La problématique de la publicité radiophonique et télévisuelle et des droits d'auteurs.( Télécharger le fichier original )par Emmanuel MUNGWARAKARAMA Universite Nationale du Rwanda Ecole de Journalisme et Communication - Licence en Journalisme 2008 |
CHAP IV : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATSLe présent chapitre nous présente les résultats de l'enquête sur terrain. Sur base de notre hypothèse nous allons voir si réellement les artistes et producteurs des messages publicitaires tant radiophoniques que télévisuels respectent les droits d'auteurs. Le cas de l'ORINFOR étant notre lieu d'étude, deux mediums sont pris en considération : la radio Rwanda et la Télévision Rwandaise. IV.1. Informations générales portant sur les personnes enquêtées Les tableaux suivants nous donnent des informations sur la population rwandaise et sur l'identité des répondants : Tab III: Tableau montrant la répartition de ménages rwandais par possession de radio et/ou de télévision
Source : Résultat définitif du 3ème Recensement général de la population et de l'habitat du Rwanda - août 2002, p.49. Le tableau ci-dessus montre que la Radio reste toujours la principale source d'information au Rwanda. En effet 43,19% (732.125+25.840) de tous les ménages possèdent des récepteurs radios tandis que seulement 1,53% (25.840 + 1.222) des ménages possèdent des télévisions. Toutefois le résultat d'une étude faite sous l'égide de Timothy Longman, chercheur de l' International Center for Transitional Justice37(*) révèle que plus de 72% de la population rwandaise écoute la radio comme source d'information alors que 11,7% de cette population recourt à la télévision pour savoir ce qui se passe au Rwanda. Tab IV : Répartition de l'échantillon selon le sexe et le statut social
Source : Notre enquête, octobre 2007
Il ressort de ce tableau que 63% des répondants sont de sexe masculin et 37% sont de sexe féminin. Parmi les 63% du sexe masculin, 43% sont célibataires, 18% sont mariés, 1% sont veufs et 1% sont divorcés. Parmi les 37% du sexe féminin, 28% sont célibataires, 6% sont mariées, 2% sont veuves et 1% divorcée. Au total, nous avons 100 répondants et ont tous répondu au questionnaire. La différence entre le nombre des enquêtés de sexe féminin et masculin est due au fait que normalement, les hommes ont plus de temps d'écouter la radio et regarder la télévision que les femmes. Cela fait, qu'en général, le nombre des hommes est plus élevé que celui des femmes. Et en deuxième lieu, partant du départ le nombre de femmes était moins nombreux que celui des hommes. Selon mes constatations, dans notre societe rwandaise, les femmes s'occupent des affaires du menage plutôt que leuers maris. Les hommes profitent du temps que les femmes s'occupent des enfants, de la cuisine et d'autres besognes de menage au quotidien pour se régaler a la Télévision qu'á la radio. Tab V : Répartition des enquêtés selon leur fonction
Source : Notre enquête, octobre 2007 Le tableau et la figure ci-dessus nous renseignent sur les fonctions des répondants. La plupart de nos répondants sont journalistes. En effet, 43% sont des journalistes et quelques uns d'entre eux sont des agents de la publicité, disons les producteurs des publicités que ce soit de la radio ou soit de la télévision. Beaucoup de journalistes et animateurs sur les radios rwandaises finissent par embarquer dans le secteur publicité. Ceci me semble logique puisque l'objectif de l'étude est de voir comment est conçue la publicité et aussi étudier comment elle est réalisée. Puisqu'ils profitent beaucoup de la non applicabilité de la loi qui protègent les droits d'auteurs, le terrain reste inexploité et au profit de l'annonceur. Par ailleurs, 17% des répondants affirment être des chauffeurs de taxi soit voitures ou minibus. Cette catégorie de gens rassemble un grand nombre d'adeptes de radios. Presque tout leur temps de travail ils sont à l'écoute de la radio. 8% sont des étudiants; 25% sont des artistes toutes les catégories confondues. Cette catégorie d'artistes n'exclu pas ceux qui ne sont pas chanteurs et compositeurs de chansons. Elle englobe tout genre d'artistes ; 1% sont des autorités locales et 6% exercent d'autres fonctions mais de l'Etat. Ce ne serait pas logique de mener une enquête sur un sujet impliquant une certaine capacité intellectuelle, celle d'analyse et échapper à la rencontre des concepteurs des programmes de l'Etat. Elle inclut aussi les agents de la police et de la magistrature puisqu'ils sont les premiers à faire respecter ce droit. Ils sont garant de la droiture de la société. IV.2. Thème I : La musique, les acteurs et le message publicitaire Tab VI : Selon le genre de la musique, de l'acteur et du message. Les adeptes de la musique des années 1970-1980 et au delà retrouvent l'intérêt dans une publicité accompagnée d'un style de mélodie de leur âge et les adeptes de la musique d'aujourd'hui aiment le genre « rap » ou « hip hop » se retrouvent dans une publicité conçue avec une musique dite moderne. Et comme les gens aiment tout ce qui est nouveau, et surtout selon la loi de proximité38(*), une place importante est aussi accordée à la musique locale et régionale. Au Rwanda, la musique souvent utilisée ne vient que des pays limitrophes. A part la musique, la publicité est aussi préférée suite au choix des acteurs. Le choix des acteurs n'est pas dû au simple hasard. Ils doivent en effet se faire des fans parmi les auditeurs-téléspectateurs et une solide amitié les lient fortement.39(*) Partant du principe de la popularité de l'acteur, 65% des répondants affirment qu'ils sont attirés par quelqu'un qu'ils reconnaissent bien sa façon de jouer dans une publicité quelconque. 33% ne se soucient de ce principe tandis que 2% cela importe peu. Que se soit la musique ou l'acteur la popularité n'y joue aucun rôle. a. La musique doit être significative « Bien que la musique soit un ingrédient de la publicité, celle-ci doit être en rapport avec le message40(*) » «Le message bien conçu est le message qui contient toutes les informations dont le public a besoin pour un service ou un produit quelconque41(*) » Ceci nous montre combien le public ne se soucie pas de la musique et même les acteurs, ce qui importe le plus pour eux est le message bien compréhensible, explicatif et informatif. Le message qui contient les détails pouvant orienter le public cible. Bien que certains de nos répondants le confirment, nous constatons que la conception d'un message de publicité prend recours à un embellissement de la mélodie bien choisie. Une publicité muette n'est pas attirante. Elle doit beaucoup à la musique pour pouvoir atteindre son public-cible. IV.3. Thème II : Les differents rôles dans la conception de la publicité Tab VII : Le rôle d'un chacun dans la conception de la publicité
Les répondants ne voient pas la distinction entre le rôle de l'annonceur, le producteur de la publicité et le propriétaire du medium. Le tableau ci-dessus nous montre la connaissance du public sur le processus de la publicité. Faute de la réglementation de la publicité dans le pays, elle se fait d'une manière désordonnée. La loi régissant la presse au Rwanda ne se prononce pas sur le processus de la publicité audio-visuelle. Le choix du message, l'usage de l'acte d'un artiste, ce qui entraîne la passivité des producteurs et annonceurs dans la conception et la réalisation de ces messages selon leur modèle qui n'est pas adéquat avec la loi protégeant les droits d'auteurs. Par exemple, au Cameroun, les publicistes sont regroupés au sein d'une institution qui à son tour est chargé de réguler sur le contenu du message publicitaire, la façon dont il est présenté et en général comment la publicité est conçue elle-même. Comme nous le montre le tableau suivant, il y a un grand nombre d'abstinence (29%), ceci est dû à la sensibilité du sujet lui-même, les gens le trouvent touchant et culpabilisant les instances juridiques qui ne se prononcent pas sur les violations qu'encourent les artistes alors que la loi les protégeant est en place. Il y a de quoi se poser la question. Pourquoi de telles violations ? Qui doit en premier défendre les droits d'auteurs ? Les artistes ne savent pas plus pour se défendre et les publicistes et annonceurs sont ignorant et profitent de cette faiblesse. IV.4. Thème III : Les artistes et la défense de leurs oeuvres Les artistes Rwandais, selon nos répondants ne connaissent pas leurs droits. Peu d'artistes savent qu'il y a un service de droit d'auteur au sein du MIJESPOC. Un cas du publiciste Eric Kayihura, producteur de la radio Rwanda poursuivi pour avoir fait usage de l'oeuvre de l'artiste Benjamin Kayiranga sans son autorisation nous donne l'exemple. L'usage de son oeuvre est présent mais la défense du producteur est simple. « Lors du dépôt de la chanson à l'ORINFOR, l'artiste n'a pas spécifié selon quelles modalités son oeuvre serait utilisée. Dans ce cas, l'administration de la station prend l'avantage de l'exploiter comme elle l'entend. »42(*) Aucune sanction ne s'est produite à l'égard d'un publiciste ayant utilisé l'oeuvre d'un artiste sans son autorisation. Bien sûr si l'oeuvre est dite protégée. Partant de notre analyse et notre propre obseravation, bon nombre de publicistes sont au courant de la loi protégeant les droits d'auteurs mais son applicabilité reste lettre morte. « Nous artistes rwandais ne connaissons pas les droits qui devraient nous protéger, peu connaissent le service du MIJESPOC.43(*) » Néanmoins certains artistes rwandais connaissent ces droits, à titre d'exemple, les producteurs eux-mêmes font partie de cette catégorie, ils sont sensé protéger les oeuvres des pairs qui ne sont pas en mesure de le faire. L'ORINFOR exploite à 100% les oeuvres artistiques44(*). IV.5. Thème IV : Les instances judiciaires La protection des droits d'auteurs et de la propriété intellectuelle est dotée par la loi45(*). Un service de gestion et de protection du droit d'auteur au sein du Ministère ayant la culture dans ses attributions fut créé en 1983. Toute oeuvre artistique est protégée par la loi, son utilisation partielle ou complète repose sur la volonté de son auteur. La contrefacon est interdite. Aucune action contre les violations de ce droit n'est encourue par qui que ce soit. « La loi sur les droits d'auteurs est mise en place en 1983 est publié au journal officiel46(*), chose étonnante, personne ne se soucie de son applicabilité 47(*)» * 37 International Transitional Justice, Evaluation of the Internews newsreel Project, Rwanda, février, 2005 * 38 La loi de proximité : « Principe journalistique » par excellence, elle s'appuie sur l'idée qu'il faut capter l'intérêt du lecteur, de l'auditeur ou du téléspectateur. Celui-ci se sentira d'autant plus concerné par l'information qu'elle est proche dans le temps (l'actualité du moment), dans l'espace (on sera plus sensible à des événements situés près de chez soi), de ses idées, de sa situation socio-professionnelle, de son quotidien, ou qu'elle touche sa vie affective ou émotive. Rares sont les médias qui échappent à cette loi. * 39 Dismas Mukeshabatware est l'un des publicistes de renommé au Rwanda pour son sens humoristique * 40 Répondant no 7 * 41 Répondant no 12 * 42 Entretien avec le chef des programmes de la radio ainsi complété par Dismas Mukeshabatware. * 43 Répondant no 10 * 44 Le bureau du programme de la radio nous confirment que les artistes donnent leurs chansons à l'usage non limitée par la radio et ou la télévision, le producteur ne sera par ou limiter son utilisation. * 45 Art. 75, Codes et Lois du Rwanda, UNR, 1995, p 1556 * 46 Loi no 27/1983 du 15 novembre 1983 (J.O., 1984, p8) * 47 Répondant no 10 |
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