I.2. Adapter le système financier à la
mondialisation
L'une des conséquences de la mondialisation constitue
en n'en point douter la formation des banques de grande taille via des
fusions, absorption, acquisition, alliance stratégique ; afin de
bénéficier des économies d'échelles et de
dimension. En même temps se développe dans les banques le
comportement de firme bancaire, où la banque est
préoccupée non seulement par sa fonction d'intermédiation,
mais encore par la tenue de ses marges et son taux de profitabilité. Il
s'agira donc de favoriser le regroupement des institutions bancaires, afin de
leur donner une taille critique pour le financement des grands projets de
développement. Dans cette optique, des syndications bancaires ou des
fusions seraient souhaitables.
Il faudrait par ailleurs inciter les banques à innover,
à diversifier leurs produits à la lumière de ceux qui
circulent dans les marchés de capitaux internationaux, et à
prendre des risques sur les projets de développement sous réserve
de la création par l'autorité publique, des organismes de
garantie du risque. L'adaptation à la mondialisation suppose aussi que
les politiques monétaires régionales soient mieux
coordonnées par exemple au sein de la BEAC.
Une autre alternative peut être la mise sur pied
effectif d'un marché boursier qui pourra palier au déficit de
financement. Il importe de savoir quelles seront les parts respectives du
financement bancaire et du financement de marché au sein de
l'économie camerounaise. Il s'agit de parvenir à ce que nous
avons appelé une architecture optimale du système financier. La
création d'une bourse des valeurs pourrait néanmoins
élargir le canal du crédit au Cameroun, en diversifiant les
sources de financement des agents.
Ce faisant, il faudrait se rendre compte de ce que les PME et
PMI, qui constituent l'essentiel du tissu économique du pays,
éprouvent très souvent des difficultés à
accéder à une bourse de valeurs pour leur financement externe. Ce
qui n'est pas le cas des grandes entreprises dont la surface financière
est assez large. L'épargne nationale risque encore d'être
drainée vers les firmes multinationales dont les actions seraient
cotées dans la bourse en création dans la sous-région.
Il serait alors judicieux d'intégrer le secteur
informel au circuit formel de financement des entreprises, son rôle dans
la mobilisation de l'épargne étant non négligeable au
Cameroun comme dans la plupart des économies en développement.
Aussi, la promotion de la micro-finance doit être à envisager
comme moyen de lutte contre la pauvreté.
La nouvelle politique de crédit à mettre en
oeuvre devrait se faire dans deux directions :
D'une part, dans la restructuration des crédits :
un renversement de la tendance devrait se faire en faveur des crédits de
moyen et long terme ;
D'autre part, dans l'orientation même de ces
crédits : les crédits de campagne et d'import-export qui se
taillent la part du lion devraient voir cette part diminuée au
bénéfice des secteurs moteurs du développement que sont
l'agriculture(à moderniser) et les PME (à redynamiser).
C'est à ce prix que le système financier
pourrait financer véritablement l'économie au Cameroun comme dans
les autres pays de la CEMAC. Il doit également être
envisagé la poursuite de l'assainissement de l'environnement
financier.
II- L'ASSAINISSEMENT DE L'ENVIRONNEMENT
MACRO-ECONOMIQUE
L'assainissement de l'environnement
macroéconomique revient en dernière analyse à purifier non
seulement l'environnement institutionnel, en réglant le problème
des lenteurs judiciaires, du chèque sans provision, du secret bancaire,
de la corruption ; mais aussi l'environnement socio-politique. C'est ainsi
que l'Etat doit orienter son action vers l'amélioration du cadre
juridique en rendant plus efficace les recours en justice. D'autre part, la
reconnaissance légale des structures informelles non encore
institutionnalisées pourrait permettre leur développement
harmonieux, avec la mise en place des moyens de réalisations qui
s'imposent avec l'accroissement des asymétries d'information
causées par un accroissement du nombre de membres. Ces mesures devraient
permettre le glissement des réseaux informels en établissements
formels à l'image de la CCEI Bank, structure tontinale
transformée en banque de dépôts.
En outre, les missions de la COBAC, à savoir assurer
la supervision et le contrôle des banques et des établissements de
crédits doivent être renforcées. Aussi, la COBAC devrait
jouire d'un pouvoir coercitif de manière à ne plus se
référer en dernier ressort aux autorités nationales pour
exercer son pouvoir disciplinaire.
Le présent chapitre avait pour objet
d'appréhender les implications analytiques de l'évolution des
circuits de financement. Pour ce faire, il a fallu d'abord donner les
caractéristiques actuelles de l'intermédiation bancaire au
Cameroun, ensuite l'évolution de la micro finance et enfin donner les
implications en terme de recommandations de politique économique. Au
terme de l'analyse, deux aspects sont à relever.
D'une part, les mutations financières ont
entraîné une évolution paradoxale de
l'intermédiation financière au point où, malgré les
restructurations, le système financier est resté très peu
compétitif, et incompatible aux besoins des agents économiques.
Car il n'a pas été très innovant, manque de profondeur
financière et est resté très concentré. Cette
concentration s'est observée aussi bien au niveau de la
répartition des guichets de banques sur le territoire national, qu'au
niveau des crédits et des dépôts. Il a été
établi que les crédits et les dépôts sont
contrôlés par une minorité des banques (moins de la
moitié )de l'ensemble du système bancaire.
D'autre part, l'évolution observée dans la
sphère financière Camerounaise révèle une
émergence de nouvelles institutions financières faisant
concurrence aux banques, les obligeant à diversifier les services
financiers à la disposition de la clientèle. Il s'est agit de la
microfinance dont, la contribution au financement des projets de petite taille
est indéniable.
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