Chapitre I MONOGRAPHIE DU TERRITOIRE DE
KABARE
I.1.SITUATION GEOGRAPHIQUE
Le territoire de Kabare se trouve dans la province du Sud-Kivu en
République Démocratique du Congo. Il est limité :
§ Au nord par le territoire de Kalehe,
§ Au sud par le territoire de walungu,
§ A l'est par le lac Kivu,
§ A l'ouest par le PNKB (Parc National de Kahuzi Biega)
Il est à une altitude de 1500 mètres et soumis
à un climat tropical humide.La pluviométrie y varie entre 1300 mm
et 1800 m par an. (9)
Il s'étend entre 28° de longitude Est, 29° de
longitude ouest et entre 2° de latitude sud. Son relief est dominé
par des montagnes dont les sommets les plus élevés sont :
Kahuzi avec 3300 m et Biega avec 2700 m.
A l'intérieur de cette entité, nous trouvons
également des collines entières qui sont des structures
défavorables à la vie humaine et elles sont inhabitées.
La température moyenne de ce territoire est de
19,5°C.
Le sol de Kabare est par nature volcanique pour la plus grande
partie du territoire.
C'est un sol riche et productif mais suite à la
surexploitation et l'exposition à l'érosion sous toutes ses
formes (hydrique et éolienne), il est devenu l'un des plus pauvres.
Les ONGD et le pouvoir coutumier se sont mobilisés
à protéger ce sol au travers les sensibilisations et les
formations des paysans de Kabare sur la lutte antiérosive,
l'aménagement des pépinières.
I.2. SITUATION HISTORIQUE
L'histoire de Kabare relève de celle de Bushi en
général. Celle-ci nous renseigne que le Bushi est
constituée de deux grands blocs dont Kabare et Ngweshe.Les chefs
coutumiers qui règnent dans ces entités sont des descendants d'un
ancêtre commun NABUSHI (ancien mwami du Bushi). Malgré leur
origine commune, les chefs coutumiers de ces entités (Kabare,Ngweshe)
sont indépendants l'un de l'autre ; Kabare au nord et Ngweshe au
Sud).
Jusqu'au 19e siècle, le mwami Kabare
était reconnu mwami du Bushi. Celui-ci serait parti au royaume de
Bunyoro qui était surpeuplé en ce moment-là avec tous les
biens et a pris le chemin de l'ouest. (10)
(9) BARHALEGEHWA NYALUHAZE : Evolution
démographique et son impact
économique à Irhambi Katana,
Mémoire inédit, ISP/Bukavu, 1997, P. 45
(10) BISHIKWABO C., Essaie sur l'exercice de la politique au
Bushi (1890 - 1940),
mémoire, inédit, UNILU, 1979.
Le professeur BISHIKWABO Cubaka, s'exprimant en matière
des origines de NABUSHI estime que deux hypothèses peuvent être
envisagées :
La première atteste qu'il serait descendu de l'Est du lac
Kivu et une fois au Rwanda, il aurait traversé la rivière Ruzizi
pour venir dans la région du Bushi actuelle.
La deuxième hypothèse prétend qu'il aurait
emprunté la voie de l'ouest du lac Kivu jusqu'au Bushi actuel.
La région que Nabushi et ses sujets ont occupé
était habitée par les autochtones pygmés qué ils
auraient repoussé dans des forêts. Ainsi est née Kabare.
Signalons que les habitants de Kabare sont les Bashi et leur
langue est le mashi que l'on classe que l'on classe dans la catégorie
des langues Bantoues.
Le mot « Bashi » se décompose
linguistiquement en un préfixe « Ba » et en un
radical « Shi ».
L'on connaît la signification des préfixes
« Mu » et « Ba » qui régissent
les formes grammaticales du singulier et du pluriel des substantifs de la
première classe, celle qui désigne les êtres humains. La
signification du radical « Shi » est plus difficile
à préciser. Nous retrouvons cette racine dans les mots
suivants : mi-shi qui signifie « l'eau » ;
Lwi-shi, qui signifie « La rivière » ;
« Kushira », se coucher. Le même radical se rencontre
dans le terme « Ishwa » qui signifie le sol cultivable, le
champ fertile provenant de la conjugaison de l'eau et de la terre. Les deux
principes fondamentaux de la vie que nous retrouvons dans toutes les
philosophies premières qui expliquent la création. La consonance
« Shi » contient l'idée de la force, de la
puissance, de savoir, d'entièreté, de paternité et par un
phénomène de réversibilité du concept de mots
suggérant la sujétion, la soumission, le fait de subir une
autorité ou une peine. Un chef coutumier ou un notable lorsqu'il parle
de leurs sujets diront « Mes bashis ». Il apostrophe un
homme du peuple en appelant « Mushi », un inférieur
ne se permettant pas de s'adresser à un supérieur en employant le
même vocable.
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