C/ Bilan des actions par IFI et par pays
Trois différents aspects de la relation entre PECO
et IFI vont nous permettre d'établir un modeste bilan du travail des IFI
dans la région ; tout d'abord une révision rapide des
principaux accomplissements des IFI en Pologne, Hongrie et République
Tchèque.
En 2006, la BERD a établit une rapide
évaluation de l'action des IFI en Pologne, Hongrie et République
Tchèque. C'est donc sur cette étude que nous nous appuierons. Il
est nécessaire de souligner en premier lieu que ces PECO ont
été les plus avancés tout au long de la période de
transition, et qu'ils sont aujourd'hui les plus développés de la
région.
D'un point de vue général concernant la
transition, la Pologne a fait de considérables progrès depuis le
début des années 1990. Les indicateurs de transition indiquent
que dans trois catégories - libéralisation des prix et commerce,
libéralisation des échanges et privatisation des PME - la Pologne
avait atteint, en 2005, les standards d'une économie de marché en
bon fonctionnement. Cependant, certains défis restent en suspens dans de
nombreux secteurs différents. Dans le secteur de l'industrie, il est
important d'accroître l'efficacité et de diversifier
l'activité, notamment vers les services et les nouvelles technologies.
Concernant l'agriculture, la modernisation des fermes et le
développement d'entreprises agricoles sont encore à faire
également. Dans le domaine de l'immobilier aussi, il est
nécessaire de rénover de nombreux centres urbains et de
construire des loyers à bas prix afin de lutter contre le logement
insalubre des couches les plus défavorisées. Dans les
télécommunications, même si beaucoup de progrès ont
été faits et que le secteur est entièrement
privatisé, il reste à développer et encourager la
concurrence dans les services de lignes fixes. D'autres réformes doivent
être menées dans le secteur financier et l'accès au capital
également. Penchons-nous maintenant sur le travail particulier à
chaque IFI en Pologne. La BEI, après 15 ans de présence dans le
pays, a pu couvrir un grand nombre de secteurs économiques, des
infrastructures de base aux services en passant par les institutions
financières. Selon la BERD, plus de 11 milliards d'Euros ont
été engagés par la BEI en Pologne à la fin de
l'année 2005 et elle a tenté de mettre en pratique son principal
objectif théorique ; contribuer à la cohésion sociale
et économique de l'Europe. Le FMI, lui, dont la Pologne est membre
depuis 1986, a principalement apporté à la Pologne une assistance
technique dans de nombreux domaines dont la politique monétaire et
fiscal. Par ailleurs, le Fonds a aussi beaucoup travaillé avec le
gouvernement au début de la décennie afin d'établir de
stabiliser la situation macroéconomique. La Pologne fut l'un des membres
fondateur de la Banque Mondiale avant de la quitter en 1950, pour ne la
rejoindre qu'en juin 1986. Depuis la premier prêt de la Banque au pays en
1990, l'engagement de cette dernière a atteint 6 milliards de dollars
américains pour un total de 40 opérations. La Banque a
sensiblement aidé le pays par son assistance technique auprès des
institutions financières, mais aussi comme nous l'avons vu auprès
du gouvernement afin de combattre la corruption.
Au même titre que la Pologne, la Hongrie fait
partie des PECO les plus en avance économiquement. En ce qui concerne
les réformes structurelles, le pays est à la pointe des
économies en transition. Selon le rapport de transition daté de
2005, la Hongrie est le pays les plus avancé parmi les nouveaux entrants
dans l'UE dans 7 catégories (suivi de près par la
République Tchèque et l'Estonie). Dans trois autres
catégories, libéralisation des prix, libéralisation des
échanges et privatisation, la Hongrie a également atteint un
niveau acceptable parmi les économies de marché. Cependant, comme
pour la Pologne, et c'est parfois les mêmes, un certain nombre de
progrès et réformes restent à faire. Concernant les
entreprises, la réorientation vers les services et les nouvelles
technologies est également à prévoir. Concernant les
marchés de capitaux, l'activité est en plein expansion mai le
nombre d'instruments est encore limité. Comparé aux standards de
l'UE, leur nombre est encore très bas. Par ailleurs, le secteur de
l'énergie doit être davantage libéralisé, en
même temps que la recherche et la production d'énergies
renouvelables doivent être encouragées. Malgré tous les
efforts qui ont été faits, et notamment par la BERD et d'autres
IFI, les facilités de transports ont encore besoin d'être
améliorées, en particulier le transport ferroviaire national. Les
IFI ont été très actives en Hongrie. Depuis 1990, la BEI a
financé différents projets à hauteur de 5,5 milliards
d'euros, parmi lesquels des lignes de métro à Budapest, des
centres de traitement des eaux usagées à Budapest
également, des autoroutes ou encore des prêts à des banques
locales. Le FMI qui compte la Hongrie parmi ses membres depuis 1982 a
peut-être été relativement moins actif en Hongrie qu'il n'a
pu l'être en Pologne et en République tchèque. Cependant,
il a là-aussi envoyé des experts afin de garantir une assistance
technique et publier des rapports d'évaluation. C'est aussi depuis 1982
que la Hongrie est membre de la Banque Mondiale, ce qui lui a valut le
financement d'une quarantaine de projets pour un montant de 4 milliards de
dollars américains.
Concernant la République Tchèque, la
situation change quelque peu puisque l'évaluation ne peut compter
qu'à partir de 1993 et la séparation avec la Slovaquie.
Concernant le secteur de l'industrie, d'importants progrès sont
relevés par la BERD avec différentes vagues de privatisations
notamment (Unipetrol, Cesky Telecom, Vitkovice Steel). Cependant, dans ce
même secteur industriel, des progrès restent à faire dans
le climat avec lequel se traitent les affaires (corruption, protection des
droits de propriété). Le secteur de l'immobilier s'est
développé rapidement avec l'émergence de nouveaux types de
propriétés et d'instruments financiers. Dans le domaine agricole,
des efforts sont à prévoir afin de moderniser les installations
même si la privatisation est quasiment terminée. Dans les
transports et télécommunications enfin, la République
Tchèque a accompli d'immenses progrès. Le réseau de
télécommunication est l'un des plus compétitifs de la
région et le réseau ferroviaire est également très
développé. Comme nous l'avons vu au fil de notre étude,
les IFI se sont fortement impliquées dans le pays. Outre l'Union
Européenne, le FMI qui a accueillit la République Tchèque
dès janvier 1993 a fournit de nombreuses missions d'assistance
technique. Si la Banque Mondiale n'a offert aucun prêt au pays depuis
septembre 1993, elle a compensé par un support technique actif dans
différents domaines (lutte contre le blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme, sécurité sociale et système des
retraites). Enfin, la BEI a engagé plus de 5,5 milliards d'Euros depuis
1992, dont 2,9 milliards destinés au secteur public (principalement pour
des projets d'infrastructures).
Ce bilan ne tend pas à l'exhaustivité mais
il présente les principaux domaines d'action des IFI dans les trois pays
qui nous intéressent le plus. Il montre qu'il reste des défis, et
le travail des IFI est encore loin d'être fini dans la région,
mais également que les accomplissements sont réels. Le signe le
plus fort de la réussite des PECO, et donc peut-être des IFI,
reste leur adhésion à l'Union Européenne. Pour finir,
revenons donc rapidement sur les adhésions.
Le 31 mai 1998, les négociations sur
l'adhésion s'ouvraient avec cinq PECO (la Hongrie, la Pologne,
l'Estonie, la République Tchèque, la Slovénie) et Chypre.
Le 13 octobre 1999, la Commission recommandait aux pays membres d'ouvrir les
négociations avec la Roumanie, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie,
la Bulgarie et Malte, et le 13 décembre 2002, au Sommet de Copenhague,
les chefs d'Etats et de gouvernement des Quinze ont entériné
l'avis de la Commission que dix pays répondaient aux conditions requises
pour leur adhésion à l'Union européenne.
Toujours est-il que l'intégration de l'Est se fit le 1er mai
2004, dans l'indifférence quasi-générale de certains pays
occidentaux qui trancha avec la liesse populaire des pays concernés.
Huit ex-pays de l'Est rejoignaient donc l'Union, avec au total 75 millions
d'habitants. Trois ans plus tard, la Bulgarie et la Roumanie allaient les
rejoindre.
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