I.1.4 Indices de configuration et de composition
Afin d'étudier les rapports entre la configuration du
paysage et les processus écologiques, il est utile de décrire
les structures en termes quantifiables. Ceci explique le développement
d'une série d'indices « landscape metrics » (Hargis et
al. 1997 dans Bogaert et Mahamane, 2005). Ces
mesures sont souvent un indicateur de l'impact humain sur la
composition et la configuration du paysage.
La structure du paysage peut être mesurée soit en
utilisant les statistiques et s'exprimer en termes d'unités de paysage
(taille, forme, abondance, dispersion des taches) soit être traduite par
le rapport spatial entre les taches d'un paysage et la matrice de ce même
paysage (Ripple et al. 1991 dans Bogaert et Mahamane, 2005). D'autres
subdivisions séparent les mesures de configuration (mesurant la
géométrie des taches et leur répartition spatiale) des
mesures de la composition de paysage (proportion, richesse,
équitabilité, dominance) (McGarigal et Marks, 1995 ; Gustafson,
1998 dans Bogaert et Mahamane, 2005).
Néanmoins il est probable de se retrouver dans une
redondance des mesures de configurations en utilisant plusieurs indices. Car
beaucoup de mesures employées pour quantifier
l'hétérogénéité spatiale sont
corrélées (O'Neill et al, 1998 dans Bogaert et Mahamane, 2005).
Une solution proposée pour éviter le calcul (et
l'interprétation) de beaucoup d'indices est de décrire les
composantes fondamentales du modèle spatial qui sont
indépendantes et de développer une série de mesures (une
mesure par composante) pour les caractériser (Li et Reynolds, 1994;
Riiters et al, 1996 dans Bogaert et Mahamane, 2005).
L'hétérogénéité spatiale peut-être
défini par une approche caractérisée par quatre
éléments fondamentaux de la configuration, beaucoup plus simple
et plus pratique, proposée en Figure 10 :
- la taille des taches et leur distribution de fréquence
par type ;
- le périmètre des taches et leur distribution de
fréquence par type ; - le nombre de taches par type ; et
- la répartition spatiale des taches.
a b
c d
Figure 10 : Quatre éléments fondamentaux de
la configuration spatiale: la taille des taches et leur distribution de
fréquence (a), la forme des taches qui s'exprime par une distribution de
fréquence de leurs périmètres (b), le nombre de taches par
type (c) et la répartition spatiale des taches (d) (D'après
Bogaert et Mahamane, 2005).
I.2 LA DEFORESTATION EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
I.2.1 Problématique générale
La République Démocratique du Congo comprend la
majorité des forêts tropicales de l'Afrique centrale. Ce qui
correspond à un peu plus d'un million de km2 qui abritent de
nombreuses espèces végétales et animales avec un taux
d'endémisme très élevé (Defourny et al., 2006).
D'une importance capitale pour la protection du climat, les
forêts du Bassin du Congo revêtent plus de 172 millions d'hectares
et constituent le deuxième plus grand massif de forêts tropicales
humides du monde après la forêt amazonienne. Et la
République Démocratique du Congo à elle seule couvre 60 %
des forêts régionales (Tableau 1) Elles abritent une faune d'une
grande richesse et une biodiversité unique en son genre mais, si elles
sont essentielles à la survie d'espèces animales telles que le
gorille ou le bonobo, elles le sont plus encore pour la population de la
République démocratique du Congo: on estime que 40 millions de
Congolais dépendent exclusivement de ses ressources (Devers, 2007).
Cependant ces forêts sont soumises à une
surexploitation. La réduction dans le bassin du Congo
est de 1,3 % comparativement à 2000 et de 4,8 % par rapport à
1990. Il est donc à remarquer que la déforestation augmente
considérablement ces dernières années suite principalement
à une forte pression démographique (Bogaert et al, sous
presse).
Tableau 1: Superficies des forêts par pays en % total
régional (D'après Devers, 2007).
Pays Superficie des forêts × 3
10ha (%)
Cameroun 19.639 10,88
Guinée équatoriale 1.900 1,05
Gabon 22.070 12,22
République Centrafrique 6.250 3,46
République du Congo 22.263 12,33
République démocratique du Congo 108.339 60,03
La végétation congolaise en
général est en corrélation directe avec les facteurs
pédoclimatiques et le relief. Toute la zone climatique (selon la
classification de Köppen) Af, y compris celle située dans la partie
orientale de haute altitude constitue le domaine de la forêt
équatoriale ombrophile. Les provinces à climat Am, exception
faite de celles situées dans la région de Graben à l'Est,
sont également celles de la forêt ombrophile, y compris les
régions du Lac Mai - Ndombe et du Nord - Ouest se trouvant en
réalité dans la bande climatique Aw. Cette situation serait
plutôt liée au fort engorgement qui compenserait la faible
pluviométrie. Les provinces à climat Aw, comme celle du Katanga,
sont le domaine de la forêt claire ou de la savane plus ou moins
arborée en fonction de l'altitude et de la durée de la saison
sèche. Les zones climatiques Cf et Cw de haute altitude correspondent
aux forêts de montagne et aux formations de bambous; dans la
région Sud-Est moins élevée du Katanga, c'est le domaine
de la savane boisée. La classification dite de «Yangambi»,
adoptée par les phytogéographes sous l'égide de la
commission de la coopération technique en Afrique subsaharienne a
identifié sept faciès physionomiques de la
végétation au Congo (Devred, 1960) :
- savane arborée et savane herbeuse ;
- mosaïque de forêt claire et de savane ; -
forêt dense sèche dégradée ;
- forêt semi - décidue ;
- forêt sempervirente ;
- forêt sur sol hydromorphe ;
- végétation de montagne.
Le Tableau 2 donne les estimations préliminaires
récentes des superficies de formations végétales,
réalisées par le Service Permanent d'Inventaire et
d'Aménagement Forestier (SPIAF), à partir de
l'interprétation des images satellites.
Tableau 2: Estimations préliminaires des superficies
des formations végétales pour la République
Démocratique Congo (SPIAF, 2005).
Formation végétale
|
Superficie (km2)
|
% Forêt
|
% Territoire
|
Forêt dense humide
|
572.251,16
|
68,14
|
37,20
|
Forêt de montagne
|
|
|
|
Forêt dense de montagne
|
38.612,39
|
3,01
|
1,65
|
Forêt de bambous
|
1.666,72
|
0,13
|
0,07
|
Forêt dense sèche dégradée
|
|
|
|
Forêt dense tropophile
|
51946,17
|
4,06
|
2,22
|
Forêt claire (Miombo)
|
102.225,61
|
7,99
|
4,36
|
Forêt sur sol hydromorphe
|
88.614,05
|
6,92
|
3,78
|
Galeries forestières
|
2.500,08
|
0,19
|
0,11
|
Forêt de mangrove
|
555,57
|
0,04
|
0,02
|
Forêt secondaire
|
121.670,70
|
9,54
|
5,19
|
Total forêt
|
1.280.042,46
|
100,00
|
54,59
|
Mosaïque forêt-savane
|
165.536,83
|
|
7,07
|
Plantations
|
555,57
|
|
0,02
|
Savanes herbeuses et arbustives
|
768.358,82
|
|
32,77
|
Eau
|
62.502,07
|
|
2,67
|
Non interprétée (nuages)
|
67.502,24
|
|
2,88
|
Total
|
2.344.800,00
|
|
|
La République Démocratique du Congo compte
1.280.042 km2 de formations essentiellement forestières,
couvrant environ 54,6 % de sa superficie. La forêt dense humide vient au
premier rang et représente 68,14 % de cette couverture, suivie des
forêts dense sèche dégradée (12 %), des forêts
secondaires (9,5 %), des forêts sur sol hydromorphe (6,92 %), des
forêts de montagne (3,14 %). Les galeries forestières et la
forêt de mangrove sont moins représentées avec
respectivement 0,19 et 0,04 % de la superficie forestière (SPIAF, 2005).
La répartition de cette couverture à travers les provinces
administratives du pays accuse des inégalités frappantes (Tableau
3).
Tableau 3: Répartition de la couverture
forestière à travers les provinces (SPIAF, 2005).
Province
|
Superficie totale (km2)
|
Superficie forestière (km2)
|
Forêt %
|
Bandundu
|
295.658
|
120.000
|
40.6
|
Bas Congo
|
53.855
|
10.000
|
18.6
|
Équateur
|
403.292
|
402.000
|
99.7
|
Province Orientale
|
503.239
|
370.000
|
73.5
|
Kasaï Occidental
|
156.967
|
40.000
|
25.5
|
Kasaï Oriental
|
168.216
|
100.000
|
59.4
|
Kinshasa
|
9.965
|
-
|
-
|
Kivu
|
256.662
|
180.000
|
70.1
|
Katanga
|
496.865
|
10.000
|
2.0
|
Total
|
2.344.885
|
1.232.000
|
52.5
|
|
|