Discussion
L'incidence moyenne des piqûres scorpioniques au Maroc
est de 1 ,07%. Elle diffère d'un pays à l'autre. Elle est de 4,2%
au Tunisie (Njah et al., 2001), de 1,7% en Algérie (Benguedda et al.,
2002), de 0,36% au Turquie (Ozkan et al., 2008), de 1,4% en Iran (Pipelzadeh et
al., 2007), de 0,26% en Argentine (De Roodt et al., 2003) et de 1,15% au
Brésil (De Amorim et al., 2003). Au Maroc, il était de 0,53%
avant la campagne de sensibilisation contre les piqûres et les
envenimations scorpioniques (Soulaymani et al.,1 999).
Ainsi, l'augmentation de déclarations, le nombre de
régions déclarantes et de provinces à l'intérieur
de chaque région de 2002 à 2007 due à la sensibilisation
de la population pour consulter chaque fois qu'il y a piqûre.
La proportion des enfants d'âge inferieur ou égal
à 15 ans représente presque 30% chaque année au Maroc.
Elle est de 23% au Niger (Attamo et al., 2002), de 50% au Jordanie (Amr et
al.,1994) et de 65,4% en Arabie Saoudite (Al-Sadoon et Jarrar, 2003).
D'après nos résultats, le taux d'envenimation a
diminué, passant de 9,6% en 2002 à 8,55% en 2007. Ceci montre une
assimilation par le personnel médical de la différence entre
piqûre simple (classe I) et envenimation scorpionique (classes II et
III).
De même, le taux d'envenimation moyen au Maroc est de 8,7%.
En Algérie ce taux est de 17% (Hammoudi et al., 2004) et en Mexique de
55% (Osnaya, 2001).
La diminution des taux de létalité et de
mortalité entre 2002 et 2007 montre une meilleure prise en charge par le
personnel médical. Cependant, la mortalité au Maroc reste
importante par rapport aux autres pays comme l'Arabie Saoudite (El Amin et
Brair, 1995) et la Turquie (Ozkan et al., 2008).
Certaines régions comme Chaouia-Ouardiga et
Marrakech-Tensift-Al Haouz montrent une baisse du taux de
létalité et de mortalité au cours des deux
dernières années, cela est due à
une bonne sensibilisation de la population grâce aux
campagnes organisées par CAPM. Par contre, dans d'autres régions
comme Doukkala-Abda, ces taux n'ont pas diminué car la prise en charge
reste limitée par l'absence de matériel de réanimation ou
de réanimateur qui sont nécessaires en cas de détresse
vitale cardiaque, respiratoire ou neurologique.
En outre, l'incidence et la mortalité par piqûres
scorpioniques montre que la piqûre de scorpion est une
problématique sanitaire marocaine touchant les régions du centre
et centre sud, principalement Marrakech- Tensift-Al Haouz , Doukala- Abda,
Tadla- Azilal ,Chaouia- Ouardigha, et Souss- Massa-Draâ,
particulièrement durant la période estival entre les mois de mai
et septembre (Soulaymani et al., 2005 et 2007a).
Il convient d'ajouter aussi, la diminution du nombre
d'hospitalisations d'année en année révèle une
rationalisation de la prise en charge, grâce à l'existence d'un
arbre de décision clair et facile à appliquer.
Dans le même sens, l'abstention thérapeutique
dans presque 60% des cas, alors qu'elle était de 0% avant la campagne,
est la preuve formelle qu'actuellement les professionnels de santé
distinguent parfaitement bien la différence entre piqûre simple et
envenimation scorpionique.
Enfin, la comparaison de la moyenne des relevés de Beni
Mellal avec celle des relevés nationaux montre que Beni Mellal est une
zone d'incidence moyenne, de létalité et de mortalité non
négligeable.
Depuis l'implantation de la stratégie nationale de
lutte contre les piqûres et les envenimations scorpioniques, les
indicateurs épidémiologiques se sont nettement
améliorés mais restent encore préoccupants. Des efforts
restent encore à fournir à la fois pour le renforcement de la
formation dans toutes les régions du Maroc.
Comparaison entre le relevé et le
registre
Le tableau XII représente une comparaison des indicateurs
de suivi du registre avec le relevé mensuel de la province de Beni
Mellal durant la période de 2002 à 2007.
D'après ce tableau, on note que le nombre de
piqûre est plus élevé au niveau du relevé, du fait
que le relevé inclus des patients piqués provenant d'autres
structures sanitaires de la province de Beni Mellal et qui n'ont pas
été inclus dans notre étude.
Le nombre de décès est différent, il
représente 35 cas au niveau du registre et 44 cas au niveau du
relevé. Ceci est du au problème de notification des patients.
Le sexe ratio est en faveur du sexe féminin, il est de 0,9
au niveau du registre et 0,88 au niveau du relevé, donc la
différence est négligeable entre les deux supports.
Quant le pourcentage des enfants d'âge inférieur ou
égal à 15 ans est peu différent, 30% au niveau du registre
et 31,6% au niveau du relevé.
Pour les taux d'envenimation, de létalité et de
létalité par envenimation sont identiques entre les deux supports
d'information. Alors que le taux de mortalité est plus
élevé au niveau du relevé, car le nombre de
décès est supérieur à celui du registre.
Tableau XII: Comparaison entre le relevé
et le registre
Indicateurs de suivi
|
Registre
|
Relevé mensuel
|
Nombre de piqûre
|
8340
|
10 845
|
Incidence (%o)
|
1,36
|
1,58
|
Nombre de décès
|
35
|
44
|
Sexe ratio
|
0,9
|
0,89
|
Age = 15 ans (%)
|
30
|
31,6
|
Taux d'envenimation (%)
|
12,5
|
12,1
|
Patients n'ayant pas nécessité de traitement (%)
|
82
|
30,6
|
Patients hospitalisés(%)
|
25
|
10,6
|
Adéquation de référence (%)
|
43
|
42,1
|
Taux de létalité (%)
|
0,42
|
0,4
|
Taux de létalité par
envenimation (%)
|
3,68
|
3,6
|
Taux de mortalité (%o)
|
0,005
|
0,007
|
|