Contribution à l'étude de la rentabilité et du financement du logement urbain au Burundi( Télécharger le fichier original )par Dieudonné NYUNGUKA Université du Burundi - Licence/Bac+4 2008 |
I.2.1. Importance économique et sociale du secteur de l'habitatL'importance des investissements en logement est loin d'être négligeable. « D'abord, de meilleures conditions de logement permettent une meilleure reproduction de la force de travail au même titre qu'une meilleure alimentation et une éducation des enfants. Ensuite, les effets multiplicateurs du secteur sont nombreux en provoquant une dynamisation des économies locales »7(*) . En effet, le secteur de l'habitat occupe, dans une économie nationale, une place fondamentale tant par le volume de sa production et le nombre d'emplois qu'il offre que par la masse des capitaux qu'il mobilise. L'industrie de la construction assure des logements, des locaux commerciaux, des écoles, des hôpitaux et d'autres bâtiments publics. C'est elle qui est chargée de construire des usines et bâtiments agricoles, des bâtiments destinés à d'autres activités économiques, sociales, culturelles et d'effectuer d'autres travaux publics. Toutefois, ce secteur bénéficie d'une part congrue du crédit comme le montre le tableau ci-après. Tableau n°1: Part du crédit habitat dans l'ensemble du crédit intérieur (en MBIF)
Source : BRB, Rapports annuels : état des risques financiers Nous constatons à travers ce tableau que le crédit de long terne concerne l'habitat pour une grande part. Nous remarquons cependant que sa part demeure très minime dans l'ensemble du crédit intérieur. Elle ne dépasse pas en moyenne 5%, la grande part du crédit intérieur étant de CT qui exclue l'habitat. Le développement du secteur a cependant un grand effet d'entraînement favorable sur l'ensemble de l'économie nationale. Il est en effet un important client du bois et de la mécanique, de la fonderie, et de l'industrie du travail, des métaux, des industries chimiques, des produits pétroliers, du matériel électronique, des briqueteries, des tuileries, de la plomberie, de la cimenterie, carrière, peinture etc. A chaque niveau ci haut mentionné, il doit y avoir nécessairement création de la valeur et du travail. Au Burundi où il n'y pas toutes ces industries, ce sont les commerçants qui bénéficient des effets d'entraînement. Une grande partie des effets induits est expatriée suite à l'utilisation des matériaux importés où on rémunère les facteurs étrangers malgré le chômage qui fait rage au Burundi. Si l'industrie du Burundi utilisait des matériaux locaux pour le maximum possible, ces effets profiteraient plus à l'économie nationale. Toutefois, certaines des ressources naturelles sont facilement épuisables, d'autres sont en quantités importantes. L'Etat devrait alors jouer son rôle d'encadrement pour l'utilisation responsable des ressources et la préservation des équilibres environnementaux et écologiques. Allain BOUBLIL affirme à propos de ce facteur d'entraînement que « le coefficient multiplicateur est proche de deux »8(*) ce qui signifie qu' un million de francs dépensé dans le secteur engendre un million de demande supplémentaire dans l'appareil de production, sous l'hypothèse que les capacités de production nécessaires à ce supplément d'activité soient disponibles et qu'il n'est pas nécessaire d'investir pour le satisfaire. L'industrie de construction joue un rôle important dans le processus de formation du capital. Le secteur bancaire bénéficie des dépôts des entreprises de construction et des individus et récolte des intérêts sur les prêts importants accordés au secteur. Ce secteur joue significativement dans l'incitation à l'épargne pour le logement et accélère remarquablement l'activité économique. Signalons à toutes fins utiles que tous les effets induits convergent vers le PIB. La mesure de l'efficacité du PIB formé par le secteur du logement en milieu urbain est donnée par le PIB des secteurs économiques urbains. On constate en effet que les villes, de par les économies d'échelle qu'elles offrent, sont également le lieu de concentration des activités économiques. Il est aussi admis que « le niveau d'urbanisation est en étroite corrélation avec le développement économique »9(*). Les secteurs secondaires et tertiaires ont pour champ les centres urbains. Aussi pour faire simple, le PIB cumulé de ces deux secteurs est parfois comparé au produit urbain. Dans cette hypothèse, le PIB urbain peut être déterminé par le total des éléments suivants. Tableau n°2 : PIB urbain au Burundi en milliards de BIF
Source : CSLCP : extrait des indicateurs économiques. Nous constatons à travers ce tableau que la production nationale est réalisée à plus de 52% dans les villes soit en 2005, 413.5 milliards de BIF en prix courant. Cette activité économique qui génère la valeur ajoutée, élément de base pour la détermination du PIB est réalisée en grande partie par les entreprises privées. Une telle activité ne peut donc se faire efficacement que dans un milieu harmonieux et bien urbanisé. L'Etat du Burundi devrait alors prendre en compte cette place combien importante des centres urbains dans l'économie nationale en mettant en place une politique dynamique du soutien à l'investissement dans ce secteur. Considérant que le logement constitue une composante du secteur des Bâtiments et des Travaux publics (BTP), la valeur du PIB affecté à ce secteur reste toujours très faible tournant autour de 4% du PIB national. Le tableau suivant en fait une bonne illustration. Tableau n° 3 : Part du PIB destiné au secteur du BTP
Source : -Nous-même sur base des données fournies par l'ISTEEBU (tirées des comptes économiques du Burundi - situation et perspectives à travers le 5ème plan quinquennal Nous constatons que le secteur sous étude est très important bien qu'il reçoive peu de ressources. Les éléments précédents nous montrent que : -Les consommations intermédiaires varient entre 8.75% et 10.57% du total des branches économiques au Burundi. Ceci justifie l'existence des effets d'entraînement dont nous avions déjà parlé. -Les rémunérations de salaires varient entre 5.92% et 9.31 pour cette seule branche pour un total de 30 branches. On tiendra aussi en compte que les salaires de cette branche ne sont pas très élevés : la plupart des employés sont des journaliers non qualifiés qui ne reçoivent que de maigres salaires. Ceci laisse entendre que les emplois créés sont relativement plus élevés ce qui joue un rôle économique et social important surtout en matière de répartition des revenus. Toutefois, les politiques menées n'ont réservé à l'habitat et à l'urbanisation qu'une place congrue qui n'a jamais dépassé 4% du PIB national, même avant la crise où ce secteur semblait faire partie des grandes priorités de l'Etat. Les actions financées par ces faibles allocations ont concerné l'amélioration des conditions d'hébergement des services publics, l'assainissement de la gestion du patrimoine de l'Etat et la promotion de l'habitat social. * 7 http //www.amazon.Ca / financement et rentabilité des investissements, visité le 25/04/2008. * 8 Allain BOUBLIL , cité par Scarie NIYINTIZO, in Déterminants des performances dans le secteur du bâtiment et travaux publics : Cas des entreprises de construction au Burundi, Québec (CHICOUTIMI), 1995, p 49 * 9 ONU/Habitat : La déclaration du millénaire : une perspective urbaine, 2005, p15 |
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