La crise monétaire et financière et la crise
économique qui découlent de la crise bancaire sont de nature
conjoncturelle, elles passeront. Par contre le problème de fond qu'elles
posent est d'ordre structurel. Si l'on désire éviter qu'elles ne
réapparaissent rapidement, il va falloir changer les règles de
fonctionnement du système bancaire. Elles devront permettre un meilleur
contrôle des prises de risque par les banques. Cela ne va pas être
simple non plus, car il s'agit de limiter les excès de la recherche du
profit, laquelle recherche de profit constitue le socle du capitalisme.
Dans ce système capitaliste donc, la modération de
la soif du profit est un problème permanent. Pour que ce système
fonctionne sans crise majeure des règles publiques contraignantes
doivent être mises en place, la seule autorégulation des
marchés a montré ses limites.
Le risque peut se définir comme un danger éventuel
plus ou moins prévisible. La caractéristique propre du risque est
donc l'incertitude temporelle d'un évènement ayant une certaine
probabilité de survenir et de mettre en difficulté la banque. Le
risque inhérent au secteur bancaire se distingue par sa
multiplicité et par son caractère multidimensionnel ne pouvant
être mesuré par un seul indicateur.
SECTION 1 : Les risques dans la banque
conventionnelle
L'étude du risque ou de sa gestion plus
précisément ne date pas d'aujourd'hui et de la crise que l'on
traverse. Elle a débuté dans la deuxième moitié du
vingtième siècle.
L'article séminal de Markowitz(1959) a montré que
la sélection d'un portefeuille était un problème de
maximisation des gains (anticipés) et des minimisations des risques.
Ainsi le problème de l'investisseur est de trouver un équilibre
optimal entre gains et rapport aux risques. Son analyse a montré les
composantes systématiques31 et non
systémiques32 des risques. À sa suite de nombreuses
méthodes et techniques ont vu le jour : le Modèle
d'Évaluation des Actifs Financiers(MEDAF)33, le modèle
de risque à facteur unique34, le modèle de facteurs
multiples35, la méthode de la valeur de marché sous
risques ou la VaR (Value At Risk), le RAROC (Risk Ajusted Return On Capital)...
Autant de mécanismes qui ont tous pour but une meilleure
prévisibilité des risques afin de les éviter ou de mieux
les gérer lorsqu'elles sont incontournables.
C'est tout de même l'industrie des services financiers qui
est pionnière en matière de gestion des risques car elle est
particulièrement sensible à ce qui peut arriver à ses
avoirs en numéraire. Beaucoup de banques se sont concentrées ces
dernières années sur le développement de
méthodologies pointues de gestion des risques et ont prolongé
leur réflexion au-delà du thème classique du risque de
crédit en abordant d'autres thèmes, comme les risques de
marché ou les risques opérationnels. En fait, actuellement, les
experts considèrent que les trois plus grands risques pour les
sociétés financières sont le risque de marché
(paragraphe I), le risque de crédit (paragraphe II) et le risque
opérationnel (paragraphe III).
31 Celles qui reposent totalement sur
l'investisseur
32 Celles qui peuvent être
atténuées par la diversification des avoirs
33 Appelé aussi Capital Asset Princing
Model(CAPM) en anglais (1964)
34 Aussi appelé Single- Factor Models of Risks
en anglais
35 Multiple Factor model
Paragraphe I Le risque de marché (risque
de taux, risque de change, risque de position)
Le risque de marché constitue un corollaire
incontournable aux activités bancaires en général car les
matériaux dans ce domaine (les titres, la monnaie) ont ceci de
particulier que rien n'est fixe. Tout change, tout évolue. Les banques,
du fait de leurs activités subissent ce qu'on appelle les impasses de
maturité36.
Le risque de marché37 intéresse les
activités de négociation sur les marchés de capitaux face
à une variation des prix de marché. Il intègre de ce fait
plusieurs autres risques corollaires notamment le risque de taux
d'intérêt qui est défini comme l'éventualité
pour un établissement de crédit de voir sa rentabilité
affectée par l'évolution des taux d'intérêts. C'est
aussi le taux d'un actif financier dont la variation du prix ou de la
valorisation de cet actif résulte d'une variation des taux
d'intérêt. Le risque de taux de change est lié à
la possession par la banque d'actifs ou de contrats en monnaie
étrangère et résulte des variations des cours des devises(
avec la possibilité d'une évolution défavorable des
marchés financiers ex : hausse des taux
d'intérêts, variation d'une parité de change,
augmentation du prix de la liquidité).
Dans l'économie moderne, ce risque est
généralement mesuré en fonction d'une donnée
statistique dite volatilité du marché, laquelle ne peut
toutefois totalement traduire toutes les incertitudes propres aux
marchés et encore moins à l'économie en
général. Ainsi pour un actif donné (titre), il est
appelé aussi risque systématique, en tant que risque
greffé à la volatilité de l'ensemble du marché. Le
risque de marché est exprimé par une prime de risque pour
le marché en général et/ou par le coefficient
bêta pour l'évolution des cours d'un actif en particulier par
rapport au marché.
Ce risque peut dans une certaine mesure être réduit
voir exclu lorsque par anticipation, l'on diversifie le portefeuille. Ainsi
lorsqu'on dispose de plusieurs titres on se met à l'abri des tendances
oscillatoires du marché car généralement les fluctuations
du marché entrainent la hausse du prix d'un produit par rapport à
un autre et non de tous les produits simultanément.