Chapitre II :
L'émergence de la PME dans le paysage
économique algérien
I- Etats des lieux: PME
Introduction:
L'Algérie a connu une mutation économique
très importante en raison du passage de l'économie
administrée à l'économie de marché à partir
de la fin des années 80. c'est dans un contexte
politico-économique très difficile, marqué par une
instabilité institutionnelle et une crise sécuritaire grave
qu'une série de réformes encore inachevées ont permis au
secteur privé de voir jour. Sitôt né, le jeune secteur
privé doit évoluer dans un cadre institutionnel instable, et en
même temps faire face au phénomène de mondialisation qui le
menace sérieusement.
Les PME non préparées à l'invasion de
leur marché par des concurrents étrangers doivent
impérativement réagir pour survivre..
1- Aperçu sur les PME
algériennes:
L'ouverture économique de l'Algérie
amorcée dès 1989 a entraîné un développement
important du parc des entreprises privées. Ce développement
concerne aussi bien le nombre de nouvelles entreprises que leur poids dans les
différents secteurs d'activité.
Depuis l'adoption d'un nouveau code des investissements en
1993 qui se veut être la pierre angulaire de la volonté
d'ouverture de l'économie et d'une nouvelle politique de promotion de
l'investissement, le nombre de PME connaît une croissance continue. Les
statistiques démontrent que près de 75% des PME recensées
en 2005 ont été créées après ce nouveau
code, et que plus de 35% ont été créées durant les
5 dernières années (2000-2005).
Les dispositions relatives au développement des
investissements sont renforcées en 2001 et une nouvelle loi
d'orientation sur la PME qui va dans le sens de la promotion de
l'entrepreneuriat. La tendance à la croissance du parc des entreprises
connaît une évolution positive fin 2005 (+9%) et semble se
confirmer pour les années à venir selon le ministère de la
PME.
La collecte et le traitement des données pour
l'établissement de l'état des lieux de la PME fait ressortir des
insuffisances en matière d'information et de définition. Les
données utilisées par l'ONS sont incapables à elles
seules, de donner une image fidèle du secteur de la PME. Une typologie
multicritères est nécessaire pour mieux identifier la nature des
différents types de PME.
L'application de la définition de la PME retenue par
l'Union Européenne et adoptée par l'Algérie, fondée
sur 3 critères (les effectifs, le chiffre d'affaires et
l'indépendance de l'entreprise) donne une structure du parc des
entreprises ou la Très Petite Entreprise (TPE) est largement
prédominante. Elle représente en 2005 plus de 95% du total des
entreprises.
En termes d'emploi par contre, la répartition est
globalement équitable entre chacune des catégories qui emploient
environ le tiers des salariés.
Le secteur privé est devenu aujourd'hui
prédominant au sein de l'économie dans la plupart des secteurs,
suite au désengagement de l'Etat et la fin de son monopole. Ainsi
à la fin de l'année 2005, les PME privées et l'artisanat
représentaient 99,75% du total des entreprises ».
La privatisation d'une partie de l'économie
algérienne s'est faite principalement par l'émergence du secteur
privé, sans le concours des grands entreprises publiques dissoutes et
transformées en PME à la santé financière fragile
et laissant planer sur elles un risque sérieux de faillite.
Sur les cinq dernières années, le poids de la
PME dans le tissu national a fortement augmenté ; la densité
des entreprises a presque quadruplé que le nombre de création a
plus que doublé, mais il n'en demeure pas les chiffres restent à
un niveau faible ?
Définition :
L'Algérie a adopté la Charte de Bologne sur le
PME en juin 2000 et défini les différents types d'entreprises
comme suit :
« La moyenne entreprise est comme une
entreprise employant de 50 à 250 personnes et dont le chiffre d'affaires
est compris entre 200 millions et 2 milliards de Dinars ou dont le total du
bilan est compris entre 100 et 500 millions de Dinars. La petite entreprise est
définie comme une entreprise employant de 10 à 49 personnes et le
chiffre d'affaires annuel n'excède pas 200 millions de Dinars ou dont le
total du bilan n'excède pas 100 millions de Dinars. La très
petite entreprise (TPE) ou micro-entreprise, y est définie comme une
entreprise employant de 1 à 9 employés et réalisant un
chiffre d'affaires annuel inférieur à 20millions ou dont le total
du bilan n'excède pas 10 millions de Dinars ».
La dynamique de création de nouvelles entreprises s'est
faite à travers 3 processus principaux : les créations
« classiques » qui concernent l'investissement privé
constitué principalement de fonds propres (prés de 70% des
créations), les micro-entreprises des jeunes bénéficiaires
du dispositif d'aide à la création de l'ANSEJ ( 29% des
créations), et les sociétés de salariés
constituées des entreprises publiques dissoutes rachetées par les
employés à l'aide de modalités de crédit
avantageuses (1%).
S'il est possible d'apprécier quantitativement le
développement la PME à partir des données
générales (disponibles seulement depuis les dernières
années), il n'est pas aisé d'approfondir l'analyse des nouvelles
entreprises, notamment sur le plan qualitatif. Il n'existe pas encore en
Algérie de système d'information consacré à la
petite et moyenne entreprise, trop longtemps marginalisées au profit de
la grande entreprise publique.
Le monde de PME étant extrêmement
hétérogène, foisonnant de variétés d'un pays
à l'autre, à l'image des districts italiens, des entreprises
français, des High-tech anglo-saxonnes ou des Mittelstands
allemands, l'Algérie offre l'image d'une multitudes de micro
entreprises familiales semi-informelles, indépendantes et
déconnectées les unes des autres, cohabitant avec de plus grandes
entreprises, tout aussi familiales, mais à l'aspect beaucoup plus
moderne, et fortement liées aux institutions locales et nationales.
L'économie planifié abandonnée dans des conditions
politiques et sécuritaires particulières », les
entreprises se sont développées en dehors du regard de
l'état, investissant principalement les secteurs peu risqués
à faible apport en capital (commerce, services, transport, BTP) donnant
naissance à une majorité de TPE. Les rares enquêtes et
recherches concernant le secteur de la PME soulignent le caractère
familial et traditionnel des micro-entreprises.
Les caractéristiques des PME :
· la gestion de l'entreprise est souvent
corrélée à l'objectif de créer une cohésion
au sein de la famille et un lieu de reproduction des fonctionnements ce qui
conduit souvent à des comportements économiquement irrationnels.
Le recrutement par exemple se fait en général en fonction du lien
de parenté ou de la proximité familiale ou ethnique, au
détriment de la compétence et du savoir-faire.
· l'organisation hiérarchique est de type
patriarcal : le management est caractérisé par des rapports
hiérarchiques de soumission au père, et à
l'aîné (masculin) de manière générale. Le
principe étant que l'autorité du père est indiscutable.
C'est l'aîné de la famille, le père (ou celui qui en a le
statut qui possède sans partage le pouvoir stratégique. La
caractéristique ( classique des PME) de concentration du pouvoir autour
de la personne du propriétaire-dirigeant est renforcée et
même légitimée dans la contexte socioculturel
algérien.
· le capital de l'entreprise, souvent constitué de
fonds propres et de prêts informels au sein de la famille est
considéré comme incessible, et indivisible, même en cas de
disparition du propriétaire. La gestion du patrimoine est marquée
par la prudence et la sécurité. Le recours aux capitaux
étrangers (au cercle familial), le partenariat ou la fusion sont des
pratiques non encore utilisées. La conception des anciens entrepreneurs
est que l'association (ou le partenariat) mènerait à une
diminution de leur pouvoir stratégique (de père) et un
éclatement de la famille.
Les facteurs socioculturels, extrêmement visibles dans
les micros et petites entreprises, sont le produit de l'histoire et marquent
particulièrement les entrepreneurs les plus âgés et au
niveau de formation généralement peu élevé. Les
jeunes entrepreneurs qui évoluent dans un marché de plus en plus
concurrentiel montrent plus d'aptitude à l'innovation et à la
modernité, particulièrement dans les moyennes entreprises qui se
retrouvent en concurrence les unes avec les autres, mais également avec
les entreprises franchisées et l'importation, ainsi que les filiales de
multinationales de plus en plus présentes.
2. L'environnement des affaires :
Le cadre institutionnel algérien a connu un changement
profond depuis 1962, date de l'indépendance de l'Algérie.
Après 20 ans de prédominance du secteur public en Algérie,
sous la devise de « l'industrie industrialisante »,
l'Etat-unique propriétaire et entrepreneur accorde au secteur
privé un rôle complémentaire en 1982 dans certaines
activités, avec un niveau d'investissement très limité.
La liberté d'investir n'a été
consacrée qu'en 1993 par le code des investissements, qui a en plus
accordé des avantages substantiels pour les investisseurs. En 2001, des
textes majeurs ont été adoptés, encourageant le
développement de l'investissement privé, national et
étranger, des mesures ont été prises se traduisant par une
baisse significative des taxes, des redevances fiscales et des charges
sociales, ainsi qu'un assouplissement des procédures administratives de
création d'entreprises. Une Agence Nationale de Développement des
Investissements (ANDI) a été créée en 2001 pour
faciliter l'application des nouvelles dispositions tout en offrant des
avantages aux nouveaux investisseurs (exonérations fiscales, mise en
relation avec d'autres administrations...).
Si le cadre réglementaire assoupli a permis l'essor du
secteur privé, la réforme de l'administration, du droit des
affaires, de la fiscalité reste inachevée et trop lente pour
répondre aux impératifs de la nouvelle structure du
marché. La lourdeur et la complexité des formalités
administrative rebutent encore un bon nombre d'entrepreneurs qui sont
confrontés à de nombreux problèmes pratiques.
(Rapatriement des gains pour les étrangers, l'accès au foncier,
accès au financement .etc.).
Le secteur bancaire quand à lui est
caractérisé par une petite taille et reste largement
dominé par le secteur public, il a jusqu'ici
bénéficié du soutien de l'Etat ; ses pertes sur les
prêts aux entreprises publiques ont représenté 4.3% du PIE
annuellement, de 1991 à 2001. De ce fait, l'état a
procédé à plusieurs reprises à des restructurations
financières et des assainissements, en 1991-94, puis en 1995-98 et enfin
en 2001. L'historique des banques algériennes les pousse aujourd'hui
à une prudence excessive dans le politique de crédit, ce qui
prive la majorité des PME d'accès aux ressources
financières, et pénalise lourdement leur croissance.
Les banques privées quant à elles ont des
capitalisations très faibles et restent très méfiantes vis
-à-vis des nouvelles entreprises. Avec la promulgation de nouveaux
textes de loi sur la privatisation, les banques publiques peuvent aujourd'hui
ouvrir leur capital jusqu'à 100% et ainsi accéder à une
reprise totale par les investisseurs privés. Le secteur des assurances
connaît un regain d'activités depuis la dernière
décennie, une dizaine de compagnies privées ont été
créées, sans compter les agences qu'elles ont agrées, mais
leur activités sont encore en deçà des possibilités
du marché, en grande partie à cause d'un environnement
institutionnel encore trop instable. Le développement des banques non
étatiques et la réforme amorcée du secteur bancaire ont
toutefois permis une croissance rapide de la part des crédits au secteur
privé, qui ont augmenté de 63% de 1999 à 2002 selon la
Banque d'Algérie (Rapport 2003).
Le recours à l'autofinancement externe et informel
reste toutefois très élevé chez les PME, ce qui
dénote une certaine faiblesse de la bancarisation de l'économie.
Cette faiblesse met en évidence des problèmes plus structurels,
notamment la lourdeur des services bancaires et le renforcement de
l'économie informelle, qui représente 30% de l'activité
globale selon le Conseil National Economique et Social. Les entreprises
privées ont tendance à ne pas déclarer la totalité
de leurs activités à cause du système fiscal
inadéquat qui les contraint à éviter le système
bancaire car il constitue un contrôle à posteriori.
Les entreprises établissent souvent 3 bilans, le vrai
en interne, celui destiné à la banque et celui remis aux
impôts. La typologie des entrepreneurs en fonction de la nature des
activités (formelles et informelles) se fait selon 3 critères :
l'immatriculation de l'activité au registre de commerce, la tenue de
comptabilité et l'acquittement des impôts. Une grande
majorité des entrepreneurs exercent une activité mixte qui se
décline du formel à l'informel en quatre classes: les formels,
les formels non enregistrés, les formels informels et les informels
purs.
La majorité des dirigeants ont recours à la
finance informelle, en réponse à la rigidité du secteur
bancaire, incapable de répondre à la demande de crédit.
Les lourdeurs bureaucratiques, la corruption et l'absence d'un cadre juridique
souple et transparent se conjuguent pour dissuader les entrepreneurs de sortir
de l'informel. Les coûts d'ascension et de maintien dans la
légalité sont souvent supérieurs aux avantages de
l'informalité comme le démontrent des recherches sur les pays en
voie de développement.
3. La pratique des affaires
L'ouverture économique du pays au début des
années 90 s'est faite sous la pression du FMI suite une crise
économique majeure (cessation de paiement) doublée d'une crise
politique très grave, ou l'Etat risquait de perdre son autorité
dans un climat de violence terroriste sans précédent en
Algérie.
La libéralisation du marché dans un climat
chaotique a entraîné une montée inquiétante de deux
phénomènes: l'économie informelle et la criminalité
économique. Faute d'un contrôle systématique de l'Etat sur
les activités économiques et d'une législation
appropriée aux nouveaux mécanismes introduits par
l'économie de marché, une multiplication des petites
activités informelles se concentrant surtout dans le petit commerce et
les services sont apparues comme mode de survie dans un marché de
l'emploi en crise.
Parallèlement à cette économie
informelle, des comportements illégaux d'agents économiques se
sont développés sur le marché. (Fraude fiscale,
corruption, détournement des fonds publics, etc.). L'absence d'un
environnement juridique et institutionnel adapté à la
période particulière de transition à l'économie de
marché semble être un facteur favorisant le développement
de l'économie informelle.
La faiblesse l'autorité publique s'est traduite par un
décalage des lois par rapport aux réalités
économiques, ce qui a provoqué un désordre institutionnel
qui a accentué les comportements illégaux des acteurs
économiques, surtout privés. L'explosion de la criminalité
économique qui se manifeste sous diverses formes dans le champ
économique et social est assez difficile à modéliser, car
elle revêt un aspect légal avec lequel s'entremêle
l'illégal. Des agents économiques qui évoluent dans un
cadre juridique officiel mènent des activités économiques
entachées d'irrégularités. Des entreprises
créées dans le respect du cadre légal (respect des
modalités administratives, registre de commerce, etc.) usent de
procédures illégales dans l'exercice de leur activité ,
souvent avec la complaisance de certains agents de l'Etat.
C'est la une originalité de la pratique des affaires
dans les entreprises algériennes. Elles ne sont pas totalement dans
l'illégalité, elles ont un pied dans la légalité et
l'autre dans l'illégalité. Les démarches illégales
sont couvertes par une apparence de légalité.
Les pratiques illégales ont pris une telle ampleur dans
la sphère politico-économique qu'elles ont modifié le
comportement des entrepreneurs. Le recours aux activités informelles et
illégales fait partie du mode de fonctionnement des entreprises
privées.
Cette situation particulière de l'entreprise
algérienne qui mène une partie de ses activités dans
l'illégalité est imposée par un contexte
économique, social et institutionnel marqué par le
désordre, le laxisme et la corruption. Le respect de la
réglementation impliquerait pour les managers la disparition de leur
entreprise.
C'est un processus par lequel des agents économiques
dont les activités sont parfaitement légales sur le plan
juridique, sont amenés en raison de l'ambiguïté de la loi et
de sa faible application à adopter des comportements illégaux,
contournant ainsi par divers procédés plus ou moins légaux
les lois et réglementations en vigueur, en vue de s'assurer un maximum
de profit.
Les réformes entamées dans un climat d'urgence
économique, d'instabilité politique et de crise
sécuritaire ont donné naissance à un tel désordre
institutionnel que différents acteurs économiques se retrouvaient
à évoluer dans un environnement sans règles de jeu et sans
arbitre. L'informatisation de l'économie a permis à de nombreux
entrepreneurs introduits dans les sphères politico-économiques de
l'Etat de profiter du désordre pour verser dans la spéculation
économique pure au détriment de création de
richesse ·
4. Les PME et développement :
Les PME algériennes sont de création
relativement récente, et n'ont pas donné lieu à beaucoup
d'études et de recherches en sciences de gestion. Il n'est de ce fait
pas aisé de se faire une idée précise sur la
réalité du secteur privé. «Quelle typologie pour les
PME ?.Quels sont les profils des entrepreneurs des PME-PMI en Algérie?
Que dire de leur esprit d'entreprise? Quels sont les processus de
création d'entreprise? Comment évoluent les entrepreneurs et les
entreprises dans l'environnement algérien ~I» Autant de
questions qui interpellent les chercheurs et qui méritent des
études et des recherches pour éclairer la réalité
de phénomène entrepreneurial algérien.
Les caractéristiques et singularités des PME
algériennes, qui sont le produit de la triple décennie
d'économie socialiste et qu'on peut résumer dans les points
suivants:
· Les PME sont plutôt concentrées dans des
niches ou des créneaux que le secteur public a délaissé,
ce qui leur a donné des positions confortables de monopole, elles sont
de ce fait rentières et peu génératrices d'innovation
jusque la.
· Les entreprises sont plutôt familiales et peu
enclines à l'ouverture du capital aux étrangers.
· Une partie des activités de l'entreprise se
pratique dans l'informel (financement, production, commercialisation,
approvisionnement).
· Le marché des entreprises est principalement
local et national, très rarement international.
· La collaboration entre entrepreneurs et avec les
autorités publiques n'est pas assez délimitée.
· Les techniques de croissance (cession, fusion,
regroupement..) sont non maîtrisées et non utilisés.
· les PME algériennes possèdent des
ressources sous-utilisées faute d'un environnement propice aux
affaires.
Si les caractéristiques des entreprises ont
été dictées par un environnement institutionnel
particulièrement rigide qui ne les poussait pas à prendre des
risques à être compétitives, la mutation du système
économique (passage de l'économie centralisée à
l'économie de marché) fait passer les PME d'un environnement
stable et contraignant (économie centralisée et bureaucratique)
à un environnement turbulent ou l'entreprise brusquement se retrouve
dans un marché des plus en plus concurrentiel.
En l'espace d'une dizaine d'année, les contraintes de
l'économie administrée ont laissé place aux contraintes de
l'économie de marché. Les entreprises se retrouvent en
concurrence les unes avec les autres à l'échelle nationale, mais
aussi à l'échelle internationale depuis que les autorités
ont précipité l'intégration de l'Algérie dans
l'économie mondiale par la signature d'un accord d'association et de
libre échange avec l'Union Européenne» et par
l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation Mondiale du
Commerce»
Le nouveau contexte économique ébranle les
assises traditionnelles de la performance. L'Etat et les entreprises commencent
à prendre conscience que la nouvelle économie nécessite
des changements radicaux. Depuis quelques années, l'Etat déploie
de plus en plus d'efforts pour soutenir la création d'entreprise et met
en place de nombreux programmes de soutien et de mise à niveau des
firmes afin d'améliorer leur compétitivité et de
promouvoir le produit national. Les entreprises se retrouvent dans une marche
forcée vers la performance et la compétitivité.
La mutation profonde de l'environnement fait sortir les
anciennes PME/PMI des stratégies de niches et rentes, et les met sur un
pied d'égalité avec les nouvelles firmes face à un
marché global qui les menaces sérieusement tout en leur
permettant de profiter de l'ouverture des marchés pour internationaliser
les approvisionnements et la production.
A l'image des tous les pays émergents l'Algérie
connaît des transformations institutionnelles importantes depuis une
dizaine d'année, sur fond de crise sécuritaire qui a largement
pénalisé l'essor des PME algériennes. Mais si le cadre
institutionnel instable, voir chaotique a retardé l'essor des
entreprises, il a en même temps freiné et découragé
les investissements directs étrangers, qui restent à un niveau
très faible et concentrées principalement dans le secteur des
hydrocarbures, secteur particulièrement encadré et
protégé par l'Etat.
Depuis 2000, le pays profite d'une conjoncture
économique favorable en raison de l'envol du prix des hydrocarbures, et
l'Etat en profite pour réaliser une politique de grands travaux à
travers un plan de relance économique et de soutien à la
croissance, ainsi que divers programmes promotion de la
PME/PMI'
La politique de promotion de la PME qui se fixe comme
objectifs la sauvegarde, le renforcement et la modernisation des entreprises
viables, mais aussi l'encouragement à la création de nouvelles
entreprises sur des bases saines. Mais cette stratégie globale ne peut
donner ses fruits que si elle s'appuie au préalable, comme le recommande
le Conseil National Economique et Social (CNES) sur:
· l'étude approfondie du secteur de la PME afin
d'identifier avec précision les forces et les faiblesses susceptibles de
guider efficacement l'assistance et l'accompagnement;
· l'étude des opportunités d'investissement
tant au niveau territorial que sectoriel afin d'identifier les avantages
compétitifs internationaux et de mieux orienter la création de
PME.
· l'identification des missions de l'ensemble des acteurs
à impliquer dans la promotion de la PME ainsi que la définition
de la nature de l'interaction qu'il y a lieu d'établir entre eux.
Ce n'est qu'à travers les résultats d'un audit
clair et approfondi sur la situation des PME/PMI qu'une réflexion
précise sur les stratégies entrepreneuriales est possible. les
scénarios possibles selon les 3 options envisageables pour les
entreprises algériennes : le maintien, la croissance ou le retrait.
Ces trois options génériques»
adaptées aux petites et moyennes entreprises offrent neuf options».
En raison des particularités des PME algériennes certaines
options ne sont pas envisageables (entreprises de création trop
récente, familiales et peu enclines a l'ouverture, connaissant des
difficultés d'accès aux ressources). Les fusions et acquisitions
sont alors difficilement envisageables sauf pour les PME les plus performantes
et aux ressources inexploitées très importantes. Dans une logique
de développement et de croissance, nous n'envisagions pas le maintien et
le retrait comme des solutions optimales pour un secteur aussi
juvénile.
Du point de vue de l'entreprise locale, le partenaire
étranger offre une réponse adéquate aux problèmes
et au danger de la mondialisation. L'alliance permet aux entreprises de
défendre leurs positions stratégiques contre des forces
auxquelles elles ne peuvent pas résister, tout en ayant accès
à des ressources auxquelles elles n'avaient pas accès (notamment
financières et technologiques).
II. Caractéristiques de la PME
familiale
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