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Déterminants socio-culturels de la persistence de l'excision à  Pira (Bénin)

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par Fabien Affo
Université de Lomé (Togo) - DES 2007
  

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3- Conséquences médicales

Ces opérations sont pratiquées dans de mauvaises conditions d'hygiène, avec des instruments non stérilisés et par des personnes médicalement non qualifiées. Il n'y a aucune analgésie et la jeune fille ou femme souffre énormément, ce qui peut la mettre en état de choc.

Les plaies de la vulve peuvent s'infecter et si elles ne sont pas bien soignées, la guérison sera retardée et une septicémie (empoisonnement du sang) pourra s'installer. Elle se produit lorsque les bactéries des zones infectées entrent dans le système sanguin. Une autre infection grave est le tétanos, qui peut s'installer dans les 14 jours suivant l'opération. Il arrive que la personne qui opère occupe trop profondément et blesse les délicates structures adjacentes, l'anus ou l'urètre. Cela peut rendre la femme incontinente. Une femme dans ces conditions est exclue de sa communauté.

De plus la réussite de l'opération dépend pour beaucoup de la qualité de l'opérateur (trice) à savoir : si elle est physiquement apte à opérer (bonne vue ; sans tremblements etc...).

Les vaisseaux sanguins sont nombreux dans la vulve. Les plaies de la vulve ou le sectionnement d'une artère de cette zone peuvent provoquer une hémorragie qui peut à son tour mettre la fille ou la femme en état de choc.

La rétention urinaire est très courante pendant les deux ou quatre premiers jours suivant l'excision. Elle est due à la douleur lors du contact de l'urine avec la plaie. Cette rétention peut également engendrer l'infection de la vessie et les voies urinaires.

Après l'excision, les tissus de la vulve forment une cicatrice dure et fibreuse dans laquelle se développent parfois des chéloïdes et des kystes. Les formations chéloïdes sont courantes quand il y a infection après l'opération. A l'état normal, la peau de la vulve et du vagin est lisse et élastique, elle s'étire facilement pendant l'accouchement pour passer le bébé. Or l'excision laisse les tissus de cette zone épais et durs ce qui peut être à l'origine de problèmes obstétricaux pendant l'accouchement. Parfois, il est nécessaire de pratiquer une épisiotomie ou une incision des cicatrices de l'excision. De plus, si les épais tissus cicatriciels de l'excision n'ont pas été incisés, la tête s'arrête dans le canal vaginal pendant la deuxième phase du travail. Le bébé est alors sans oxygène, et si cela dure trop longtemps, il naîtra avec des dommages cérébraux, ou même mourra. Un infirmier témoigne : " Nous rencontrons trop de difficultés à l'accouchement avec ces femmes excisées".

L'excision gêne l'accouchement normal ; cela est indéniable et c `est une aberration que de vouloir perpétuer une pratique qui constitue un danger évident pour la santé de la femme et de l'enfant.

Des entretiens avec le Médecin-chef du Centre de Santé qui est gynécologue de formation, il ressort ce qui suit :

- les règles d'asepsie en matière de circoncision ne sont pas respectées. Il y a donc risque de tétanos et de contamination du SIDA.

- L'hémorragie, même mortelle, peut intervenir du fait que le clitoris est un organe très vascularisé.

- L'absence du clitoris et l'existence de cicatrices vicieuses (chéloïdes) gênent les rapports sexuels.

- La vulve se rétrécit en se cicatrisant ; ce qui gêne la sortie de la tête du bébé.

Il est évident que l'excision porte atteinte à deux fonctions vitales et merveilleuses du corps féminin qui sont l'accouchement et les rapports sexuels.

L'excision est souvent douloureuse

A la question ; `'Qu'avez-vous éprouvé au cours de l'opération ?'', les réponses varient d'une enquêtée à une autre. Elles peuvent être regroupées comme suit :

-21 femmes ont répondu `'j'ai senti trop de douleur'',

- une a répondu `'au début j'étais confiante, mais quand j'ai vu la quantité de sang qui coulait du clitoris coupé, j'ai pris peur et j'ai fait sept fois le tour du village'',

- une autre a répondu `'le sang a coulé, mais je n'ai pas eu peur''

- cinq femmes ont déclaré que `'l'opération m'a fait mal, mais après j'ai senti beaucoup de joie et de satisfaction d'être dans un groupe et de participer à cette cérémonie au cours de laquelle on se fait des amies''. Nous avons remarqué en effet que les filles excisées ensemble constituent, dans le village une classe d'âge et un groupe solidaire.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"