CHAPITRE 3
LA CEINTURE VERTE ET
L'APPROVISIONNEMENT DE KINSHASA EN PRODUITS VIVRIERS
Outre ses rôles environnementaux connus tels que le
rôle de dépolluant des gaz, de l'écran sonore contre les
bruits des engins roulants et celui de paysage contribuant ainsi à
l'embellissement de la ville, la ceinture verte constitue une agriculture
urbaine qui est une activité nécessaire pour atteindre la
sécurité alimentaire.
La ceinture verte a l'avantage d'être proche de la
ville. Aussi, les denrées produites sont donc fraîches et coutent
ainsi moins chères. Elle est riche en ressources naturelles permettant
des activités diverses qui peuvent être extractives (cueillette)
ou productives (agriculture) orientées vers la subsistance et le
commerce.
La notion de la ceinture verte à Kinshasa est
liée à ses anciens plans d'urbanisme pour la
sécurité alimentaire de la ville de Kinshasa. Ils l'ont toujours
intégrée dans leurs perspectives d'aménagement pour
préserver les espaces verts du plan d'urbanisme de Van Malleghen de
1950, jusqu'au Schéma Directeur d'Aménagement Urbain de 1975.
(Lelo Nzuzi, 2010).
3.1 Les ceintures vertes de
l'époque coloniale
3.1.1.
Le tracé de Georges Moulaert
A la genèse de la ville de Kinshasa, les Kinois
pratiquaient déjà le maraîchage dans des petits espaces des
zones humides autrement appelées zone non aedificandi. C'est pourquoi,
le tracé de Georges Moulaert du début du 20e
siècle avait prévu des poches d'espaces agricole qui entouraient
l'espace aggloméré de la ville notamment à l'ouest
où le site agricole se situait à l'actuel quartier Jamaïque
(derrière Kintambo). Au Sud, il s'étendait sur Bandalungwa
Synkin, cité de la radio et télévision, quartier Beauvent,
le palais du peuple, stade des martyrs, pont Kasa-vubu, Matonge 2,
pépinière de la Funa à Ndolo, etc.
3.1. 2. Le tracé de
Riquier
Le tracé de Riquier avait servi à organiser
l'espace agricole de Kintambo et, en 1930, avait prévu une zone neutre
pour séparer l'habitat européen et habitat africain. Cette zone
neutre avait servi d'espace vert mais les archives ne précisent son
exploitation par la population Kinoise. Néanmoins, comme l'agriculture
urbaine est une vieille tradition Kinoise, il est sans doute possible que la
population locale y ait exploité quelques cultures vivrières.
3.1.3. La ceinture verte avec le
plan Van Malleghen
Van Malleghen en 1950 dans son plan d'urbanisme proposa une
ceinture verte en vue de pallier aux besoins grandissants de la ville en
denrées alimentaires. L'administration coloniale valorisa les
vallées humides zones de culture maraîchère. En 1951, le
projet d'aménagement de la vallée de la N'djili voit le jour en
vue de produire les légumes frais sur 28ha réparties en plusieurs
parcelles de 21 ares chacune. Les autorités lancèrent la
deuxième phase du projet en 1957 avec l'extension de la zone à
Kimbanseke où la répartition des zones de culture
s'étendait à 293 parcelles de 16 ares chacune (Muzingu Nzolameso,
2005).
Pour garantir le succès de ce projet au sein de ces
divers centres de productions maraichères, les autorités
créèrent ainsi une coopérative chargée d'encadrer
les exploitants, de soutenir la production et la commercialisation des
maraîchers. Toute fois, fort est de signaler que les produits qui sont
plantés dans ces exploitations étaient premièrement
destinés aux européens de la ville. Paraîtront ensuite de
manière anarchique et spontanée quelques exploitations et jardins
dans les zones humides de la ville en dehors de ceux créés par
les autorités. Elles étaient situées entre les quartiers
industriels, le pool Malebo ainsi qu'à N'dolo. Elles assuraient la
production de légumes- feuilles de types africains pour faire face
à la demande émanant de la population locale.
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