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La gouvernance urbaine de l'eau et l'accès aux services de base des quartiers précaires cas de la ville de Safi (Maroc)

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par Ali Ighil
Institut National d'Aménagement et d'Urbanisme INAU (Maroc) - Diplôme d'études supérieurs en aménagement et urbanisme (DESAU) 2008
  

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Vérification des hypothèses :

+ Hypothèse 1 : Le secteur de l'eau est un secteur fragmenté, sans claire stratégie d'ensemble, sa gestion se déploie sous forme d'une série d'actions isolées sans articulation entre elles sur le plan national et local. Ce qui nécessite des structures de coordination efficaces, à tous les niveaux.

Vérification: L'analyse du secteur de l'eau a permis d'identifier les principaux obstacles à la gestion intégrée des ressources en eau et de la demande en eau:

- Un secteur aux multiples intervenants, sans stratégie d'ensemble, et sans structure de régulation indépendante;

- L'efficacité des structures interministérielles est entravée par le fait que la répartition des compétences et des ressources financières entre les différents sous-secteurs n'est pas effectuée dans un cadre global qui permettrait de mettre en adéquation les budgets alloués et les priorités fixées ;

- Les missions des agences de bassin sont multiples et extrêmement ambitieuses, mais leur financement n'est pas assuré. Cette situation exige une clarification des missions des agences de bassin par rapport à celles relevant des autres services déconcentrés.

- Le faible niveau de disponibilité et d'accessibilité à l'information fiable (physique et financière) sur le secteur de l'eau et sur tout le cycle de l'eau à tous les acteurs, constitue également un frein à la régulation et au développement durable des ressources en eau.

- Selon qu'il s'agisse de l'ONEP, des Régies ou des concessions, les opérateurs répondent à des règles du jeu et à des contraintes radicalement différentes dans le choix de leur stratégie d'investissement et pour leur financement. Ces opérateurs sont engagés séparément dans la poursuite de leurs propres objectifs. En l'absence de coordination et de régulation adéquate, les stratégies et les priorités d'investissement qui en découlent sont hétérogènes.

Nous pouvons dire que l'hypothèse du secteur de l'eau comme secteur fragmenté est confirmée, que ce secteur est sans claire stratégie d'ensemble, et que sa gestion se déploie sous forme d'une série d'actions isolées sans articulation entre elles sur le plan national et local. Ce qui nécessite des structures de coordination efficaces, à tous les niveaux.

+ Hypothèse 2: La distribution de l'eau potable fait l'objet depuis deux décennies d'initiatives à la croisée des prescriptions internationales et des enjeux nationaux, mais dans une moindre mesure locaux. Cependant le système de gouvernance des services urbains au Maroc se caractérise par une faculté d'adaptation des effets de la mondialisation sans les décliner localement, ceci selon une démarche institutionnelle qui réunie déconcentration et projet de décentralisation.

Vérification: Cette hypothèse est en partie confirmée, notamment en ce qui concerne la définition du modèle Marocain comme modèle "hybride" où cohabitent deux modes de gestion du service de l'eau, et alliant :

n d'une part, l'intégration des prescriptions internationales relatives à l'ouverture du service aux capitaux étrangers et à la pratique d'une tarification tenant compte des exigences de la "durabilité économique du service";

n Et l'adoption, d'autre part, d'un système de tarification (facturation progressive au volume dans un but de respecter le pouvoir d'achat des couches de populations à revenus limités, et de lutter contre le gaspillage des couches supposées aisées), et des programmes d'équipement des quartiers défavorisés (OBS, INDH, VSB, engagements contractuels des délégataires relatifs à l'amélioration des taux de branchements et à l'extension des réseaux) ;

"La résilience nationale"74 ou les enjeux nationaux et sociaux, sont en effet très présents dans la définition du modèle Marocain, mais l'insuffisance notée au niveau du pilotage des contrats de délégation, et de la régulation du secteur de manière générale, rend le modèle marocain empreint de vulnérabilité et d'instabilité, c'est un modèle apparemment en construction.

Par ailleurs, et malgré une apparente décentralisation qui donne aux collectivité locales des compétences en matière des services publics locaux, en réalité la définition du service, la désignation de l'opérateur, la direction de la gestion, la tutelle et la régulation du service restent du ressort des services centraux et déconcentrés, donnant ainsi peu de place au local dans la prise de décision concernant ces services.

Hypothèse 3 : Il existe des disparités socio-spatiales inter et intra urbaines en termes d'accès aux services de base et notamment à l'eau potable. L'effort de fourniture des équipements et services de base dans la ville de Safi ne s'est pas opéré dans une logique intégrée des interventions de la puissance publique qui serait centrée sur le développement des capacités humaines. Et la prestation des services et équipements sociaux a été, le plus souvent, prisonnière de la quête de progrès quantitatifs, reléguant au second rang la dimension qualitative et l'appropriation par les populations bénéficiaires.

Vérification: En plus des disparités entre les milieux urbains et ruraux, et les disparités inter urbaines relatives à l'accès au service de l'eau potable (disparités représentées par les différences des taux de branchements et de desserte en eau potable par zones d'action des régies et des opérateurs privés), dans la ville de Safi, et même quand les logements de la ville présentent des taux de branchement assez élevés pour les réseaux de base (89% pour l'eau potable, 95% pour l'électricité et 90% pour l'assainissement), il existe une disparité entre ces taux par type d'habitat.

En effet et si les villas et les appartements en immeuble sont entièrement équipés en réseaux de base, les constructions sommaires, ou bidonvilles, présentent par contre des taux de branchement très faibles, avec respectivement 12%, 27% et 15% des constructions sommaires ou bidonvilles de la ville qui sont branchées aux réseaux d'eau potable, d'électricité et d'assainissement.

Les constructions non réglementaires constituent par ailleurs une part importante du parc global de la ville (avec plus de 11%), représentant quelques 4.353 constructions qui

74"Transitions nationales, gouvernance urbaine et gestion de l'eau potable Maroc Vietnam". PRUD. 2004

concernent, outre la totalité des constructions sommaires ou bidonvilles, près de 7% des maisons marocaines modernes de la ville75.

Le parc logement de Safi, hétérogène et discontinu dans l'espace, est donc inégalement desservi par les services de base que sont l'eau potable ou l'assainissement. Et ceci, malgré l'effort fourni par la RADEES en terme d'augmentation du taux de branchement dans la ville notamment à travers les opérations des branchements sociaux. L'accès aux services de bases des habitants des quartiers non réglementaires, localisés pour la plupart en périphérie de la ville, demeure tributaire de considérations urbanistiques simples. Les autorités craignent, en régularisant les quartiers clandestins, de favoriser une dynamique urbaine qui apparaît incontrôlable.

L'accès au service a été conçu sur "le mode de la dualité"76 : le branchement individuel dans les quartiers réglementaires répondant aux normes urbanistiques et le point d'eau collectif pour les quartiers irréguliers, en particulier les bidonvilles.

Nous pouvons donc affirmer l'hypothèse de l'existence de disparités socio spatiales inter urbaines et à l'intérieur de la ville de Safi en termes d'accès aux services de base et notamment à l'eau potable.

75 MHU. " Étude sur le parc logement au niveau de la ville de Safi ". Novembre 2004.

76 Beatrice Allain-El Mansouri" L'eau et la ville au Maroc, Rabat-Salé et sa périphérie ".Ed. L'Harmattan, 2001.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius