CARTE SUR LES GITES DE PRINCIPAUX MINERAUX
II.3. DE LA MINE AU COMPTOIR
Les exploitants miniers ayant des cartes d'exploitants
artisanaux ou sans cartes font extraction minière dans les sites
d'orpaillages de leur choix .La quantité de minerais extraite par eux
est amenée auprès des négociants qui parfois les
rencontrent aux chantiers et achètent les minerais après
purification (séparer les minerais de l'impureté) la
quantité des matières à acheter. A leur tour, ils
amènent les minerais achetés aux comptoirs où une nouvelle
purification suivra avant l'achat.
II.3.1. LA PRODUCTION : LES g CREUSEURS P
La première phase consiste à repérer un
emplacement propice à l'exploitation. La prospection est conduite par
des villageois connaissant bien les lieux ou par d'anciens mineurs ayant
travaillé pour les sociétés industrielles. Il faut en
effet un minimum de connaissances et d'expérience pour le choix d'un
site. Si les premiers tests se révèlent prometteurs, le
prospecteur creuseur constitue une équipe d'une dizaine d'hommes,
recrutés dans le cercle de ses connaissances.
D'où, avant d'exploiter, il est indispensable d'obtenir
l'autorisation du « propriétaire » des lieux. Une
équipe d'au moins 9 hommes est importante, deux semaines parfois, de
marche dans la forêt avant d'être à pied d'oeuvre sont
exigées sous la conduite du propriétaire, qualifié de
« chef des collines » qui autorise l'ouverture du chantier dans un
« carré minier ».
Qu'il s'agisse d'or, de cassitérite ou de coltan,
l'organisation du travail repose à la base sur la constitution d'une
équipe. Le chef d'équipe, titulaire de la carte de creuseur, est
un acteur essentiel dans la chaîne de production.
II. 3.1.1. Les outils
Ainsi, quel que soit le minerai exploité, le travail
s'effectue manuellement à l'aide de quelques outils
élémentaires. Le choix des outils dépend de la nature de
la roche à laquelle l'équipe de travail a à faire :
Les roches dures, filons de cassitérite,
carrières de pierre nécessitent l'usage de la barre à mine
pour faire éclater la roche en blocs d'une dimension telle qu'ils
peuvent être portés à tête d'homme. Dans les galeries
étroites d'extraction de la cassitérite les mineurs utilisent un
burin et un marteau. C'est encore le marteau qui sert à concasser les
pierres jusqu'à atteindre la granulométrie recherchée. Et
Pour travailler en roche meuble on utilise des pelles et des pioches. Les
récipients destinés au lavage sont soit des cuvettes soit des
jerricanes en plastique coupés par moitié. Les jerricanes servent
aussi au transport de l'eau.
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A ce titre, et en exploitation artisanale, l'énergie
humaine est en général la seule disponible. L'extraction, le
concassage, le lavage, toutes ces tâches s'effectuent à la main.
Les travaux les plus durs, notamment dans les galeries et les carrières
reviennent aux hommes. Les femmes généralement, interviennent
dans le lavage du minerai mais surtout dans le portage, du minerai des lieux
d'extraction vers les points de vente, portage de l'eau depuis les sources ou
les cours d'eau vers les chantiers. Dans la zone aurifère de Kamituga
par exemple, les femmes porteuses sont surnommées « hilux » en
référence au célèbre véhicule Toyota.
En plus et dans cette même zone aurifère de
Kamituga, des femmes participent aussi activement au concassage.
Appelées « twangeuses » elles utilisent des demi arbres
récupérés sur des véhicules hors d'usage pour
effectuer cette tâche dont les gestes rappellent ceux du pilage des
céréales ou de la banane plantain afin d'obtenir de la farine
(twangeuses vient du verbe « kutwanga » en Kiswahili, « piler
», en français). Bref, ces tâches représentent une
débauche d'énergie musculaire considérable qui parfois se
solde par une productivité dérisoire ou par fois nulle souvent
après de longues périodes de travail et d'espoir.
11.3.1.2. L'eau :
L'eau est un auxiliaire très indispensable dans les
processus de production et remplit une fonction essentielle dans l'exploitation
minière. D'abord pour le décapage des terrains superficiels.
L'exploitation hydraulique nécessite de grandes quantités d'eau
et une source d'énergie permettant la projection par un monitor d'un jet
d'eau sous pression. Elle est hors de portée des artisans mais
utilisée en exploitation semi-industrielle très souvent.
L'eau est également utilisée dans le lavage du
minerai, et dans l'objectif de récupérer les
éléments de forte densité. C'est pourquoi, quand les
exploitants n'ont accès qu'à de faibles quantités d'eau,
ils ont recours à un procédé consistant à creuser
un trou et à le remplir d'eau, et à l'aide d'une cuvette «
lave », les éléments lourds se déposent au fond du
récipient auquel on imprime un mouvement rotatif pour faciliter le
processus de tri sous la surveillance d'un membre de l'équipe.
Lorsque les exploitants disposent d'un peu de capital, ils
s'équipent en motopompes de manière à faire monter l'eau
au-dessus du chantier et à l'utiliser ensuite par gravité en la
faisant s'écouler dans une succession de petits bassins de
rétention où les mineurs procèdent au tri
densimétrique de la boue à l'aide de pelles. Ce type
d'opération peut être repris également dans un cours d'eau
de bas de versant. Ces aménagements sont les héritiers directs
des « slices », rigoles en bois ou en tôle destinées
à une première concentration. Celle-ci se poursuit à
l'aide d'un plateau ou « karaï » fabriqué à partir
d'un fond de fût métallique, et afin de l'utiliser comme
batée ou comme vanne.
Un autre procédé de lavage, destiné
à une seconde concentration après un deuxième concassage,
consiste à immerger un caisson, ou gigue, dont le fond est
constitué d'un tamis à maille fine dans un baquet rempli d'eau ;
en secouant la gigue dans l'eau le sable et les impuretés remontent
à la surface, les parties lourdes se concentrent au fond. Cette
dernière opération, souvent effectuée par des petits
négociants, livre un produit net prêt à être
expédié aux comptoirs pour exportation.
La séparation des matières en suspension dans
l'eau peut se faire en utilisant à la fois la gravité et la force
centrifuge. Ainsi, en circulant dans une spirale verticale l'eau projette les
particules légères vers l'extérieur, ne retenant que les
éléments lourds.
Ce système qui ne représente sans doute pas un
investissement considérable nécessite néanmoins des
motopompes pour faire monter l'eau comme dit ci-haut.
Les orpailleurs qui travaillent dans un matériaux
alluvionnaire, utilisent l'eau des rivières pour l'évacuation des
stériles et pour laver les sables aurifères. Une manière
originale de récupérer l'or contenu dans les alluvions consiste
à les tamiser puis à les déverser dans un filet d'eau
circulant sur un lit d'écorces alvéolées
prélevées sur des troncs de bananier. Les fines particules d'or
se déposent dans ces alvéoles pour y être
récupéré.
De cette façon, l'eau remplit une fonction cruciale
lors des différentes phases de tri et de concentration des minerais. La
dépense d'énergie humaine consommée pour apporter l'eau
sur les chantiers est considérable pour la plupart des petites
équipes de creuseurs car elles n'ont pas les capacités
financières qui leur permettraient de s'équiper en motopompes.
Soulignons néanmoins que la quantité de la
production minière des exploitants artisanaux n'est pas bien connue par
la division de tutelle dans la mesure où la plus part des exploitants
artisanaux travaillent dans la clandestinité et ne sont pas
également surveillés par le Service d'Assistance et d'Encadrement
du Scale Mining, SAESSCAM en sigle.
Il s'agit d'un service public, à caractère
technique et spécialisé du Ministères des Mines,
doté d'une autonomie administrative et financière, qui a vu le
jour par la publication du Décret n° 047&C/2003 d 23 mars 2003
portant création et statut d'un service dénommé Service
d'Assistance et d'Encadrement du Small Scale Mining, en sigle SAESSCAM.
La note circulaire n° 005/CAB.MIN/Mines/01/2003 du 13
décembre 2003 précise que ce service a la mission d'organiser,
assister et encadrer les exploitants artisanaux, les groupements d'exploitants
artisanaux, des coopératives minières et des exploitants miniers
à petite échelle. Ce service a comme objectifs :
1° Promouvoir l'émergence d'une classe moyenne
Congolaise dans le secteur de la petite mine en
assurant la formation et en apportant l'assistance technique et
financière aux coopératives minières et
aux exploitants du secteur de la petite mine, en vue de renforcer
leurs capacités managériales ; 2°Assurer le suivi de flux de
matières de la petite mine et de l'artisanat minier depuis le chantier
jusqu' au
point de vente, en vue de canaliser toute la production dans le
circuit officiel de la commercialisation ; 3° Veiller, après vente,
au recouvrement de l'imposition forfaitaire de à l'Etat suivant les
modalités et
mécanismes fixés ;
4° Inciter les regroupements des exploitants miniers
artisanaux en coopératives minières ;
5° Contribuer à l'amélioration du
bien-être des communautés locales où se déroulent
les activités minières artisanales et/ou à petite
échelle, par le développement intégré en
application des dispositions du règlement minier ;
6° Vulgariser les normes de sécurité sur les
sites d'exploitation et de veiller à leur strict application ;
7° Inciter l'exploitant minier artisanal ou de la petite
mine à investir dans les autres secteurs de l'économie nationale,
en vue, notamment, de préparer l'après mine ;
8° Susciter et participer à la création d'un
fonds de crédit minier et à sa gestion pour la promotion des
petites et moyennes entreprises minières ;
9° Octroyer aux creuseurs des équipements
adaptés aux conditions géologiques des gisements exploités
par ceux-là, en vue d'améliorer leur productivité
qualitative et quantitative.
Au regard de ces objectifs du SAESSCAM, certaines conditions
sont néanmoins exigées aux exploitants artisanaux des mines pour
bénéficier de l'appui de ce service. Il faut déposer un
dossier contenant les éléments suivants57 :
· Les statuts notariés et preuve de leur
dépôt au greffe du Tribunal de Grande Instance ;
· Nouveau registre de commerce ;
· Numéro d'identification ;
· Permis d'exploitation de Petites Mines (PEPM) ou une
preuve de procédure en cours pour l'obtention dudit titre minier ;
· Signature d'un contrat de collaboration avec le
SAESSCAM.
Comme on peut le constater, ces conditions ne sont pas
à la portée de tout exploitant étant donné qu
`elles ne sont pas de nature à favoriser la promotion des exploitants
individuels. Elles conviennent seulement qu'aux coopératives alors que
l'esprit coopératif pose encore problème surtout dans un secteur
où l'incertitude est grande. Si l'Etat tient à la promotion des
exploitants artisanaux, il devra les aider à se regrouper en
coopératives, vulgariser les textes réglementaires de la
filière minière et les formes ou leur faciliter l'acquisition de
cette formation.
57 Gaby Ntambwe, Analyse de l'appui
aux exploitants artisanaux des minerais et son impact sur leur developpement
socio-Oconomique, cas des artisanats appuyes par le SAESS CAM au Sud-Kivu,
memoire, p.14. 2005-2006.
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