Crise financière mondiale et banques islamiques( Télécharger le fichier original )par Yacouba Sibi Université de Nouakchott - Maitrise Droit privé, Option Droit des Affaires 2010 |
Paragraphe II Du point de vue socio-économiqueLe choix de l'analyse combinée de ces deux éléments se justifie par le contexte de la création de la banque islamique. Comme son nom l'indique d'ailleurs, la banque islamique a vu le jour dans un environnement social musulman. Elle est née de la volonté de proposer aux musulmans des produits bancaire conformes à leur société, à leur religion. De ce fait les vingt première années d'existence de la finance bancaire islamique se sont effectuées dans les pays musulmans. Dans la mesure où ce système venait à être transposé dans tous les pays, le problème qui se poserait serait certainement celui de l'adhésion. Car dans la notion de banques islamique, l'adjectif islamique qui fait référence à la religion se butterait à certains esprits trop libres. Non pas qu'il faille être musulman pour y adhérer ou pour bénéficier des services de ces banques, mais parce que le sentiment de peur qu'inspire l'Islam, né de la complexification de la sphère géopolitique entretient et nourrit une telle appréhension. Aussi pourrait-on entrevoir une finance islamique autonome du social dont elle est essentiellement subordonnée ? Cette question mérite une analyse profonde car elle engage fortement les intérêts des grandes banques conventionnelles qui, on le rappelle sont nées dans un système et pour un système d'intérêts, peu importe les moyens pour y parvenir. La crise dont il est question dans cette étude à travers la prise des risques inconsidérée n'en est-elle pas un exemple ? Sous un autre angle, moins plausible, bon nombre de personnes voit en la finance islamique une grande supercherie tendant à aspirer des fonds au nom d'une pseudo-morale financière et bancaire. Ils y voient en outre le bras séculier des organisations islamistes, qui trouvent là le moyen de blanchir leur argent issu de pratiques hautement contraires à l'islam qu'ils prétendent défendre, et fructifient ainsi leurs biens afin de maintenir et de permettre à leur organisations de survivre dans un contexte contemporain difficile. Paragraphe III Le contexte juridique« Ubi Jus Ubi Societas » : partout où il y a Droit, il y a la société et partout où il y a société il y a Droit. C'est dire que toute société sans le Droit n'est pas envisageable. De même que toute activité humaine est encadrée par des règles, l'activité bancaire islamique ne saurait exister sans une législation qui envisagerait son création (pour un État qu'il intègre) et son existence (pour un État dans lequel il existe déjà). Alors que les règles afférentes au commerce, à l'économie, à la finance et aux banques sont prévues pour le système conventionnel. Parler de légiférer, c'est parler de techniciens du droit, de spécialistes dans le domaine l'on souhaite créer une loi, encore qu'il faille rappeler que ce n'est pas le juriste qui fait la Loi (voir Introduction à l'étude du droit, processus d'élaboration de la Loi). Mais l'apport des juristes qui l'appliquent et le font respecter (juges, avocats, huissier...) n'est pas moins négligeable. Il faut donc des acteurs formés et compétents dans le domaine de la finance islamique. C'est ce qui explique l'ouverture de filières spécialisées dans le domaine de la finance islamique, dans les plus grandes universités 90et offerts par de nombreux cabinets d'expertise à travers le monde. Paragraphe IV De la détermination politique Le contexte politique a ceci de particulier qu'il pose plus de problèmes que toutes les autres sphères réunies. En effet, tout, dans le monde d'aujourd'hui doit avoir comme préalable une base politique. Seule une volonté politique déterminée peut permettre à un projet de voir le jour, en dépit de quelque problème, de quelque nature que ce soit. Dès lors pour ce qui est de la banque islamique comme modèle et alternative, il convient simplement de se demander s'il existe une volonté politique déterminée ? Autrement dit, n'existe-til pas de blocages politiques ? Cette problématique se pose à un niveau international, voir mondial. Car la question de la crise économique a un caractère mondial. Subséquemment le problème de l'échec du système, plus particulièrement celui des banques, comme nous l'avons vu tout au long de notre étude, a aussi un caractère mondial. D'emblée, il convient de dire qu'il n'apparait nulle part, dans quelque écrit que ce soit, dans quelque déclaration que ce soit, une volonté affichée et affirmée de changer radicalement le système actuel. Si volonté de changement il y a, c'est plutôt celle d'un changement mélioratif, dans le sens, au vu des erreurs et de la crise, de parfaire le système dans lequel la confiance demeure. À certains moments l'on est allé au-delà de l'échec du système pour étendre le problème à toute la civilisation capitalisme et à son ensemble de valeur. Dans cet élan on a estimé que la crise actuelle résultait des perturbations financières qui accompagnent tout le cycle d'innovation, participant ainsi du déséquilibre d'un développement économique fondamentalement insoutenable. Mais les valeurs adjacentes du capitalisme ont vite fait de reprendre le dessus : la propriété privée, la recherche effrénée de profit et surtout la liberté dans un tel système. Aussi a-t-il une légitimité historique qui empêche d'y porter des critiques objectives. Cela dit, analysons la question de la volonté politique, non plus en termes de changement, mais désormais en termes de volonté de cohabitation, en termes de développement parallèle de ce système, au plan régional. Afrique-Asie-Europe-l `Amérique 90 Paris-Dauphine, École de Management de Strasbourg, École de Management ESCA de Montpellier, Securities and Investment Institute London, etc . Crise Financière Mondiale et Banques Islamiques psibiyacouba@yahoo.fr L'Afrique La prise de conscience en Afrique du caractère porteur du système bancaire est relativement récente. En effet bien que dans des pays comme l'Algérie et l'Égypte, il existe depuis une trentaine d'année quelques banques islamiques, le politique ne s'y est que récemment intéressé. En Afrique du Nord, au Maroc les banques islamiques peines à se développer, en Mauritanie, elles sont très peu développées. En janvier 2010 la CEDEAO à plancher sur la question, et des pays comme le Sénégal y favorise la création de ce genre d'instituions. Le soudan dans l'Afrique sub-saharienne est le marché phare avec 22 banques islamiques et près de $10milliards d'actifs conformes à la Shari'a. Le politique a longtemps ouvert les portes du pays et envisagé une réglementation conséquente. L'Afrique australe est moins pragmatique. L'Afrique du Sud et le Kenya s'intéressent au phénomène avec peu de banques dites communautaires. En dépit de cela, l'Afrique ne représente que 8% de part marché dans la finance islamique mondiale avec 412 millions de musulmans et 37 banques islamiques gérant environ $18 milliards.
C'est précisément dans l'Asie musulmane que la volonté politique rime avec le développement du système. La Malaisie est au coeur du processus de croissance dans la région car les autorités y ont inauguré un canevas réglementaire spécifique aux banques avec des objectifs spécifiques. 15 banques islamiques y sont actives. Le second acteur est Singapour dans l'Asie du sud-est avec la Bank of Asia, dont les fonds propres au lancement s'élevaient à $418 millions. L'Indonésie aussi se présente comme un marché potentiel mais peu dynamique et la Chine s'y intéresse aussi. L'Europe Fait fort paradoxal mais relativement compréhensible, l'Europe est une des régions la plus politiquement déterminée à introduire le concept de banque islamique, et par-delà le vaste marché des sukuks, malgré le taux inférieur de musulmans y vivant par rapport aux autres régions. Mais cela s'explique essentiellement par son intéressement certain, lequel intéressement malgré tout, ne peut se réaliser en dehors du cadre établit par cette finance, et respecter les principes qui la déterminent. Ainsi l'Europe représente $20milliards d'actifs islamiques. La Grande-Bretagne est le leader avec une législation islamique existante depuis 2003. L'Allemagne aussi s'intéresse mais moins que la France qui elle aussi depuis quelques années se distinguent par les nombreux appels de spécialistes du système bancaires et aussi des politiques français qui appellent à l'ouverture du marché. Mais pour les raisons socio-économiques développées plus haut, l'activité effective de ces banques tardent malgré son statut particulier (les musulmans de France constituent la plus grande communauté islamique d'Europe).
Elle s'y intéresse moins, certainement par ce qu'elle n'a pas finis de panser les plaies de crise et l'éventualité d'une telle ouverture de leurs marchés leur semblent risqué. À prendre aussi en considération la sensible nature des relations du continent(Nord) avec toute activité à caractère islamique depuis les attentats du 11 septembre 2001. Toutefois le Canada a quelques mécanismes prévus pour les opérations de nature islamiques et le l'Amérique du Sud ne présente pas d'intérêt manifeste pour le système. |
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