Chapitre 2 : Corpus iconographique
1 - Les chasseurs
Les techniques de chasse
Photo 1 : calibre semi-
automatique (cinq coups), Maverick modèle 88 (cliché Georgin
Mbeng Ndemezogo) novembre 2005
L'image ci-dessus nous présente un fusil de chasse,
Maverick modèle 88, communément appelé fusil à
pompe. La capacité de ce calibre est de cinq (5) coups ou cartouches.
C'est un sémi-automatique qui est utilisé par l'un de nos
informateurs. Cette photo a été prise lors de l'excursion que
nous avons faite avec ce chasseur. Nous avons ici l'une des ares à feu
que les chasseurs usent pour la chasse de la faune sauvage. Le
propriétaire de cette arme est employé dans une industrie
forestière de la place. En réalité c'est son arme de
service. C'est un pisteur et il a souvent besoin du fusil lors du pistage.
C'est une arme qui lui été donnée par son employeur.
L'objectif de cette photo est double. Le premier
démontre le progrès des armes de chasse que l'on utilise en ce
moment. Cela démontre aussi du progrès des
sociétés. Nous laissons les lances, les flèches, les
filets au détriment de ces armes modernes. Le second objectif explique
le fait migratoire. D'aucuns postulent la disparition des espèces et
attribuent celle-ci à la surexploitation de ces espèces. Nous
partageons cet avis, car un animal de tuer est un animal de moins et de
disparu, c'est-à-dire qu'on ne le reverra plus. L'explication que nous
donnons pourrait également signifier qu'il est allé loin du lieu
habituel et devient rare. Nous tentons d'expliquer ici le fait migratoire de
ces espèces. Le déplacement des animaux est causé par le
bruit produit par les coups de fusils répétés des
chasseurs. Et s'il se trouve que cette chasse est pratiquée près
des chantiers forestiers, la migration sera accentuée. Mais certains
animaux seront plus ou moins abattus. En effet, ce n'est pas tous les animaux
qui fuiront le bruit produit. Cette situation est valable pour tous les
êtres vivants quand leurs biotopes respectifs se trouvent
perturbés. Les animaux se déplacent quand ils sentent la menace.
Et pour eux le bruit est l'une des menaces qui pourra les amener à
migrer vers d'autres horizons.
En outre, l'observation que nous avons fait dans le village
de Mbel peut être vérifiée dans plusieurs villages
gabonais. En effet, un fusil de chasse peut être utilisé par
plusieurs chasseurs du village. Son usage est alternatif, c'est-à-dire
est fonction du repos de l'un des chasseurs et ce au repos du chasseur
propriétaire de l'arme. Nous avons également constaté lors
de nos investigations que plusieurs de ces armes ne sont pas
enregistrées. Elles ne sont pas déclarées au service
habilité à le faire. De ce fait, elles ne sont pas connues du
ministère de tutelle. Il est important de faire l'inventaire des armes
à feu qui se retrouvent sur le territoire national afin d'assurer non
seulement la sécurité des uns et des autres et contrôler
l'information sur les armes qui franchissent le territoire.
Photo 2 et 3 : techniques de
pièges (cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) novembre 2005
Ces photos présentent deux techniques de pièges.
Sur la première (celle de gauche), nous pouvons observer le type
piège que le fang appelle « olam
ébén ». C'est un type de piège constitué
d'un trou, des bâtonnets, d'un câble métallique et d'un
piquet. Le trou consiste à maintenir les bâtonnets qui soutiennent
le déclencheur et le tout est recouvert de feuilles mortes qui cachent
la vigilance des animaux. La photo 9 en annexes nous montre la forme que prend
ce piège après le montage. L'autre spécificité se
trouve sur le fait que ces pièges sont isolés et
éparpillés dans la forêt.
L'autre technique de pièges,
appelé « ossap » ou « awoura
ding » en fang, a la particularité d'aligner les
pièges. Cette particularité fait qu'on les appelle pièges
à barrage. Sur la photo de droite, le chasseur obstruit le passage des
animaux et va les contraindre à emprunter le passage qu'il va leur
créer. Un passage qui les conduit directement au câble
métallique. Les éléments constituants le barrage sont de
nature diverse mais provenant toujours de l'environnement immédiat de
l'homme. Notre chasseur a utilisé les tôles pour son barrage qui
sont des matériaux modernes. Sur cette photo, le chasseur remet le
piège qui n'a pas pu prendre un animal.
Ces photos nous présentent les deux techniques de
pièges que nous avons rencontré. Le nombre de ces pièges
varie selon les chasseurs. D'aucuns auront moins de cent pièges, et
d'autres iront au-delà de ce chiffre, si possible atteindre quatre cents
ou cinq cents pièges. Le rapport des chasseurs est le même. En
effet, la visite des pièges se fait chaque deux jours. L'écart de
trois jours est possible mais pas souvent conseillé car il facilite la
dégradation du gibier. Et nous avons constaté que les chasseurs
qui ont moins de cent pièges sont physiquement diminués et vis
versa. Il faut souligner que la visite des pièges nécessite des
efforts physiques considérables et surtout quand elle est faite chaque
deux jours. Le gain est ainsi fonction du nombre de pièges.
Les chiffres que nous avons donnés plus haut font
ressortir l'esprit d'abondance qui habite les chasseurs. Nous sommes
frappés par la dictature de la quantité. Et les
différentes techniques de chasse développées à cet
effet sont donc contextuelles. Pourquoi produire en quantité ? En
nous posant cette question, nous soulevons ici le problème de la
cherté du coût de la vie. Cette situation, associée
à l'effort de chasse, amène peut-être les chasseurs
à fixer les prix que nous retrouvons sur le marché. Au regard de
tout ceci, nous pouvons donc confirmer l'aspect professionnel de cette
activité. Elle regorge même une réglementation que les
chasseurs respectent avec rigueur afin que l'activité leur soit
profitable. Nous aurons donc une fréquence des visites des pièges
estimée entre deux et trois fois par semaine.
2 - Les revendeuses
Les marchés
Espèces
|
Tas/F CFA
|
Gigot/F CFA
|
Entier/F CFA
|
Céphalophe à ventre blanc (Antilope)
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1 000
|
4 000
|
20 000
|
Céphalophe bleu (Gazelle)
|
1 000
|
1 500
|
6 000
|
Athérure (Porc épic)
|
1 000
|
|
9 000
|
Singe
|
1 000
|
|
10 000
|
Pangolin à longue queue
|
1 000
|
|
6 000
|
Pangolin géant
|
1 000
|
15 000
|
60 000
|
Potamochère (Sanglier)
|
1 000
|
20 000
|
120 000
|
Boa
|
1 000
|
3 000
|
60 000
|
Crocodile
|
1 000
|
|
12 000
|
Renard
|
1 000
|
|
6 000
|
Chat huant
|
1 000
|
|
6 000
|
Eléphant
|
1 000
|
|
|
Mandrill
|
1 000
|
8 000
|
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Chevrotain aquatique
|
1 000
|
3 500
|
12 000
|
Tableau 1 : Prix du gibier au marché
Source : Georgin Mbeng Ndemezogo
Le tableau ci-dessus présente les prix des
espèces en tas, en gigot et en entier qui sont pratiqués dans les
marchés de Libreville. Le marché de Mont Bouét nous sert
d'illustration. Ce tableau nous donne un aperçu des montants
proposés par les « bayames » au marché.
Illustrer ces propos a été l'une des
idées que nous avons eut et jugé nécessaire. Le tableau
ci-dessous éclairera notre lanterne sur les prix qui sont fixés
dans les marchés. Les données qui s'y trouvent proviennent du
marché de Mont Bouét.
La fixation du prix est importante car ce prix doit
être apprécié par le client. Les clients ont effectivement
une préférence pour les tas car ils sont faits à moindre
coût. Nous pensons que la fixation des prix d'espèces en tas, en
gigot ou en entier est une technique commerciale qui permet aux
« bayames » de cerner toutes les couches et les
préférences des clients. Selon le principe du prix du gros
(colonne 3), les animaux les plus consommés sont ceux dont les montants
sont inférieurs à 10 000F CFA, car ils sont à la
portée de la grande majorité. Nous constatons que la disposition
du gibier en tas facilite aussi l'écoulement du produit sur le
marché. Le produit est ainsi à la portée de presque tous.
Le contraire de cette situation amènerait les populations urbaines
à ne pas consommer la viande de brousse. Nous pouvons donc
considérer cette disposition en tas comme une technique commerciale qui
permet aux « bayames » de bien profiter de leur
activité.
Mentionnons aussi que le tas ainsi disposé est fonction
de l'entendement de la commerçante. En effet, cette dernière ne
fait pas usage d'une balance afin de mesurer le poids du tas qu'elle dispose.
Pour les « bayames », la balance ne leur avantage pas.
Elles sont perdantes en l'utilisant. Même là, en l'utilisant, il
est évident que le montant de 1 000f CFA sera fixé à
la hausse. Elles risqueront d'avoir ce qu'elles appellent
l' « embaumé », c'est-à-dire la
mévente ou passer des journées sans clients. Il faut faire
remarquer que même le montant de 1 000f CFA est de fois débattu.
Mais ceci quand le client prend par exemple deux tas. Une réduction lui
sera fait pour une circonstance quelconque. A défaut de prendre les deux
tas à 2 000f CFA, le client les prendra à 1 500f CFA. Ce cas
est possible surtout en périodes difficiles. Et ce cas a fait l'objet
d'une expérience que nous avons vécu.
Nous nous sommes aussi interrogés sur le fait que tous
les tas étaient à 1 000f CFA. Il nous a été
dit que c'est le prix le plus abordable et que tous les tas n'étaient
pas constitués de la même façon. Les animaux tués
non pas la même valeur. Le nombre de morceaux de viande que contient un
tas est fonction des périodes. Quand il n'y a pas de clients, le nombre
va à la hausse afin d'attirer les clients. Nous tenons également
à inscrire que la liste des espèces que nous avons sur ce tableau
n'est pas exhaustive. En partant de cette liste, nous constatons que sur 14
espèces recensées, il y a 9 espèces qui sont
protégées. Cela est la preuve d'un véritable
problème.
Les restaurants
Photo 4 : le gibier du restaurant
(cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) février 2006
Sur cette image, nous avons quatre marmites, mais deux
(ouvertes) vont attirer notre attention. Dans ces deux marmites nous avons
l'Athérure (porc épic) et le potamochère (sanglier) cuits.
Ces marmites de loin montre la présence d'un restaurant africain. Cette
photo a été prise au centre-ville.
Tout en constatant ce que ces marmites contiennent, il n'y a
pas moins de trois plats de chaque. Tout ceci appliqué aux prix de Maman
Marie, nous avons un chiffre d'affaire conséquent. C'est un
bar/restaurant qui a deux propriétaires respectives. Cette femme occupe
la terrasse d'un bar. Et c'est là qu'elle assure son service. L'objectif
principal de cette femme est de proposer aux clients un gibier cuit ou
cuisiné. Placé en plein centre-ville, sa clientèle est
constituée des agents des administrations publique et privée. Et
il se pourrait que la finalité soit la même dans la pratique de la
chasse de subsistance. En effet, à la fin, on veut manger de la viande
cuisinée. Nous n'oublions pas de rappeler que cette finalité est
beaucoup plus applicable en zone rurale. En zone urbaine, elle est objet
d'échange monétaire. Le service prend son effet à ce
niveau. Seule la périodicité de la clientèle constitue la
principale difficulté de son service ou de son commerce.
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