Dédicace
A tout ceux qui souffrent et meurent dans le silence pour la
justice ,
A mes parents : Valentin DJIBU KABULU Nsensele
Veronika KALENGA MBAYO
A Emilie CARDON DE LICHTIB UER ,
A mon épouse Sylvie Rose NYEMB WE NGALULA ,
A mes cinq enfants : Benami DJIBU KABULU MFUMU Amane DJIBU
KALENGA BANDAILE
Wosia DJIB U KELA INA MIZO Faida DJIB U NGANDU MWANA Saeli
DJIBU AMI NYEMB WE
Je dédie ce travail.
Remerciements
« Ce n'est pas parce que c'est dur qu'on n'ose pas, mais
c'est parce que l'on n'ose pas que c'est dur »
Si nous pouvions percevoir clairement le miracle que
représentent ces roches, ces eaux de mer, ces montagnes, ces grottes,
ces arbres et fleurs..., notre vie tout entière changerait. Car la vie
et l'espérance se cachent dans ce silence. Nous vivons dans les
merveilles que nous cherchons en dehors de nous ! Les problèmes
d'environnement préoccupent tant de personnes scientifiques ou non
actuellement. Les recherches foisonnent, elles conduisent les uns sur des
chemins où l'intelligence et le coeur demandent des réponses
construites ; d'autres préfèrent donner la priorité
à la multidisciplinarité et aux sensations avec des approches sur
les terrains. Cette démarche en équipe est une réelle
croissance individuelle et intellectuelle. Ce désir d'approfondir, ce
goût de partager ses expériences, cette nécessité de
travailler en équipe..., montrent que les problèmes
environnementaux ne peuvent se réduire à une seule cause (moins
encore à une seule discipline). Cette formation a été
très instructive pour nous, non simplement du point de vue scientifique
mais aussi du point de vue humain et social. Quelle joie de partager son
auditoire, son sourire, ses pensées, pendant douze mois, avec tant de
personnes des nationalités différentes !
Nous adressons nos remerciements aux gouvernements congolais et
belge pour nous avoir donné cette occasion de continuer notre formation
doctorale.
Nous remercions le Professeur Michel Ngongo Luhembwe pour sa
confiance à notre devenir, son encadrement, et aussi son attention
particulière à notre égard. Grâce à lui nous
avons pu voir une autre porte s'ouvrir !
Nous remercions le Professeur Jan Bogaert pour nous avoir
acceptés dans le Laboratoire d'Ecologie du Paysage, pour avoir
accepté de diriger activement ce travail, et pour son dévouement
exceptionnel. Car de lui avons appris qu'il faut avancer sans cesse
malgré la grandeur d'une tâche démesurée. Et dans
cet univers nous y avons appris à refaire notre existence.
Nous adressons nos remerciements au Professeur Pierre Defourny
pour avoir accepter de mettre en notre disposition les données
cartographiques, au Docteur Frank Veroustraete pour avoir
accepter de nous recevoir dans le laboratoire de
Télédétection, et à Bamba Issouf pour sa
collaboration et sa disponibilité.
Nous exprimons notre gratitude à tous nos collègues
doctorants qui ont bien voulu partager ensemble cette riche
expérience.
A vous tous enfin, veuillent bien trouver ici notre
reconnaissance et notre gratitude.
Résumé
Cette étude est basée sur l'évaluation de
l'état de fragmentation au Katanga. C'est une étude
prélimaire aux recherches doctorales ultérieures, initié
dans le but de nous familiariser avec les techniques de l'écologie du
paysage et les logiciels de télédétection. Nous avons
utilisé un support des données au format TIFF
géoréférencée sur l'occupation du sol de la
République démocratique du Congo, datée de janvier 2006,
pour faire l'analyse spatiale. Nous avons mis in fine cinq classes de
l'occupation du sol afin de faciliter les calculs d'indices et
l'interprétation ultérieure de leurs résultats. Deux
approches méthodologiques ont concouru à proposer l'état
de fragmentation au Katanga : le système d'information
géographique (SIG) et l'analyse spatiale. Deux groupes d'indices se sont
avérés appropriés pour décrire objectivement
l'état de fragmentation : les indices de composition et les indices de
configuration spatiale. Ces indices descriptifs du point de vue spatial sont
alors croisés pour définir et évaluer le degré de
l'hétérogénéité spatiale et de
déforestation dans cette zone. Ainsi en comparant les résultats
obtenus, nous avons constaté que le paysage forestier est en pleine
fragmentation au Katanga. La fragmentation reste intense pour les classes des
forêts claire-savane boisée, forêt claire du type Miombo
humide et forêt secondaire. La classe dominante est celle de forêt
claire-savane boisée. Cet état de lieu, nous permet de
prévoir la poursuite de cette étude. Elle pourra se focaliser sur
l'évaluation et à la cartographie de la déforestation au
Katanga en tenant compte du système agricole. Et elle pourra se baser
sur les données diachroniques multisources (images satellitaires,
photographies aériennes, cartes et reconnaissance de terrain), afin de
caractériser le processus de transformation spatiale et la dynamique
spatio-temporelle de la zone.
Mots clé : Ecologie du paysage,
déforestation, télédétection, fragmentation,
Katanga, système d'information géographique, structure spatiale,
République Démocratique du Congo.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1. Superficies des forêts par pays en % total
régional 18
Tableau 2. Estimations préliminaires des superficies
des formations végétales pour la République
Démocratique
Congo...........................................................................
19
Tableau 3. Répartition de la couverture
forestière à travers les provinces......... 20
Tableau 4 . Utilisation des terres et des forêts au
Katanga 21
Tableau 5 . Superficie de principales unités de
formations végétales au Katanga...... 22
Tableau 6 . Principaux agents de la
déforestation................................................ 23
Tableau 7. Causes de la déforestation au Katanga
24
Tableau 8. Conséquences de la déforestation
24
Tableau 9. Taux d'érosion pluviale en fonction du type
de végétation à Lubumbashi 25
Tableau 10 . Données de base de la carte de
l'occupation du sol de la République Démocratique
duCongo.................................................................................
41
Tableau 11 . Nombre de taches par classe d'occupation du
sol.............................. 63
Tableau 12 . Indices se rapportant aux valeurs extrêmes
des aires des classes 64
Tableau 13 . Statistiques des mesures surfaciques 65
Tableau 14 . Indices se rapportant aux valeurs extrêmes
des périmètres des classes 65
Tableau 15 . Statistiques des mesures de
périmètres.............................................
66
Tableau 16 . Valeurs extrêmes des indices des formes
des classes 67
Tableau 17. Statistiques en rapport avec les formes des
classes.............................. 68
Tableau 18. Indices de comparaison en rapport avec les aires
des forêts et du paysage 71
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Evolution des superficies des forêts
tropicales 2
Figure 2: La croissance démographique
2
Figure 3: Représentation du modèle conceptuel
de la hiérarchie globale écologique 8
Figure 4 : Le paysage, niveau d'organisation des
systèmes écologiques 11
Figures 5 : Démarche scientifique en écologie
du paysage 12
Figure 6 : Eléments de base d'une structure
paysagère 12
Figure 7 : Eléments clés d'un système
écologique applicable à chaque échelle spatio-
temporelle 14
Figure 8: Illustration de la fragmentation 15
Figure 9: Illustration des composantes de
l'hétérogénéité spatiale 15
Figure 10 : Quatre éléments fondamentaux de la
configuration spatiale 17
Figure 11: République Démocratique du Congo:
localisation de la province du Katanga 25 Figure 12.Carte de classes
d'occupation du sol du Katanga 53 Figure 13: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des aires pour la
classe forêt
claire du type Miombo 55 Figure 14: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des aires pour la
classe forêt
claire-savane boisée 55 Figure 15: Courbe
des fréquences cumulées des taches en fonction des aires pour la
classe forêt
secondaire 56 Figure 1 6: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des aires pour la
classe
mosaïque forêt-savane 56 Figure 17:
Courbe des fréquences cumulées des taches en fonction des aires
pour la classe forêt
dense 57 Figure 18: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des
périmètres pour la classe
forêt claire du type Miombo 57 Figure 19:
Courbe des fréquences cumulées des taches en fonction des
périmètres pour la classe
forêt claire-savane boisée
58 Figure 20 : Courbe des fréquences cumulées des taches
en fonction des périmètres pour la classe
forêt secondaire 58 Figure 21: Courbe des
fréquences cumulées des taches en fonction des
périmètres pour la classe
forêt mosaïque forêt-savane 59
Figure 22. Courbe des fréquences cumulées
des taches en fonction des périmètres pour la classe forêt
dense 59 Figure 23 . Courbe de fréquences cumulées des
taches en fonction de l'indice de forme pour la classe forêt claire du
type Miombo 60 Figure 24 . Courbe de fréquences cumulées
des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe forêt claire
savane-boisée 60 Figure 25 . Courbe de fréquences
cumulées des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe
forêt secondaire 61 Figure 26 . Courbe de fréquences
cumulées des taches en fonction de l'indice de forme pour la classe
mosaïque forêt-savane 61 Figure 27 . Courbe de
fréquences cumulées des taches en fonction de l'indice de forme
pour la classe forêt dense 62 Figure 28. Droite de
régression des logarithmes des périmètres en fonction des
logarithmes des aires des taches pour la classe forêt claire du type
Miombo 69 Figure 29. Droite de régression des logarithmes des
périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches pour
la classe forêt claire savane-boisée 69 Figure 30.
Droite de régression des logarithmes des périmètres en
fonction des logarithmes des aires des taches pour la classe forêt claire
secondaire 70 Figure 31. Droite de régression des logarithmes
des périmètres en fonction des logarithmes des aires des taches
pour la classe mosaïque forêt-savane 70 Figure 32. Droite
de régression des logarithmes des périmètres en fonction
des logarithmes des
aires des taches pour la classe forêt dense 71
Figure 33 . comprendre le phénomène de la
déforestation 75
Figure 34 . Proposition d'un plan simple de gestion du
paysage 76
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Forêt dense sèche à
cryptosepalum exfoliatum.......................................... 30
Photo 2 : Forêt dense édaphique( Forêt
galérie)...................................................... 31
Forêt dense édaphique (Forêt
marécageuse)............................................................31
Photo 4 : Prairies aquatiques fixées oligotrophes à feuilles
flottantes...........................32 Photo 5 : Prairie aquatique
fixées mésotrophes à feuilles
flottantes..............................33 Photo 6 : Forêts
claires
Miombo...........................................................................
34 Photo 7 : Hautes termitières du Miombo
katangais................................................... 35 Photo
8: Savane arborée alluviale au
Katanga.........................................................36
Photo 9 : Savane du type « Dembo » (à gauche). Savanes
steppiques des Hauts Plateaux (au centreet à
droite).............................................................................................
37
TABLE DES MATIERES
|
|
|
CONTEXTE DU TRAVAIL ET PROBLEMATIQUE GENERALE
|
1
|
|
OBJECTIFS DU TRAVAIL
|
5
|
|
I INTRODUCTION GÉNÉRALE
|
6
|
|
I.1 PRINCIPES DE L'ECOLOGIE DU PAYSAGE
|
|
6
|
I.1.1 Historique de l'écologie du paysage
|
|
6
|
I.1.2 Paysage
|
|
8
|
I.1.3 Structure spatiale et processus écologiques
|
|
13
|
I.1.4 Indices de configuration et de composition
|
|
15
|
I.2 DEFORESTATION EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
|
|
17
|
I.2.1 Problématique générale
|
|
17
|
I.2.2 Déforestation au Katanga
|
|
20
|
I.3. PRESENTATION DU KATANGA
|
|
25
|
I.3.1 Localisation
|
|
25
|
I.3.2 Aspects climatologiques
|
|
26
|
I.3.3 Aspects géologies et géomorphologies
|
|
26
|
I.3.4 Aspects pédologiques
|
|
27
|
I.3.5 Végétation
|
|
28
|
I.3.6 Perturbations et actions anthropiques
|
|
37
|
II MATÉRIELS ET MÉTHODES
|
39
|
|
II.1 DONNEES CARTOGRAPHIQUES
|
|
39
|
II.2 TRAITEMENT DES DONNEES
|
|
40
|
II.3 ANALYSE DE LA STRUCTURE SPATIALE
|
|
42
|
III.3.1 Indices de configuration spatiale
|
|
42
|
II.3.2 Indices de composition
|
|
49
|
III RÉSULTATS ET DISCUSSION
|
52
|
|
III.1 RESULTATS
|
|
52
|
III.1.1 Traitement des données cartographiques
|
|
52
|
III.1.2 Analyse de la structure spatiale
|
|
52
|
III.2 DISCUSSIONS
|
|
72
|
III.2.1 Méthodologie du travail
|
|
72
|
III.2.2 Interprétation des résultats
|
|
76
|
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
|
79
|
|
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
|
81
|
|
ANNEXE : LISTE DES PUBLICATIONS
|
84
|
|
Contexte du travail et problématique
générale
La surexploitation des ressources naturelles par
l'humanité, suite à la forte croissance démographique
(Figure 1 et 2), a fait un bond ces quarante dernières années
entraînant d'énormes modifications des écosystèmes,
lesquelles ont aussi de répercussions sur le climat, la
biodiversité et l'occupation des sols. Ce rythme de consommation des
ressources naturelles excède leurs rythmes de renouvellement. Ainsi,
cette question préoccupe actuellement tant des scientifiques que des
hommes politiques, afin de parvenir à une gestion des ressources
naturelles qui soit porteuse d'avantages socio-économiques aussi bien
qu'écologiques (éco développement). En effet,
l'exploitation forestière, l'intensification de terres agricoles,
l'exploitation de bois, l'exploitation minière, le développement
des infrastructures et l'urbanisation croissante constituent les causes
principales de la fragmentation de la végétation naturelle dans
les régions tropicales. Mais ces transformations ont de
répercussions sur l'ensemble du système écologique
mondial, d'où l'intérêt de toute la communauté
internationale d'agir.
La Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et
le Développement (CNUED), qui s'est tenue à Rio de Janeiro, en
1992, a propulsé à l'avant-scène mondiale les questions
liées à la foresterie, en particulier la déforestation. Le
projet de Convention sur les forêts ne s'est pas concrétisé
mais la Conférence a donné lieu à une série
d'initiatives internationales visant la promotion d'une gestion durable des
forêts, le groupe intergouvernemental sur les forêts, le forum
intergouvernemental sur les forêts, la commission mondiale des
forêts et du développement durable et des initiatives portant sur
les critères et les indicateurs qui pourraient être
utilisés, ainsi que l'homologation du bois. La préservation de
l'environnement, et donc de la forêt, est un des huit objectifs du
Millénaire, lancé en 2000 par les Nations unies. Une course de
vitesse est engagée à l'échelle planétaire pour
préserver un bien commun universel: les millions de kilomètres
carrés de forêts qui contribuent à l'équilibre de la
nature et du climat. Au rythme actuel, et selon le rapport annuel de la FAO
(2005), plus de 140 x 3
10km2 de forêts sont détruits chaque
année, soit 28 hectares de coupes par minute. C'est dans cette
perspective de la nécessité d'une approche coordonnée dans
la préservation des forêts et la conservation de la
biodiversité que nous avons initié ces recherches.
Dans la zone intertropicale, précisent Bergonzini et
Lanly, (2000), les forêts occupent 36 % de surfaces
émergées, soit un peu plus de1 734 millions d'hectares. 30 %
à 40 % de la surface de terre
dans le monde (Figure 1). Elles abritent plus de 50 % de la
diversité spécifique terrestres, elles constituent des
réservoirs stables pour 46 % du carbone terrestre et absorbent le
dioxyde de carbone qui nourrit l'effet de serre et jouent un rôle
prépondérant dans le cycle de l'eau. La destruction des
forêts est responsable de la perte de 2 % à 5 % de la
biodiversité par décennie. On estime qu'environ 137
espèces disparaissent chaque jour dans le monde du fait de la
déforestation tropicale. Et pourtant 90 % de la population pauvre, soit
1,5 milliard de personnes, dépendent totalement ou partiellement des
forêts pour vivre.
2500
2000
1500
1000
500
0
3500
3000
1750 1800 1850 1900 1950 2000 2050
Année
Figure 1: Evolution des superficies des forêts
tropicales. Entre 1850 et 2000, plus de15 % des forêts du monde ont
été défrichées. Le territoire couvert par les
forêts à travers le monde est maintenant réduit à
3500 millions d'hectares principalement pendant la dernière
moitié du XXe siècle. Il y a 8000 ans, les
forêts recouvraient environ 40 % des terres, soit à peu
près 6000 millions d'hectares. Les forêts tropicales viennent de
perdre plus de 35 % de superficies (FAO, 1997).
9
0
1700 1800 1900 2000 2100
8
7
6
5
4
3
2
1
Année
Figure 2: La croissance démographique est
l'un des facteurs favorisant de la déforestation. La population mondiale
croît actuellement au rythme de 1000 millions de nouveaux individus par
décennie. Au cours de la dernière moitié du XXe
siècle, la population de notre planète va plus que doubler et
passer de 2500 millions à 6000 millions (FAO, 1997).
La République Démocratique du Congo, dont les
forêts revêtent plus de 172 millions d'hectares, abritant une faune
d'une grande richesse et une biodiversité unique en son genre,
constituant le deuxième plus grand massif des forêts tropicales
humides du monde après la forêt amazonienne, n'échappe pas
à ce phénomène de déforestation et
déboisement. Quelques efforts pour une gestion durable des forêts
sont réalisés par le gouvernement ainsi que certaines ONG et
institutions internationales uniquement pour le bassin du Congo. Cependant au
Katanga, l'exploitation minière, l'exploitation intempestive des
forêts et des bois et les incendies qui en résultent,
réduisent chaque jour ce qui reste de la forêt tropicale
sèche.
Et cela a provoqué toutes sortes de modifications du
milieu durant les trente dernières années : augmentation des
écarts de températures et la violence des vents ;
réduction de la pluviométrie ; accélération du
ruissellement, de l'érosion et augmentation des risques de crues ;
réduction des infiltrations et baisse de niveau de la nappe
phréatique ; destruction de la réserve d'eau contenue dans cette
biomasse forestière et réduction de l'évapotranspiration,
la formation des croûtes latéritiques et l'appauvrissement des
sols. L'espace rural constitue donc un système complexe dont
l'étude peut s'envisager à différents niveaux d'occupation
des sols, et selon différents points de vue. La maîtrise de la
complexité des systèmes nécessite une approche
renouvelée des dynamiques spatiales. La protection des ressources du
milieu, les conflits d'usage nés de la limitation des ressources, la non
optimisation de la production agricole, les problèmes de
développement de la République Démocratique du Congo
impliquent désormais une meilleure gestion de l'espace rural et urbain.
Ceci exige alors une quantification des dynamiques spatiales par l'analyse du
paysage, permettant de contribuer par la connaissance du milieu à une
meilleure gestion de l'espace, c'est-à- dire à une maîtrise
de transformations abusives des espaces ruraux, des modes d'utilisation des
territoires et leur mise en valeur. L'accroissement de la déforestation
qui résulte du développement de ces activités humaines
doit inciter la plupart des autorités congolaises à se pencher
sérieusement sur le problème et à élaborer une
législation suivie et une réglementation favorisant une gestion
durable des forêts et la conservation de la biodiversité. Et dans
le cadre de nos recherches sur la fragmentation, une contribution significative
à été faite à une publication à ce sujet
dont l'intitulé, les auteurs et le résumé se trouvent en
annexe.
Quelques travaux, avec toutefois les points de vue
différents, dans le domaine de gestion et conservation des ressources
naturelles ont déjà été réalisés au
Katanga. Nous pouvons citer notamment l'étude de Duvigneaud (1952) sur
la flore au Katanga et des sols métallifères, de Lebrun et
Gilbert (1954) sur la classification écologique des forêts du
Congo, de Delvaux (1958) sur les effets mesurés des feux de brousse sur
la forêt claire et les coupes à blanc dans la région
d'Elisabethville (actuellement Lubumbashi), de Symoens et Gathy (1959) sur
l'action humaine sur la végétation de la forêt katangaise,
de Malaisse et Leblanc (1978) sur l'écosystème urbain tropical de
Lubumbashi, de Bizangi (1983) sur la production du bois de feu et du charbon de
bois dans la région de Lubumbashi, de Malaisse et Kapinga (1987)
concernant l'influence de la déforestation sur le bilan hydrique de sols
à Lubumbashi, de Mbenza (1994) sur la déforestation dans le
degré carré de Lubumbashi, de Dikumbwa et Kisimba (2000)
concernant les incidences du déboisement sur l'approvisionnement de la
ville de Lubumbashi en produit de cueillette, de Frauman (2004) sur
l'agriculture et l'état de la déforestation périurbaine
à Lubumbashi.
Cependant, l'aspect eco-paysagère s'intéressant
particulièrement à l'échelle intégratrice du
paysage forestier et son évolution, c'est à dire au changement de
la structure spatiale qui influence le processus écologique, reste
encore jusqu'à présent, un vaste domaine de recherches
écologiques. Et c'est ainsi que nous avons initié un projet de
recherche sur l'évaluation de l'état de la fragmentation des
forêts au Katanga afin de calculer, à l'aide d'outils d'analyse
spatiale, un certain nombre d'indices spatiaux. Ces indices correspondent
à des indicateurs de l'état du changement de la structure spatial
du paysage.
On peut alors se demander quel est le changement de la
structure spatiale qui influence les processus écologiques dans cette
province ? Quel est le taux de fragmentation observé ? La
problématique tourne autour de cette question principale à la
quelle nous tenterons de répondre par analyse et traitement
numérique de la carte de l'occupation du sol du Congo. Les
méthodes à utiliser ont trait à la cartographie, à
la gestion de bases de données, au recueil de données de
terrain.
Objectifs du travail
L'objectif principal de cette étude est de pouvoir
quantifier l'état de la fragmentation au Katanga, en utilisant les
indices de structure spatiale et de composition issus du domaine de
l'écologie du paysage. Il se dégage ainsi deux objectifs
spécifiques à savoir :
- calculer les indices en rapport avec les aires, les
périmètres et les formes de taches
composant les différents types d'occupation du sol, et les
indices de composition ;
- interpréter la structure du paysage (taches, classes et
paysages), sa composition et son
hétérogénéité spatiale
à partir des informations quantitatives observées.
A travers cette étude nous croyons offrir aux
autorités congolaises, aux bureaux d'étude et aux forestiers, aux
agriculteurs et éleveurs, aux responsables des entreprises
minières et aux chercheurs un guide important de conception et un
document de travail permettant de mieux appréhender les risques de
déforestation, en l'inscrivant dans un plan global de projets
d'aménagement et de gestion d'espaces naturels.
Outre le contexte du travail et la conclusion
générale, ce travail a trois grandes parties :
- la première concerne les notions se
référant à l'écologie du paysage et à la
présentation du milieu d'étude ;
- la deuxième présente les données et la
méthodologie utilisée ;
- la troisième concerne les résultats et la
discussion.
I Introduction générale
Notre étude est contextualisée dans un domaine
de recherche beaucoup plus récent à savoir l'écologie du
paysage. Il est donc évident que nous précisions cette nouvelle
notion ainsi que les différents concepts généraux
indispensables dans le cadre de cette étude.
I.1 PRINCIPES DE L'ECOLOGIE DU PAYSAGE I.1.1 Historique
de l'écologie du paysage
L'écologie du paysage est une science récente et
en évolution. L'expression « écologie du paysage »
daterait de 1939. Elle faisait alors écho à une théorie
unifiante émergeante (Landscape Ecology pour les anglais,
Landschaftsökologie ou Geoökologie pour les allemands,
landschapecologie pour les néerlandais), proche de la
biogéographie, mais s'intéressant plus spécifiquement aux
échelles dites « paysagères » ou «
écopaysagères » précisent Burel et Baudry (2003).
Elle a commencé à être conceptualisée dans les
textes dans les années 1940-1950 et continue à se
développer. Wiens (1997) en distingue trois courants historiques
nés en Europe et en Amérique du Nord :
- une écologie synthétique et holistique, où
l'homme tient une place importante ;
- une écologie classique, où le niveau
d'organisation ou l'échelle d'étude deviennent plus large
(échelle du paysage) ;
- une écologie spatiale étudiant la structure et la
dynamique des paysages.
Il s'agit d'une écologie plutôt spatiale,
étudiant comment la structure et la dynamique des paysages
hétérogènes influent sur les phénomènes
écologiques, et réciproquement (Turner, 1989). L'écologie
du paysage cherche à identifier les facteurs humains, et
écologiques en retour, qui influencent l'organisation de l'espace, son
hétérogénéité à diverses
échelles, en combinant l'approche spatiale de la géographie et
l'approche fonctionnelle de l'écologie (Heinrich et Hergt, 2002).
L'écologie du paysage en tant que science décrit et cherche
à expliquer (Heinrich et Hergt, 2003) :
- la structure des paysages (leur composition et configuration)
;
- le fonctionnement des paysages (mécanisme et processus,
interactions entre les
écosystèmes du paysage, interactions entre les
paysages et leur environnement, le flux
d'énergie et de matière traversant les paysages,
les cycles biogéochimiques) ; - les qualités écologiques,
économiques et sociales du paysage ;
- les diverses fonctions que les paysages exercent au profit de
la société et;
- la dynamique des paysages (leur évolution dans le temps
et dans l'espace).
Et les méthodes scientifiques de cette nouvelle science
sont, la cartographie, la télédétection, les
systèmes d'informations géographiques, les techniques
d'échantillonnages, les méthodes statistiques et la
modélisation.
Si l'écologie s'intéresse à la dynamique
de la biodiversité, à toutes les échelles spatiales et
temporelles (Ramade, 2003), et comme le montre la Figure 3 dans Bamba (2006),
l'écologie du paysage s'intéresse particulièrement
à l'échelle intégratrice du paysage, des continents et de
la planète, et à l'évolution des paysages sous l'effet des
interactions complexes entre processus écologiques et l'organisation des
structures spatiales (Burel et Baudry, 2003). Pour décrire ces
structures, l'écologie du paysage a dû développer de
nouveaux concepts présentés ci-dessous. Il est possible que
l'imagerie aérienne qui a commencé à se diffuser, puis
l'imagerie satellitaire aient encouragé ces approches nouvelles, en
permettant une meilleure appréhension des structures
écopaysagères et en offrant un nouveau recul par rapport aux
paysages et à leur évolution.
Figure 3: Représentation du modèle
conceptuel de la hiérarchie globale écologique. Sur la droite, on
retrouve les principales disciplines de l'écologie. On peut remarquer
que l'écologie du paysage inclue l'humain comme une partie
intégrante de son environnement. Ce concept est présenté
en (A) comme une coupe horizontale et en (B) comme un emboîtement des
différentes disciplines (D'après Naveh et Lieberman,
1994).
I.1.2 Paysage I.1.2.1
Définitions
La notion de paysage s'est considérablement
développée ces dernières années et fait
désormais l'objet d'une discipline scientifique à part
entière, l'écologie du paysage. Elle est devenue centrale pour la
gestion de l'espace considéré comme un patrimoine commun à
préserver (Iorgulescu et Schlaepfer, 2002). Néanmoins cette
notion de paysage a souvent oscillé entre deux pôles selon qu'elle
soit définie par les sciences naturelles, les sciences humaines ou
encore les techniques artistiques :
- le paysage considéré comme la
réalité physique d'un espace ; c'est cette conception qui
prédomine en écologie du paysage, écologie dans l'espace,
étudiant les unités biogéographiques, leur agencement dans
l'espace, les communications, les barrières, les fragmentations;
- d'autres ont défini un paysage ce que l'on voit
lorsqu'on regarde son environnement à perte de vue, à l'exception
des points d'intérêts proches de l'observateur ; on s'est
référé également au paysage pour désigner sa
représentation dans une oeuvre.
Eu égard ce qui précède, plusieurs
définitions du « paysage » ont été
présentées par différents scientifiques. Il est
défini comme :
- « l'ensemble des éléments essentiellement
stables et permanents où se produisent les mécanismes cycliques
et finalisés de l'écosystème ; le paysage est la structure
de l'écosystème par opposition au fonctionnement de
l'écosystème » (UNESCO, 1971 dans Neuray, 1982) ;
- « une étendue de pays qui présente une
vue d'ensemble à son observateur » (Petit Larousse, 1974) ;
- « un ensemble unique et indissociable en
perpétuelle évolution dont le résultat, instable, de la
combinaison dynamique d'éléments physiques, biologiques et
anthropiques réagissent dialectiquement les uns sur les autres
(Bertrand, 1968) ;
- « un écocomplexe ou un assemblage
localisé d'écosystèmes interdépendants qui ont
été modelés par une histoire écologique et humaine
commune » (Fischesser et Dupuis, 1996) ;
- « un niveau d'organisation des systèmes
écologiques, supérieur à l'écosystème ; il
se caractérise essentiellement par son
hétérogénéité et par sa dynamique
gouvernée pour partie par les activités humaines ; il existe
indépendamment de la perception » (Burel et Baudry, 2003) ;
- « partie d'un pays que la nature présente à
un observateur » (Robert, 1992) ;
- « a portion of Land or expanse of natural scenery as seen
by the eye in a single view (Landscape, Oxford dictionary dans Mahy, 2006);
- « portion de territoire hétérogène
composée d'ensemble d'écosystèmes en interaction qui se
répètent de façon similaire dans l'espace » (Forman
et Godron, 1986).
Toutes ces définitions ne se contredisent pas par contre
elles sont complémentaires. Le paysage est donc un concept qui relie
l'homme à son milieu, utilisé dans de nombreuses disciplines. Il
est alors
le niveau d'organisation où les interactions entre
organismes vivants, espace et sociétés (Figure 4) prennent toute
leur signification. En tant que conséquence des interactions
passées, sa structure nous renseigne sur l'histoire des relations entre
les sociétés et leur environnement (paysage culturel). Comme
élément contraignant les interactions actuelles, elle est
déterminante pour les processus écologiques (écologie du
paysage). L'hétérogénéité spatio-temporelle
du paysage résulte des interactions entre facteurs naturels mais
également entre ces facteurs et les modes d'utilisation de l'espace par
les sociétés (Figure 5). La modélisation est un moyen pour
intégrer ces facteurs et tester des hypothèses sur la dynamique
des paysages et des habitats (Iorgulescu et Schlaepfer, 2002).
Quels que soient son degré de naturalité et
l'intensité et l'ancienneté des actions humaines, le paysage
conditionne de très nombreux processus naturels. Il contraint à
la fois la façon dont l'homme peut utiliser son environnement et les
conséquences de cette utilisation. Le paysage en tant que mosaïque
d'habitats est ainsi un niveau d'organisation pertinent pour traiter les enjeux
de biodiversité et de conservation des espèces. Son approche est
donc globale. Ainsi les définitions du paysage peuvent toutefois
être groupées en trois ensembles :
- une approche selon laquelle le paysage est
déterminé par les facteurs environnementaux majeurs (climat,
géologie, topographie) ainsi que par ceux résultant de leur
interaction (hydrologie et végétation) ; et à ces facteurs
naturels vient se rajouter l'impact, de plus en plus important, des
activités humaines ;
- une approche centrée sur la perception de
l'environnement par un organisme vivant quelconque, notamment la perception de
l'hétérogénéité de l'environnement du point
de vue de ses fonctions vitales ;
- une approche centrée sur la perception par l'homme ;
c'est-à-dire, dans ce point de vue anthropocentrique, le paysage est
formé par les entités fonctionnelles qui ont un sens pour la vie
de l'homme.
Nous tacherons donc dans le cadre de nos recherches de
considérer, comme l'affirme Burel et Baudry (2003), le paysage comme la
résultante de la dynamique du milieu et de la société qui
s'y est développée, dont la structure, l'organisation, la
dynamique sont en interaction constante avec les processus écologiques
qui s'y déroulent (Figure 4 et 5). Il est alors, d'une manière
générale, convenable de considérer le paysage à une
aire relativement large, de quelques hectares à quelques centaines de
km2 (Forman et Godron, 1986). Cependant on doit tenir compte en
écologie du paysage, de l'échelle de perception humaine, qui
exclut donc les échelles de l'ordre de la région et
du continent d'une part, et des échelles très
locales de l'ordre de m2 par exemple d'autre part (Burel et Baudry,
2003) (Figure 4). L'écologie du paysage considère donc l'effet de
l'échelle spatiale sur le fonctionnement des écosystèmes,
et met l'accent sur les vastes échelles d'espaces et les effets
écologiques du mode d'organisation spatiale des
écosystèmes (Ricklefs et Miller, 2005).
Figure 4 : Le paysage, niveau d'organisation des
systèmes écologiques situés au-dessus de
l'écosystème, mais en dessous de la région et du continent
(D'après Forman, 1995 dans Burel et Baudry, 2003)
Figures 5 : Démarche scientifique en
écologie du paysage: le paysage est la résultante de la dynamique
du milieu et de la société qui s'y est développée.
La structure, l'organisation, la dynamique du paysage sont en interaction
constante avec les processus écologiques qui s'y déroulent
(D'après Burel et Baudry, 2003).
I.1.2.2 Eléments du paysage
Une structure paysagère est caractérisée
par trois éléments essentiels (Figure 6) basés sur la
configuration spatiale des unités paysagères (Forman, 1997): les
taches, les corridors écologiques, la matrice.
Figure 6 : Eléments de base d'une structure
paysagère formant les paysages à savoir les taches, les corridors
et la matrice (D'après Burel et Baudry, 2003).
Les taches sont des mosaïques d'unités
fonctionnelles, des surfaces qui diffèrent, par leur apparence et leur
composition, de ce qui les entoure (la matrice). Ces unités, soulignent
Bogaert et Mahamane (2005), représentent des conditions
environnementales homogènes et leurs frontières se distinguent
par les discontinuités dans les variables d'état d'une magnitude
(amplitude) qui est significatif pour les processus écologique ou
l'organisme considéré. Elles peuvent donc largement
varier en taille, forme, type,
hétérogénéité et /ou en
caractéristiques des frontières. L'ensemble des unités
fonctionnelles ayant des caractéristiques similaires pour le processus
considéré forme un type ou une classe (Iorgulescu et Schlaepfer,
2002).
Les corridors écologiques sont des unités ayant
une forme linéaire caractéristique et remplissant des fonctions
écologiques de conduit (passage), filtre ou barrière. Ils sont
souvent présents dans un paysage en forme d'un réseau.
La matrice désigne généralement
l'élément dominant d'un paysage homogène, observé
à la fois en tant que support et que produit de la biodiversité.
Elle constitue donc l'élément englobant le plus extensif et le
plus connecté.
Parmi les types, la « matrice » est le type le plus
répandu et le moins fragmenté soulignent Iorgulescu et Schlaepfer
(2002) ainsi que Bogaert et Mahamane (2005). Ce type peut également
être considéré comme l'arrière plan du paysage, dans
lequel se situent les autres éléments. Ces différents
éléments d'une matrice écopaysagère
s'interconnectent de manière complexe. Notons que la subdivision du
paysages en ce trois éléments à savoir taches, corridors
et matrices est connu comme modèle « patch - corridor - matrix
» (Forman et Godron, 1981 ; Forman et Godron, 1986 ; Forman, 1997 dans
Bogaert et Mahamane, 2005). Et ce modèle sert souvent de base de
référence pour les mesures de configuration spatiale.
I.1.3 Structure spatiale et processus
écologiques
L'importance de la structure spatiale des
écosystèmes paysagers pour éclairer les processus
écologiques est reconnue par la communauté écologique
(Fortin, 2002 dans Bogaert et Mahamane, 2005). Chaque système
écologique (Figure 7) est caractérisé par une
interdépendance de trois éléments clés: sa
configuration, sa composition et son fonctionnement. Un changement d'un des
éléments aura des répercussions sur les deux autres. Et si
la structure spatiale d'une composante paysagère change, par exemple
suite à la fragmentation d'une zone forestière, les processus de
migration des populations qui utilisent cette forêt changeront
également. En plus, si l'écosystème
considéré est fragmenté, la composition du paysage
connaîtra une dynamique, car les zones initialement couvertes par la
forêt seront remplacées par une autre classe d'occupation du sol.
Ce principe justifie l'importance donnée en écologie du paysage
à l'étude des structures spatiales des paysages (Bogaert et
Mahamane, 2005).
Composition
Figure 7 : Eléments clés d'un système
écologique applicable à chaque échelle spatio-temporelle :
la structure du paysage, la composition et les fonctions présentes dans
le paysage (D'après Noon et Dale (2002) dans Bogaert et Mahamane,
2005).
En plus, les structures caractéristiques des paysages
sont vraisemblablement le résultat de l'action des processus
écologiques, c'est-à-dire, certains processus produisent des
configurations particulières (par exemple, les habitants spatialement
dispersés proviennent de la fragmentation). En analysant le structures
du paysage et leur dynamique, des déductions utiles au sujet des
processus (écologiques) fondamentaux peuvent être faites, et vice
versa (Coulson et al., 1999 ; Bogaert et al., 2004 ; dans Bogaert et Mahamane,
2005). Cette proposition est connue sous le terme« pattern/process
paradigm » et est une hypothèse centrale de l'écologie du
paysage, qui aussi souvent est définie pour cette raison comme «
une branche de la science développée pour étudier les
processus écologiques dans leur contexte spatial » (Antrop, 2001 ;
Stine et Hunsaker, 2001 dans Bogaert et Mahamane, 2005). Ainsi à la
structure spatiale du paysage, sont donc généralement liés
les concepts fragmentation, connectivité et
hétérogénéité.
La fragmentation, comme le montre la Figure 8, c'est un
processus responsable de la dynamique spatiale du paysage. Elle produit
beaucoup de changements quantifiables du paysage : une surface réduite
d'habitat, un accroissement des bords, une surface intérieure
réduite, un isolement des taches et une augmentation du nombre de taches
(Davidson, 1998 dans Bogaert et Mahamane, 2005) phénomène
caractérisée par une diminution de la surface totale d'un habitat
et son éclatement en fragments, ou plus simplement par une rupture de
continuité (Burel et Baudry, 2003).
La connectivité, c'est le fait que
deux taches de même type soient adjacentes, jointes, dans l'espace ;
c'est donc un processus essentiel de la dynamique des paysages après
perturbation ou abandon des terres agricoles (Burel et Baudry, 2003).
L'hétérogénéité, le paysage
est souvent défini comme une mosaïque spatialement (et
temporellement) hétérogène (Risser et al., 1983 dans Burel
et Baudry, 2003; Forman, 1995), d'où l'intérêt de
définir le concept de l'hétérogénéité
; l'hétérogénéité a deux composantes qui
sont la diversité des éléments (la composition qui est
fonction de la richesse et de l'équitabilité) du paysage et la
complexité de leurs relations spatiales (configuration).
L'hétérogénéité du paysage peut être
considérée comme « l'interprétation » de la
structure spatiale (Figure 9). Elle dépend donc de la nature des
éléments paysagers et de l'échelle à laquelle le
système étudié est représenté (Burel et
Baudry, 2000 dans Bogaert et Mahamane, 2005).
Figure 8: Illustration de la fragmentation: de (a)
à(c), on observe une augmentation du degré de fragmentation par
l'augmentation du nombre de taches, par la diminution de la taille des taches,
par la rupture de continuité et l'augmentation de l'isolation.
(D'après Burel et Baudry, 2003 ; Bogaert et Mahamane, 2005).
Figure 9: Illustration des composantes de
l'hétérogénéité spatiale: de (a) à
(b), l'hétérogénéité diminue parce que la
configuration du paysage est moins complexe en (b) qu'en (a) ; de (b) à
(c), l'hétérogénéité augmente par un
changement de la composition du paysage (nombre d'éléments et
leur proportion) (D'après Burel et Baury, 1999).
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