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La protection sociale au Cameroun

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par Alex OKOLOUMA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA en sciences économiques 2008
  

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3.1.1.2. Formes institutionnelles et financement

Les deux paradigmes conduisent à des formes institutionnelles et à des modes de financement contrastés, que l'on peut expliciter succinctement à partir de la théorie traditionnelle des finances publiques.

La qualification de la couverture du risque en termes de bien collectif, dont les effets externes peuvent s'étendre à l'échelle de la collectivité toute entière, requiert une organisation publique à gestion centralisée. Puisque le mode de financement implique le respect du principe de non affectation, c'est une gestion unitaire des différents risques qui s'impose.

En revanche, la caractérisation de la protection en termes de bien tutélaire individualisable (profitant à des groupes particuliers et identifiables) nécessite un processus de décision décentralisé. La gestion de chacun des risques doit être organisée en fonction du principe de la communauté de risque fermée. La séparation des risques est une condition essentielle de l'utilisation du principe d'équivalence. L'interdépendance de fait entre les différents risques doit alors s'accompagner de mécanismes de compensation financière, élaborés sur la base de critères économiques qui ne doivent pas contrevenir au principe d'équivalence globale propre à la gestion de chacun d'entre eux.

La configuration institutionnelle des deux modèles, non plus horizontalement, mais verticalement, c'est-à-dire du point de vue de l'articulation entre les différents niveaux de protection, peut être comprise à partir de leur mode de gestion de l'hétérogénéité de la population assurée (sa partition entre des « hauts » et des «  bas » risques). Les systèmes publics conformes au modèle assurantiel donnent lieu à une classification partielle des assurés, ce qui les oppose aux systèmes de transferts sociaux par l'impôt qui n'en opèrent, par construction, aucune. Cette segmentation prend la forme de régimes réservés à des entreprises, à des branches d'activité ou à des catégories de population spécifiques. Elle entraîne pour l'essentiel une catégorisation des assurés selon le secteur d'activité, la catégorie socioprofessionnelle et le revenu. La constitution par ce biais de classes de risques, plus ou moins homogènes, conduit à modifier la proportion des risques, selon qu'ils sont élevés ou faibles, et à rapprocher une majorité d'assurés de l'équivalence actuarielle. Elle favorise en conséquence l'existence d'un taux de couverture publique élevé. Les opportunités d'assurance complémentaire s'amenuisent ainsi logiquement. Alors que les systèmes à prestations universelles appellent un complément par le haut sous formes d'une protection complémentaire, les systèmes assurantiels réclament, réciproquement, la mise en place d'une couverture par le bas, pour ceux qui, soumis au principe d'exclusion, n'ont pas acquis un droit suffisant à prestations.

Si l'on s'intéresse plus spécifiquement au financement, le critère de décision essentiel est celui de l'existence de groupes de personnes clairement identifiable, qui retirent un bénéfice de la prestation collective et dont peuvent être exclus d'autres groupes ou individus. De surcroît, c'est la perspective de la redistribution comme assurance qui conduit à privilégier le financement par l'impôt, alors que la logique de la distribution des charges et des avantages à proportion des revenus salariaux requiert un financement par cotisations.

Le modèle de transferts sociaux par l'impôt conduit à garantir à l'ensemble de la population résidente l'offre de sécurité sociale produite par l'État et à réparer les critères d'attribution des prestations des critères de financement, conformément au principe de transferts unilatéraux (en espèces, en nature ou en service). Alors que les impôts concernent fondamentalement tous les résidents, qu'ils sont un système de prélèvement unilatéral, dont le caractère original tient à ce que le prélèvement est effectué à titre définitif et n'a pas à être compensé par une prestation étatique spécifique, les cotisations sont des prélèvements donnant droit à contrepartie. Ne sont donc bénéficiaires, dans le cadre du modèle assurantiel, que les personnes qui sont assujetties au prélèvement. En outre la fonction d'épargne que remplissent les systèmes assurantiels conduit à lier la durée de bénéfice des prestations à la durée préalable de cotisation.

Les deux modèles se différencient enfin par le mode d'indexation des prestations. Le mode de revalorisation des salaires de référence et des prestations, qui court sur plusieurs décennies, a des effets majeurs sur l'orientation et la dynamique des systèmes de pensions (vieillesse ou invalidité). En cette matière, comme en d'autres, la réunification du système d'assurances sociales allemand fait clairement apparaître les enjeux. On sait qu'à long terme, l'un des avantages les moins contestables des systèmes publics par répartition est de permettre la garantie du pouvoir d'achat des droits acquis et des pensions servies. Il reste que le mode d'indexation varie selon que l'objectif assigné au système de pension est, soit de garantir le pouvoir d'achat des droits acquis au moment de la liquidation des pensions, soit de permettre au retraité d'obtenir et de conserver une certaine position dans la hiérarchie de l'ensemble des revenus.

Dans le premier cas, c'est une logique de couverture des besoins, définis au moment où se réalise l'évènement ouvrant droit à prestations, qui prévaut, et cela enfin d'atteindre, ceteris paribus, un rythme d'évolution des dépenses défini en référence à la hausse des prix, comme dans le cadre des procédures usuelles d'élaboration du budget de l'État. Pour peu qu'il soit couplé à une clause de participation régulière aux fruits de la croissance, ce mode d'indexation a pour singularité de permettre des arbitrages intergénérationnels qui ne sont pas soumis au seul rythme de croissance des salaires.

Si, comme dans le second cas, l'objectif est le respect du principe d'équivalence relative, du point de vue transversal et du point de vue longitudinal, l'indexation sur les salaires s'impose. Il s'agit de garantir aux prestataires une certaine position dans l'échelle des revenus, exprimée en termes de salaire moyen des assurés sociaux, qui est alors l'unité de mesure des droits à prestations. Cette équivalence relative ne peut être maintenue à travers le temps que si les droits à pensions et les retraites sont revalorisés uniformément en fonction de la croissance du salaire moyen (éventuellement net).

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams