Le transport international de fruits sous temperature dirigée: Cas du transport par voie maritime de la banane de Côte d'Ivoire vers l'Europe( Télécharger le fichier original )par Stéphane DIE KOUADIO ESC Lille - Mastère Spécialisé 2005 |
Section 1: La production : Association entre nationaux et multinationalesPour pouvoir rester concurrentiels, les petits planteurs africains ont dû adopter les méthodes des grandes exploitations bananières sud-américaines. Ainsi, ils se sont associés avec de grandes firmes précédemment citées. §1 Le producteur ivoirien Les producteurs ivoiriens se sont regroupés au sein d'associations telles l'Association Nationale des Organisations Professionnelles Agricoles de Côte d'Ivoire (ANOPACI)10, crée le 19 mai 1998, et de l'Organisation Centrale des producteurs exportateurs d'Ananas et de Bananes (OCAB), crée en 1991. Ces organisations et leurs plantations sont beaucoup plus modestes que leurs homologues sud-américaines. La profession fruitière est née en Côte d'Ivoire avant la seconde guerre mondiale, elle a véritablement pris son essor à partir des années 50, avec la production de bananes suivie 10 F. réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l'Afrique de l' Ouest. www.roppa.info. anopaci@yahoo.fr. plus tard par celle des ananas. Les producteurs d'ananas, constamment liés à ceux de la banane, ont toujours éprouvé la nécessité de mettre en place une organisation commune en raison de l'affinité des deux produits en matière de débouchés, de transport et de réseau commercial. C'est ainsi qu'après la Fédération des Associations Bananières de Côte d'Ivoire qui en 1949, constituait le premier pas vers une organisation de la profession, six structures se sont succédé jusqu'à 1991. L'OCAB est régie par les dispositions de la loi ivoirienne n°60-315 du 15 septembre 1960 avec des statuts et règlements intérieurs lui donnant une personnalité juridique. Sa vocation est d'organiser les exportations et la mise en marché des ananas et bananes vertes. L'OCAB regroupe à ce jour de petits, des moyens et des gros planteurs répartis dans 24 structures d'exportation. Constituant une source de diversification intéressante des exportations agricoles, le gouvernement ivoirien a donné une impulsion à cette culture à travers divers plans d'aide au cours des années 70. La Côte d'Ivoire dispose néanmoins de certains atouts; réputation et couleur des fruits, proximité des marchés, liens culturels et économiques anciens avec l'Europe. 1- Structure de la production bananière ivoirienne Le secteur de la culture bananière se caractérise par une grande diversité des opérations à tous les niveaux : En production, on trouve un très grand nombre de petits planteurs (un million environ). Les opérations sont assez hétérogènes, allant du petit planteur (5-20 ha) à l'itinéraire technique sommaire, à l'exploitation la plus moderne appliquant les techniques de production et de gestion des multinationales latino-américaines, en passant par l'exploitation de taille moyenne (environ 100 ha) plus ou moins modernisée. Des conditions agronomiques ou spécialement topographiques, ainsi que le niveau de modernisation des entreprises sont d'autres facteurs d'hétérogénéité. Il existe certaines difficultés du régime foncier ivoirien qui limitent le remembrement des plantations en unités de plus grandes tailles pour réaliser des économies d'échelles. La nécessité vitale à des rendements similaires à ceux des plantations d'Amérique du Sud, a forcé l'abandon de certaines plantations ne représentent pas le potentiel agronomique nécessaire (pédologique, topographique, disponibilité en eau, etc...). Néanmoins, du fait des efforts considérables de la filière et leur maîtrise technique pointue, les producteurs obtiennent un rendement net moyen exporté par hectare de 35 tonnes (25 à 55 tonnes), ce qui place la Côte d'Ivoire parmi les pays performants dans le domaine. La qualité a également été l'objet d'efforts tenaces et les importateurs européens s'accordent maintenant à dire que la banane ivoirienne a atteint le meilleur niveau. La Côte d'Ivoire comme d'autres pays fournisseurs de bananes sur le marché européen, a bénéficié d'appuis spécifiques de la Commission européenne depuis les années 90. Ces appuis ont permis à la filière banane de bénéficier à ce jour de 55 millions d'euros d'aide. Cette aide vise à améliorer la compétitivité des bananes sur le marché européen par les actions suivantes : Des investissements communs d'amélioration des infrastructures (électrification des sites de production' réhabilitation des pistes d'accès aux plantations' reconstruction du terminal fruitier); la formation et l'appui aux producteurs ; mise à niveau des outils de production par appui direct aux plantations, irrigation, matériel roulant...; développement d'un système de traçabilité pour la gestion des palettes bananes exportées ; étude de faisabilité pour l'amélioration du cadre de vie des ouvriers et leurs familles. A titre d'illustration, citons le nouveau quai fruitier d'Abidjan qui a été inauguré en 2004, ce qui offre à ce pays la plus importante facilité en Afrique de l'Ouest et du Centre, pour l'exportation de fruits frais vers l'Europe. Les exportations de bananes s'établissent autour de 218 000 tonnes. La filière banane est composée de 65 plantations regroupées en 10 structures d'exportations. Celles-ci emploient en pleine production environ 20 000 salariés. La superficie de la bananeraie ivoirienne en production est de 5 500 ha. L a Société de Culture Bananière (SCB) réalise environ 60 % des exportations en volume de bananes. Elle s'occupe du transport des bananes pour ses producteurs. Notons aussi que cette société s'occupe aussi des exportations d'ananas. Le principal débouché de la Côte d'Ivoire est l'UE, soit 80 % des volumes exportés. Elle occupe 5 % des parts de marché de l'UE, loin derrière les pays d'Amérique latine.
Doc 11 - Statistiques de production des bananes. (Source
OCAB) 2- Place de la filière banane dans l'économie nationale Les efforts d'investissements entrepris par les producteurs, les différents appuis accordés par l'UE de 1993 à ce jour et les concours de l'Etat ont permis d'atteindre des résultats non négligeables. On note près de 120 rotations de navires par an (soit 2 départs par semaines pour l'acheminement des bananes) ; environ 300 000 personnes salariées interviennent directement dans le processus de production uniquement ; 145 milliards de francs CFA soit 221.040 millions d'euros de chiffre d'affaire "wagon-départ" et de participation à la balance commerciale ; 5 milliards de FCFA au titre de fiscalité directe et indirecte. Par ailleurs, ce secteur représente 5 % du PIB ivoirien, le binôme banane-ananas représente en volume le second produit d'exportation après le café et le cacao. Les grandes productions de bananes sont comme nous l'avons déjà énoncé, sont de gros consommateurs d'intrants agricoles comme nous l'avons déjà souligné. En effet, cela a permis la création et le développement de plusieurs industries chimiques et entreprises spécialisées dans l'emballage. Ces résultats positifs proviennent d'une politique d'investissement très élaborée depuis 1989. Elle a permis à la Côte d'Ivoire d'avoir un potentiel de production largement au-dessus du quota qui lui est alloué (155 000 tonnes de quota traditionnel et 7 500 tonnes de quota contingentaire, soit 16 500 tonnes) mais cela ne peut malheureusement être exporté compte tenu des restrictions que lui impose le nouveau régime sur les bananes ( suppression des licences d'exportation). Nous pouvons aussi souligner que la pression des prix défavorables aux petits planteurs risque dans un avenir proche, de contribuer à une forte diminution de la population agricole ainsi que des activités parallèles de cette filière.
Doc 12 -- Statistique des exportations de bananes de CI. (source OCAB) § 2 Les exportateurs étrangers Le marché du transport a subi une évolution en Côte d'Ivoire. On est passé du monopole d'Etat à une libéralisation. Nous verrons de façon plus explicite la fin de ce monopole et la libéralisation du marché du transport. 1- La fin du monopole d'Etat Dans le soucis de favoriser le développement du transport dans les pays africains, les conférences Maritimes ont établi la règle des 40/40/20. Cette règle va permettre aux Etats de détenir leur propre flotte. Cette disposition donne 40 % du trafic à l'Etat-armateur, 40 % à un Etat européen et 20 % à la concurrence. En Côte d'Ivoire, cela va se traduire par la détention de 50 % du transport maritime par l'armateur national et 50 % par DELMAS qui est un armateur français, donc européen. Il faut remarquer que les tiers n'ont pas le droit de conclure un quelconque contrat de transport directement avec les producteurs. A la fin des années 80, la situation de ce pays sur le
marché de la banane est mauvaise. Un Compagnie Des Bananes de Côte d'Ivoire (CDBCI), filiales de CHIQUITA font leur apparition. 2- La libéralisation du marché du transport maritime Comme nous l'avons énoncé précédemment, la Côte d'Ivoire a connu une période de crise économique dans les années 80 à 90. Il s'en suivra alors une volonté de changement de stratégie et d'orientation appuyée par le Fond Monétaire International (FMI). Cela visait directement, l'assainissement des Finances Publiques et l'engagement des réformes structurelles. A ce propos, l'on assistera à un vaste programme de désengagement de l'Etat, entre 1998 et 2000 dans les secteurs productifs. La poursuite des réformes structurelles, visera à libéraliser certains secteurs économiques comme le transport maritime. En effet, la Côte d'Ivoire s'engage à libéraliser son transport maritime et à ne pas augmenter le niveau des taxes d'exploitation pendant un certains nombres d'années, et en contre-partie, celle-ci reçoit un fond alloué par l'UE pour l'aide au développement. Les armateurs étrangers étaient autorisés à transporter librement les bananes ivoiriennes vers l'occident. Ces dispositions sont justifiées par l'intérêt économique que représente la libéralisation du transport maritime : une réduction considérable des coûts. De plus, en raison de la fragilité de certaines denrées, le transport doit obéir à des règles de souplesse et flexibilité. Par conséquent, le gouvernement autorisera les producteurs de bananes à conclure en toute liberté des contrats avec les transporteurs de leurs choix. En outre, il faut souligner que la filière fruit a été aussi libéralisée et l'Etat n'intervient que pour jouer son rôle de contrôle, sur le plan sanitaire, notamment à l'exportation. Le contrôle qualité est assumé par l'organisation des producteurs qui l'a logiquement sous-traité à un opérateur spécialisé VERITAS. La filière banane est intégrée avec quelques gros opérateurs qui interviennent à la fois aux niveaux des plantations, du conditionnement, du transport, du fret et de la vente en gros. Il en ressort que la situation actuelle du transport de la banane a quelque peu changé pour ce qui est des acteurs. Nous expliquerons ce fait dans le prochain volet. |
|