwanda ne peut que d'entêter et crier haut chaque fois que sa communauté subit la moindre égratignure.
De nos jours, dire du mal aux Banyarwanda c'est s'attirer le courroux de Washington, voire s'opposer son veto, alors que le même acte légitime l'auteur sur le plan interne. Il s'installe ainsi un système dans lequel deux forces se servent de la même ficelle pour régner. Il importe de signaler cependant que de part et d'autre de la paysannerie, une prise de conscience est en train de prendre corps. Aujourd'hui par exemple les Banyarwanda ont le sentiment d'avoir été manipulés aussi bien par leur élite intellectuelle et politique que par le Rwanda, laquelle manipulation risque d'être payée par leur propre sang. * 1 P., DUPONT « la communauté internationale face à la question de l'intervention humanitaire lors de la rébellion (octobre - novembre 1996) »in L'Afrique des Grands - Lacs, Annuaires 1996-1997, Harmattan,Anvers Paris,1997,pp206-207. |
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