6.3- ESTIMATION DES MARGES BRUTES
La marge brute est définie comme la différence
entre les recettes et les charges opérationnelles. Les marges brutes
moyennes obtenues par spéculation et par ha sont
présentées dans le tableau 25. L'examen du tableau montre que les
marges brutes les plus élevées sont fournies par l'igname, le
riz, l'arachide, le maïs et le soja. Ces cultures présentent une
marge
64 deux fois plus élevée que celle du coton,
principale culture de rente de la région et de notre pays et qui
bénéficie de plusieurs avantages.
Tableau 25 : Marges brutes moyennes par
spéculation en 2003
Cultures
|
A
|
B
|
C
|
D
|
Ensemble
|
Maïs
|
94.128,344
|
70.487,182
|
61.314,314
|
98.067,016
|
79.014,497
|
Riz
|
147.297,010
|
219.588,330
|
134.084,776
|
0,000
|
192.723,540
|
Coton
|
37.381,886
|
0,000
|
14.116,571
|
0,000
|
31.036,800
|
Cultures
|
A
|
B
|
C
|
D
|
Ensemble
|
Igname
|
487.207,850
|
493.124,720
|
0,000
|
0,000
|
490.815,700
|
Soja
|
86.436,246
|
82.086,523
|
54.677,182
|
75.983,286
|
80.924,990
|
Sésame
|
59.808,390
|
48.340,825
|
44.151,996
|
32.807,770
|
50.317,205
|
Arachide
|
89.272,518
|
87.277,815
|
90.534,597
|
45.573,298
|
84.842,070
|
Niébé
|
36.671,495
|
37.473,536
|
44.479,834
|
33.928,958
|
37.777,451
|
Voandzou
|
0,000
|
92.850,416
|
128.464,970
|
98.290,3 11
|
105.628,580
|
|
Source : Enquêtes, 2004
Il faut signaler que la faible marge brute du coton est
liée entre autre à la baisse des rendements (les rendements ont
baissé du plus du tiers voir même de la moitié) alors que
les coûts de production continuent d'augmenter (surtout le coût des
intrants). Cela explique dans une certaine mesure le
désintérêt actuel des producteurs à l'égard
de cette spéculation. Il est important de souligner ici les nombreux cas
de faillite que connaissent les producteurs par rapport à la culture du
coton. Ces cas de faillite entraînent assez de problèmes sur le
terrain et remettent en cause l'existence des groupes solidaires ou
marchés de commercialisation du coton. En effet, le système en
vigueur oblige certains producteurs à payer la dette (crédits des
intrants) d'autres producteurs si bien que cela entraîne des conflits.
Cette situation décourage de plus en plus les producteurs qui obtiennent
de bons résultats. Finalement, ils abandonnent aussi la culture du coton
car fatigués de payer pour les autres alors qu'ils ont aussi de grands
besoins d'argent.
En ce qui concerne le niébé, sa faible marge
brute est due au coût élevé lié au traitement
phytosanitaire. En effet, l'absence d'un traitement phytosanitaire
adéquat pousse les paysans à utiliser assez d'insecticides pour
protéger leur culture ; ce qui ne fait que multiplier les coûts de
production alors que les rendements ne connaissent pas des augmentations
significatives. Malgré une faible marge brute, le niébé
occupe pourtant une place assez confortable dans les différents
systèmes de production.
Une culture telle que le soja, introduite dans les
systèmes de production il y'a peu de temps gagne beaucoup de terrain ;
en témoigne sa marge brute qui fait partie des plus importantes. Le soja
occupe cette position principalement à cause de son faible coût
de
65 production (le producteur n'investit ni pour les engrais,
ni pour les insecticides qui ne sont pas indispensables à l'obtention
d'une bonne production) et l'existence d'un marché pratiquement garanti.
Certains producteurs le considèrent comme la culture qui va remplacer le
coton si les problèmes qui minent ce dernier se poursuivent.
En ce qui concerne l'igname, la marge élevée
s'explique essentiellement par une grande productivité de la terre, bien
que celle ci soit en dessous des potentialités.
Ces marges calculées au prix du marché ne
prennent pas en compte tous les éléments qui amènent le
producteur à faire son choix des cultures et des combinaisons. Par
exemple, pour l'igname, bien que sa marge soit la plus élevée et
que la terre pour sa production existe encore dans le village, sa production
à grande échelle est handicapée par d'autres
problèmes. Les terres fertiles sont éloignées des
habitations si bien qu'il faut effectuer de grands déplacements ; ce qui
explique la présence des nombreuses fermes rencontrées dans la
région. Le marché de commercialisation, bien qu'il existe, le
prix de vente n'est pas garanti. En effet, les commerçants mettent en
place des stratégies pour acheter le produit au plus bas prix possible.
Nous avons assisté dans le marché de Glazoué à
l'une de ces stratégies qui est la suivante : Tout d'abord, les
commerçants s'annoncent dès le Lundi soir pour un marché
qui doit se tenir le Mercredi. Ils poussent ainsi les producteurs à
amener assez d'igname dans le marché et petit à petit, ils
commencent les achats. Le mercredi, le marché est inondé
d'igname. Les achats continuent tout doucement jusqu'aux environs de midi. A
partir de ce moment, les commerçants se retirent, tiennent une
réunion et décident de casser les prix si non, ils
n'achèteront plus. Ils viennent proposer ces prix aux producteurs qui le
plus souvent sont obligés de céder. En effet, dans le cas
où ils ne cèderaient pas, ils seraient contraints de repartir
chez eux avec leur produit. Or vu le coût de transport de l'igname qui
représente un des freins importants de la commercialisation de cette
culture, ils ne peuvent se permettre de prendre une telle décision.
Alors malgré eux, ils sont obligés de vendre.
De plus l'absence d'un arbitrage entre les producteurs et les
acheteurs d'igname fera que les prix connaîtront de grandes baisses avec
une augmentation de la production la conséquence sera la diminution des
marges de production au niveau des paysans.
En définitive, pour la plupart des
spéculations, les marges trouvées risqueraient d'être
supérieures à celles que les paysans peuvent potentiellement
obtenir.
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