7.1.5.1.1- Revenu agricole
Le revenu est passé de 1.325.193 francs à
1.709.308,6 francs, soit une augmentation de 29%. Cette augmentation du revenu
est surtout le fait du soja, de l'arachide, du maïs fertilisé et de
l'igname. Cette augmentation du revenu a lieu avec une indépendance
intégrale vis-à-vis du marché des produits vivriers de
base en ce qui concerne la consommation du ménage. On se pose alors la
question de savoir pourquoi les exploitations ne choisissent-elles pas de moins
travailler et de gagner plus d'argent ? La réponse à cette
question, c'est que l'agriculteur qui connaît son métier sait bien
qu'il peut gagner en faisant par exemple assez d'igname ou d'arachide en
première saison, mais il craint le risque d'une mauvaise récolte,
risque qui n'est pas pris en compte par le modèle. Dans ces conditions,
le paysan veut quand même être assuré qu'en cas de mauvaise
pluviométrie ou d'attaques dues aux insectes, il pourra survivre sans
aller au marché. C'est ce qui justifie la forte diversification et la
répartition des superficies dans son exploitation qui varie d'une
année à une autre.
7.1.5.1.2- Superficies cultivées
Les résultats comparés du modèle à
ceux observés sont indiqués dans le tableau 39.
Tableau 39 : Résultats de l'utilisation de la
terre
Cultures Résultats observés
Résultats du modèle
Igname à piler 0,65 0,75
Igname ordinaire 0,94 0,90
Maïs 1 1,37 1,19
Arachide 1 0,45 2,52
Niébé 1 0,89 0,28
Cultures Résultats observés
Résultats du modèle
Sésame 2,26 0,86
Superficie 1 6,56 6,50
Maïs 2 1,00 0,65
Maïs avec engrais 0,78 1,97
Arachide 2 1,18 0,15
Niébé 2 1,10 0,39
Soja 0,92 2,00
Voandzou 0,00 0,04
Coton 2,20 0,00
Superficie 2 7,20 5,20
Source : Nos enquêtes, 2004
Les résultats du modèle montrent quelques
différences avec la réalité observée. En seconde
saison, les cultures telles que l'arachide, le voandzou et le
niébé seront produites uniquement pour satisfaire les besoins du
ménage. Alors que dans la réalité observée, les
paysans commercialisent une partie de ces produits, le modèle propose
que seules les quantités nécessaires à la consommation
soient produites. Ces cultures ne présentent donc pas une importance
économique pour la région, du moins dans les conditions actuelles
de leur production au cours de la seconde saison de cultures. Il en est de
même pour le niébé durant la première saison de
cultures. Par contre, le modèle propose de produire plus d'arachide en
première saison dont une partie sera commercialisée. Des
résultats analogues sont obtenus par Adégbidi (2003) qui a
constaté que l'arachide et le niébé présentent de
mauvais résultats économiques mais que les producteurs ne sont
pas prêts à y renoncer. En revanche, le modèle propose de
produire plus d'arachide en première saison de cultures dont la plus
grande partie sera commercialisée. Il en est de même pour le
sésame dont une partie sera commercialisée. Cependant, la
quantité de sésame à produire, bien qu'elle soit
supérieure à celle nécessaire pour la consommation (0,18
ha) est largement inférieure à celle observée (2,26
ha).
Le coton n'est pas retenu par le modèle. Ce
résultat vient démontrer que dans l'état actuel des
choses, le coton n'est pas une culture rentable pour les paysans. Cela confirme
donc la forte régression que connaît de nos jours, cette
spéculation dans les exploitations agricoles. Des études
réalisées en 2002 par l'OBEPAB dans la commune de Glazoué
ont montré que le coton présentait une marge brute
négative, ce qui justifiait l'endettement des producteurs.
A l'opposé du coton, le soja qui fait office de
cultures de rente susceptible de remplacer le coton dans la région est
retenu par le modèle. Celui-ci propose de cultiver 2 ha de soja contre
une superficie observée de 0,92 ha. Ce résultat montre
également l'attachement que les paysans accordent actuellement à
cette spéculation avec la chute du coton.
Concernant le maïs, la superficie à emblaver
durant la première saison de cultures est légèrement
inférieure à celle observée (1,19 contre 1,37 ha). Par
contre, en seconde saison de cultures, le maïs non fertilisé sera
produit uniquement pour la consommation (0,65 ha contre une superficie
observée de 1 ha). Le modèle propose de produire plus de
maïs fertilisé, soit 1,97 ha, ce qui représente plus du
double de la superficie normalement fertilisée pour le maïs. Ce
résultat montre l'importance de l'utilisation des intrants en
agriculture.
Quant à l'igname, le modèle donne un
résultat peu différent de celui observé. Le modèle
propose respectivement 0,75 ha et 0,90 ha pour les variétés
d'igname à piler et les variétés ordinaires contre
respectivement 0,65 ha et 0,94 ha pour les superficies observées. Bien
que la
81 superficie des variétés à piler aient
augmenté de 0,10 ha, celle des variétés ordinaires a
baissé de 0,04 ha. Cette situation s'explique par la rentabilité
supérieure des variétés d'igname à piler
comparativement aux variétés d'igname ordinaires. Globalement, le
modèle indique de produire 1,65 ha d'igname contre 1,59 ha
observés. Il y a donc peu de différences entre les deux
résultats.
Toutefois, cette petite variation de superficie au niveau de
l'igname n'est pas négligeable dans la mesure où elle correspond
à une augmentation du revenu de 125.165 francs CFA, somme importante en
milieu rural.
Il est à retenir du modèle que les ressources
sont tout d'abord mobilisées pour la satisfaction des besoins
d'autoconsommation, ensuite, les facteurs disponibles sont utilisés pour
la production des cultures qui fournissent les plus grands revenus à
l'exploitation bien entendu, en tenant compte des ressources disponibles et des
exigences de chaque culture. C'est pourquoi le maïs fertilisé,
l'arachide, le soja et l'igname sont les cultures dont les superficies
proposées par le modèle sont supérieures à celles
observées. Etant donné qu'elles présentent les meilleures
marges, le modèle est tenu de les produire dans les limites des
ressources disponibles.
Des résultats similaires sont obtenus par Madi (2000)
dans une étude intitulée : Les prix des produits et le
système productif dans la zone cotonnière de l'extrême nord
du Cameroun. Ces résultats ont montré que dès lors que la
production est suffisante pour la consommation, les cultures telles que le
coton, le mouskwari et le niébé apparaissent dans le
modèle car présentant les meilleures opportunités
économiques.
Dans une étude intitulée : Modèle
d'optimisation de la production d'une exploitation agricole avec un tracteur de
faible puissance, Azon (1990) a trouvé des résultats en parti
contraires aux nôtres. En effet, cette étude a
révélé que la différence entre le modèle et
la réalité se situe au niveau de l'importance plus grande
accordée par la solution optimale à la production de coton.
L'étude a aussi montré que l'augmentation des superficies de
coton se faisait au détriment de celles des cultures vivrières,
exception faite de l'igname. Cette dernière conclusion renforce
davantage les résultats de notre modèle.
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