Afin d'apporter un regard différent sur la question de
l'eau potable et de l'assainissement dans nos villes, et à la
différence des études et thèses ayants déjà
traité cette question et qui se sont d'avantage préoccupé
de l'aspect techniciste de la problématique, le but de cette
étude est de dresser, partant du local, un diagnostique de la situation
des services urbains liés à l'eau au Maroc, mais aussi à
travers le questionnement de la problématique de l'accès aux
services de base, de relever les dimensions écologiques,
économiques, politiques et sociales relatives à la question du
service urbain de l'eau, et d'évaluer les politiques et les logiques des
acteurs concernés.
Ce mémoire a pour ambition de faire la lumière
sur les aspects juridiques, économiques, sociaux et environnementaux du
secteur de l'eau qui, à priori, souffre de la multiplicité des
intervenants dans sa gestion, de la divergence des intérêts de ses
usagers et d'un besoin important en compétences et en production
d'informations. Un regard critique sera porté sur la gestion locale
à travers la question de la gestion du service de l'eau en particulier
et des services urbains en général.
La vocation de la régie autonome en tant
qu'opérateur public, et le caractère social de la
problématique de l'accès à l'eau pour tous, seront
analysés et confrontés. La gouvernance de l'eau sera au centre de
notre questionnement, et nous essayerons de répondre aux interrogations
suivantes :
· Quel est le rôle des
acteurs publics et privés, et quelles sont leurs logiques
d'intervention dans le secteur de l'eau ? Quel est le rôle de
l'état dans la définition des politiques de gestion locale des
services urbains liés à l'eau ? quelles sont les
articulations entre décentralisation et
déconcentration d'une part et la gestion des services urbains d'autre
part ?
· Qu'en est-il au Maroc du principe de
l'accès à l'eau pour tous : l'accès
à l'eau est-il un droit pour tous ? Par ailleurs, ce droit
éventuel résiste-il à la contrainte de la
raréfaction et l'exigence de la marchandisation de la ressource ?
· La gestion du service urbain de l'eau par une
régie autonome a-t-elle encore sa raison d'être dans le
contexte de la mondialisation des prestations des services et à la
lumière des expériences marocaines de délégation de
la gestion des services urbains ? si le cas des sociétés
délégataires en tant qu'entreprises est assez lisible (leur objet
est communément de faire des bénéfices, et entrent ainsi
dans une dynamique purement commerciale), qu'en est-t-il du profil de la
régie autonome, de son statut et de ses objectifs ? le service de l'eau
est-il spécifiquement administratif ou est-il purement commercial ?
enfin l'eau bien social mais aussi économique, sa gestion et sa
distribution seront-elles fatalement déléguées au secteur
privé ?
· Qu'en est-il du principe de solidarité
financière verticale (entre riches et pauvres) dans le parti de
la facturation de l'eau ? et quel degré d'adaptation de
la facturation pratiquée au pouvoir d'achat des habitants des quartiers
précaires dans la ville de Safi ? existe-il des disparités
spatiales inter et intra urbaines quand à l'accès à l'eau
potable ?
· Que prévoient les procédures et les
programmes d'intervention sur les bidonvilles et les quartiers non
réglementaires de manière générale, en termes de
concertation et de négociation avec les populations et
leurs représentants ? et qu'en est-il réellement dans la ville de
Safi ?