Chapitre 4 : un diagnostic des lieux en matière
d'équipements et de services
Le diagnostic des lieux dont il est question ici ne concerne
que les services que les collectivités locales ont la capacité de
réaliser avec les compétences transférées. Il
s'agit de la santé, l'éducation, l'assainissement et
l'approvisionnement en eau.
II.2.1- I 'lsslinisseP ent
On peut se demander comment les habitants de
Kapélékourou réalisent la gestion de leurs déchets
? Qu'en est - il dans le reste de la ville ? Après une description des
conditions de la gestion des déchets à l'échelle de la
ville, nous recentrerons l'étude sur le quartier de
Kapélékourou.
En raison de l'absence de caniveaux, tous les quartiers ne
disposent pas de système de drainage des eaux pluviales. Beaucoup de
caniveaux ont été réalisés lors du dernier mandat
de l'ancien Maire, M. Mamadou TANGARA12. Ce sont des caniveaux
à ciel ouvert. Mais malheureusement ces réalisations restent
insuffisantes et beaucoup de travaux restent à faire dans ce domaine. Le
système de collecte des eaux usées dans les fosses septiques qui
permet avec le temps une infiltration sous la terre se développe de plus
en plus.
Concernant la gestion des ordures solides, la Mairie mets des
bennes dans certains quartiers pour les reprendre une fois remplies afin de les
acheminer dans le centre de dépôt des ordures situé
à une dizaine de kilomètres au nord de la ville. Ce
système est loin de couvrir toute la ville de Sikasso. Seuls le centre
ville et quelques quartiers résidentiels comme Wayerma au nord et le
centre administratif au centre nord sont concernés par ce
système. Une des raisons pour ne pas étendre le service est le
manque de financement pour le rachat du matériel. Nous analyserons de
façon détaillée les facteurs qui freinent les
investissements dans ce domaine. Parallèlement à ce
système de ramassage, il existe dans la ville des GIE (Groupements
d'Intérêt Economiques) regroupés dans une organisation
dénommée le COTAS (Coordination des Organisations Travaillant
dans l'Assainissement de Sikasso). Ces GIE à l'exemple du CAPES sont des
entreprises privées dans le domaine. Celles - ci signent des contrats
d'un montant mensuel de 1 000 F CFA (1,50 euros) d'une durée d'un an
renouvelable avec les familles. En contre partie, l'entreprise dépose
une demi barrique chez le contractuel dans lequel il met ses ordures.
L'entreprise s'engage à enlever les ordures tous les
12 Mamadou TANGARA a fait deux mandats à la Mairie de
Sikasso entre 1994 et 2004. Nous tenons à le remercier pour le temps
qu'il nous à accordé au cours de notre recherche.
jours et à les acheminer au dépôt de
transit jusqu'au terme du contrat. Ce système a aussi des limites car
les abonnés ne paient pas correctement leur cotisation. Avec
l'intervention des GIE, le service lié à l'assainissement de la
ville tend vers une privatisation. La décentralisation ne va t-elle pas
favoriser la privatisation des services au profit des particuliers ?
A Kapélékourou, il n'existe pas de caniveaux
à ciel ouvert pour le drainage des eaux pluviales, les fosses septiques
pour permettre de récupérer les eaux usées et faciliter
l'infiltration dans le sol sont inexistantes. Les systèmes de collecte
des ordures présents dans d'autres quartiers sont également
absents. La Mairie et les entreprises privées sont absentes. Seules
13,5% des familles ont pu construire des fosses septiques chez elles pour
récupérer les eaux usées. Elles sont approximativement
12,4% à arroser leur cour avec les eaux usées pour
atténuer la poussière ou à les verser sur les
déchets pour faciliter sa transformation en fumier. La proportion des
familles versant les eaux usées dans la rue est la plus
élevée avec 74,1%. Ce qui se traduit parfois dans certaines
maisons par une stagnation ou par le ruissellement d'eaux usées (voir
photo n° 1) dans les rues du quartier en particulier derrière les
douches. Ces lieux se transforment ainsi en nids de reproduction des insectes
vecteurs de propagation des certaines maladies comme le paludisme....
Photographie 1 : un exemple d'évacuation des eaux
dans la rue
Source : DEMBELE. A, mars 2005.
De même que les eaux usées, la proportion des
habitants qui jettent les ordures ménagères sur les
décharges spontanées dans les rues est importante. Elle
représente plus de la moitié des concessions
enquêtées (64,4%). C'est ainsi que dans le quartier, on voit des
tas d'ordures communément appelés décharges à ciel
ouvert dans une rue sur trois en moyenne (photo n°2).
Photographie 2: un dépôt d'ordure à
ciel ouvert dans une rue de Kapélékourou.
Source : DEMBELE.A, mars 2005.
Toutes les familles ne jettent pas leurs ordures dans la rue
sur les décharges spontanées. Les ordures ménagères
ont une autre utilité dans la société malienne notamment
chez les cultivateurs. Elles peuvent servir de fumier pour les cultures
après transformation. C'est ainsi que 36,6 % des familles gardent les
ordures ménagères dans un coin de la cour pour les acheminer aux
champs après transformation. Décharges à ciel ouvert
associée à l'absence de système d'évacuation d'eaux
usées dans le quartier peuvent devenir vecteurs de différentes
maladies que nous verrons dans la partie suivante.
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