WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La protection sociale au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Alex OKOLOUMA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA en sciences économiques 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2.2.2. Financement de la protection sociale, droits des prestations, distribution des ressources et dynamique des systèmes d'assurances sociales

Les arguments en termes de financement de la protection sociale, de droits des prestations et de distribution des ressources sont d'abord présentés, avant de parler ensuite de la dynamique des systèmes d'assurances sociales.

· financement de la protection sociale, droits des prestations et distribution des ressources

La critique du modèle assurantiel ne se limite pas à la remise en cause du principe d'équivalence. La spécificité du financement par cotisation est également contestée. Les assurances sociales couvrent désormais la quasi- totalité de la population et, par conséquent les particularités du financement par cotisations attachées au « mythe de la communauté du risque » sont désormais devenues surannées, les prestations à vocation rédistributive, en nature ou sous conditions de ressources, revêtent une importance croissante ; les frontières entre les différents modes de redistribution s'effacent.

Pour l'essentiel ces arguments font donc valoir que les cotisations soient devenues un prélèvement obligatoire assimilable à des quasi-impôts, mais sans pour autant revêtir les qualités des prélèvements fiscaux. Si la protection sociale est un bien collectif, un financement par l'impôt est source de distorsions majeures quant à l'allocation des ressources.

Les critiques adressées au mode de financement par cotisation, en considération de ses effets sur l'emploi, font appel à deux types d'arguments (Dupuis, 1995).

- Les cotisations sociales sont, en premier lieu, rendues responsables d'un coût de la main d'oeuvre trop élevé. Des études comparatives (A.Euzeby et C.Euzeby, 1983-1995) ont cependant montré de manière convergente, que, au niveau macroéconomique, la structure du financement de la protection sociale reste sans effet sur le coût de la main d'oeuvre ; en particulier parce que l'arbitrage entre les cotisations sociales et l'impôt direct conduit les salariés des pays où les premières sont plus faibles à percevoir les salaires directs plus élevés, soumis à un prélèvement fiscal plus important. Par ailleurs, les évolutions relatives des coûts salariaux unitaires rendent très imparfaitement compte de la compétitivité des différentes économies nationales, en raison notamment du rôle déterminant qu'y jouent les facteurs « hors prix », comme le montrent les nouvelles théories du commerce international.

Dans une version alternative de ce premier type d'argument, c'est cependant le coût relatif du travail par rapport au capital ou, à tout le moins, l'absence de neutralité des cotisations sociales eu égard au choix des combinaisons productives, qui est mise en avant. C'est dans cette perspective qu'a été formulé le projet sur l'ensemble de la valeur ajoutée, et que peuvent également s'inscrire les diverses propositions visant à étendre le prélèvement à l'ensemble des revenus.

- L'analyse du coût du travail par niveau de qualification et de rémunération conduit, en second lieu, à rendre les cotisations responsables d'un coin socio-fiscal marginal excessif pour les salariés peu qualifiés, en raison du poids des cotisations sociales sur les bas salaires. S'il existe une incertitude sur l'élasticité de la demande travail à son coût au niveau macroéconomique, ce qui se comprend assez bien, cette élasticité apparaît toutefois d'autant plus significative, au niveau désagrégé et à long terme, que l'on a affaire aux branches industrielles ou aux services à la personne, et, en tout état de cause, aux salariés peu qualifiés. Or, si le coin socio-fiscal moyen bien avec la hiérarchie salariale, le coin socio-fiscal marginal apparaît élevé pour les salariés peu qualifiés dans de nombreux pays européens. cette proposition ne peut certes pas être établie indépendamment du fonctionnement des marchés nationaux de l'emploi. Elle est cependant particulièrement mise en avant en France, en raison des difficultés aiguës d'insertion des jeunes sur le marché du travail et d'un phénomène apparemment prononcé d'éviction des salariés peu qualifiés par les salariés qualifiés.

Dans tous les cas, le choix d'une assiette plus neutre, eu égard au coût relatif des facteurs, mais aussi plus large s'impose indépendamment de la nature des prestations à financer et/ou de tout droit à contre-prestation. L'adoption de dispositifs permettant, d'une manière ou d'une autre, de subventionner les salariés les moins qualifiés apparaît également désirable dans le contexte européen.

En outre, l'idée qu'il serait souhaitable de rendre les systèmes d'assurances sociales plus neutres au regard de l'offre de travail, en liant plus strictement les prestations à l'effort contributif préalable, mérite un examen critique. Les propositions qui visent à rendre plus flexibles les conditions de cessation d'activité, grâce à des abattements et des majorations inspirées du calcul actuariel à l'image des réformes introduites dans cet esprit, bien que sur diverses formes, aux Etats-Unis, en Allemagne ou en Italie en fournissent un bon exemple. Leurs fondements théoriques apparaissent fragiles et peu pertinents empiriquement, et ces propositions retiennent une conception trop restrictive de la fonction d'assurance exercée par les systèmes de protection sociale.

Ces propositions s'inspirent directement des modèles « revenu-loisir », conforme aux hypothèses de la théorie du cycle de vie. A ce modèle, qui éprouve quelques difficultés à rendre compte de l'abaissement massif de l'âge de cessation d'activité depuis vingt ans, on peut opposer un cadre théorique, plus institutionnaliste, faisant valoir le concept de « revenu relatif de substitution ». Dans les systèmes publics qui ont pour finalité de garantir un certain niveau de pension, un salarié en fin de carrière n'a pas pour objectif de maximiser son revenu sur le cycle de vie : au moment où il interrompt son activité, il souhaite plus simplement que son revenu relatif -attendu comme rapport de la prestation de remplacement de salaire au salaire d'activité - baisse le moins possible. Ce qui pèse sur la décision concernant l'âge de cessation d'activité n'est donc pas la comparaison entre l'abattement réellement mis en oeuvre et l'abattement, mais plus simplement les droits à prestation déjà acquis. En matière de politique de maîtrise des dépenses, il conviendrait plutôt, dans cette perspective, de s'intéresser aux processus déterminant la demande de travail des salariés âgés et aux facteurs institutionnels, qui, de toute évidence, prédominent dans ce contexte, comme en attestent les comparaisons internationales (Schmähl, 1989). La référence au modèle actuariel, en concentrant l'attention sur le risque viager, conduit de surcroît à négliger la fonction d'assurance contre le risque d'exclusion anticipée du marché du travail pour les salariés âgés que remplit le couple formé par les systèmes de préretraites et de retraite (Blanchet, 1994).

Dans le même ordre d'idée, le renforcement de la contributivité des systèmes d'assurance-vieillesse ne pourrait se faire qu'au détriment de leur fonction de correction des aléas.

· La dynamique des systèmes d'assurances sociales

La critique d'une conception trop étroite de la fonction d'assurance que remplissent les systèmes de protection sociale, et du mode de financement qui y est associé, est également formulée en termes de dynamique des systèmes d'assurances sociales

C'est d'abord la sensibilité conjoncturelle du mode de financement par les cotisations qui peut être mise en cause. L'ampleur de l'effet de stabilisateur conjoncturel d'un système de protection sociale est liée à « l'élasticité-recettes » et au degré de redistribution verticale dont il fait preuve. En raison de leur assiette et de leur barème, les systèmes financés par cotisation présente de ce point de vue un double désavantage : leurs recettes épousent plus largement le cycle conjoncturel et les détenteurs des plus hauts revenus, à la plus forte propension marginale à épargner, sont peu ou pas soumis au prélèvement.

De surcroît, le système assurantiel peut être rendu responsable, en période de récession, d'un cycle pervers de profitabilité car une large partie du financement repose sur les entreprises, alors même que, pour les risques chômage et cessation (anticipée) d'activité liée à l'âge, la masse des prestations à verser s'accroît (Malinvaud, 1985). Un élargissement de l'assiette permettrait, en diversifiant les sources de financement, de réduire l'impact à court-moyen terme des fluctuations de celle-ci sur les recettes.

Une réforme de l'assiette permettrait en outre de rompre avec le principe d'équivalence inter temporelle et avec les contraintes qui lui sont liées. Il deviendrait ainsi possible d'opter pour un mode de financement où serait mieux prise en compte la capacité contributive réelle de l'ensemble des agents économiques, à laquelle pourrait répondre, du côté des prestations, une plus grande souplesse quant l'affectation des ressources prélevées. Cette modification de l'assiette est à mettre en relation avec les avantages liés à un prélèvement à assiette large, auxquels sont en effet traditionnellement associés des effets moins négatifs sur le choix de la combinaison productive, la création de richesse, ainsi qu'une plus grande tolérance au prélèvement.

A cette critique, de nombreux auteurs ajoutent enfin le constat des effets d'exclusion croissant auxquels conduisent, dans la période contemporaine, les politiques menées conformément au modèle d'assurance du revenu salarial ; en premier lieu en matière d'assurance chômage. Plus encore, ce sont les mutations démographiques, sociales et économiques contemporaines (l'effritement et l'éclatement du salariat) qui appellent une profonde réforme du droit des prestations, accompagnés d'une fiscalisation progressive du financement.

En résumé, dans cette optique, les assurances sociales ne peuvent pas ou plus être catonnées à la seule fonction de garantie du revenu salarial (ou de la capacité à en obtenir un) dans le cadre d'une communauté de risque fermée, en application du principe d'équivalence. Seuls des mécanismes de redistribution, étendus et financés à l'échelle de la collectivité nationale toute entière, permettrait de prendre en charge de manière efficiente et équitable une gamme diversifiée de risques sociaux.

CONCLUSION

En définitive, un certain nombre de débats sur les réformes des systèmes de protection sociale, tant en matière de financement que de droit de prestations, peuvent être réexaminés au regard de ces arguments théoriques, qui fondent l'opposition entre les deux modèles (Lechevalier, 1996).

Au terme de ce chapitre, il n'en apparaît pas moins que ce sont des réformes marquant une inflexion en direction du modèle de transferts sociaux par l'impôt qui s'avèrent désormais bien souvent nécessaire. La poursuite de la substitution de la contribution généralisée aux cotisations en France, la diversification de la qualification des activités sociales ouvrant droit à prestations, un mode de revalorisation de prestations qui sans abandonner la référence aux salaires, prendrait en compte la variation de l'ensemble des ensembles des prélèvements sociaux, en fournissent de bons exemples.

Une conception renouvelée et enrichie de la fonction d'assurance que prennent en charge les systèmes d'assurance sociale conduit, en tout état de cause, à ne pas exclure la poursuite, en leur sein, d'objectifs explicitement redistributifs.

Pour ce qui est du système de protection sociale au Cameroun, des réformes doivent également être envisagées. C'est ce qui fera l'objet du chapitre suivant.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe