B / - La valeur des décisions
bioéthiciennes
Malgré une participation active à la
réflexion sur les enjeux de la PMA et les contributions du code
international d'éthique médicale, du comité international
de bioéthique ainsi que les déclarations suscitées au plan
mondial telles la Déclaration universelle sur le génome humain et
des droits de l'homme du 11 novembre 1997, la Déclaration internationale
sur les données génétiques humaines du 16 octobre 2003 et
la Convention d'Oviedo de 1997 pour la protection des Droits de l'Homme et de
la dignité de l'être humain à l'égard des
applications de la biologie et de la médecine dite Convention sur les
Droits de l'Homme et la biomédecine, suivie des protocoles additionnels
portant interdiction du clonage d'êtres humains (Paris, 1998) et portant
sur la transplantation, les décisions bioéthiciennes n'ont de
valeur que consultative et ne lient ni les Etats, ni les personnes ou
organismes impliqués dans la pratique de la PMA. C'est donc dire que ce
sont de simples recommandations ou avis dépourvus de toute force
probante et exécutoire. Elles constituent en de simples protestations et
récriminations en tous genres, fruits d'autorités et de
sommités, plus ou moins, opposées à la PMA. Par suite du
constat de leur inefficience, il n'est admis aucune possibilité de
sanctions ou mesures coercitives pour rendre effectives les décisions
adoptées.
A la suite des remarques apportées par la
bioéthique, d'autres problématiques relativement au cadre de vie
sociétal ont pu être relevées.
SECTION II - LES PROBLEMATIQUES DANS LE CADRE DE VIE
Elles s'articulent autour des appréhensions sociales
qui ont été soulevées par les populations
elles-mêmes (paragraphe 1) et des répercussions environnementales
que la PMA peut entraîner (paragraphe 2).
Paragraphe 1 - Les appréhensions sociales
soulevées
Cette crainte de la PMA est l'essence même des
réflexes conservateurs du grand public (A) et du scepticisme religieux
(B).
A / - Les réflexes conservateurs du grand public
Le grand public s'oppose à tout dénivellement
des normes sociales (1) et manifeste une suspicion légitime dans
l'inconnu du savant démiurge (2).
1 °/ L'opposition au dénivellement des normes
sociales
La population craint des risques de déperdition du
socle socioculturel (a) et une rupture de l'équilibre familial (b).
a / Les risques de déperdition du socle
socioculturel
Cette déperdition passerait par une
déstructuration des valeurs ancestrales africaines, voire
sénégalaises, préétablies qui servent de
repères au groupe social et qui ont été posées
à la suite d'un accord de vie commune que nous ont légué
les précurseurs de nos peuples actuels. C'est dire donc que la PMA est,
à maints égards, une violation du contrat social.
Dans le même ordre d'idées, la PMA serait lourde
de menaces sur les interdits sociaux qui assuraient l'ordre et la
stabilité sociale. Elle remettrait, à coups sûrs, les
tabous et les coutumes au rang de pièces d'antiquaire.
Ce qui aurait pour incidence majeure, la rupture de
l'équilibre familial.
b / La rupture de l'équilibre
familial
La plupart des individus intéressés ressentent
comme un malaise moral la pratique de la PMA. Autrement dit, celle-ci est
perçue comme une amoralité caractérisée comme une
atteinte grave à la nature même de la conception humaine. Elle
constitue un acte contre l'origine naturelle de l'être humain, une
violation du déroulement naturel de la création d'une vie
humaine. La PMA apparaît comme une immixtion intolérable dans le
foyer conjugal des époux et est considérée comme un fait
injurieux avec la crainte d'une remise en cause des bases mêmes de la
société et de sa cellule fondamentale, la famille. Pas plus que
les contributions fertilisantes d'un donneur ne sont pas conseillées car
des problèmes psychologiques et émotifs peuvent survenir chez
certains couples. On refuse ainsi toute dislocation de la cellule familiale
naturelle dite biologique. Il vaut mieux encourager le couple à accepter
le fait qu'il n'ait pas d'enfants et à en profiter plutôt
qu'à persévérer dans une voie qui n'est pas la sienne. Les
tenants d'une telle opinion se sont même complus à des
questionnements empiriques et métaphysiques, notamment la question des
bornes entre ce qui relève de l'humanité et ce qui est de
l'animalité. En effet, avec la PMA, on assiste à
l'éclatement des notions classiques de
« père »et de « mère ».
Qu'est-ce qu'un « père » alors ? Une
« mère » ? « Un
enfant » ? Que devient le rôle du lien du sang dans tout
cela ? Qu'est-ce une
« généalogie » ? Une
« descendance » ?
Toute une somme de doutes qui déclenchent une suspicion
légitime dans l'inconnu du savant démiurge.
|