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Les implications culturelles dans la commercialisation du gibier au Gabon

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par Georgin MBENG NDEMEZOGO
Université Omar Bongo - Diplôme d'Etude Approfondie 2007
  

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Chapitre 2 : Corpus iconographique

1 - Les chasseurs

Les techniques de chasse

Photo 1 : calibre semi- automatique (cinq coups), Maverick modèle 88 (cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) novembre 2005

L'image ci-dessus nous présente un fusil de chasse, Maverick modèle 88, communément appelé fusil à pompe. La capacité de ce calibre est de cinq (5) coups ou cartouches. C'est un sémi-automatique qui est utilisé par l'un de nos informateurs. Cette photo a été prise lors de l'excursion que nous avons faite avec ce chasseur. Nous avons ici l'une des ares à feu que les chasseurs usent pour la chasse de la faune sauvage. Le propriétaire de cette arme est employé dans une industrie forestière de la place. En réalité c'est son arme de service. C'est un pisteur et il a souvent besoin du fusil lors du pistage. C'est une arme qui lui été donnée par son employeur.

L'objectif de cette photo est double. Le premier démontre le progrès des armes de chasse que l'on utilise en ce moment. Cela démontre aussi du progrès des sociétés. Nous laissons les lances, les flèches, les filets au détriment de ces armes modernes. Le second objectif explique le fait migratoire. D'aucuns postulent la disparition des espèces et attribuent celle-ci à la surexploitation de ces espèces. Nous partageons cet avis, car un animal de tuer est un animal de moins et de disparu, c'est-à-dire qu'on ne le reverra plus. L'explication que nous donnons pourrait également signifier qu'il est allé loin du lieu habituel et devient rare. Nous tentons d'expliquer ici le fait migratoire de ces espèces. Le déplacement des animaux est causé par le bruit produit par les coups de fusils répétés des chasseurs. Et s'il se trouve que cette chasse est pratiquée près des chantiers forestiers, la migration sera accentuée. Mais certains animaux seront plus ou moins abattus. En effet, ce n'est pas tous les animaux qui fuiront le bruit produit. Cette situation est valable pour tous les êtres vivants quand leurs biotopes respectifs se trouvent perturbés. Les animaux se déplacent quand ils sentent la menace. Et pour eux le bruit est l'une des menaces qui pourra les amener à migrer vers d'autres horizons.

En outre, l'observation que nous avons fait dans le village de Mbel peut être vérifiée dans plusieurs villages gabonais. En effet, un fusil de chasse peut être utilisé par plusieurs chasseurs du village. Son usage est alternatif, c'est-à-dire est fonction du repos de l'un des chasseurs et ce au repos du chasseur propriétaire de l'arme. Nous avons également constaté lors de nos investigations que plusieurs de ces armes ne sont pas enregistrées. Elles ne sont pas déclarées au service habilité à le faire. De ce fait, elles ne sont pas connues du ministère de tutelle. Il est important de faire l'inventaire des armes à feu qui se retrouvent sur le territoire national afin d'assurer non seulement la sécurité des uns et des autres et contrôler l'information sur les armes qui franchissent le territoire.

Photo 2 et 3 : techniques de pièges (cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) novembre 2005

Ces photos présentent deux techniques de pièges. Sur la première (celle de gauche), nous pouvons observer le type piège que le fang appelle « olam ébén ». C'est un type de piège constitué d'un trou, des bâtonnets, d'un câble métallique et d'un piquet. Le trou consiste à maintenir les bâtonnets qui soutiennent le déclencheur et le tout est recouvert de feuilles mortes qui cachent la vigilance des animaux. La photo 9 en annexes nous montre la forme que prend ce piège après le montage. L'autre spécificité se trouve sur le fait que ces pièges sont isolés et éparpillés dans la forêt.

L'autre technique de pièges, appelé « ossap » ou « awoura ding » en fang, a la particularité d'aligner les pièges. Cette particularité fait qu'on les appelle pièges à barrage. Sur la photo de droite, le chasseur obstruit le passage des animaux et va les contraindre à emprunter le passage qu'il va leur créer. Un passage qui les conduit directement au câble métallique. Les éléments constituants le barrage sont de nature diverse mais provenant toujours de l'environnement immédiat de l'homme. Notre chasseur a utilisé les tôles pour son barrage qui sont des matériaux modernes. Sur cette photo, le chasseur remet le piège qui n'a pas pu prendre un animal.

Ces photos nous présentent les deux techniques de pièges que nous avons rencontré. Le nombre de ces pièges varie selon les chasseurs. D'aucuns auront moins de cent pièges, et d'autres iront au-delà de ce chiffre, si possible atteindre quatre cents ou cinq cents pièges. Le rapport des chasseurs est le même. En effet, la visite des pièges se fait chaque deux jours. L'écart de trois jours est possible mais pas souvent conseillé car il facilite la dégradation du gibier. Et nous avons constaté que les chasseurs qui ont moins de cent pièges sont physiquement diminués et vis versa. Il faut souligner que la visite des pièges nécessite des efforts physiques considérables et surtout quand elle est faite chaque deux jours. Le gain est ainsi fonction du nombre de pièges.

Les chiffres que nous avons donnés plus haut font ressortir l'esprit d'abondance qui habite les chasseurs. Nous sommes frappés par la dictature de la quantité. Et les différentes techniques de chasse développées à cet effet sont donc contextuelles. Pourquoi produire en quantité ? En nous posant cette question, nous soulevons ici le problème de la cherté du coût de la vie. Cette situation, associée à l'effort de chasse, amène peut-être les chasseurs à fixer les prix que nous retrouvons sur le marché. Au regard de tout ceci, nous pouvons donc confirmer l'aspect professionnel de cette activité. Elle regorge même une réglementation que les chasseurs respectent avec rigueur afin que l'activité leur soit profitable. Nous aurons donc une fréquence des visites des pièges estimée entre deux et trois fois par semaine.

2 - Les revendeuses

Les marchés

Espèces

Tas/F CFA

Gigot/F CFA

Entier/F CFA

Céphalophe à ventre blanc (Antilope)

1 000

4 000

20 000

Céphalophe bleu (Gazelle)

1 000

1 500

6 000

Athérure (Porc épic)

1 000

 

9 000

Singe

1 000

 

10 000

Pangolin à longue queue

1 000

 

6 000

Pangolin géant

1 000

15 000

60 000

Potamochère (Sanglier)

1 000

20 000

120 000

Boa

1 000

3 000

60 000

Crocodile

1 000

 

12 000

Renard

1 000

 

6 000

Chat huant

1 000

 

6 000

Eléphant

1 000

 
 

Mandrill

1 000

8 000

 

Chevrotain aquatique

1 000

3 500

12 000


Tableau 1 : Prix du gibier au marché

Source : Georgin Mbeng Ndemezogo

Le tableau ci-dessus présente les prix des espèces en tas, en gigot et en entier qui sont pratiqués dans les marchés de Libreville. Le marché de Mont Bouét nous sert d'illustration. Ce tableau nous donne un aperçu des montants proposés par les « bayames » au marché.

Illustrer ces propos a été l'une des idées que nous avons eut et jugé nécessaire. Le tableau ci-dessous éclairera notre lanterne sur les prix qui sont fixés dans les marchés. Les données qui s'y trouvent proviennent du marché de Mont Bouét.

La fixation du prix est importante car ce prix doit être apprécié par le client. Les clients ont effectivement une préférence pour les tas car ils sont faits à moindre coût. Nous pensons que la fixation des prix d'espèces en tas, en gigot ou en entier est une technique commerciale qui permet aux « bayames » de cerner toutes les couches et les préférences des clients. Selon le principe du prix du gros (colonne 3), les animaux les plus consommés sont ceux dont les montants sont inférieurs à 10 000F CFA, car ils sont à la portée de la grande majorité. Nous constatons que la disposition du gibier en tas facilite aussi l'écoulement du produit sur le marché. Le produit est ainsi à la portée de presque tous. Le contraire de cette situation amènerait les populations urbaines à ne pas consommer la viande de brousse. Nous pouvons donc considérer cette disposition en tas comme une technique commerciale qui permet aux « bayames » de bien profiter de leur activité.

Mentionnons aussi que le tas ainsi disposé est fonction de l'entendement de la commerçante. En effet, cette dernière ne fait pas usage d'une balance afin de mesurer le poids du tas qu'elle dispose. Pour les « bayames », la balance ne leur avantage pas. Elles sont perdantes en l'utilisant. Même là, en l'utilisant, il est évident que le montant de 1 000f CFA sera fixé à la hausse. Elles risqueront d'avoir ce qu'elles appellent l' « embaumé », c'est-à-dire la mévente ou passer des journées sans clients. Il faut faire remarquer que même le montant de 1 000f CFA est de fois débattu. Mais ceci quand le client prend par exemple deux tas. Une réduction lui sera fait pour une circonstance quelconque. A défaut de prendre les deux tas à 2 000f CFA, le client les prendra à 1 500f CFA. Ce cas est possible surtout en périodes difficiles. Et ce cas a fait l'objet d'une expérience que nous avons vécu.

Nous nous sommes aussi interrogés sur le fait que tous les tas étaient à 1 000f CFA. Il nous a été dit que c'est le prix le plus abordable et que tous les tas n'étaient pas constitués de la même façon. Les animaux tués non pas la même valeur. Le nombre de morceaux de viande que contient un tas est fonction des périodes. Quand il n'y a pas de clients, le nombre va à la hausse afin d'attirer les clients. Nous tenons également à inscrire que la liste des espèces que nous avons sur ce tableau n'est pas exhaustive. En partant de cette liste, nous constatons que sur 14 espèces recensées, il y a 9 espèces qui sont protégées. Cela est la preuve d'un véritable problème.

Les restaurants

Photo 4 : le gibier du restaurant (cliché Georgin Mbeng Ndemezogo) février 2006

Sur cette image, nous avons quatre marmites, mais deux (ouvertes) vont attirer notre attention. Dans ces deux marmites nous avons l'Athérure (porc épic) et le potamochère (sanglier) cuits. Ces marmites de loin montre la présence d'un restaurant africain. Cette photo a été prise au centre-ville.

Tout en constatant ce que ces marmites contiennent, il n'y a pas moins de trois plats de chaque. Tout ceci appliqué aux prix de Maman Marie, nous avons un chiffre d'affaire conséquent. C'est un bar/restaurant qui a deux propriétaires respectives. Cette femme occupe la terrasse d'un bar. Et c'est là qu'elle assure son service. L'objectif principal de cette femme est de proposer aux clients un gibier cuit ou cuisiné. Placé en plein centre-ville, sa clientèle est constituée des agents des administrations publique et privée. Et il se pourrait que la finalité soit la même dans la pratique de la chasse de subsistance. En effet, à la fin, on veut manger de la viande cuisinée. Nous n'oublions pas de rappeler que cette finalité est beaucoup plus applicable en zone rurale. En zone urbaine, elle est objet d'échange monétaire. Le service prend son effet à ce niveau. Seule la périodicité de la clientèle constitue la principale difficulté de son service ou de son commerce.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984