CONCLUSION
L'étude du rôle des institutions
financière internationales auprès des pays d'Europe centrale et
orientale depuis la fin du régime soviétique jusqu'à cet
accomplissement qui paraissait difficilement concevable en 1989 et dont nous
venons de rappeler les dernières étapes, à savoir
l'adhésion à l'Union Européenne, a mit en lumière
différents enseignements sur les PECO, sur la transition et sur le
travail des IFI.
Tout d'abord, la naissance de l'assistance occidentale au
début des années 1990 s'est effectuée à la demande
de l'Est elle-même, paradoxalement à travers la personne de
Gorbatchev (suivi de près par les dirigeants des anciens satellites).
Paradoxalement, parce que l'assistance a d'abord tenté de réparer
les méfaits causés par 40 années de domination
soviétique, avant d'accompagner les PECO dans leur volonté
d'adopter un modèle économique libéral et des institutions
politiques démocratiques. Les deux facteurs les plus importants de cette
accompagnement se sont révélés être deux piliers de
chaque société ; l'économie et la place de l'Etat.
Ces deux piliers, qui ont été au centre des préoccupations
des IFI, étaient également les deux sur lesquels Moscou avait
imposé son autorité pendant plus de quarante ans. La
réactivité de l'Ouest ne s'est pas fait
attendre puisqu'avant même la chute du régime
soviétique, elle s'est employée à fournir des aides
économiques et politiques aux PECO. La correspondance entre le travail
des IFI et les besoins des PECO, qui certes fut parfois questionnée, ne
peut être dénigrée totalement. Derrière ces aides,
l'objectif commun des IFI était de construire une économie de
marché solide et poser les bases de la démocratie. Dans la
majorité des PECO, excepté quelques exemples, cet objectif a
été atteint. Un autre enseignement que nous avons tiré de
notre étude est la difficulté d'établir
précisément la valeur ajouté des IFI dans cette
réussite (néanmoins contrastée) des PECO. Ces derniers
s'en seraient-ils tirés sans l'aide des IFI ? Si notre travail a
tenté d'élucider cette question primordiale, aucune
réponse systématique ne peut être apportée, mais
nous sommes tentés de croire que la diversité des aides venant
des IFI (financement, dons, prêts, expertise et conseil, assistance
technique, sans compter les aides indirects) a fortement contribué aux
progrès des PECO.
Afin de dresser un tableau clair et juste des rôles
qu'ont tenu les IFI dans le processus de transition des pays d'Europe centrale
et orientale, il a fallu revenir longuement sur la transition elle-même,
son point de départ et celui d'arrivée (s'il en existe un, ce qui
signifierait la fin de la transition), mais surtout le mouvement
lui-même.
Dans ce mouvement, les IFI ont eu un rôle
prépondérant à jouer, et si les critiques ont
été nombreuses, c'est peut-être seulement parce que les
observateurs attendaient beaucoup de ces organisations multilatérales
que l'opinion a parfois l'habitude de percevoir comme des entités
toutes-puissantes capables de faire et défaire les situations
économiques des « petits » pays. Or, les IFI ne sont
pas au-dessus du contexte international et ne peuvent lutter contre les
dynamiques d'un marché qu'elles régulent, certes, mais ne
contrôlent pas et se doivent de respecter. Dès lors, à leur
entrée dans l'économie de marché, les PECO ont largement
bénéficié des expertises des IFI, ainsi que de leurs
financements, mais ces dernières n'ont effet pas pu leur garantir la
prospérité immédiate qu'ils espéraient.
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