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Les implications culturelles dans la commercialisation du gibier au Gabon

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par Georgin MBENG NDEMEZOGO
Université Omar Bongo - Diplôme d'Etude Approfondie 2007
  

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2 - Les revendeuses

2 -1 Corpus théorique

Claude Meillassoux (1974) - « L'agriculture commerciale : le développement des cultures commerciales » in Anthropologie économique des Gouro de Côte d'Ivoire : De l'économie de subsistance à l'agriculture commerciale, Paris, Mouton, pp. 319-324

Claude Meillassoux obtient le diplôme de l'Institut d'études politiques en 1947, puis étudie l'économie et les sciences politiques à l'université du Michigan. En 1955, Balandier l'engage dans le cadre du Bureau international des recherches sur les implications sociales du développement technique de l'Unesco. Meillassoux y découvre l'anthropologie. En 1958, Georges Balandier l'envoie enquêter avec A. Deluz chez les Gouro de côte d'Ivoire. Il publie à son retour « Essai d'interprétation du phénomène économique dans les sociétés d'autosubsistance » qui opère une révolution épistémologique importante. S'inspirant de l'école substantiviste, Claude Meillassoux y montre comment les aînés dominent les cadets grâce au mécanisme de la gestion des dots. Soutenue en 1962 et publiée en 1964, sa thèse de troisième cycle : Anthropologie économique des Gouro de Côte d'Ivoire. De l'économie d'autosubsistance à l'agriculture commerciale, ouvre à une anthropologie économique marxiste.

Le texte soumis pour appréciation traite du développement des cultures commerciales en Côte d'Ivoire. Les cultures en question sont celles du café et du cacao. Dont les autochtones et les immigrants possèdent des plantations. L'auteur souligne que les infrastructures économiques avaient été mises en place pour accueillir ce secteur agricole. Des taxes seront créées afin de maintenir le secteur en vie et contribuer à son développement. L'administration coloniale va organiser le secteur, accordant aux producteurs la liberté de vente. Immédiatement ; un nouveau système d'échange sera institué, tout à fait différent de celui qui était appliqué par les autochtones avant la colonisation.

Le document ne traite pas de commerce de gibier, mais celui du café et du cacao. Nous tirons tout simplement un corollaire sur le gibier. A part le corollaire, ce texte situe dans le temps l'introduction du commerce et de la monnaie. Ce type d'échange est extérieur aux sociétés précoloniales. Nous savons que le commerce introduit en Afrique ne s'est pas limité seulement aux produits agricoles, il a été le commerce de presque tout même de sous-produits d'animaux (Bongoatsi Eckata, 2001, 95). L'époque coloniale constitue la naissance d'un type nouveau d'économie. Le gibier ferra alors l'objet de commerce, et avec le temps, les objectifs lucratifs seront au quotidien de ces populations. L'esprit d'initiative qu'elles avaient déjà pris une connotation lucrative, matérielle, monétaire. Elles parlaient en termes d'argent. C'est la situation actuelle, où tout est commercialisé, même le gibier.

Lucien Démonio (1976) - « La problématique anglo-saxonne : économie politique et anthropologie » in L'anthropologie économique : courants et problèmes, Paris, Maspéro, pp. 10-32

Cet article comprend 4 parties. Notre intérêt réside dans le chapitre 4 traitant de l'analyse substantiviste. Lucien Démonio nous fait part des contributions substantivistes en anthropologie économique. Il nous propose la conception de Karl Polanyi sur l'économie, qui est en même temps le père de ce courant. Polanyi restitue « à l'économie l'étude de la production, de la circulation et de la distribution des biens et services » (Lucien Démonio, 1976, 29). Le substantif tire son origine de la dépendance de l'homme par rapport à la nature et à ses semblables pour assurer sa survie. Polanyi définit l'économie comme « un procès institutionnalisé d'interactions entre l'home et son environnement, qui se traduisent par la fourniture continue des moyens matériels permettant la satisfaction de ses besoins » (Lucien Démonio, 1976, 29-30). Ce type d'économie va intégrer les concepts de réciprocité, redistribution et d'échange marchand.

Notre terrain sera l'illustration de la théorie substantiviste. De par la lecture du discours de cet auteur, il s'agit bien d'une économie commerciale ou marchande, mettant en exergue la production, la circulation et la distribution des biens et services. C'est le même circuit que nous observons dans la commercialisation du gibier. Les revendeuses ou les revendeurs constituent avec les consommateurs les agents économiques, le gibier présenté sous toutes ses formes est le produit de l'échange. Le caractère logique de la relation entre fins et moyens est évident dans le commerce du gibier. Les revendeuses et les revendeurs proposent leurs produits pour en tirer bénéfice, celui-ci leur permettra bien sur de subvenir à leurs besoins.

Maurice Godelier (1984) - « L'idéel et la matériel » in L'idéel et le matériel: pensées, économies, société, Paris, Fayard, pp. 9-39

Ancien directeur scientifique du département des sciences de l'home et de la société du CNRS, Prix international Alexander Von Humbolt en sciences sociales, Maurice Godelier est directeur d'études à l'EHESS où il dirige le Centre de recherche et de la documentation sur l'Océanie. Il a publié deux livres chez Fayard : La production des Grands Hommes (1982), L'idéel et le matériel : pensées, économies, société (1984)

« Les hommes ne se contente pas de vivre en société, ils produisent de la société pour vivre ; au cours de leur existence ils inventent de nouvelles manières de penser et d'agir sur eux-mêmes comme sur la nature qui les entoure » (Maurice Godelier, 1984, 9). C'est dans ces termes que nous pouvons retrouver la problématique de l'auteur. Il met en évidence la production de la culture, la fabrication de l'histoire des sociétés et l'histoire humaine. Cette histoire tire son origine de la transformation de la nature. Dans ce cadre, il est plus question de matérialité mais préalablement construit par la pensée. La spécificité de chaque peuple se trouve dans sa nature de transformer son milieu et de le construire selon son entendement. Les peuples en évoluant, créent en même temps de nouvelles formes de sociétés auxquelles on ne peut pas y échapper. Toute la vie d'un individu serait de produire quelque chose pour son bien ou son existence. En le faisant, il change à la fois sa personne et sa nature. Aucun acte ne peut être posé sans avoir des effets sur l'homme et son milieu. Les peuples tentent d'humaniser leur nature afin de s'identifier des autres.

L'oeuvre de Godelier va tout simplement nous aider à comprendre le mouvement de nos sociétés dans leur histoire. Ce mouvement nous permettra d'explorer les rapports entre pensée, l'économie et la société. Il faut se rappeler que les peuples vivant sur le territoire gabonais avant la colonisation avaient un mode de pensée, un type d'économie propre à leurs sociétés. Mais avec le contact avec les Blancs, certaines choses se sont vues disparaître, transformer et naître. L'introduction de la monnaie comme moyen pour valider l'échange, l'introduction de l'économie marchande et libérale, a fait de ces peuples, des hommes appartenant à une nouvelle société. Interdire la commercialisation du gibier au Gabon, serait ignorer la forme de société dans laquelle nous sommes. La société gabonaise se trouve dans un processus de transformation où les pensées traditionnelles ou anciennes se reproduisent afin de produire une nouvelle culture, celle du Gabon. Ce serait peut-être le moment pour nous de nous interroger sur le type de société le Gabon se retrouve, avec quel type d'économie ?

Socio-anthropologie.revues.org : Maurice Godelier (2000) - « Aux sources de l'anthropologie économique » in Socio-anthropologie, n°7

Ancien directeur scientifique du département des sciences de l'home et de la société du CNRS, Prix international Alexander Von Humbolt en sciences sociales, Maurice Godelier est directeur d'études à l'EHESS où il dirige le Centre de recherche et de la documentation sur l'Océanie. Il a publié deux livres chez Fayard : La production des Grands Hommes (1982), L'idéel et le matériel : pensées, économies, société (1984)

Maurice Godelier, dans ce texte, discute de la question de la notion de l'économie dans les sociétés humaines. Son propos est répartit en deux points. La question des formes marchandes de circulation de biens attire notre attention. Il distingue les formes simples de circulation des marchandise, avec ou sans monnaie, et les formes capitalistes de circulation de marchandises. Les premières sont de l'ordre du troc et les secondes sont d'ordre monétaire. Maurice Godelier distingue à nouveau deux types d'échanges avec monnaie. Le premier est l'échange destiné à satisfaire des besoins où l'argent est utilisé comme simple moyen de circulation entre les marchandises. Le deuxième met en évidence une circulation de la monnaie comme capital. Une catégorie professionnelle spécialisée peut alors paraître, qui a pour fonction d'acheter ou de vendre des biens, soit à l'intérieur d'une communauté, soit entre des communautés.

Nous avons choisit ce texte par rapport à une classe d'acteurs : les revendeuses et les revendeurs. Ceci pour repréciser le contexte économique dans lequel on se trouve. Nous avons interpellé Maurice Godelier dans ce cadre précis pour appuyer le type d'échange qui caractérise cette forme. Ici, le capital est marchand, et le circuit du gibier nous le confirme. L'échange de ce produit est orienté vers le profit. Cet échange met en scène différentes catégories professionnelles. Les acteurs de la vente du gibier considèrent l'activité comme une profession, puisqu'ils y consacrent de leur temps et leur capital. Il sera alors difficile de leur empêcher d'exercer ce qu'ils considèrent comme profession, étant donné que c'est leur seule source de revenus. Dans ce cadre bien précis, nous nous situons dans un mode de production capitaliste.

Françis Dupuy (2OO1) -« L'économie  « informelle » : l'intrication des instances » in Anthropologie économique, Paris, Amand Colin, pp. 167-176.

Françis Dupuy, maître de conférence en anthropologie à l'université de loitiers, membre du LARESCO-ICOTEM, a déjà publié Le pin de la discorde (Paris, 1996), ainsi que divers articles et contribution à des ouvrages collectifs. Après avoir consacré ses recherches de terrain au domaine rural françis, il poursuit actuellement ses travaux dans le cadre d'une anthropologie américaniste.

Le chapitre que nous apprécions comporte deux parties. Nous accordons notre intérêt au point deux de la première partie, qui aborde la question du formel et de l'informel. Le concept d'  « économie informelle », construit par des institutions internationales « tend à qualifier toutes les activités de production ou de commerce se déroulant hors du contrôle des Etats et des instances officielles de régulation nationales ou internationales » (Francis Dupuy, 2001, 168). Tous les débats reposent sur cette conception de l'informel, ce qui complique la définition du secteur informel. Le concept de l'informel a un aspect sociologique qu'il faut intégrer, puisqu'il intègre le salariat, des circuits et réseaux non économique en sens stricte, la parenté. Dupuy na apprécier le travail abattu par Serge Latouche, qui est économiste. Il a vu trois niveaux interdépendant de l'informel : le niveau anthropologique (parce qu'il s'agit de l'humain), le niveau sociétal (à cause du monde d'organisation contractuelle) et le niveau physico technique (à cause de la nature). Mais, l'approche de Latouche a fait couler beaucoup d'encre et de salive.

Cet extrait de texte nous place dans une problématique dont les points de vue seront toujours divergeant entre les anthropologues et les économistes, la question du formel et de l'informel. Notre objet s'inscrit dans la même problématique on se demande dans quel champ inscrire nos revendeuses et revendeurs, dans le formel ou dans l'informel. Les premières enquêtes nous montrent que ses commerçants payent leurs taxes journalières à la municipalité et aux prestataires de service (Georgin Mbeng, 2006, 69). L'objectif de ces agents économiques n'est pas l'accumulation illimitée, ni la production pour la production. Ici, « on est ingénieuse sans être ingénieur, entreprenant sans être entrepreneur, industrielise sans être industriel » (Francis Dupuy, 2001, 168).

2 - 2 Corpus documentaire

Bongoatsi Eckata Wilfried (2001)- « La chasse individuelle : les innovations coloniales et post-coloniales » in Ebwéma : « il est allé tuer ». Le phénomène cynégétique et sa dynamique dans la société hongwe (Gabon), mémoire de maîtrise, Libreville, UOB, pp. 94-103

Bongoatsi Eckata Wilfried est Mahongwè, de nationalité gabonaise, il a fait ses études supérieures à l'Université Omar Bongo où il a passé sa maîtrise en 2001. Il très rapidement de se lancer dans le monde du travail.

Le texte sur lequel nous nous appuyons est le chapitre 2 de la deuxième partie de ce mémoire. Ce chapitre comprend trois sections, mais nous accordons de l'intérêt au premier de la troisième section qui traite de la situation coloniale. Le texte pose la question du commerce des produits naturels, échange passé entre les populations gabonaises et les Occidentaux. L'auteur nous fait comprendre que la présence occidentale au Gabon en particulier était uniquement économique avec l'installation des compagnies forestières. « La situation coloniale a permis aux Occidentaux, par l'intermédiaires des Noirs, d'exploiter massivement les ressources fauniques » (Bongoatsi Eckata Wilfried, 2001, 95). Après l'ouverture du marché d'ivoire, celui des peaux de céphalophes s'est ouvert pour ravitailler le marché européen en partie français. « En 1925 s'ouvrit un marché pour les peaux de céphalophes qui étaient tannées sur place et expédiées sur place et expédier en France pour faire les manteaux » (Bongoatsi Eckata Wilfried, 2001, 96).

Nous savons à partir de ce texte que les Gabonais connaissent la culture du commerce depuis qu'ils ont été colonisés. Ils appliquaient les termes bines et services d'une part, offre et demande de l'autre sans pourtant le savoir. La culture commerciale et la commercialisation ne datent pas de maintenant. Il faut alors retenir que la même façon que la commercialisation du gibier est au même titre que la chasse et la consommation du gibier des habitudes de la culture, des produits de la culture parce qu'elles appartiennent au patrimoine culturel du peuple gabonais actuel. Le texte nous apporte une nouvelle appréhension du phénomène que nous étudions. A la lecture du texte, il ressort que les Occidentaux qui étaient en place au Gabon occupait une position de revendeur, parce qu'ils achetaient pour d'autres personnes. A ce niveau, nous pouvons devons donc dire qu'il a avait déjà une classe de chasseur, de revendeurs et de consommateurs, qu'avec le temps les deux autres classes naîtront.

Ludovic Mba Ndzeng (2004) -« Les formes de gestion de l'écosystème du village Mbenga (Woleu-Ntem) » in Revue gabonaise des sciences de l'Homme : les formes traditionnelles de gestion des écosystèmes au Gabon, n°5, Libreville, PUG ; pp. 169-176

Ludovic Mba Ndzeng est enseignant au département d'anthropologie à l'Université Omar Bongo. C'est lors du séminaire organisé par le Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale qu'il produit « Les formes de gestion de l'écosystème du village Mbenga (Woleu-Ntem) ».

L'auteur nous démontre la structure du village reposant sur ses segments de lignage et constituant ainsi les différents quartiers de Mbenga. Il souligne que l'emplacement actuel de celui-ci repose sur les besoins des habitants notamment la position du soleil, les points d'eau, la morphologie et le degré de fertilité des terres environnantes, et aussi l'orientation des vents. Cet article fait également ressortir les rapports que les populations de Mbenga entretiennent avec leur milieu forestier. Les activités qui y sont pratiquées permettent aux populations de satisfaire leurs besoins. La chasse, activité exclusivement masculine, était individuelle ou collective. Elle se pratiquait davantage sur des espaces privés (chasse individuelle) et communs à l'ensemble de la communauté (chasse collective), avec des techniques rudimentaires. Aujourd'hui, grâce à l'introduction du fusil, les populations optent préférentiellement pour la chasse individuelle. L'auteur n'oublie pas de souligner l'aspect réglementaire de cette activité, l'initiation et la socialisation qu'elle engendre au sein du groupe. L'introduction du fusil et de l'adaptation de la technique de piégeage seront à l'origine des grands changements observés maintenant. Ces techniques nouvelles vont occasionner un impact considérable sur l'écosystème. Les restaurants sont l'une des preuves de la surabondance du gibier à Oyem. Cette surabondance de gibier dans le centre urbain, est le fait des « bayames ».

Pour lui, le terme « Bayame » qui est une contraction du pidjin « Bayam Salam », vient de l'anglais « To buy » et « to sell », « acheter » et « vendre ». Dans le contexte qui est le nôtre, le terme Bayame désigne un groupe de femmes spécialisées dans l'achat et la vente du gibier ou de tout autre produit de collecte. Mais nous nous intéresserons à celles qui achètent et vendent surtout du gibier. Mba Ndzeng mentionne que ce changement relève de ce que nous qualifions de campement. Deux comportements seront évoqués par l'auteur notamment les phénomènes «  bayame » et de la « tronçonneuse » caractéristiques de l'appât du gain qui est devenu l'objectif principal poursuivit par chacun. En fin de propos, l'auteur ferra ressortir les mérites de la jachère, technique longtemps utilisée par ces peuples. Il va repréciser le modèle d'exploitation dans lequel nous sommes, partant ainsi de l'exploitation parcimonieuse à une exploitation abusive, et propose la contextualisation des principes expérimentés par nos pères.

Le texte apporte des éclaircissements sur l'objet de notre étude. Il aborde la question des revendeuses de produits naturels particulièrement le gibier. L'auteur participe de la compréhension du phénomène de la commercialisation. Ludovic Mba Ndzeng l'inscrit dans le phénomène « bayame ». C'est phénomène urbain essentiellement qui pose le problème du rapport urbain-rural. Le phénomène « bayame » est synonyme d'identification d'une catégorie de femmes qui se spécialisent dans la vente d'un produit naturel. Nous nous proposons de dépasser ce terrain. Il ne s'est intéressé qu'à l'usage alimentaire. Or il est important d'aborder tous les usages du gibier. Il est facile de constater dans certains emplacements la vente des peaux, des oiseaux et des pattes de certains animaux pour les usages médicinaux et rituels.

carpe.umd.edu : Projet de conservation de la biodiversité dans la vallée de l'Inoubou. Etude des ressources fauniques et de leurs utilisations dans la zone Ndiki-Makénéné

Dans cet article, Jean Claude Soh présente l'étude des ressources fauniques et de leurs utilisations dans la zone Ndiki-Makénéné, financée par le Programme Régional d'Afrique Centrale pour l'Environnement (CARPE). C'est dans l'optique du développement durable que CARPE va contribuer aux côtés du Centre d'Appui aux Femmes et aux Ruraux (c.a.f.e.r) au projet de conservation de la biodiversité dont le c.a.f.e.r est l'initiateur.

Le texte comporte quatre parties et bien évidemment une introduction et une conclusion. L'importance de ce texte nous proviendrait de la troisième partie précisément dans ses résultats obtenus. C'est dans ce point que l'auteur fait intervenir les revendeuses de viande de brousse qu'il appelle aussi « Buyam-salam ». Il y a bien d'autres points, mais c'est celui-là qui attire notre attention. Jean Claude Soh présente les résultats obtenus de son terrain. La quasi-totalité des femmes interrogées sont dans la trentaine d'âge, ayant une expérience de la vie et des responsabilités familiales. Leurs expériences du métier varient entre 2 et 15 ans. Les raisons de l'exercice de ce travail sont également évoquées et quatre principales raisons ressortent le plus lors des enquêtes. Il y a parmi les quatre raisons la recherche de moyens de survie, la seule activité facile et rentable, l'imitation des autres et le chômage, l'écoulement des produits de chasse du père.

Le commerce de gibier permet-il de gagner sa vie ? Sur les 12 femmes que l'enquêteur a interrogé, 10 affirment gager leur vie à partir de ce commerce. Les deux autres pensent qu'il y a trop de pertes et trop de femmes dans l'activité. Dans l'origine des problèmes rencontrés, plusieurs réponses sont également données. Il y a trop de saisies d'une part par les agents des Eaux et Forêts d'autre part par les gendarmes, le nombre de revendeuses est très élevé, le chantage de certains chasseurs, la malhonnêteté de certains chasseurs, le mauvais état de la routes, la cherté du gibier vendu par les chasseurs et la putréfaction du gibier après achat. Ces femmes pensent que l'on devrait réglementer l'activité et leur délivrer les autorisations de vente moyennant des taxes ; le contrôle devrait toucher directement les chasseurs et non elles, étant donné que ce n'est pas elles qui vont forêt ; créer les empois et développer les activités alternatives ; négocier de temps en temps avec les agents des Eaux et Forêts.

La situation relatée dans ce texte est vécue au Cameroun, on pourrait alors tirer un corollaire avec la situation gabonaise. Il nous revenait de montrer la situation actuelle de la consommation de la viande de brousse, qui fait intervenir un acteur autre que la chasseur dans le circuit chasseur-consommateur. Le gibier se voit d'abord passer par les revendeuses avant qu'il ne soit consommé. Le texte est d'un apport important parce qu'il met en évidence l'exigence de la statistique dans toute recherche. Nous nous proposons d'intégrer cet outil de travail afin d'avoir des résultats détaillés.

www.wcsgabon.org: Quelques marchés commerciaux du gibier étudiés au Gabon

Le Wildelife Conservation Society (WCS) est une ONG environnementale américaine, qui participe aux côtés de l'Etat gabonais à la protection de la nature.

Le document présente les recherches effectuées par l'ONG sur les marchés de vente de gibier sur le territoire national. Sept villes regorgent les plus grands marchés de vente de gibier au Gabon. Il y a Libreville, avec Mont Bouet comme principal marché ; Franceville, avec le marché de Pottos ; le marché d'Afane est le seul pourvoyeur de gibier à Makokou ; Carrefour Monaco pour alimenter la ville d'Oyem ; Okondja est la zone d'approvisionnement de Franceville ; le marché de Manbenda alimente les populations urbaines de Koulamoutou ; les populations de Lambaréné se ravitaillent au Port. Selon l'étude, le marché d'Oyem est le premier marché du Gabon en terme de poids total de viande de brousse vendue (48 tonnes avec une valeur de 104. 000. 000 f cfa), et s'oppose à celui de Lambaréné (24 tonnes, 19. 000.000). il faut signaler que cette étude a été menée en 2004.

L'étude est intéressante parce qu'elle présente le contexte économique et commercial du gibier au Gabon. Elle donne un aperçu du phénomène dans plusieurs villes gabonaises. L'examen des différents marchés de vente de gibier met l'accent sur les statistiques de vente et sur les espèces les plus vendues. Ce qui signifie qu'il y a une préférence pour une espèce par rapport à d'autres. Mais nous constatons que les raisons de ces préférences ne sont pas données. Notre travail consistera alors à fournir une explication sur celles-ci. De la lecture des chiffres avancés par l'étude, nous pensons qu'on chasse avant tout pour s'alimenter, les autres usages sont secondaires. Il est de notre devoir d'intégrer la statistique pour mieux expliquer et comprendre certaines situations. Les vendeuses de viande de brousse sont des agents économiques dans le sens de l'économie politique. Nous tenterons d'étudier leurs charges, le chiffre d'affaire journalier. Nous allons mesurer la fréquence de l'espèce la plus abondante. Ce sont des points que nous aborderons pour étayer notre propos.

www.iucn.org: Oumarou Ahmed : « Le commerce transfrontalier des espèces sauvages en Afrique de l'ouest » in Deuxième colloque Pan-Africain sur l'utilisation durable des ressources naturelles en Afrique : Ouagadougou, Burkina Faso, 2000

Le texte d'Oumarou met en exergue la problématique de la valorisation des ressources renouvelables. L'accent est mis sur le commerce de la faune qui s'opère à deux niveaux : il y a le commerce des espèces animales vivantes et celui des sous-produits. L'utilisation durable des ressources naturelles est une préoccupation largement exprimée dans le cadre de plusieurs politiques nationales et conventions internationales, dont la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faunes et de flores sauvages menacées d'extinction) assure la gestion. Oumarou pense que « le commerce transfrontalier est l'une des voies les plus indiquées pour la valorisation des espèces sauvages » ( www.iucn.org: Oumarou Ahmed : « Le commerce transfrontalier des espèces sauvages en Afrique de l'ouest » in Deuxième colloque Pan-Africain sur l'utilisation durable des ressources naturelles en Afrique : Ouagadougou, Burkina Faso, 2000).

La contribution d' Oumarou Ahmed nous permet de justifier le commerce des sous-produits de la faune. D'aucuns pourraient penser que le commerce du gibier est uniquement celui de la viande. Ils ne peuvent pas s'imaginer que la peau de civette que détient le tradithérapeute est vendue ou a été achetée par celui-ci. La preuve est que l'ivoire du Gabon, en 1849 par exemple, représentait pendant les mauvaise années 50% et pendant les bonnes années jusqu'à 70% et même 80% des exportations de l'Estuaire (M'bokolo Elikia, 1981, 107). En 1925 s'ouvrit un marché pour les peaux de céphalophes qui étaient tannées sur place et expédiées en France pour faire les manteaux et des peaux de chamois. L'A.E.F exporta en 1937 un tonnage de peaux de céphalophes équivalent à 800. 000 animaux (Bongoatsi Eckata, 2001, 96). Ces éléments sont la preuve que les sous-produits sont commercialisés depuis longtemps. Il faut aussi voir l'aspect de la monnaie qui est de nos jours le moyen d'échange, imposant par la suite une certaine rationalité économique qui diffère de celle connue auparavant. C'est maintenant la logique de calcul, de profit matériel qui oriente les individus en ce moment. Dans ce cas, il y a préalablement l'expérience de l'utilité d'un matériau qui est un acquis, ajoutée à cela l'usage de la monnaie. L'objectif dans notre étude serait peut-être d'élargir nos horizons vers les différents sous-produits qui sont mis en vente par certains revendeurs. Le but serait de répertorier les espèces dont les sous-produits sont commercialisés.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld