III- La prévalence de l'excision à
Bantè
Figure 3 : Connaissance de la
pratique
Source : Résultat d'enquête
La prévalence de l'excision sera approchée
à travers le nombre de femmes excisées à Bantè, par
arrondissement et selon les caractéristiques socio-démographiques
de ces femmes. Dans l'ensemble, on constate que 34,4 % des
enquêtées ont été excisées. Ce qui signifie
que près d'une femme sur cinq de l'échantillon a
été excisée si on s'en tient à la
représentativité de l'échantillon.
La pratique de l'excision à Bantè, comme cela a
été annoncé plus haut, présente des
disparités selon les arrondissements. Dans l'arrondissement
d'Atokolibé, plus de 39,6% des femmes sont excisées alors que
dans les arrondissements de Koko et de Pira, ces proportions sont
respectivement 4,1 % et 2,8%. Ces résultats montrent que la pratique de
l'excision féminine à Bantè est très
localisée et confirment le fait qu'en réalité l'excision
est plus vécue en milieu rural qu'en milieu urbain.
2- Caractéristiques
socio-démographiques des femmes excisées
Dans cette partie, il sera examiné les niveaux
d'excision en rapport avec l'âge des femmes au moment de l'enquête
et quelques variables socioculturelles notamment le niveau d'instruction, la
religion.
Les résultats de l'enquête montrent que la
proportion des femmes excisées augmente globalement avec l'âge de
la femme. La prévalence est de 9,7% dans les jeunes
générations de 15 à 19 ans à 14,1 % et 15,2%
respectivement dans les générations anciennes de 40-44 ans et
45-49 ans. Cela est d'autant normal que la pratique diminue au fur et à
mesure que les générations se succèdent. Cela signifie que
les jeunes filles subissent de nos jours de moins en moins la pratique. La
question reste encore posée de savoir si ce recul est la
conséquence des campagnes de sensibilisation ou si les femmes
elles-mêmes prennent conscience des conséquences graves
qu'engendre la pratique. Toutefois, avec les données obtenues sur
l'éducation des filles, l'amélioration progressive du niveau
d'instruction serait aussi un atout important dans ce recul.
A propos du niveau d'instruction, il s'est avéré
que parmi les femmes excisées, la prévalence est de 14,8% chez
les femmes sans niveau d'instruction contre 7,3% chez les femmes dont le niveau
est le primaire et 4,0% chez les femmes ayant atteint le secondaire.
Dans le cadre de la lutte contre la pratique de l'excision au
Bénin, Odounlami (2000) expliquait que des actions ont été
faites en direction des leaders d'opinion au nombre desquels elle cite les
chefs religieux. Cela laisse supposer l'influence presque notable de la
religion parmi les déterminants de l'excision
Les femmes excisées dans les zones de l'enquête
se répartissent de façon disparate au sein des religions
pratiquées dans la commune. Toutefois, on remarque l'importance des
femmes des religions traditionnelles qui constituent près de 38,6% de
l'effectif. Cela confirme la thèse que les religions traditionnelles
participent au maintien de la pratique dans la commune de Bantè.
On pourrait alors se demander ce qui amène les adeptes
de cette religion à pratiquer l'excision ?
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