1.2.2. Les transformations de l'environnement
socioéconomique et politique
Les limites de la protection sociale relèvent
aussi de facteurs économiques (équilibres financiers), de
facteurs démographiques et de facteurs sociaux et politiques.
1.2.2.1. Les facteurs socioéconomiques
Les difficultés de la protection sociale sont
d'abord financières : le ralentissement de la croissance et la
montée du chômage réduisent les ressources des
régimes sociaux alors que les dépenses continuent à
s'accroître rapidement. Cet accroissement résulte d'un double
phénomène.
D'une part, certaines dépenses poursuivent leur
tendance antérieure. C'est le cas des dépenses de santé
dont la croissance est plus rapide que la croissance du revenu (à la
fois en raison de la demande des ménages et des caractéristiques
de l'offre de soins). Dans la mesure où ces dépenses sont
largement socialisées, les régimes d'assurance-maladie voient
leurs charges s'accroître.
D'autre part, certaines dépenses comme les
dépenses d'indemnisation, de prise en charge des retraites
anticipées etc., augmentent avec la montée du chômage.
Ces difficultés financières conduisent les
pouvoirs publics à rechercher une réduction des coûts.
La protection sociale se heurte aussi aux
conséquences des évolutions démographiques.
L'accroissement de la charge des deux compartiments les plus lourds des
dépenses (vieillesse et santé), est principalement
déterminé par des facteurs structurels qui relèvent de
l'évolution du mode de vie et de facteurs démographiques,
notamment le vieillissement de la population, et de facteurs techniques
(progrès technique médical).
Sous l'effet de ces facteurs, en France les prestations
sociales ont progressé sur l'ensemble de la période plus vite que
la production nationale. Leur poids dans le PIB est ainsi passé de 25%
en 1981 à 29,15% en 2004.
Quelques tendances peuvent être
observées :
- la progression des prestations
« vieillesse-survie » (12,7% du PIB en 2004), sous l'effet
du vieillissement démographique, du développement des
régimes complémentaires et la montée en puissance des
systèmes de retraite. Cette hausse devrait s'accélérer
avec l'arrivée à l'âge de la retraite des
générations du baby-boom ;
- une reprise à la hausse des prestations liées
à la maladie (8,5% du PIB en 2004), alors que leur part dans le PIB
tendait à se stabiliser depuis 1995. Les dépenses de
médicaments et la montée en puissance de la couverture maladie
universelle (CMU) contribuent à expliquer cette nouvelle
augmentation ;
- une progression des prestations
« pauvreté-exclusion », avec la création du
revenu minimum d'insertion (RMI) en 1988 ;
- la poursuite de la baisse des prestations
« famille-maternité » (9,4% des prestations sociales
et 2,7% du PIB en 2004), malgré la progression des aides de
logement ;
- une augmentation des prestations
« emploi » avec l'apparition d'un « chômage
de masse ». leur évolution reste fortement liée
à celle de la conjoncture économique (très forte hausse de
1981 à 1986, baisse importante après 1997, reprise depuis
2002).
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