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Crise financière mondiale et banques islamiques

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par Yacouba Sibi
Université de Nouakchott - Maitrise Droit privé, Option Droit des Affaires  2010
  

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Chapitre 4 La gestion des risque dans la banque conventionnelle

La crise monétaire et financière et la crise économique qui découlent de la crise bancaire sont de nature conjoncturelle, elles passeront. Par contre le problème de fond qu'elles posent est d'ordre structurel. Si l'on désire éviter qu'elles ne réapparaissent rapidement, il va falloir changer les règles de fonctionnement du système bancaire. Elles devront permettre un meilleur contrôle des prises de risque par les banques. Cela ne va pas être simple non plus, car il s'agit de limiter les excès de la recherche du profit, laquelle recherche de profit constitue le socle du capitalisme.

Dans ce système capitaliste donc, la modération de la soif du profit est un problème permanent. Pour que ce système fonctionne sans crise majeure des règles publiques contraignantes doivent être mises en place, la seule autorégulation des marchés a montré ses limites.

Le risque peut se définir comme un danger éventuel plus ou moins prévisible. La caractéristique propre du risque est donc l'incertitude temporelle d'un évènement ayant une certaine probabilité de survenir et de mettre en difficulté la banque. Le risque inhérent au secteur bancaire se distingue par sa multiplicité et par son caractère multidimensionnel ne pouvant être mesuré par un seul indicateur.

SECTION 1 : Les risques dans la banque conventionnelle

L'étude du risque ou de sa gestion plus précisément ne date pas d'aujourd'hui et de la crise que l'on traverse. Elle a débuté dans la deuxième moitié du vingtième siècle.

L'article séminal de Markowitz(1959) a montré que la sélection d'un portefeuille était un problème de maximisation des gains (anticipés) et des minimisations des risques. Ainsi le problème de l'investisseur est de trouver un équilibre optimal entre gains et rapport aux risques. Son analyse a montré les composantes systématiques31 et non systémiques32 des risques. À sa suite de nombreuses méthodes et techniques ont vu le jour : le Modèle d'Évaluation des Actifs Financiers(MEDAF)33, le modèle de risque à facteur unique34, le modèle de facteurs multiples35, la méthode de la valeur de marché sous risques ou la VaR (Value At Risk), le RAROC (Risk Ajusted Return On Capital)... Autant de mécanismes qui ont tous pour but une meilleure prévisibilité des risques afin de les éviter ou de mieux les gérer lorsqu'elles sont incontournables.

C'est tout de même l'industrie des services financiers qui est pionnière en matière de gestion des risques car elle est particulièrement sensible à ce qui peut arriver à ses avoirs en numéraire. Beaucoup de banques se sont concentrées ces dernières années sur le développement de méthodologies pointues de gestion des risques et ont prolongé leur réflexion au-delà du thème classique du risque de crédit en abordant d'autres thèmes, comme les risques de marché ou les risques opérationnels. En fait, actuellement, les experts considèrent que les trois plus grands risques pour les sociétés financières sont le risque de marché (paragraphe I), le risque de crédit (paragraphe II) et le risque opérationnel (paragraphe III).

31 Celles qui reposent totalement sur l'investisseur

32 Celles qui peuvent être atténuées par la diversification des avoirs

33 Appelé aussi Capital Asset Princing Model(CAPM) en anglais (1964)

34 Aussi appelé Single- Factor Models of Risks en anglais

35 Multiple Factor model

Paragraphe I Le risque de marché (risque de taux, risque de change, risque de position)

Le risque de marché constitue un corollaire incontournable aux activités bancaires en général car les matériaux dans ce domaine (les titres, la monnaie) ont ceci de particulier que rien n'est fixe. Tout change, tout évolue. Les banques, du fait de leurs activités subissent ce qu'on appelle les impasses de maturité36.

Le risque de marché37 intéresse les activités de négociation sur les marchés de capitaux face à une variation des prix de marché. Il intègre de ce fait plusieurs autres risques corollaires notamment le risque de taux d'intérêt qui est défini comme l'éventualité pour un établissement de crédit de voir sa rentabilité affectée par l'évolution des taux d'intérêts. C'est aussi le taux d'un actif financier dont la variation du prix ou de la valorisation de cet actif résulte d'une variation des taux d'intérêt. Le risque de taux de change est lié à la possession par la banque d'actifs ou de contrats en monnaie étrangère et résulte des variations des cours des devises( avec la possibilité d'une évolution défavorable des marchés financiers ex : hausse des taux d'intérêts, variation d'une parité de change, augmentation du prix de la liquidité).

Dans l'économie moderne, ce risque est généralement mesuré en fonction d'une donnée statistique dite volatilité du marché, laquelle ne peut toutefois totalement traduire toutes les incertitudes propres aux marchés et encore moins à l'économie en général. Ainsi pour un actif donné (titre), il est appelé aussi risque systématique, en tant que risque greffé à la volatilité de l'ensemble du marché. Le risque de marché est exprimé par une prime de risque pour le marché en général et/ou par le coefficient bêta pour l'évolution des cours d'un actif en particulier par rapport au marché.

Ce risque peut dans une certaine mesure être réduit voir exclu lorsque par anticipation, l'on diversifie le portefeuille. Ainsi lorsqu'on dispose de plusieurs titres on se met à l'abri des tendances oscillatoires du marché car généralement les fluctuations du marché entrainent la hausse du prix d'un produit par rapport à un autre et non de tous les produits simultanément.

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