CONCLUSION GENERALE
En définitive, cette étude avait pour objectif
général d'évaluer la contribution des mutations
financières dans le financement de l'économie camerounaise. Plus
spécifiquement il s'agissait de savoir si les mutations
financières se sont accompagnées d'une meilleure allocation des
ressources financières dans l'économie. Pour cela, il a fallu
dans un premier temps analyser les fondements théoriques des origines
des mutations financières. Ces fondements ont trouvé leur
explication en distinguant les origines internationales des origines internes
des mutations financières. Dans un second temps, il a été
évaluées les conséquences des mutations financières
sur les circuits de financement.
Les analyses effectuées ont montré que les
mutations financières sont à l'origine des profondes
transformations des systèmes bancaires, des gains d'efficience, mais aux
prix d'une instabilité accrue, comme semble le suggérer la
multiplication des crises bancaires et financières de grande ampleur
observées dans le monde depuis les années 1970, concomitamment au
phénomène de mutations financières.
La vérification dans le cas du Cameroun a conduit
à évaluer dans un premier temps la solidité
financière du système bancaire. Celle-ci s'est
appréciée à travers le respect des normes prudentielles
édictées par la COBAC, les indicateurs de rentabilité et
les autres indices de performance. A cet effet, il a été
calculé les ratios de solvabilité, de liquidité et les
indicateurs de rentabilité. Dans un second temps, il a été
évalué la politique de crédit entre 1972 et 1990
(année qui marque le début des réformes) ; puis celle
élaborée entre 1990 et 2003. A ce niveau, l'évolution des
tendances a été décelée. C'est pourquoi nous
tenterons, d'interpréter les évolutions observées et d'en
dégager quelques implications.
Par ailleurs, notre étude a utilisé les
données relevées depuis 1972, mais s'étendant beaucoup
plus sur la période comprise entre 1990 à 2002. Période
concentrant à notre avis les récents bouleversements
observés sur la sphère financière Camerounaise.
Les résultats de cette étude ont conduit
à un paradoxe. Car les mutations financières ont permis au
système bancaire camerounais de présenter une solidité
financière, et cela à travers le respect des normes
édictées par la COBAC. Le système bancaire est devenu plus
liquide. Cette surliquidité bancaire survenue après la
dévaluation du 12 Janvier 1994 ne s'est pas traduite par une
augmentation de l'offre de crédit, les banques ayant
préféré conserver leurs excédents sous forme de
réserves auprès de la banque centrale. Le système bancaire
ne s'implique donc pas activement dans le financement de l'économie.
Aussi l'émergence de la micro finance n'a toujours pas permis de palier
à ce déficit de financement, d'autant plus que les crédits
accordés par ces institutions sont de montants limités et pour
des durées courtes et donc ne permettent pas une expansion du secteur
productif.
A cet effet, pour que le système financier puisse jouer
activement son rôle dans le financement de l'économie, il faudrait
lui donner une nouvelle organisation marquée par l'achèvement de
la restructuration bancaire et l'assainissement complet de l'environnement
macroéconomique. Ainsi, il faut impérativement créer les
banques de développement spécialisées dans le financement
de l'économie, tout en élargissant le système financier
actuel, afin qu'il couvre désormais un grand nombre de secteurs, en
l'occurrence, l'agriculture, les PME, et des financements longs. Il faudrait
également accorder un poids plus important à la finance de
marché. Aussi, le démarrage effectif de la Douala Stock Exchange
dont les activités continuent de retarder, constitue une voie salutaire
pour palier au déficit de financement dont l'économie
camerounaise est confrontée. Ces chantiers si ils sont
exécutés permettront au Cameroun de passer progressivement d'un
système d' «économie d'endettement », vers
une «économie de marchés financiers», plus efficace
économiquement mais aussi plus fragile, car plus vulnérable aux
chocs financiers.
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