II.1.3- Kapélékourou : le quartier des
informels
Le secteur informel constitue une grande partie de
l'économie des villes africaines et fournit la plupart des emplois de la
population urbaine. Plusieurs définitions du secteur informel existent.
Selon le Petit Larousse, est considéré comme secteur informel :
« tout ce qui n'obéit pas à des règles
déterminées ou qui n'a pas un caractère officiel.
»
Le choix actuellement fait par les statisticiens est la
combinaison de critères socioéconomiques. Est
considéré comme informel selon ces derniers, « les
entreprises familiales n'employant pas de salariés permanents, et les
micro entreprises employant de tels salariés sans les déclarer
»9 Suivant ces définitions, on peut donc mettre
dans le secteur informel un ensemble d'activités réalisées
en marge de la législation pénale, sociale et fiscale et qui
échappent à tout contrôle. (Nous considérerons comme
informel par conséquent toute structure ainsi que toute opération
financière ayant recours à des financements qui ne passent pas
par les circuits institutionnels).
Dans la région de Sikasso, l'économie informelle
représente 45% du PLB (Produit Local Brut) non agricole et 85% de la
main d'oeuvre non agricole et génère 25 milliards de
FCFA.10
A Kapélékourou, la prédominance du
secteur informel se traduit par une myriade de petits commerces et d'artisans.
On trouve quasiment à chaque coin de rue, des tabliers pour vendre des
paquets de cigarettes, des bonbons, des allumettes.... Il existe aussi des
grandes boutiques d'alimentation dans lesquelles on trouve tous les produits.
Du simple savon au sac de riz, de mil, de maïs en passant par toutes les
autres gammes de produits alimentaires. Quelques gargotières se tiennent
au bord des principaux axes de circulation qui traversent le quartier. Les
matins, quelques femmes vendent les condiments devant leur cour sur les tables
tandis que les soirs, les rues sont remplies de vendeuses de beignets etc.
Des artisans sont aussi présents dans le quartier. On y
trouve des réparateurs de vélos, de mobylettes, des fabricants de
sacs, des cordonniers, des tisserands, des forgerons, des bijoutiers, des
tailleurs...
9 Les tiers Monde : les cahiers français
n° 270.
10 Club du Sahel, 1999, « Tableau de bord de
l'économie locale de Sikasso ».
II.1.4- La structure des emplois occupés par les
chefs de ménage
En raison du faible niveau d'instruction de la population, les
chefs de ménages occupent des emplois qui ne demandent pas de
qualification particulière. Hormis les retraités, les
chômeurs et les sans emplois pour lesquels nous n'avons pas pris
d'information sur leur qualification, la plupart des métiers
effectués sont des métiers d'apprentissage manuel (qui se fait
généralement auprès d'un artisan et non dans un
établissement professionnel). L'inventaire des professions, du niveau
d'instruction et des emplois de la population du quartier est
révélateur de la structure des emplois occupés par les
chefs de ménage. On y rencontre des chauffeurs, des
marabouts11, des commerçants, des boutiquiers, des
manoeuvres, des mécaniciens ... des professions qui ne demandent pas une
très grande qualification. Le tableau n°5
présente les professions des personnes enquêtées comme
elles nous ont déclarées.
Tableau 5 : nature des emplois occupés par les
chefs de ménages
Professions
|
Nombre de personnes enquêtées
|
Commerçants
|
10
|
Chauffeurs
|
9
|
Cultivateurs
|
8
|
Marabouts
|
8
|
En retraite
|
8
|
Fonctionnaires
|
6
|
Mécaniciens
|
2
|
Source : enquête personnelle de terrain, Février
2005.
11 Maître spirituel musulman ayant acquis un
contact privilégié avec Dieu. Il peut pratiquer une forme de
guérison ou de protection basée sur le pouvoir de certains
versets coraniques. Il opère par exemple, en inscrivant ces versets sur
une tablette, en lavant et en recueillant l'encre utilisée. Cette eau
bénite est à utiliser par le patient en se lavant. Il peut aussi
fabriquer des amulettes : il inscrit les versets appropriés sur du
papier qu'il coud ensuite précieusement dans un petit étui en
cuir. Celui-ci sera porté en permanence par le destinataire. (LEROND
Frédéric, « L'autre Abidjan, étude de l'habitat d'un
quartier précaire et propositions d'interventions » L'Harmattan,
2000.)
|