L'eau est un bien qui ne peut pas être
géré comme les autres. Elle est indispensable à la vie et
à la plupart des activités humaines et ne peut être
substituée par une autre source. De ce fait, les principaux enjeux de
l'eau sont la protection de cette ressource menacée et
intégralement répartie, la garantie de l'accès et son
accessibilité économique, sans oublier la promotion des
autorités publiques locales en responsabilité.
Les textes de base qui régissent l'intervention des
opérateurs des services d'eau sont essentiellement la loi 78-00 formant
charte communale. Cette charte a attribué à la commune une
compétence générale en matière des services de
proximité. La responsabilité des communes dans ce cadre est
particulièrement importante dans la mesure où elles sont
investies des fonctions de créer, d'organiser et de gérer ces
services. Les systèmes de gouvernance sont donc liés de
façon intrinsèque aux procédés et aux pouvoirs
politiques.
Il faut dire aussi que les services de distribution d'eau et
d'assainissement connaissent des difficultés énormes. Elles sont
notamment liées à la forte croissance urbaine et
démographique et aux contraintes de la planification. D'où
l'importance des investissements rendus nécessaires pour faire face
à la demande croissante, garantir la sécurité
d'approvisionnement, améliorer la couverture en réseau ainsi que
les prestations de service.
Dans le cadre du désengagement de l'Etat et du
programme de rationalisation des entreprises publiques incitant ces
dernières à atteindre des taux de financement et des niveaux de
performance de plus en plus élevés, l'effort entrepris par les
gestionnaires publics dans le domaine de l'équipement et de
l'exploitation est doublé d'une quête de maîtrise des
coûts. Mais quelque soit cet effort, les coûts demeurent
élevés et nécessitent une couverture.
De manière générale et pour les
régies autonomes de distribution d'eau, les sources de financement
permettant cette couverture sont essentiellement:
- Les produits des ventes d'eau;
- Les prêts extérieurs;
- La capacité interne d'autofinancement; - Les
subventions de l'Etat.
Devant le désengagement de l'Etat, les trois
premières sources de financement sont appelées de plus en plus
à répondre aux besoins. Cependant, les prêts
extérieurs auxquels les régies ont recours pour boucler les plans
de financement, sont générateurs de charges financières
considérables alourdissant ainsi la situation financière des
gestionnaires et ne peuvent en conséquence être
considérés comme une solution durable de financement.
Devant cette réalité, le tarif de l'eau devient
l'instrument privilégié permettant de:
- Réduire les coûts engendrés par le recours
aux empreints extérieurs;
- Faire ressentir à l'usager la rareté de l'eau et
de l'amener ainsi à éviter le gaspillage et à
préserver la ressource;
- Assurer aux organismes gestionnaires, les moyens financiers
nécessaires à leur développement.
Mais s'agissant d'une denrée de première
nécessité, le tarif de l'eau doit aussi garantir aux
ménages à faibles revenus l'accès à une
consommation suffisante et sanitairement nécessaire.
D'un autre côté, une étude
réalisée par les services concernés du ministère de
l'Intérieur,62 fait état d'une grande fragmentation et
d'absence de taille critique des opérateurs publics, des niveaux de
performance disparates et un besoin lourd en investissements. La gestion de la
distribution de l'eau dans la ville de Safi par la RADEES n'échappe pas
au contexte global de gestion par des opérateurs publics.
Pour améliorer la gestion du service de l'eau, des pistes
sont à même de constituer une dynamique de rendement et de
performances :
- la contractualisation basée sur la
responsabilité communale, définissant les objectifs de
performance, la conservation du patrimoine, l'identification des engagements
ainsi que la programmation des réalisations, ce qui , même dans le
cas de gestion par régie autonome, est de nature à inciter
à plus de performance.
- la pérennisation du système de financement
par la mise à disposition des opérateurs de ressources
financières durables et par une tarification appropriée tenant
compte des différenciations spatiales et sociales.
- l'économie d'échelle à travers
l'intercommunalité et la région. Le recours à des
groupements de communes devrait permettre la réalisation de projets
viables et équilibrés dans des périmètres
optimisés. il est
nécessaire d'augmenter la surface des opérateurs afin d'atteindre
une taille critique,
- favoriser les multiservices par une séparation
comptable des activités au sein d'un même opérateur mais
aussi en dotant les secteurs des mécanismes et outils de contrôle
et de régulation cohérents et intégrés permettant
d'accompagner la refonte.
62 "Etude du schéma de restructuration du secteur de
distribution de l'eau potable". DRSC Ministère de
l'Interieur.2007.
DEUXIEME PARTIE : ACCES À L'EAU POTABLE
DES
HABITANTS DES QUARTIERS «BBC», ENTRE NECESSITE
SOCIALE ET
DIFFICULTES ECONOMIQUES.