Jean zay, ministre des beaux arts 1936-1939, étude de cas sur sa politique cinématographique( Télécharger le fichier original )par Lisa Saboulard Université de Toulouse II Le Mirail - Master 1 Histoire Contemporaine 2010 |
3) Un milieu réforméOutre les mesures secondaires évoquées plus haut, l'action principale de Jean Zay envers le domaine cinématographique se révèle dans son projet de réforme et de statut, surnommé tout simplement « Projet Zay ». Mais comment celui-ci a-t-il été créé ? Quels sont ses objectifs principaux et en quoi, pour certains, est-il une réforme « révolutionnaire » (dixit Pascal Ory) ? Nous verrons également les raisons de l'échec de cet ultime projet - déposé devant la chambre parlementaire en mars 1939 - et des autres mesures, avant que certaines idées de Jean Zay resurgissent et soient utilisées paradoxalement sous le régime de Vichy. 3.1) Le Statut Zay« Notre projet de statut entendait épauler l'effort de l'industrie cinématographique française, en en respectant la liberté, mais en y apportant l'ordre et l'harmonie que chacun réclamait. Il éliminait les éléments douteux et garantissait la moralité des studios et des conseils d'administration en créant la carte professionnelle. Il comportait l'organisation du crédit par l'instauration d'un institut bancaire spécial, doté des fonds nécessaires, contrôlé par l'État, et qui eût mis fin à de mauvaises moeurs financières. Il définissait l'auteur du film. Il établissait la perception dans les salles. Par la suppression du « double programme », c'est-à-dire des deux grands films au même spectacle, il permettait la résurrection des films de court métrage, documentaires, bandes scientifiques, auxquels le gout français excellait. »189(*) Tels sont les souvenirs de Jean Zay, « du fond de ma retraite »190(*) comme il le dira lui-même, à savoir de la prison de Riom où il fut emprisonné durant la guerre. Souvenirs écrits sans archives sous la main, ce qui joue considérablement des tours à sa mémoire. De son projet, il ne retiendra en effet que cinq stipulations, dont deux seulement sont exactes stricto sensu : la création de la carte professionnelle et la définition de l'auteur du film, preuve s'il en est de l'importance qu'il accorde au titre VII191(*) (« des auteurs des films »). Mais il parle par ailleurs de l'institution de la « perception dans les salles », là où il n'y eut finalement qu'un simple contrôle du « double programme ». Il expose également la création d'une « organisation du crédit par l'instauration d'un institut » bancaire spécial, doté des fonds nécessaires, contrôlé par l'Etat. En d'autres termes, le ministre reconstitue son projet de 1939, depuis sa prison, aux couleurs d'une version plus radicale, plus Front populaire, où il faut sans doute voir dans la forme, sur le fond de son voeu intime, l'essentiel du projet. Conformément à la philosophie politique du Rassemblement populaire, l'Etat régulateur clarifiait et démocratisait, en un mot « moralisait », mais ne se substituait ni aux propriétaires, ni aux employés, en adéquation avec les attentes de la profession192(*). * 189 Jean Zay, Souvenirs et solitude, p 204 * 190 Ibid. p 203. * 191 Voir le projet en détail en annexe * 192 Voir en pièce jointe un article de la Cinématographie Française précisant les demandes de la profession envers le statut. |
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