B. L'O.U.A : ENCHANTERESSE PUIS DESECHANTEE.
En près de 40 ans d'existence, l'OUA a eu un bilan plus
que mitigé marqué par un certain immobilisme et une
difficulté à s'imposer aux Etats africains. En même temps
il était difficile pour cette organisation de se faire une place car ses
statuts la rendaient complètement dépendante de la volonté
des Etats. Malgré sa formidable capacité à réunir
tous les chefs d'Etats du continent au moins une fois par an lors de la
conférence des chefs d'Etats et de gouvernements, l'OUA a
été réduite au rôle de tribune où chaque Etat
venait exposer ses points de vue et en profitaient même pour
régler des problèmes étrangers au rôle de
l'organisation. L'OUA a donc eu un pouvoir d'exécution
négligeable et un pouvoir d'initiative inexistant qui ne lui a jamais
permis d'entreprendre des actions : ce qui est un échec pour une
organisation qui défendait la démocratie et ne pouvait même
pas se l'appliquer à elle-même
D'un point de vue politique, l'OUA était vouée
à l'échec dès le départ par le principe de
non-ingérence qui lui a toujours interdit d'intervenir directement dans
les conflits en tant qu'organisation internationale. Ce principe limita donc
son action à la seule médiation qui s'avéra peu
probante.
D'un point de vue économique, le traité d'Abuja
qui fut signé en 1991 et qui prévoit un marché continental
commun à l'horizon 2025 est en pleine stagnation et les
prévisions sont de plus en plus sceptiques car le manque de
volonté politique des Etats se traduit au niveau économique par
une faible allocation de ressources. Déjà privée
d'indépendance politique, l'OUA n'a jamais disposé des fonds
nécessaires aux objectifs ambitieux qu'elle s'est fixée.
15 Ibid.
D'un point de vue institutionnel, l'OUA n'a jamais
été une organisation supranationale mais une instance
internationale où la coopération fut le maître mot. L'OUA
n'a donc jamais joué un rôle fédérateur et
intégrateur laissant ce rôle aux organisations régionales
conformément à la diplomatie des cercles concentriques voulues
par les modérés et qui prévoyaient des intégrations
régionales avant une éventuelle intégration
continentale.
Manquant constamment de marge de manoeuvre, l'OUA n'a jamais
été en mesure d'évoluer vers une forme supranationale et
intégratrice car verrouillée par son statut et par des Etats qui
dès le départ avaient juré sa perte et c'est dans le
domaine sécuritaire que cela s'est exprimé le mieux.
II. UNE COMMUNAUTE DE SECURITE EST-ELLE POSSIBLE
?
Depuis les indépendances jusqu'à aujourd'hui les
Etats africains n'ont jamais été capables de construire cette
communauté de sécurité chère à Kwame Nkrumah
et qui aurait du permettre à l'Afrique de vivre protégée
des désordres internes et externes par une armée commune forte et
d'évoluer dans la paix et la démocratie vers une Afrique toujours
plus stable et sûr. L'échec de l'établissement de cette
communauté de sécurité repose sur l'acteur principal
qu'est l'Etat africain.
Dans cette partie nous essayerons de comprendrons comment
l'échec de Etat africain dans son rôle de régulateur de la
société est un facteur handicapant lorsqu'il s'agit de s'engager
dans la construction d'une communauté de sécurité. Ensuite
nous tenterons de mettre en évidence la spécificité de la
sécurité en Afrique marquée par l'intrication de
différents dilemmes de sécurité et l'importance de la
notion de sécurité humaine.
1) L'Etat africain et l'échec du rôle de
régulateur.
L'Etat africain hérité de la décolonisation
se veut un Etat moderne. Dans sa conception wébérienne du terme,
l'Etat africain a du mal à assumer son rôle. L'Etat
africain a aujourd'hui du mal à exercer sa domination
sur la nation et surtout il a du mal à revendiquer le monopole de la
violence physique. A travers ses 2 éléments qui
caractérisent l'Etat moderne nous verrons comment l'Etat africain est
inadapté aux ersatz d'Etats-nations existants sur le continent et
ensuite comment à travers la problématique des forces
armées il lui est difficile d'avoir le monopole de la violence
physique.
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