QUATRIEME CHAPITRE :
QUELQUES CRITIQUES ET ESSAIS DE
SOLUTION
Ce dernier chapitre vise à approfondir les
réflexions sur les limites identifiées au cours de notre
recherche afin de proposer quelques approches de solutions. Pour ce faire, nous
mettrons particulièrement l'accent, dans un premier temps, sur les
conditions à réunir pour la réussite de la démarche
participative, ou mieux, pour favoriser une meilleure implication des acteurs
locaux dans la conduite des actions de développement les concernant.
Nous terminerons ce chapitre par quelques pistes de solutions destinées
à chaque catégorie d'acteurs concernés par notre
étude.
4.1 CONDITIONS
POUR UNE MEILLEURE PARTICIPATION DES ACTEURS AUX PROJETS DE
DÉVELOPPEMENT DANS LES ZONES D'ÉTUDE
Parmi les limites ou éléments d'analyse
identifiés plus haut, nous voudrions approfondir la réflexion sur
les facteurs ci-après qui constituent, à notre avis, la garantie
pour une participation active, volontaire et durable des acteurs aux projets ou
actions de développement de leur localité. Il s'agit de la
capacitation des acteurs locaux ; du renforcement des capacités des
institutions locales ; de la responsabilisation effective des
acteurs locaux ; de la création d'espaces d'échanges et
de mise en cohérence des stratégies et des actions ; de
l'amélioration des revenus des populations à travers la micro
finance.
4.1.1 La capacitation des acteurs
locaux
Nous mettrons en relief, à ce niveau, la structuration
et le renforcement des capacités des populations qui constituent,
à notre avis, des conditions indispensables pour une participation
active des populations aux actions de développement de leur
localité. En effet, il est évident que pour qu'il y ait
participation, il faut d'abord que la population soit en mesure de comprendre
les enjeux de développement, comprendre aussi le rôle que chaque
membre de la société doit jouer pour y contribuer et prendre
conscience des dangers de l'attentisme ou de la participation passive. Et pour
comprendre tout cela, il faut nécessairement que la population ait un
certain niveau de maturité et/ou d'instruction. Ceci pose d'une part la
problématique de l'éducation pour tous, et d'autre part celle du
renforcement des capacités des populations sur le tas.
4.1.1.1 La problématique de l'éducation au
Bénin et dans les communes touchées
L'éducation est le principal levier de
développement de toute nation. Or, nous constatons aujourd'hui que dans
certains pays africains, l'éducation est malade des orientations mal
avisées et du déficit de volonté politique des
dirigeants. Au Bénin, le coup de gueule des parents
d'élèves, des syndicats et de la société civile sur
les nouveaux programmes d'étude (NPE) n'est pas dénué de
fondement. Plusieurs exemples vécus personnellement et des
témoignages des acteurs de l'éducation nous permettent
aujourd'hui d'affirmer que l'éducation au Bénin nécessite
une réorientation de fond afin de mieux orienter le développement
du pays.
Par ailleurs, le transfert des compétences en
matière éducative aux collectivités locales sans un
transfert correspondant de ressources tel que le stipule l'article 97 de la loi
97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en
République du Bénin, constitue une autre source de
problèmes pour le pays. A cela s'ajoutent les dispositions de l'article
98 de la même loi à savoir : "La commune initie toutes les
mesures de nature à favoriser et promouvoir l'éducation de la
jeunesse". De telles initiatives sont plutôt rares et émanent
jusque-là pour l'essentiel des acteurs privés. Après
quatre années d'exercice du pouvoir au niveau local, beaucoup de
collectivités locales ne savent pas réellement comment susciter
un réel entrain éducatif au niveau des communautés de
base.
De plus, l'article 99 de la même loi énonce que
la commune doit veiller à la promotion des langues nationales.
Cependant, la promotion des langues nationales ne suffit pas à elle
seule pour favoriser le contact des populations locales avec
l'extérieur. Nous estimons, pour notre part, que les
collectivités locales devront également promouvoir, selon leur
contexte, une langue qui favorise l'ouverture de leurs communautés sur
le monde. Il est impérieux, vu le contexte macro dans lequel nous vivons
aujourd'hui, que les populations locales puissent amener leurs produits sur des
marchés nationaux, régionaux ou internationaux et soient capables
d'en négocier les prix sans intermédiaires.
Eu égard à ce qui précède,
nous proposons les pistes de solutions suivantes :
1. Redéfinir le mode opératoire de
la gestion décentralisée de
l'éducation : le gouvernement central, les
collectivités locales, les services déconcentrés et les
PTF devront s'asseoir dans un cadre de réflexion profonde pour
redéfinir des mécanismes et dispositifs viables de gestion
décentralisée de l'éducation au Bénin. Les
rôles devront être clairement définis, les
responsabilités partagées avec les interrelations et les moyens
affectés suivant une feuille de route qui sera suivie et
évaluée rigoureusement.
2. Construire par commune un complexe de formation
technique et professionnelle axé sur les expertises locales et
orienté vers la satisfaction des demandes actuelles et futures en main
d'oeuvre. En effet, il existe, dans chacune des communes
touchées par notre étude, des initiatives éparses
appuyées par les PTF/ONG en matière d'éducation non
formelle, de formation professionnelle, d'alphabétisation, etc. Ces
initiatives isolées et limitées dans l'espace, gagneraient
à être rassemblées à l'intérieur d'un grand
complexe qui pourrait accueillir et former : (i) les jeunes
déscolarisés/non scolarisés à divers métiers
bénéfiques pour le milieu avec une base minimum en
français (vu comme une langue d'ouverture sur l'extérieur), (ii)
les femmes et les hommes adultes pour des renforcements de capacités
adaptés à leurs métiers et auxquels pourraient s'ajouter
l'alphabétisation et le français fonctionnel. Des professionnels
en agriculture, santé, environnement, aménagement, etc.,
pourraient aussi se faire recycler périodiquement dans ce centre suivant
des programmes élaborés sur mesure. Le gouvernement central
pourrait mettre à disposition le centre et les équipements ou le
cas échéant, la commune avec l'appui de ses partenaires pourrait
en prendre l'initiative. Le fonctionnement du centre pourrait être
assuré par les collectivités locales, les PTF/ONG (par
réorientation des appuis actuels) et une contribution des
communautés (dont la forme sera analysée en fonction du
contexte).
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