III/ La place du stagiaire-psychologue
L'une des conditions lors de mon recrutement pour ce stage
était ma présence lors réunions de synthèse. Comme
je l'ai déjà mentionné, celles-ci garantissent la
cohérence du cadre d'intervention du CMP. J'ai pu apprécier la
dimension focale du travail pluridisciplinaire. Ma présence est donc
nécessaire afin que je puisse penser ma propre expérience de
stage en cohérence avec le travail d'équipe qui s'inscrit dans ce
cadre institutionnel. C'est également l'occasion d'être
informée des prises en charge en cours et de m'insérer dans
celles-ci auprès des différents professionnels lorsque c'est
possible. Je dispose ainsi d'une certaine autonomie par rapport ma
référente, bien qu'elle me supervise dans mes élaborations
et mes actes, ce dont j'éprouve le besoin. D'autre part, j'ai la chance
d'effectuer ce stage dans une structure habituée à recevoir des
stagiaires ce qui, je pense, a t facilité mon intégration au sein
de l'équipe.
J'ai la possibilité d'assister à des
consultations thérapeutiques menées par différents
consultants. Je peux donc observer les façons de mener un entretien
variant selon le « style » propre à chacun. J'ai
saisi l'importance d'être à l'aise dans sa pratique, ce qui ne va
pas sans un regard critique sur cette manière d'être afin d'en
dégager les effets potentiels. De même, il me parait
nécessaire de faire preuve de créativité pour favoriser
les conditions d'une réelle rencontre avec l'enfant et ses parents afin
que la consultation puisse être féconde. Il m'est parfois
demandé de rédiger les comptes-rendus d'entretien, ce qui me
permet de me pencher sur le travail de rédaction et la réflexion
auquel il donne lieu. Cela ouvre aussi sur un travail commun
d'élaboration entre ma référente et moi.
J'ai également eu l'occasion de mener des entretiens
d'accueil en collaboration avec l'assistante sociale. A travers ceux-ci, j'ai
appréhendé la valeur de l'écoute lors de ce qui constitue
la première rencontre des parents avec le CMP. Il s'agit bien de les
accueillir dans un climat de bienveillance, et au-delà de la
visée prospective de cet entretien, de pouvoir présenter le cadre
d'intervention de l'institution à laquelle ils s'adressent et les soins
qu'elle propose.
Par ailleurs, je suis sollicitée pour réaliser
des bilans psychologiques auprès de certains enfants. Outre
l'application de mes enseignements sur les tests psychologiques que m'offre cet
exercice, cela me confronte seule à la pratique auprès de
l'enfant. Il s'agit donc d'une mise en situation professionnelle au travers de
laquelle je m'efforce d'adopter une véritable pratique réflexive
sur l'ensemble de la situation ; que ce soit quant aux conditions de la
demande, à ce qu'elle peut impliquer pour les parents et l'enfant, sur
ce qui se joue lors de la passation elle-même ou lors de l'entretien de
restitution.
Enfin, J'ai régulièrement assisté aux
consultations menées dans le cadre de l'association SUROYA. Etant
sensibilisée dans mon parcours universitaire à la psychologie
interculturelle, ces consultations me fournissent l'opportunité
d'approfondir cette approche. J'ai pu y saisir l'influence de la culture et de
la migration dans la psychopathologie, dans l'étiologie que la famille
lui donne et dans les modalités de prise en charge ; ainsi qu'une
appréhension idiosyncrasique du sujet. J'ai approché les
particularités des consultations menées avec un médiateur
culturel, les éclairages que cela pouvait apporter mais aussi les
écueils desquels il est nécessaire d'essayer de se
préserver. D'autre part, j'ai aussi assisté à des
concertations cliniques autour de situations dites
« bloquées ». Ce fut l'occasion d'aborder le travail
en réseau et les enjeux sous-jacents. Il s'agit principalement d'une
méthode d'éclaircissement sur le rôle de chaque institution
dans la situation et de réflexion sur la façon de trouver,
où de retrouver une complémentarité dans leurs
différentes fonctions. En effet, j'ai observé, entre autres, que
la plupart des situations dont nous traitions engageaient un faisceau
d'institutions telles que l'ASE, les structures sociales etc., et que des
difficultés à penser des perspectives communes
s'établissent souvent à l'image des familles concernées
qui apparaissent éclatées. Ces interventions m'ont
sensibilisé à la complexité de la clinique groupale, que
cela concerne les phénomènes inconscients de groupe, le
décryptage des enjeux relationnels sous-jacents à la situation
traitée, ou l'art de mener une consultation de groupe.
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