4- Conséquences
sociales
`'J'ai perdu une jolie fille au cours de l'excision''
déclare une enquêtée.
Beaucoup ont attesté avec certitude que
« l'excision tue les fillettes et les femmes ».
`'J'ai failli mourir et même mes parents avaient peur
d'alerter les voisins,'' déclare une autre enquêtée.
D'après les adeptes de l'excision, ce sont toujours des
`'facteurs extérieurs'' qui sont responsables des complications pouvant
intervenir pendant ou après l'excision.
Les enquêteurs ont fait remarquer qu'à la suite
du décès, l'exciseuse dégage sa responsabilité en
trouvant des causes obscures au décès. Exemple, elle peut dire
que « cela n'arrive qu'aux filles adultérines, donc
illégitimes ou dont les parents, grands-parents ou quelqu'un de la
lignée ont commis une faute grave et de fait un membre de la famille
devrait être sacrifié ».
Au cours des conversations libres, certains vieux nous ont
dit : `'Des enfants en meurent régulièrement, seulement
l'exciseuse s'arrange toujours pour rendre l'enfant aux parents avant sa mort.
Dans tous les cas, lorsqu'une femme est morte des suites de
l'excision ; la raison qui sera évoquée, sera qu'elle est
adultérine. On essaie alors à titre posthume, de lui trouver son
véritable père, ainsi commence des histoires de famille et
l'exciseuse s'en sort sans tort reconnu.''
Lors des rapports sexuels, le rôle du clitoris est
très peu perceptible ; d'ailleurs il est considéré
comme une anomalie dans le vagin, une sorte de `'tumeur'' à enlever.
Une enquêtée témoigne : "Plusieurs
femmes ont des déchirures qui vont jusqu'à l'anus au moment de
l'accouchement ; une femme en est morte. Personne ne s'est douté
que l'excision pouvait en être la cause."
Pendant un entretien ave des femmes peules une vieille dame
évoquait avec amertume le cas de quelques femmes qui ont des
problèmes d'incontinence urinaire depuis leur excision.
Question posée à une femme peule
excisée : "Avez-vous ressenti quelque chose lors de
l'opération ?" "J'ai eu l'impression que l'on voulait me tuer,"
a-t-elle répondu.
Une jeune femme affirme que sa soeur a perdu une de ses filles
à la suite de l'opération.
Un agent de santé a raconté l'histoire de deux
cas graves d'hémorragie traités par elle en novembre 2005 :
Elle a tout d'abord surpris une première fille saignant, assise sur du
sable ; elle était complètement souillée de sang. A
la vue de celle-ci, elle a demandé aux parents s'ils n'avaient pas peur
à la vue d'autant de sang. Elle a amené la fille à la
maternité et lui a administré un produit et l'hémorragie
s'est arrêtée. Quelques jours plus tard, un autre cas est
survenu.
Dans la sous-préfecture de Bantè quelques
personnes interrogées affirment avoir vu une femme enceinte faire une
hémorragie.
Une enquêtée a remarqué ceci : "Il
arrive que le sang coule jusqu'à ce que la femme
s'évanouisse."
Les enquêteurs ont fait ce témoignage-ci. "Dans
toutes nos localités enquêtées, nos informateurs
reconnaissent les nombreux cas d'accidents graves dus à
l'hémorragie et qui aboutissent parfois à la mort."
Un jeune homme raconte : "Il y avait au moins cette
année-là plus de 30 fillettes opérées. La
scène s'est passée il y a un an. Nous avons assisté
à la cérémonie, cachés dans la brousse. Trois
fillettes ont hurlé et urinèrent sous le choc de la douleur,
l'une d'entre elles a beaucoup saigné et j'ai appris plus tard qu'elle
était morte. Pour les vieilles l'enfant a été mangé
par les sorciers parce qu'elle était de teint clair et avait trop de
sang. Depuis, j'ai appris qu'il y a toujours eu des cas de décès
dans les villages environnants."
Question posée aux femmes interrogées au hasard:
"Au moment où vous avez été excisée, y-a-t-il eu un
accident (ex : hémorragie, décès) ?"
- 18 nous ont répondu "non",
- .9nous ont répondu "oui", soit 33%
Un vieux a affirmé qu'il fut témoin de plusieurs
cas de décès par hémorragie. "Quand il y a complication,
tout se passe en cachette sans en informer les infirmiers. Les accidents sont
fréquents mais on ne se présente pas au centre de
santé."
Des cas d'hémorragie sont souvent enregistrés.
La personne perd connaissance et pour la ranimer, on consulte l'oracle pour
déterminer la cause de cette hémorragie. Les gens pensent alors
qu'il s'agit d'un sacrifice non fait ou mal fait envers un fétiche ou un
lieu sacré.
Dans la région un enquêteur affirme avoir entendu
parler de nombreux cas de décès, mais il remarque cependant, que
certaines personnes appréhendent d'en parler ouvertement. Beaucoup de
filles sont excisées toues jeunes et ont oublié la douleur et les
complications, raison pour laquelle, peut être, ne parlent pas beaucoup,
étant adultes, des douleurs et des aspects négatifs de cette
pratique. Cela peut également expliquer la volonté
exprimée de voir cette pratique perdurer."
Photo 1 : Jeunes filles nouvellement sorties
du couvent, ont certainement étaient excisées
Source : photo Affo, mai 2007
Par ailleurs, il est très difficile de savoir
exactement combien de filles meurent ou subissent des conséquences
médicales graves, car les cas de décès ou
d'hospitalisation dû à l'excision ne font l'objet d'aucune
donnée statistique ; ils sont volontairement camouflés.
La plupart des gens favorables à la pratique croient
que si l'opératrice ou l'opérateur est habile, il n'y a aucun
danger.
Certains estiment que : "C'est Dieu seul qui sait
où se trouve la mort. Les femmes non excisées meurent aussi."
Le chef d'un village a perdu deux filles du fait de
l'excision, une en 1999 et l'autre en 2000. Ces filles étaient
gardées par leur tante. A leur mort, le chef n'a pas réagi, car
pour lui " C'est Dieu qui l'a voulu ; qui peut aller contre la
volonté de Dieu ?"
Il est dit : "il y a danger si la fillette n'est plus
vierge, dans le cas contraire il n'y a aucun risque."
Les conséquences néfastes de l'excision sont
souvent associées à des causes irrationnelles.
Pour 3 jeunes sur 7 de la région de soit 43%,
l'importance de cet organe est perçue aussi bien pour l'homme que pour
la femme.
Un jeune homme de 26 ans ancien élève dit ;
"Cet organe rend les relations sexuelles très intéressantes."
Un homme de 35 ans dans la région remarque : "Avec
la femme non excisée la satisfaction est beaucoup plus forte et
d'ailleurs c'est pour cette raison que les filles fons (Sud-Bénin) ont
beaucoup de succès amoureux auprès des jeunes"
Pourquoi cet organe existe t-il ? une personne
interrogée qui est absolument contre cette pratique remarque :
"Pour nous fidèles qui croyons en Dieu : Pourquoi Dieu aurait-il
créé cet organe inutile ? Et pourquoi aurait-il
créé un organe extrêmement sensible et capable de faire
jouir une femme s'il voulait que nous l'enlevions ? Nous savons tous que
les hommes jouissent très bien. Est-ce que Dieu est aussi sexiste pour
vouloir que les femmes ne jouissent pas ?
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