Conclusion de la deuxième partie:
La gestion durable des services d'eau et d'assainissement est
supposée concilier :
- durabilité économique (recouvrement du coût
du service grâce aux recettes d'abonnement) ;
- durabilité environnementale (préservation des
milieux) ;
- durabilité sociale (Admissibilité des tarifs par
la population) ;
Or aucun service d'eau dans le monde ne s'est
développé sur la base d'une satisfaction simultanée de ces
trois dimensions. L'ensemble des pays développés a en effet
largement recouru à des fonds publics pour s'équiper en
réseaux de distribution. Les abonnés ont étés
sollicités à titre principal bien après que les bienfaits
d'une généralisation de l'eau à domicile se soient faits
sentir, notamment en terme de développement. L'exigence d'un
recouvrement complet des coûts (économiques et environnementals)
est en effet relativement récente au regard de l'âge des services.
Aujourd'hui, elle se traduit par des factures représentants de 1
à 2% du budget des ménages occidentaux. Elle est de 3% pour 35%
des ménages de «BBC» et de 4% pour 19% d'entre eux.
Viser un équilibre financier des services à
horizon plus court (moins de 10 ans) suppose que les ménages y
consacrent une part beaucoup plus substantielle de leurs revenus.
L'opération est délicate et peut très concrètement
contrevenir à l'objectif visé. Il faut, selon nous, mieux
synchroniser les exigences des durabilités économique et sociale.
Pour ce faire, il est utile de mieux connaître le lien qui existe entre
"accès à l'eau" et "niveau de développement", afin
d'évaluer le temps nécessaire pour qu'un accès
amélioré à l'eau se traduise en un supplément de
développement suffisant pour contenir, dans des limites raisonnables,
l'effort consenti par les ménages.
L'intégration de l'amélioration du cadre de vie,
et des conditions sociales et économiques de la population comme
élément de développement, mène à la
nécessité d'une réévaluation du temps
nécessaire avant qu'un recouvrement complet des coûts soit
envisageable. Cette indication, une fois intégrée à un
indice de développement humain, donnera aux décideurs locaux,
nationaux et internationaux une idée plus précise de
l'échelle de temps à laquelle doivent se financer les
investissements en équipements d'eau urbains.
Au Maroc, l'eau est un enjeu prioritaire en termes
d'accès des plus défavorisés à l'eau potable mais
elle est aussi une ressource limitée et menacée par la pollution.
Préserver au sein de chaque secteur la rentabilité
financière des organismes gestionnaires des réseaux tout en
favorisant l'accès du plus grand nombre aux services est un
véritable exercice d'équilibriste. Les changements
institutionnels et tarifaires nécessaires à la gestion durable de
l'eau demeurent malgré tout possibles.
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