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Conception et calcul des structures en verre

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par Mathieu Studer
Université Libre de Bruxelles - Licencié en Ingénieur civil architecte 2008
  

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5.3 Elément comprimé

Les éléments comprimés occupent une place importante dans le domaine de la construction car ils transmettent l'ensemble des charges gravitaires jusqu'aux fondations. Les efforts transmis sont généralement dans l'axe de la colonne sauf dans les treillis. Dans certains cas, il se peut que l'effort de compression soit couplé avec un moment de flexion significatif, l'élément de structure est considéré comme comprimé fléchi.

Dans la classification MCC, les colonnes se rangent dans la classe 2, 3 ou 4 en fonction de l'accessibilité. Le remplacement de ce type d'élément est donc permis cependant, même fissurés ces éléments doivent pouvoir reprendre un certaine quantité de charge.

L'ensemble des éléments comprimés peut être victime d'une instabilité. Ce phénomène est appelé flambement. L'élément a alors tendance à fléchir dans la direction perpendiculaire à la charge.

5.3.1 Design

Il est intéressant de réfléchir aux différents types de sections possibles pour les structures en verre sollicitées en compression. Contrairement à l'acier où ils existent des moules de différentes formes ou au béton où l'on peut réaliser presque n'importe quelle forme de coffrage, les structures en verre doivent être issues d'une composition de feuilles de verre. De ce fait, plusieurs contraintes existent et limitent l'utilisation de certains types de profile. Après réflexion, deux types de profile sortent du lot dans le cas de structure soumise à une compression, celle de forme circulaire et celle en forme de croix.

L'ensemble des profils creux n'est pas propice à l'utilisation du verre car ceux-ci doivent être construit sous vide et fermer de manière hermétique afin de prévenir toutes infiltrations qui pourraient salir l'intérieur de la structure. Une fois le tube fermé, il n'est plus possible d'y accéder afin de l'entretenir. Cependant, des expériences ont déjà été réalisées sur des profils circulaires creux.

De part la nature de la sollicitation et les risques de flambement, il est plus intéressant d'avoir une structure doublement symétrique afin d'optimiser l'utilisation de matière. De cette manière on possède la même raideur (inertie) dans les deux sens. Ceci est particulièrement intéressant s'il le type d'appui est le même dans tous les orientations.

Enfin, l'assemblage de deux feuilles de verre perpendiculaires se fait à l'aide de colles qui sont des points faibles de ce type des profilés. Il semble donc utile et préférable de limiter leurs utilisations au minimum.

5.3.1.1 La section circulaire

Même si les sections circulaires sont des profils creux et que leur utilisation ne me semble pas être la plus appropriée dans le cas de matériau transparent. Ils existent certains exemples de réalisation et des recherches ont été effectuées sur ce type de section. Il est vrai que la section circulaire est la plus efficace dans le cas d'un effort de compression car elle dispose d'une plus grande inertie pour une même quantité de matière. L'inertie intervenant dans la résistance au flambement est donc importante. Dans le tube, la matière est concentrée là où la section en a le plus besoin, c'est-à-dire loin du centre de gravité.

Il est possible d'augmenter l'épaisseur de la section circulaire. Il suffit de prendre deux tubes de verre de diamètres différents et de compléter le vide entre les deux par de la résine. La résine se solidifie grâce aux ultraviolets. On obtient ainsi une colonne en verre feuilleté. Ces intercalaires possèdent une faible rigidité et des faibles caractéristiques de sécurité et d'habitude, ils ne sont pas utilisés à des fins structurelles. Cependant, dans ce cas-ci et à cause de la manière de procédé, il est impossible d'utiliser une feuille plastique afin d'obtenir un verre feuilleté.

Figure 5.3 1 Section d'une colonne feuilletée [56]

5.3.1.2. La section cruciforme

Cette section est obtenue en prenant une feuille ou plusieurs feuille de verre qui possèdent la longueur voulue. Après cela on vient coller au milieu de ce premier élément, une ou des autres feuilles de verre à 90° et cela de chaque coté afin d'obtenir une croix.

Cette forme de section permet de limiter à deux le nombre de joint de colle nécessaire. De plus, sa double symétrie permet de s'affranchir d'une vérification supplémentaire et les questions d'entretiens qui se posent dans le cas de structures creuses ne se posent pas.

L'inertie d'une telle forme est intéressante même si elle n'est pas optimale comme dans le cas d'un cylindre. Une partie de la matière de la section se retrouve vite éloignée du centre de la section.

L'inconvénient de ce type de section est la présence de joint de colle supplémentaire qui sont obligatoire la réalisation de cette section. L'utilisation de ce liant crée un matériau non homogène. La rupture et l'instabilité de ce genre de section n'a pas encore été étudiée en profondeur ni les risques de flambements locaux (le risque qu'une des parties collées ne flambe d'abord au lieu que l'ensemble de la section ne subisse l'instabilité).

Figure 5.3. 2 Section transversale en croix

5.3.2 Etat limite ultime

D'après l'extrait repris au point 5.1.1, le calcul aux états-limites ultimes d'une section en verre soumise à une compression doit comprendre deux vérifications. La première est la résistance de la section transversale et la deuxième est la résistance au flambement.

5.3.2.1 Résistance des sections transversales

Dans le cas d'une section soumise à une compression pure, sans tenir compte des instabilités, la formule pour déterminer la charge maximale que peut reprendre une feuille de verre est la suivante :

Nc , rd = fg , c , d . A (5.4)

Nc , rd = Valeur de l'effort normal

fg , c , d = Résistance de calcul en compression A = Aire de la section

Dans le cas du verre laminé composé de n feuilles de verre, la formule devient :

Nc , rd = fg , c , d . Aeff (5.5)

Nc , rd ; fg , c , d ont déjà été expliqués

Aeff = Aire effective, aire qui participe à la résistance

Le verre feuilleté est un mélange entre des feuilles de verre et un film plastic adhésif. Ce film comme tous les éléments possède une épaisseur, il est préférable de négliger cette quantité de matière car cette approximation nous met du côté de la sécurité. L'aire totale d'un verre feuilleté est donc l'aire de chacune des feuilles de verre.

A = ? A (5.6)

eff i

i

Ai = Aire de la feuille de verre i

5.3.2.2 Résistance au flambement et résistance à la traction transversale

Le flambement est un phénomène d'instabilité qui existe lorsqu'un élément est soumis à un
effort de compression. Sous un effort axial, l'élément se met à fléchir dans la direction

perpendiculaire à celle de la charge, ceci explique sa dénomination complète «flambement par flexion ». Ce phénomène apparaît avant la ruine du matériau, il est donc important de déterminer la charge critique maximale par rapport à ce phénomène.

La détermination de la résistance au flambement d'une structure soumise à un effort de compression fait partie de la vérification aux états-limites ultimes d'une structure. Dans le cas du verre, les formules du flambement eulérien ne comprennent pas seulement un terme en compression mais également un moment dû à l'excentricité des efforts. Les parties sollicitées en traction sont les parties dimensionnantes de la structure. En pratique, la réalisation d'assemblage permettant une transmission des efforts par compression pure est totalement illusoire. Cependant, cette formule est bien celle que l'on utilise en général pour avoir une idée de la valeur maximale de la charge critique. On se permet de négliger les efforts du second ordre car les autres matériaux peuvent plastifier et ainsi limiter voir empêcher la propagation des fissures. Dans le cas du verre, le phénomène de propagation sous-critique (voir chapitre 3) amène à la ruine même sous chargement constant car c'est un matériau fragile. De plus, on sait également qu'il existe certaines tolérances vis-à-vis de la construction d'une feuille de verre. Les feuilles de verre trempé possèdent toujours une légère flèche qui contribue à augmenter l'effet de second ordre existant.

Dans le cas du verre, la formulation de la charge critique d'Euler donne une valeur maximale de la charge admissible. La loi d'Euler se base sur deux hypothèses :

- utilisation d'un matériau parfaitement élastique

- On admet qu'il n'y a aucune tension ne dépassant la limite proportionnelle

Pour une feuille de verre simple, la première hypothèse est vérifiée mais la deuxième n'est jamais vérifiée, peu importe le matériau. La formule d'Euler est valable pour un matériau possédant une résistance infini. L'instabilité interviendrait de manière instantanée. La réalité est différente, lors d'un essai en compression, la charge augmente petit à petit et l'on peut voir une flexion apparaître dans l'élément. Quand la charge critique est presque atteinte, il y a une bifurcation soudaine de l'élément.

Dans le cas d'une feuille de verre simple et grâce à son caractère élastique, la charge critique d'Euler donne une valeur satisfaisante pour la charge critique de flambement sans pour autant prendre des coefficients de réduction.

2

EI

N

cr , e 2

L k

(5.7)

E = Module de Young

I = Inertie de la section

Lk = Longueur caractéristique

La formule a été établie pour des éléments comprimés bi articulés. Cependant, il est possible de fixer les colonnes de plusieurs manières différentes. Il est donc important de connaître les longueurs de flambement dans ces autres cas. Il existe des abaques avec différents types d'appuis et la longueur de flambement relative, la figure 5.3.3 reprend la valeur de la longueur de flambement de différents cas simples.

La détermination de la charge critique d'Euler n'est pas suffisante dans le cas d'une structure en verre. Un élément n'est jamais en compression parfaite, il y a toujours des excentricités des charges. Ces excentricités induisent des efforts de second ordre et des zones en traction peuvent apparaître qui sont déterminantes.

Figure 5.3. 3 : Valeurs de la longueur caractéristique de flambement dans différents cas [35]

Le dimensionnement des structures en verre soumises à un effort de compression peut se faire selon deux principes :

- par un calcul au deuxième ordre (résistance à la traction transversale) - par la détermination de la résistance au flambement

Voici donc les formules préconisées pour la vérification de la contrainte [49] pour le calcul au état limite ultime en compression.

Dans le cas d'une feuille de verre simple Dimensionnement par un calcul au deuxième ordre :

N N ? e w ?

ó = #177;

0

? + ? = f (5.8)

g t d

, ,

A W ? cos / 2 /

L N EI 1 / ,

- N N

? k cr e ? ?

A = Aire de la section

W = Module de section élastique e = excentricité

w0 = flèche initiale

Ncr , e = charge critique d'Euler

La valeur de la flèche initiale w0 est donnée dans le chapitre 3, l'usage conseillerait de

prendre la valeur de tolérance de construction la plus grande de la flèche globale dans le cas du verre trempé thermiquement et horizontalement.

L'excentricité dépend de plusieurs paramètres tels que le type d'assemblage, le type d'appui ou bien encore la position de l'élément au sein de la structure. On ne peut pas généraliser la valeur e. C'est l'ingénieur qui doit déterminer cette valeur en fonction de la condition de fixation des extrémités de la colonne. Comme il n'y a pas des détails types elle peut être différente pour chaque application.

Dimensionnement par l'utilisation d'un coefficient de réduction :

D'après la référence [49], le coefficient de réduction ne peut pas être déterminé à partir des courbes de flambement. L'auteur propose une autre méthode pour la détermination de la résistance de calcul au flambement en se basant sur l'utilisation d'un coefficient de réduction.

Nrd , b = ÷b . A . fg , t ,d (5.9)

Nrd , f = La résistance de calcul au flambement ÷b = Coefficient de réduction

A = Aire de la section

fg ; t , d = Résistance de calcul de traction d'une feuille de verre

La valeur du coefficient de réduction est obtenue à partir du graphe (voir Figure 5.3.4) et de l'élancement réduit ë

fg , t , d

ók

ë

(5.10)

ók = Contrainte dans la section pour une charge en compression d'Euler

Dans la formule du flambement, il peut paraître étonnant de voir apparaître la résistance caractéristique en traction du verre. Comme la résistance en compression est très élevée pour le verre, la capacité portante d'une colonne en verre en compression est toujours limité par la résistance en traction due à la flexion de l'effet du second ordre.

Figure 5.3 2 Courbes pour la détermination du coefficient de réduction en fonction du flambement [49]

( ó p , t = fg ; t , d )

Contrainte maximale en compression pour une feuille de verre

La valeur de contrainte maximale que peut supporter un élément en verre soumis à une charge de compression est la plus petite des valeurs obtenues par les différents procédés de dimensionnement de la charge critique de flambage. Tous les termes de cette formule ont déjà été expliqués précédemment.

ómax,b

? ? N N ? e w ? N ?

0 rd b ?

,

= min ? #177; ? + ? ; ? (5.11)

cos / 2 / 1 /

? ? A W ? L N EI - N N A

? k cr e

, ? ? ? ?

Dans le cas d'un verre feuilleté composé de n feuilles

A cause de la présence de feuilles plastiques dans le verre feuilleté, le comportement mécanique est légèrement différent de celui d'une feuille en verre simple. Le caractère plastique du film adhésif donne au matériau un caractère plastique. Il faut utiliser la théorie élastique des éléments « sandwich » afin de représenter le plus correctement le comportement des verres feuilletés.

ð á ð áâ

2(1 + + 2 ) EI s

N = (5.12)

cr K

, 1 2

+ ð â Lk2

2

=

i

2

i n

=

Lk

G b

PVB

( )2

? z i

i n

=

? (5.13) ;

I

i 2 i

=

I s

t EI

PVB s

i n

=

I b t z

s = ? i i

á =

â =

(5.14) ;

2(5.15)

i = 2

Figure 5.3 3 Verre feuilleté avec 2 intercalaires et 3 intercalaires [49]

b = longueur

z = distance entre le milieu de l'intercalaire et le milieu de la feuille de verre

Une autre approche a été développée qui tend à généraliser le comportement mécanique des éléments soumis à une charge de compression. Dans le cas de verre feuilleté, la section sandwich pourrait être remplacé par une section monolithique avec une épaisseur effective donnée par la formule suivante [49]. « Pour des charges de longue durée comme le poids propre ou pour des températures supérieures à 30°C, la contribution du PVB peut être

négligée. Le comportement visco-élastique peut être simplifié par l'utilisation d'un module de glissement élastique équivalent, ce qui permet un calcul élastique du système. »[23J :

( 1 + +

á ð áâ

2 )

b ( )

1 2

+ ð â

12 I s

3

=

teff

(5.16)

teff = largeur efficace

á , â , Is ,b ont été expliqués au point précédent

L'utilisation de cette valeur efficace permet de se rapporter aux formules relatives à une
seule feuille de verre simple. Il faut juste remplacer la valeur de b par la valeur de teff et de

changer tous les termes où la largeur intervient.

5.3.2.3 Résistance à la torsion flexion de la section cruciforme

De part la géométrie et le mode de fabrication des éléments vitrés, il semble important et indispensable d'appliquer la théorie relative aux parois minces à ces éléments. Il faut donc ajouter cette vérification pour s'assurer du bon dimensionnement de la structure. Les formules proposées ici seront celles relatives à la section cruciforme (voir 5.3.1). C'est la section qui convient le mieux pour ce type de matériau et ce type de sollicitation. La formule de la capacité portante maximale d'une section possédant une double symétrie et soumise au flambement en torsion-flexion est la suivante [33] :

N=
cr K
,

1 ( ð 2 )

EI w

GK +

i L

0 2 k 2

(5.17)

i0 = le rayon de giration de la section par rapport au centre de torsion

K = Inertie de torsion

Iw = Inertie sectorielle principale G = Module de glissement

Dans le cas d'une section cruciforme, le terme Iw = 0, ceci permet donc de supprimer toute

la deuxième partie de la formule.

L'inertie de torsion d'une section ouverte est donnée par la formule suivante :

1

K = ? L e (5.18) 3 i i 3

i

Li = longueur des différents éléments
ei = épaisseur des différents éléments

Le module de glissement est une donnée relative de chaque matériau présent. Dans le cas du verre feuilleté, le comportement visco-élastique peut être simplifié par l'utilisation d'un module de glissement élastique équivalent, ce qui permet un calcul élastique du système.

La rigidité de torsion de Saint-Venant peut donc être calculée de la manière suivante :

GK = ? GK (5.19)

eff i

i

Dans cette formule, i représente l'ensemble des couches présentes indépendamment de la nature de leur matériau (verre et film plastique).

5.3.3 Etat limite de service

Dans le cas de structure en verre soumise à compression, la seule vérification à faire est une vérification de la déformée. Ils n'existent pas d'autres risques ou contraintes concernant l'aspect ou la sécurité des personnes. Le risque de fissuration ne doit pas être pris en compte dans le calcul à l'état limite de service car dès qu'une fissure apparaît, celà mène directement à la ruine.

5.3.3.1 Deformation

Comme pour l'état-limite ultime, les effets du second ordre ont un effet important sur la déformé, il faut donc les prendre en considération.

Concernant la valeur admissible de la flèche, selon la norme belge NBN B 03-003 [50], la flèche la plus contrainte est celle relatif au confort visuel. C'est la valeur de la flèche en sommet de colonne.

h

f = (5.20)

250

h = Hauteur de l'élément

Dans la norme belge, il n'y a pas de dispositions concernant la flèche maximale au milieu de la colonne. Il faudrait donc prendre les mêmes dispositions que pour une poutre :

h

f = (5.21)

300

La formule pour déterminer la flèche au milieu de la colonne si on ne considère qu'une force axiale et tenant compte également des effets du second ordre est :

e

w = +

cos( k / 2 / cr ) 1 / cr

L N N - N N

w0

(5.22)

Cette formule est la même que ce soit une feuille de verre simple ou bien un verre feuilleté. La différence entre les deux se fait au niveau de la détermination de la charge critique Ncr .

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry