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Jean zay, ministre des beaux arts 1936-1939, étude de cas sur sa politique cinématographique

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par Lisa Saboulard
Université de Toulouse II Le Mirail - Master 1 Histoire Contemporaine 2010
  

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3.2.2) La restriction budgétaire

« Il vous était défendu de critiquer la mystique de l'équilibre budgétaire sous peine d'être considéré comme un traitre et accusé de provoquer des catastrophes. Une puissante cohorte veillait jalousement sur le respect de la sainte orthodoxie : au premier rang, se distinguaient la presse et ses chroniqueurs spécialisés, les économistes, les banquiers, les partis conservateurs.

Mais, derrière ces troupes de choc, se dessinait toujours la toute puissante Inspection des Finances »206(*).

Conséquence de l'austérité financière face à la crise des années trente et la crainte de compromettre un équilibre budgétaire fragile, « il était devenu impossible de réaliser la moindre réforme, de faire aboutir la plus petite innovation »207(*). Le « Directeur du Budget, retranché rue de Rivoli dans son Blockhaus de papier, armé de ses additions et de ses statistiques » refuse catégoriquement tout versement de crédit car la situation financière ne le permet malheureusement pas. On comprend toute l'amertume de Jean Zay lorsqu'on se penche sur les budgets des Beaux arts208(*).

Au cours de la III ème République, la part du budget des Beaux arts, par rapport au budget total de la France, passe en de moyenne de 0,64% dans les années vingt à 0,20% en 39, soit 200 millions de francs seulement209(*). Le tableau suivant210(*) illustre l'évolution du budget du sous secrétariat rue de Grenelle.

Cette restriction budgétaire reflète de nouveaux rapports de forces politiques qui s'instaurent, sous le mandat de Jean Zay, entre son ministère et le parlement, ce que dénonce Georges Huisman dans son rapport de décembre 1937. Selon lui, ces rapports portent atteinte à la séparation stricte des deux pouvoirs telle qu'elle a été jusqu'alors observée. Les empiètements du contrôle parlementaire par le biais du contrôle budgétaire211(*), restreignent l'initiative de la responsabilité ministérielle. La discussion concernant le budget révèle également les différents enjeux idéologiques et politiques qui rentrent en compte. Définissant l'art, la liberté de l'art ou de la protection artistique, les députés s'interrogent sur la nature des rapports entre Etat et individus, entre Etat et société. Le budget des Beaux arts est ainsi l'occasion d'un débat essentiel et central sur la réforme des institutions et de l'Etat.

Selon un rituel aussi ordonné et respecté que le précédent, les partisans du rôle bienfaisant et nécessaire de l'intervention de l'Etat dans le développement du sentiment, du gout, de l'éducation artistiques et ceux, qui, au contraire, dénoncent les menaces qu'exerce cette intervention sur les libertés individuelles, d'expression et de création, s'affrontent chaque année.212(*) De fait, comment concilier des impératifs aussi divergents que ceux qui régissent la gestion administrative, la rentabilité financière et la productivité créatrice du système des Beaux Arts ? Même si le gouvernement Blum a augmenté quelque peu le budget de cette institution213(*), celui-ci ne suffit pas pour mettre en place toutes les réformes de Jean Zay, en partie un soutien à la production cinématographique en créant un organisme de crédit pour encourager celle ci214(*). Le dénonciateur le plus virulent de cette situation reste le rapporteur du Budget des Beaux Arts, Joanny Berlioz215(*) . Pour celui-ci, « il ne s'agit plus de développer seulement les équipements de formation artistique et culturelle destinés à perfectionner et à encourager individuellement les esprits, selon leur gouts et leur dispositions, conception marquée par l'élitisme aristocratique, mais d'agir sur le système de production, de diffusion et de consommation culturelle, afin d'en étendre l'action enrichissante à l'ensemble de la collectivité »216(*), une conception en adéquation avec les projets, en particulier cinématographique de Jean Zay, mais incompatible avec la conjoncture financière de l'époque.

Enfin, dernier point qui a empêché le ministre de l'Education Nationale et des Beaux Arts de venir à ses fins : l'opposition farouche des professionnels du cinéma

* 206 Jean Zay, Souvenirs et solitude, p 41.

* 207 Ibid p 41.

* 208 Voir à ce sujet la thèse de Genet-Delacroix M-C, Arts et État sous la IIIe République : le système des beaux-arts : 1870-1940, Publications de la Sorbonne, Paris, 1992.

* 209 A titre de comparaison, celui des Affaires étrangères est de 325 millions, celui de l'Agriculture un demi milliard alors que celui de l'Instruction publique dépasse les 3 milliards.

* 210 Tiré de Genet-Delacroix M-C, ibid. p 260.

* 211 Tiré de Genet-Delacroix M-C, op. cit.., p 103.

* 212Ibid p 282.

* 213 L'effort est particulièrement pour certains domaines comme le théatre, seule projet de réforme de Jean Zay qui a été mené à bout: la dotation budgétaire passe en 1933 de 9,5% du budget total à 14,8% en 1936 et 26,6% en 1937.

* 214 Comme le conseillait Maurice Petsche dans son rapport.

* 215 Pour la première fois sous la IIIe République, un député communiste accède à ce poste.

* 216 Ibid, p 315.

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