CONCLUSION GENERALE
Le Groupe d'Experts des Nations Unies sur l'exploitation
illégale des ressources naturelles et autres richesses de la
République Démocratique du Congo, ainsi que la commission
sénatoriale belge dite des « Grands Lacs », a établi un
lien entre le trafic des ressources naturelles et la pérennisation du
conflit en RD Congo.
La Province du Sud-Kivu, l'une de onze provinces que compte
actuellement la RD Congo a été la principale porte
d'entrée de toutes les guerres connues par la RD Congo.
Ainsi, la question de l'exploitation minière au
Sud-Kivu a donc été évoquée d'une manière ou
d'autre parmi les causes de guerres précitées. Cette exploitation
a donc été plus profitable qu'à une minorité au
détriment de la grande majorité de la population Congolaise.
Dans le souci d'analyser cette situation, nous avons
décidé de centrer la réflexion de notre travail de fin
d'études sur « L'exploitation minière dans la Province du
Sud-Kivu : de la Responsabilité Sociale des Entreprises et de l'Etat
».
Pour mener à bien cette réflexion, le
présent travail est parti de l'hypothèse selon laquelle « Si
le concept de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est le
développement durable transposé/appliqué à
l'entreprise106, alors, l'intégration efficace de la
dimension Responsabilité Sociale des Entreprises dans le domaine de
l'exploitation minière serait un tremplin pour un développement
économique durable au Sud-Kivu en particulier et de toute la
République Démocratique du Congo en général
».
C'est à ce titre que ce travail s'est structuré
autour de quatre grands chapitres en plus de l'introduction
générale et de cette conclusion à savoir :
ü Généralités.
ü Exploitation minière au Sud-Kivu.
ü Généralités sur le concept
Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE).
ü Intervention de l'Etat et des entreprises privées
dans la promotion des principes de la RSE au sein du secteur minier au
Sud-Kivu.
106 Groupe One, Op. Cit.
L'introduction générale a portée
essentiellement sur la problématique, l'hypothèse de travail, la
méthode et les techniques utilisées, la délimitation du
sujet, l'état de la question, la présentation sommaire du travail
et les difficultés rencontrées.
La problématique a procédée par une
présentation de la Province du Sud-Kivu sur le plan administratif,
politique, économique et socioculturel, tout en indiquant les grands
problèmes de développement de la Province tels que
diagnostiqués par les populations à la base lors de consultations
participatives ayant conduit à l'élaboration du DSCRP
Provincial.
Il convient néanmoins de rappeler ici que les causes
fondamentales de ces problèmes sont entre autres :
· La mauvaise gouvernance généralisée
;
· Les guerres à répétition et leurs
conséquences ;
· La non implication/participation de la population
à la gestion de la chose publique ;
· Etc.
Cependant, un accent particulier a été mis sur les
facteurs internes et externes ayant mis fin à l'exploitation
minière industrielle au Sud-Kivu et laissant ainsi place à
l'exploitation minière artisanale à ce jour.
Dans ce même ordre d'idée et étant
donné la sensibilité du thème de recherche, il s'est
avéré opportun de retracer également une vision nationale
et même internationale en rapport avec le thème pour plus de
compréhension de la problématique.
Ainsi, le pillage des ressources naturelles de la RD Congo et
celui des ressources minières du Sud-Kivu en particulier, se sont
placés dans un contexte historique, économique, politique et
social étant entendu que la géographie politique du conflit
recoupe la géographie des gisements miniers également.
Aussi, la description du processus de décomposition de
l'Etat Congolais, l'effondrement de son économie ainsi que la
paupérisation de sa population depuis le long règne du
Président MOBUTU en passant par la succession de deux guerres dites de
« libérations », a été faite.
Notre attention s'est concentrée plus sur la
Responsabilité Sociale des Entreprises et de l'Etat dans le domaine de
l'Exploitation minière dans la Province du Sud-Kivu. Aucune étude
n'a jusque là abordé l'exploitation minière au Sud-Kivu,
sous cet aspect. C'est là l'originalité de ce travail qui a
tourné autour de quatre chapitres :
Le premier chapitre portant sur les
généralités a défini un certain nombre des concepts
se rapport à notre thème de recherche, et avant de se terminer
par une présentation de la Division Provinciale des Mines au Sud-Kivu en
dégageant notamment : sa localisation, sa structure organisationnelle et
son fonctionnement, une proposition d'amélioration de son organigramme,
sa mission, ses réalisations et ses difficultés
rencontrées.
Le deuxième chapitre, porte sur l'exploitation
minière au Sud-Kivu, il a eu à présenter dans l'ensemble
les grands points comprenant notamment : l'historique et la situation
géographique, les entreprises minières au Sud-Kivu, de la mine au
comptoir, l'exploitation industrielle, l'exploitation artisanale, les
données et situation actuelle de l'exploitation minière au
Sud-Kivu, l'organisation des sites d'orpaillage et méthodes
d'exploitation, les impacts négatifs de l'exploitation minières
au Sud-Kivu, l'assistance au secteur minier au Sud-Kivu, les aspects
institutionnels, législatifs et réglementaires de l'exploitation
minière, la situation de la législation actuelle et en fin, les
dispositions économiques, financières, fiscales et
douanières.
Le troisième chapitre accès sur les
généralités relatives au concept Responsabilité
Sociale des Entreprises (RSE), a été structuré autour de
sept points à savoir : les notions et définitions
préliminaires, la définition proprement dite de la RSE, les
principes directeurs de la RSE, les normes nationales en rapport avec la RSE,
les normes internationales en rapport avec la RSE, la proposition d'un code de
bonne conduite de la RSE ainsi que la proposition d'un code de bonnes pratiques
environnementales.
En fin, le quatrième chapitre portant sur
l'intervention de l'Etat et des entreprises privées dans la promotion
des principes de la RSE au sein du secteur minier au Sud-Kivu, a eu à
présenter tour à tour : Une introduction, l'Etat et la RSE,
l'entreprise privée et la RSE, l'état de la RSE en RDC et au
Sud-Kivu en particulier, les complémentarités entre l'Etat et les
entreprises privées dans la promotion de la RSE, les domaines couverts
par la RSE, les contraintes à la promotion de la RSE , et avant de
terminer par un certain nombre d'actions à entreprendre pour promouvoir
la RSE au Sud-Kivu.
De toute cette présentation sommaire du contenu de ce
travail, il se dégage que la problématique de l'exploitation
minière au Sud-Kivu : De la Responsabilité Sociale des
Entreprises et de l'Etat est une réalité dans la Province du
Sud-Kivu en particulier et en République Démocratique en
général, et cette situation nécessitait une telle analyse
approfondie pour en dégager les tenants et les aboutissants.
Ainsi, notre hypothèse de départ formulé
de la manière suivante : c Si le concept de
Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est le développement
durable transposé/appliqué a l'entreprise, alors,
l'intégration efficace de la dimension Responsabilité Sociale des
Entreprises dans le domaine de l'exploitation minière serait un tremplin
pour un développement économique durable au Sud-Kivu en
particulier et de toute la République Démocratique du Congo en
général v s'est confirmé.
En effet, il a été démontré tout au
long de ce travail que l'exploitation minière au Sud-Kivu ne profite pas
à l'ensemble de la population étant donné que le premier
garant de tout développement durable et capable d'assurer la
redistribution du revenu à tous, n'a pas su jouer son rôle
à la suite de toutes les difficultés politico- économiques
qu'a connu la République Démocratique du Congo en
général et la Province du SudKivu en particulier, et plongeant
ainsi la province, si pas toute la RD Congo dans une pauvreté
inscriptible.
En outre, les acteurs de l'exploitation minière de leur
côté et dans leur ensemble sont restés indifférents
face à la Responsabilité Sociale des Entreprises. Certains par
ignorance, d'autres par mauvaise foi et d'autres encore par un esprit
capitaliste et de sadisme à outrance, les empêchant ainsi à
entreprendre certaines actions en direction de leurs travailleurs, de leur
communauté d'implantation et de toute la Province si pas toute la
République Démocratique du Congo en général.
Tel que révélé par le nouveau Code
minier, l'exploitation minière amène également tout un
cortège d'impacts négatifs sur l'environnement (pollution du sol,
de l'air, des eaux et grave encore sur la santé humaine), à
toutes les différentes phases de l'activité minière ou de
carrière à savoir la phase de prospection et de recherche, la
phase de la construction de la mine ainsi que celles des extractions
minière et métallurgique.
Ainsi, les acteurs de l'exploitation minière au
Sud-Kivu ont également participé d'une manière ou d'une
autre au pillage des ressources de la Province, si pas de toute la RD Congo
tout en détruisant systématiquement l'environnement
(déforestation, déboisement, pollution de l'eau, laisse le
terrain accidenté car on ne fait pas le remblayage après
extraction,...) par leurs opérations et sans qu'aucun plan de
réhabilitation ne soit envisagé alors que le nouveau Code minier
exige à tout exploitant de disposer d'un plan d'études d'impact
environnemental.
De ce qui précédé nous confirmons que
l'intégration efficace de la dimension Responsabilité Sociale des
Entreprises dans le domaine de l'exploitation minière au Sud-Kivu serait
vraiment un tremplin pour la promotion d'un développement
économique durable dans la Province du Sud-Kivu en particulier et de
toute la République Démocratique du Congo en
général.
C'est dans cette optique le présent travail a eu
à proposer dans le troisième chapitre deux codes à savoir
: le code de bonne conduite pour la promotion de la Responsabilité
Sociale des Entreprises au Sud-Kivu ainsi qu'un code de bonnes pratiques
environnementales.
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importants concernant les systèmes de
réglementation de l'environnement au Sud-Kivu, l'évaluation et la
gestion de l'impact environnemental ainsi qu'une structure de
présentation d'un rapport d'impact environnemental.
Aussi, le quatrième chapitre a également mis
l'accent sur les complémentarités entre l'Etat et les entreprises
privées dans la promotion de la RSE toute en proposant des actions
à entreprendre à différents niveaux notamment : Au niveau
de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC Sud-Kivu), au
niveau des syndicats et autres structures socioéconomiques d'encadrement
au Sud-Kivu, au niveau de la Société Civile du SudKivu ainsi
qu'au niveau des pouvoirs publics au Sud-Kivu.
Néanmoins, il y a lieu de rappeler que
l'amélioration de la filière minière, reste sous la
dépendance des cours mondiaux, sur lesquels les producteurs ou
négociants acteurs privés seuls, n'ont aucune capacité
d'intervention.
C'est pourquoi, un travail en synergie : Etat-Entreprises
privées oeuvrant dans la filière minière doit être
envisagé pour une réorganisation, une promotion ainsi qu'un
réel développement économique durable de l'exploitation
minière au Sud-Kivu en particulier et en République
Démocratique du Congo en général et dont le premier
bénéficiaire sera la majorité de la population
congolaise.
En définitive ; en plus des actions à
entreprendre proposées pour promouvoir la Responsabilité Sociale
des Entreprises au Sud-Kivu, les complémentarités et les
synergies à mettre en place, il y a d'autres actions qui nous semble
pertinente et prioritaires pour le développement économique de la
filière minière au Sud-Kivu, notamment :
1. La route : Une priorité des
actions à entreprendre doit porter sans aucun doute sur la restauration
conjointe de la circulation et de la sécurité, celle-ci
dépendant pour une large part de celle-là. Car la diminution des
coûts de transport et de commercialisation qui en résultera
devrait entraîner une meilleure rémunération du travail des
creuseurs. La réhabilitation des routes doit donc être au coeur de
toutes les stratégies de développement et de lutte contre la
pauvreté. Il existe au Kivu, comme dans l'ensemble du territoire
congolais, une production agricole dormante qui n'attend pour se
réveiller que la remise en état d'infrastructures qui lui
donneront accès aux débouchés urbains. La clé du
développement rural réside en effet dans le marché et par
conséquent dans l'articulation ville-campagne.
2. L'impératif de sécurité
: La relance d'une économie durable est conditionnée
ipso facto par le rétablissement durable de la paix. Il faudra donc
identifier et solutionner les facteurs qui entravent le retour à la
paix.
3.
L'orga nisatio n des producteurs : Il est
question ici de stimuler et encourager les exploitants à se regrouper en
coopératives des producteurs bien que l'organisation coopérative
est beaucoup moins généralisée et fonctionnelle au
Sud-Kivu. Ce regroupement leur permettra de bénéficier d'un
soutien à l'encadrement technique en commun, d'avoir la faciliter
d'accéder fournitures de base et d'effectuer surtout les
opérations de commercialisation ensemble, et promouvoir et
défendre leurs intérêts entant qu'exploitants artisanaux du
secteur minier. Et afin de leur permettre d'être informés sur les
qualités (teneur) de leurs marchandises et d'éviter qu'ils ne
soient lésés par les acheteurs dans leurs différentes
transactions.
4. U ne action e n faveur de l'i nformatio n
: Les acteurs de l'exploitation minière artisanale sont victimes d'un
déficit d'information. A titre d'exemple, la Division Provinciale des
Mines au Sud-Kivu, a lors de nos investigations, reconnue n'avoir jamais
vulgarisé le nouveau Code minier alors que les premiers concernés
sont d'abord les exploitants en activité.
Sur les chantiers, les creuseurs ignorent tout des cours des
minerais et de leurs fluctuations. Ils s'en remettent au chef d'équipe
qui lui-même a rarement accès à une information fiable. Les
négociants euxmêmes n'ont qu'une vision partielle du
marché. La simple détermination de la teneur en tantale du coltan
par exemple, réservée aux détenteurs des instruments de
mesure, s'effectue dans le secret. Une action en faveur de l'information
facilitera pas mal de choses.
5. Les écha nges tra nsfro ntaliers au coeur
des dy namiques de paix : L'analyse du secteur minier dans la
problématique a mis en exergue la dimension régionale,
l'importance des échanges transfrontaliers, licites ou informelles par
ce que la plus grande partie des échanges du Sud-Kivu est totalement
dépendante d'importations qui doivent transiter par un, deux, ou trois
Etats voisins. Aussi, le retour à une économie de paix ne peut
que s'accompagner d'une intensification des échanges transfrontaliers de
biens et de personnes dans des espaces de complémentarité.
6. L'équipeme nt adapté : Il
est très sommaire pour les creuseurs : une bêche ou une pioche
pour creuser la terre, une barre à mine pour fendre des rochers, un
bidon pour puiser de l'eau servant au nettoyage des matières
premières, un sceau ou un bidon coupé en deux pour évacuer
l'eau qui inonde les mines, une écorce de banane dont les
alvéoles servent à retenir les poussières d'or, Etc.
Un équipement aussi simple permet de rendre compte de
la pénibilité du travail. Le manque d'équipement touche
également les structures d'achat de coltan et de cassitérite dont
l'effectif est très limité : trois comptoirs à Bukavu,
dont un seul est muni d'un séparateur magnétique (permettant de
distinguer le coltan de la cassitérite, deux minerais liés, il
est surtout utile pour estimer la teneur du minerai par la densité). Ce
matériel est essentiel, car le manque de confiance
généralisée, et l'impossibilité d'analyser le
matériel récolté
234
suscite la crainte des mineurs quant à
l'honnêteté des négociants en ce qui concerne
l'évaluation du matériel présenté.
7. Le besoi n de fi na nceme nt : N'ayant
accès à aucun moyen de financement, les acteurs de la
filière minière artisanale n'ont aucune perspective
d'évolution. Ainsi, les creuseurs sont condamnés à rester
« d'éternels creuseurs ». Chacun de ces acteurs évolue
en exploitant ceux qui sont à l'échelle inférieure. Le
creuseur est exploité par le chef du foyer minier et par les
intermédiaires. Ceux-ci, pour vendre leur coltan par exemple, passent
obligatoirement par les négociants qu'ils accusent de voler.
Le négociant vend son produit (or, coltan,
cassitérite, etc.) au propriétaire de comptoir, lui aussi
accusé d'acheter au rabais parce qu'il est en situation de «
monopole ». Le transporteur est racketté lors de son passage aux
différentes barrières érigées par des hommes
armés. Si seul le propriétaire du comptoir peut exporter, il se
plaint également des taxes à l'exportation du gouvernement
congolais, trop élevées en comparaison des pays voisins.
Bref, il y a un fonctionnement ou un dysfonctionnement qui ne
permet à personne d'évoluer correctement ou de vivre de son
travail, ajouté à cela les contraintes de transport ou toutes les
taxes que l'Etat. Le besoin de financement se fait donc sentir.
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