3- Conséquences
médicales
Ces opérations sont pratiquées dans de mauvaises
conditions d'hygiène, avec des instruments non stérilisés
et par des personnes médicalement non qualifiées. Il n'y a aucune
analgésie et la jeune fille ou femme souffre énormément,
ce qui peut la mettre en état de choc.
Les plaies de la vulve peuvent s'infecter et si elles ne sont
pas bien soignées, la guérison sera retardée et une
septicémie (empoisonnement du sang) pourra s'installer. Elle se produit
lorsque les bactéries des zones infectées entrent dans le
système sanguin. Une autre infection grave est le tétanos, qui
peut s'installer dans les 14 jours suivant l'opération. Il arrive que la
personne qui opère occupe trop profondément et blesse les
délicates structures adjacentes, l'anus ou l'urètre. Cela peut
rendre la femme incontinente. Une femme dans ces conditions est exclue de sa
communauté.
De plus la réussite de l'opération dépend
pour beaucoup de la qualité de l'opérateur (trice) à
savoir : si elle est physiquement apte à opérer (bonne
vue ; sans tremblements etc...).
Les vaisseaux sanguins sont nombreux dans la vulve. Les plaies
de la vulve ou le sectionnement d'une artère de cette zone peuvent
provoquer une hémorragie qui peut à son tour mettre la fille ou
la femme en état de choc.
La rétention urinaire est très courante pendant
les deux ou quatre premiers jours suivant l'excision. Elle est due à la
douleur lors du contact de l'urine avec la plaie. Cette rétention peut
également engendrer l'infection de la vessie et les voies urinaires.
Après l'excision, les tissus de la vulve forment une
cicatrice dure et fibreuse dans laquelle se développent parfois des
chéloïdes et des kystes. Les formations chéloïdes sont
courantes quand il y a infection après l'opération. A
l'état normal, la peau de la vulve et du vagin est lisse et
élastique, elle s'étire facilement pendant l'accouchement pour
passer le bébé. Or l'excision laisse les tissus de cette zone
épais et durs ce qui peut être à l'origine de
problèmes obstétricaux pendant l'accouchement. Parfois, il est
nécessaire de pratiquer une épisiotomie ou une incision des
cicatrices de l'excision. De plus, si les épais tissus cicatriciels de
l'excision n'ont pas été incisés, la tête
s'arrête dans le canal vaginal pendant la deuxième phase du
travail. Le bébé est alors sans oxygène, et si cela dure
trop longtemps, il naîtra avec des dommages cérébraux, ou
même mourra. Un infirmier témoigne : " Nous rencontrons trop
de difficultés à l'accouchement avec ces femmes
excisées".
L'excision gêne l'accouchement normal ; cela est
indéniable et c `est une aberration que de vouloir perpétuer
une pratique qui constitue un danger évident pour la santé de la
femme et de l'enfant.
Des entretiens avec le Médecin-chef du Centre de
Santé qui est gynécologue de formation, il ressort ce qui
suit :
- les règles d'asepsie en matière de
circoncision ne sont pas respectées. Il y a donc risque de
tétanos et de contamination du SIDA.
- L'hémorragie, même mortelle, peut intervenir du
fait que le clitoris est un organe très vascularisé.
- L'absence du clitoris et l'existence de cicatrices vicieuses
(chéloïdes) gênent les rapports sexuels.
- La vulve se rétrécit en se cicatrisant ;
ce qui gêne la sortie de la tête du bébé.
Il est évident que l'excision porte atteinte à
deux fonctions vitales et merveilleuses du corps féminin qui sont
l'accouchement et les rapports sexuels.
L'excision est souvent douloureuse
A la question ; `'Qu'avez-vous éprouvé au
cours de l'opération ?'', les réponses varient d'une
enquêtée à une autre. Elles peuvent être
regroupées comme suit :
-21 femmes ont répondu `'j'ai senti trop de
douleur'',
- une a répondu `'au début j'étais
confiante, mais quand j'ai vu la quantité de sang qui coulait du
clitoris coupé, j'ai pris peur et j'ai fait sept fois le tour du
village'',
- une autre a répondu `'le sang a coulé, mais je
n'ai pas eu peur''
- cinq femmes ont déclaré que
`'l'opération m'a fait mal, mais après j'ai senti beaucoup de
joie et de satisfaction d'être dans un groupe et de participer à
cette cérémonie au cours de laquelle on se fait des amies''. Nous
avons remarqué en effet que les filles excisées ensemble
constituent, dans le village une classe d'âge et un groupe solidaire.
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