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Le panafricanisme d'intégration comme réponse aux problèmes sécuritaires africains.

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par Cheikh GUEYE
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master Relations Internationales Sécurité Internationale et Défense. 2009
  

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B. PANAFRICANISME OU PANNEGRISME ?

La seconde moitié du XIXème siècle est une période phare de l'histoire des Etats- Unis d'Amérique pour 2 raisons : la guerre de Sécession et l'esclavagisme. Parce que la guerre civile opposa les Etats confédérés du Sud esclavagistes à ceux de l'Union abolitionnistes, parce que l'esclavagisme était de plus en plus dénoncée en témoigne le succès de la Case l'Oncle Tom de Harriet Beecher-Stowe (1811-1896),

5 En anglais National Association for Advancement of Coloured People (N.A.A.C.P)

cette période fut un terreau pour l'émergence sinon le renforcement des revendications identitaires : ici celle des noirs.

Il est ainsi impossible de ne pas établir de parallèle entre le mouvement d'émancipation des noirs et le mouvement panafricaniste. Le panafricanisme a été amorcé par des descendants d'esclaves à la recherche d'un projet de société où ils seraient mieux acceptés car malgré l'abolition de l'esclavage sur tout le territoire américain par le congrès de Washington du 31 janvier 1865, les noirs subissent toujours la ségrégation et l'exploitation et ce même au niveau institutionnel. L'homme noir n'est pas encore sur un même pied d'égalité que son congénère blanc et il lui faudra attendre encore un siècle.

Entre ces 2 mouvements le mariage de coeur et de raison est évident et toutes les figures précédemment cités, de Blyden à Garvey ont utilisé cette alliance. Garvey ne fonda-t-il pas l'Universal Negro Improvement Association and African Communities League (UNIA-ACL) dans le but d'unir le peuple noir, ne créa-t-il pas plusieurs organisations dans le but de promouvoir et de subvenir aux besoins des populations noires ?

Si l'exemple de Garvey est radical dans ce qu'il recherche constamment l'opposition entre Blancs et Noirs pour alimenter sa conception du panafricanisme, les panafricanistes les moins belliqueux ont compris l'enjeu de l'association.

Dans une société qui les marginalisait, les rejetait, les noirs ont vu en l'Afrique l'espoir d'un nouveau projet de société, une société qui est d'ailleurs naturellement leur. Nous retiendrons cette déclaration restée célèbre : « Nous sommes Africains pas parce que nous sommes nés en Afrique mais parce que l'Afrique est née en nous. »6. Une fois de plus le contexte va jouer son rôle car ce projet de société est sous-tendu par une quête plus importante : celle de l'identité. Les noirs qui développent le panafricanisme sont marqués par le clivage Noir/Blanc, ils se définissent de façon pragmatique ou radicale par rapport aux blancs.

6 La paternité de cette phrase reste inconnue. Certains l'auraient attribué à Marcus GARVEY.

Ainsi si l'Amérique est la terre des Blancs alors l'Afrique est la terre de tous les Noirs, le lieu de leurs réalisations politique, économique, culturelle et spirituelle. Cependant on ne peut s'empêcher de se demander où s'arrête ce pannegrisme et où comment le panafricanisme. Dans les principales théories panafricanistes du XIXème et du début du XXème siècle il est intéressant de noter la prééminence de la cause noire sur celle panafricaine. Lorsque DuBois se demandait s'il était possible, s'il était probable que 9 millions d'hommes puissent accomplir, sur le plan économique ,de véritables progrès , s'ils étaient privés de droits politiques , s'ils étaient réduits à n'être qu'une caste servile et si on ne leur laissait que la chance la plus infime de développer leurs jeunes intellectuellement doués ; il ne faisait pas référence aux Africains, s'il fonda la N.A.A.C.P en 1908, ce n'était que pour lutter contre la ségrégation aux Etats-Unis. Ce ne sera que plus tard qu'il fera référence à l'Afrique comprenant que subordonner le problème des noirs américains à celui de l'Afrique créerait l'engouement nécessaire à l'avancement de la situation aux Etats-Unis et pourquoi pas en Afrique par la suite.

On peut alors légitimement s'interroger sur la valeur de ces panafricanismes nés au XIXème siècle. Ont-ils tenu compte tenu de la réalité de l'Afrique ? Une Afrique qui n'a jamais existé en tant qu'entité politique. Ont-ils tenu compte de la réalité culturelle de l'Afrique ? Une Afrique marquée par sa pluri-culturalité et par la mosaïque des peuples qui la composent. Si la dimension negro-centrée de ce panafricanisme des débuts pourrait le faire croire, l'apparition des thèmes de l'historiographie panafricaniste doit nous montrer que l'histoire comme discipline scientifique a aussi occupé une place de première importance pour les pères fondateurs, et ce aussi bien en Afrique qu'aux Etats-Unis en passant par les Antilles. En effet sous la plume de Blyden, d'Africanus Horton, et d'auteurs moins connus aujourd'hui, tels que l'abbé Boilat (Esquisses sénégalaises, 1853), Reindorf (History of the Gold Coast and Ashanti, 1889), Sibthorpe (History of Sierra Leone, 1868), Johnson (The History of the Yorubas,1921) ou encore de Casely-Hayford (Ethiopia Unbound : Studies in Race Emancipation. United Empire, 1911), apparurent des thèmes tels que l'Afrique comme berceau de l'humanité,

l'antériorité et l'unité des civilisations nègres, l'exemplarité de l'Ethiopie à travers sa très longue histoire ou encore l'éclat de la vie politique, économique, culturelle et scientifique des Etats africains au Moyen-âge sans oublier les ravages de la Traite et de l'esclavage et la capacité de survie des sociétés africaines confrontées aux intrusions les plus destructrices ; les résistances africaines à l'esclavage et aux dominations étrangères.

Dès lors il est intéressant de voir que ces panafricanismes ont été plus negro-centrés plus qu'afro-centrés. Néanmoins cette dimension participe de l'histoire du panafricanisme en ce qu'on le trouvera tout au long du XXème siècle notamment chez les afrocentristes comme Cheikh Anta Diop qui continuèrent de placer l'homme noir au centre du débat panafricain ou encore chez les penseurs de la négritude.

Le panafricanisme a été marqué dès ses débuts par un militantisme intellectuel et culturel qui a précédé et va accompagner les luttes politiques.

2) L'avqnement du panafricanisme politique

Si le XIXème siècle marque la naissance du panafricanisme, le XXème est synonyme de renouveau car alimenté par les futures élites africaines venus étudier en Europe et synonyme de maturation car en traversant l'Atlantique le panafricanisme entreprend sa mue. Il est l'heure que le panafricanisme se recentre sur l'Afrique et que le combat déjà militant se fasse politique.

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